• Aucun résultat trouvé

0. ​Pouvez-vous vous présenter (prénom, âge, ville, profession / études) ?

Je m’appelle Astrid, j’ai 28 ans, j’habite à Paris depuis 10 ans et je suis professeure de théâtre et de danse contemporaine.

1. ​Depuis quand visionnez-vous des livestreams musicaux ? Avez-vous augmenté votre consommation lors de la période de confinement due au COVID-19 ?

J’ai dû commencer il y a deux ans et j’en regardais sporadiquement jusqu’à la période de confinement, où ma consommation a largement augmenté. J’ai redécouvert certains DJ notamment grâce à ces livestreams, ils m’ont bien occupée pendant le confinement.

2. ​A combien de concerts physiques avez-vous assisté au cours des 12 derniers mois ? A combien de livestreams ?

Les 12 derniers mois je n’ai vu que deux concerts physiques, un en Belgique et un en France, ce malgré le fait que j’adore la musique. Mais c’est notamment parce qu’à cause d’un de mes yeux qui a un problème de cristallin, être en concert peut devenir dangereux pour moi. Pour les livestreams j’ai eu une énorme consommation pendant le confinement, peut-être un tous les deux jours on un truc comme ça, on doit être pas loin de trente.

3. ​Recherchez-vous une expérience différente de celle vécue en concert live quand vous visionnez un livestream ?

Non, je ne m’attends pas à grand chose en fait. Je ne cherche pas une expérience différente parce rien ne pourra réellement remplacer un concert live.

4. ​Trouvez-vous que le livestream apporte l’expérience que vous recherchez ? Qu’apporte-t-il en plus ? Quels sont ses avantages ?

Le livestream m’apporte la musique de manière instantanée, c’est quelque chose d’inédit, mais sinon non je considérerai toujours qu’être physiquement présente pour écouter la musique en concert ou en festival est bien mieux que le livestream. Il apporte quand même des choses en plus en vrai, parce que pendant le confinement les livestreams ont ponctué mes journées, notamment Bob Sinclar ou Macklemore, et en fait ça me donne un rendez-vous quotidien, ça me divertit à un moment de ma vie où j’en ai pas la possibilité.

5. ​Vous manque-t-il certains aspects du concert live ? Quels sont les inconvénients du livestream selon vous ?

En fait t’es pas la physiquement donc rien que le public qui lors d’un concert physique est avec toi qui donne cette ambiance qu’on recherche tant, au-delà de la personne qui va jouer ou performer, là il n’est pas là et ça manque beaucoup. Ensuite la qualité du live qu’on perd avec le livestream, même si aujourd’hui il y a de bons dispositifs, ça reste pas la qualité musicale que tu peux atteindre en présentiel, les beats, les rythmes, l'acoustique sont altérés. Mais principalement ce qui me manque c’est vraiment l’ambiance ressentie dans les lives, que ce soient des DJs ou des chanteurs mais il y a vraiment une sentiment de communion avec la foule et d’échange avec l’artiste même s’il est un peu fictif.

6. ​Qu’est-ce que la notion de live, selon vous ? C’est maintenant, tout de suite et c’est inédit.

(​Qu’est-ce que tu entends par inédit ?) C’est-à-dire qu’il se passe des choses que tu ne vivrais pas si tu n’étais pas là au moment T. Ca s’applique en live physique comme en livestream, que j’oppose au différé.

6b. ​Qualifieriez-vous un concert en livestream comme un vrai concert live ? Estimez-vous que le livestream remet en question la notion de “live”?

Alors oui, selon la définition que je viens de te donner, oui. Parce que direct, la notion de live inclut forcément la notion de direct en fait. J’ai du mal à imaginer que le livestream remette en question la notion de live, car pour moi c’est incomparable avec le live physique je t’avouerais, chaque concept a son utilité, il y a une façon de consommer l’un ou l’autre.

7. ​Si vous êtes porteur-euse de handicap, agoraphobe, en situation financière compliquée,

en situation d’isolation… : pensez-vous que le livestream puisse pallier les

problématiques que vous pouvez rencontrer avec un concert live ?

Alors déjà, j’ai un handicap, c’est quoi je suis née sans cristallin à l’oeil gauche et du coup on a essayé de m’en greffer un, ce qui a altéré ma cornée et du coup à partir de 16 ans j’ai développé de l’épilepsie photosensensible. Et du coup pour moi, aller en concert, notamment quand il y a un DJ avec des scénographies très visuelles, c’est compliqué pour moi car je suis obligée de m’y rendre avec des lunettes noires pour éviter de taper des crises d’épilepsie. Parce que normalement il existe des stroboscopes avec des flashs sont censés être adaptés aux personnes épileptique sauf que quasiment aucun régisseur ne les utilise parce qu’effectivement ça fait moins d’effet et du coup je me retrouve souvent aveugle à cause de mes lunettes noires alors que je viens aussi au concert pour le visuel et au-delà de l’ambiance j’ai envie de voir ce qui se passe. Et du coup le livestream m’a très sincèrement aidée quand j’étais dans l’impossibilité d’aller assister au concert de tel ou telle artiste parce que je me

doutais qu’il y aurait ce genre des stroboscopes. Je pense notamment à Birdy Nam Nam que je devais aller voir et que j’ai dû manquer car il y a avait des stroboscopes sous le chapiteau du festival dans lequel j’étais et je n’avais pas mes lunettes noires et que j’ai pu retrouver grâce à un livestream début 2019 et grâce à ça j’ai pu voir un live de Birdy Nam Nam sans avoir cette contrainte-là. C’était très chouette de pouvoir recourir au livestream sans m’inquiéter des possibles risques ou avoir à porter des lunettes noires.

Et si je peux ajouter quelque chose, très sincèrement c’est la première fois qu’une personne s’intéresse aux handicaps que peuvent vivre les gens face à la musique live, en concert ou en festival, et j’avais jamais fait le rapprochement entre mon handicap et les possibilités multiples offertes par le livestream pour le pallier. C’est la première fois que je m’en rends compte et je n’avais moi-même pas fait le lien donc merci !

Annexe 36 : entretien de Cécile, consommatrice de ​livestreams​, 31 mai 2020