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Après l'étude des caractères morphologiques de ÏAsper-gillus fumigatus et la connaissance que nous avons mainte¬

nant des meilleures conditions exigées pour le développement

de ce champignon, il semblerait au premier abord que la plu¬

part de ces conditions fussent remplies parles cavitésnasales.

En effet, outre leur situation unique à l'extrémité del'arbre

« respiratoire qui les met en rapport continuel avec l'air ambiant, véhicule le plus habituel des spores de l'Aspergillus,

les fosses nasales sont recouvertes d'une muqueuse très sou¬

vent altérée par des affections nombreuses et variées. A l'abri des traumatismes, le développement du champignon peut se faire sans encombre et arriver même à la fructification, grâce

à la température du milieu qui lui convient très bien et grâce

aussi au passage continuel d'air oxygéné, exigé par sa qualité

de champignon essentiellement aérobie.

Malgré cela, les cas d'Aspergillose des fosses nasales cités jusqu'à ce jour sont très rares. A quoi cela tient-il?

La première des raisons est évidemment la négligence des praticiens à faire systématiquement l'examen des sécrétions nasales dans toutes les affections caractérisées par un écoule¬

ment du nez. La facilité avec laquelle l'Aspergillose du

naso-pharynxcèdeautraitement, qui consisteleplus habituellement

en lavages antiseptiques, explique d'ailleurs très bien pour¬

quoi on s'occupe rarement de savoir à quel parasita l'on a affaire.

Reste le pouvoir bactéricide du mucus nasal que Wurtz et

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Lermoyez ont très bien montré, qui transforme un nez sain

en une véritable cavité aseptique. Il n'est donc pas étonnant

que VAspergillus fumigatus ait de la peine à s'y implanter, et

il faut qu'une affection antérieure soit venue neutraliser le pouvoir bactéricide de ce mucus pour que les parasites puis¬

sent avoir chance d'y végéter.

Renon, en 1895, a recherché soigneusement dans la salive

etle mucus nasal de personnes saines ou atteintes d'affections diverses, la présence possible de spores d'Aspergillus fumi¬

gatus.

Avec une petite boulette d'ouate hydrophile, préalablement

stérilisée à l'autoclave à 120°, il prenait dans les fosses nasales

et la bouche de chaque malade un peu de salive et de mucus nasal. Ensuite les petits morceaux d'ouate étaient ensemencés

dans un tube contenant du liquide de Pvaulin.

Les expériences ont été de deux sortes. Elles ont porté

d'abord sur huit femmes prises à la Clinique d'accouchement

et exemptes de maladie.

Les seize tubes ensemencés sont restés stériles après un

séjour de vingt jours àl'étuve.

Une seconde série d'expériences de la même nature fut

ensuite entreprise par Renon sur cinquante malades pris à

la consultation de l'hôpital Necker et atteints d'affections les plus diverses.

Cette fois, les résultats furent différents. Les ensemence¬

ments dans le liquide de Raulin examinés au bout de huit jours, délai reconnu bien suffisant pour le développement du champignon, ont donné les résultats suivants :

Des douze tubes ensemencés avec la salive et qui sont restés vingt,

deuxjours àl'étuve;

Una donnéune culture Aspergillus fumigatus; Cinq ontdonnéune culture d'une levure blanche;

Cinq ont donné du mycélium qui s'est arrêté dans son dévelop¬

pement vers le huitième jour de séjour à l'étuve et s'est

maintenu distantde 1 à 2 centimètresde la couchesupérieure

du liquide.

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Desvingt-trois tubes ensemencés avecle mucus nasal et restés

vingt-deuxjours à l'étuve :

Un a donnéuneculture d'une levure blanche; Un a donné une culture d'Aspergillus niger;

Un a donné une culture d'Aspergillus nigrescens et d'Asper¬

gillus fumigatus;

Trois ont donné une culture d'un mucor;

Cinq ont donné des cultures d'Aspergillusfumigatus;

Onzeontdonné du mycélium dont le développement s'estarrêté

aubout de huitjours et qui, comme plus haut, n'a pas gagné la surface du liquide.

On ignore à quelles espèces appartiennent les mycéliums

des onze derniers tubes dont le développement s'est trouvé interrompu dès les premiersjours, sans doute à cause, pense

Renon, de la température de 37°, trop élevée pour eux.

Renona cherché ensuite s'il y avait concordance entre les champignons découverts dans la salive et le mucus nasal.

Dans huit cas seulement il a pu obtenir des cultures posi¬

tives de la salive et du mucus nasal chez les mômes personnes et dans deux de ces cas les résultats ont concordé :

1° Même levureblanche (salive et mucus nasal);

2° Mêmemycélium arrêté dans son développement (salive et mucus

nasal);

Levure blanche (mucus nasal). Mycélium arrêté dans son dévelop¬

pement(salive);

Mycélium arrêté dans son développement (mucus nasal). Mucor (salive);

Asperg. fumigatus (mucus nasal). Asp. nigrescens(salive);

6° Mucor (mucus nasal). Mycélium arrêté dans son développement (salive);

Asperg. nigrescens et Asp. fumigatus (mucus nasal). Levure

blanche(salive);

Mycélium arrêté dans son développement (mucus nasal). Levure blanche(salive).

Ces résultats montrent combien est fréquente plus qu'on

ne le pense généralement la présence des champignons dans

le mucus nasal etla salive humaine.

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Remarquons ainsique ces examens ontété faitssur des per¬

sonnesatteintes d'affections très diverses et non localisées soit à la bouche, soit au nez; que ces personnes exerçaient des

métiers qui peut-être les éloignaient des milieux habituels de contamination.

Ces expériences,faites chez des malades pris dans une con¬

sultation des maladies du nez et de la gorge,auraient peut-être

fourni un résultat plus brillant en faveur de YAspergillus fumigatus.

Les cas d'Aspergillose du nez cités jusqu'à ce jour sont très

rares. Le premier cas, considéré par Schubert comme une

aspergillose, appartient à Yirchow.

Observation I (résumée).

(Virchow,in Virchow'sArchiv,IX,p.557,1856.)

Il s'agitd'une femme atteinte d'une affection de la muqueuse nasale, laquelle indurée etépaissie était recouverte de productions mycéliennes

ayantl'aspectde faussesmembranes.

D'après la description de Yirchow,'ril semble que ces champignons, composés de mycélium et de spores, puissent être classés dans la famille

des moisissures.

Le second cas relaté est de Schubert, qui en fait la commu¬

nication en1884 à la Société de médecine de Nuremberg.

Observation II (résumée).

(PaulSchubert, in Deutsches Archiv fur klinische Medicin, décembre1884.) Il s'agit d'une femme, K..., âgéede soixante-quinze ans, à l'aspect cachectique, ayant de la dyspnée et de la toux, qui se présenta le

25 mai 1883 à la consultation. Elle déclaraêtre malade depuis long¬

temps déjà, accusant de ladyspnée et de latoux au moindre effort.

Depuis trois semaines il lui était impossible de respirer parlenez, et nuitetjour elle devaitgarder la boucheouverte.

Il s'écoulait du nez un liquide clair, luisant, de goût très salé. Pas de douleur ni de démangeaison, ni d'éternuement.

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De chaque côtéde l'aditus des narines on constate une légère excoria¬

tion. La cloison membraneuse estlibre, maisplus en arrière, lescavités nasalessont remplies de masses gris blanchâtre, répandant uneforte

odeurde moisissure.

Avec le miroironparvient facilement,avec unesondecoudée, à détacher qnelquesmorceaux de la substance. Au-dessous,la muqueuse estrouge mais intacte, neprésentantaucunepertede substanceni aucun

épanche-ment sanguin.

Avec un lavage assez abondant on parvient à détacher une certaine quantité de croûtes.

Tous les fragments,depuis les plus petits jusqu'aux fragments gros

comme des pois, nagent dans l'eau de l'injection, tandis qu'au fond du

verre il se forme une couche de masses plus denses decouleur ver-dâtre.

Aprèsque de cettefaçon on eut débarrassé toute lapartie antérieure

de la fosse nasale gauche,on s'aperçut que ce qui restait au fond était mobile sousla pressionde la sonde. On put ainsi pousserle bouchon en arrière etenbas, dans la cavitébuccale,de laquelle il fut chassé pardes

efforts de déglutition. Cette formation membraneuse représentait un moule presque parfait de la cavité pharyngo-nasale. On y constatait

même sur le milieu une échancrure correspondant au bord postérieur

de la cloison, et, de chaque côté,deux bosselures correspondant à la

fossette de Rosenmuller et àl'ouverture de latrompe d'Eustache.

Dès que ce bouchon fut enlevé, la femme put respirer librementpar le nez, bien quelacavité droite dunez n'eût pas encoreététraitée.

De cette cavité on retirait un morceau de croûte lisse et de couleur

gris clair.

La rhinoscopie postérieure fut pratiquée avec difficulté parce que cette femme, dyspnéique, était à ce moment trop fatiguée.

La muqueuse du pharynx nasal est rouge, à peine œdématiée, nulle¬

ment saignante.

Rien dans la trachée ni dans le pharynx. Le traitement consista en douches nasales avec une solution antiseptique suivie d'insufflationsde poudre boriquée.

Les massescroùteuses se reformèrent àdeuxreprisesdifférentes, obs¬

truantchaque fois les fosses nasales et amenantunegrande difficulté de respiration.

La maladeguéritd'ailleurs trèsbien.L'examen microscopiquedémon¬

tra queles fausses membranes ainsi enlevées étaient formées de masses épithéliales nombreuses, de filaments mycéliens et de spores apparte¬

nant à la famille desAspergillées.

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Remarquons dans cette observation l'état de déchéance

de

la malade, antérieur sans doute à l'infection aspergillaire,

le

peu de tendance à l'extension du champignon

qui, restant

localisé à la muqueuse du nez, respecte la trachée pourtant

si voisine; enfin, la facilité avec laquelle la guérison a

été

obtenue.

Schubert a eu la chance de rencontrer un nouveau cas

d'aspergillose du nez, mais qu'il se contente

de rappeler à

cause du manque d'intérêtparticulier qu'il

présentait.

Il s'agissait seulement d'une malade sur

les cornets de

laquelle il constata une croûte

formée

par un

petit cham¬

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