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Article 2 : Qu’est-ce qui inquiète les travailleurs de nuit dans le fait de ne pas trouver sommeil?

Article 2 : Qu’est-ce qui inquiète les travailleurs de nuit dans le

fait de ne pas trouver sommeil?

Qu’est-ce qui inquiète les travailleurs de nuit dans le fait de ne pas trouver sommeil? Bastille-Denis, E., Roy, M., & Vallières, A.

Résumé

Les inquiétudes face aux conséquences des difficultés de sommeil constituent un processus anxieux fréquent dans la population générale. À ce jour, aucune étude ne s’est penchée sur ces inquiétudes chez les travailleurs de nuit. Pourtant, le sommeil de ces travailleurs, bouleversé par un horaire de travail non conventionnel, est susceptible d’engendrer des inquiétudes. La présente étude vise à documenter les thèmes d’inquiétudes en lien avec le sommeil et à explorer le processus de catastrophisation chez les travailleurs de nuit. Un total de 47 travailleurs de nuit, dont 25 souffrant d’un trouble lié à l’horaire de travail (THT) et 22 bons dormeurs satisfaits de leur sommeil (BD) ont été recrutés. L’étude comprend des mesures autorapportées ainsi que des entrevues semi-structurées sur le sommeil et les inquiétudes. Une analyse qualitative de contenu révèle que 36 participants (77 %) se sont prêtés au processus de catastrophisation. Parmi les thèmes les plus fréquemment rapportés, on retrouve la fatigue et le niveau d’énergie (64 %), les difficultés reliées à l’humeur (44 %), la performance au travail (44 %) et les erreurs (44 %). La présence de difficultés de sommeil ne permet pas de prédire le nombre d’étapes de catastrophisation. Les résultats montrent la présence d’inquiétudes en lien avec les difficultés de sommeil chez la population des travailleurs de nuit. Alors que certains thèmes d’inquiétudes rejoignent ceux identifiés dans la population générale, il semble que le contexte de sommeil des travailleurs de nuit apporte une coloration particulière à leurs inquiétudes à propos du sommeil.

Introduction

Le rôle des cognitions dysfonctionnelles a grandement été étudié dans l’explication du maintien de l’insomnie dans la population générale (Espie, 2002; Fichten et al., 2001; Harvey, 2002; Lundh, 1998; Lundh & Broman, 2000; Morin, 1993; Perlis, Giles, Mendelson, Bootzin, & Watt, 1997). Parmi les cognitions dysfonctionnelles, on retrouve les croyances et attitudes par rapport au sommeil, le focus attentionnel, l’activation cognitive avant l’endormissement et les inquiétudes. Ces inquiétudes quant aux conséquences relatives à une mauvaise nuit de sommeil constituent un processus anxieux qui a été étudié dans l’insomnie tel que l’illustre les modèles conceptuels (Espie, 2002; Harvey, 2002; Morin, 1993). Plusieurs recherches ont mis en lumière la tendance des personnes souffrant d’insomnie à cumuler les inquiétudes de manière à former un phénomène de catastrophisation des conséquences du manque de sommeil (Barclay & Gregory, 2010; Harvey & Greenall, 2003).

Il existe plusieurs définitions de la catastrophisation (Beck, Emery, & Greenberg, 1985; Davey & Levy, 1998; Kendall & Ingram, 1987). Il s’agit d’un processus de pensée pendant lequel la personne se concentre sur l’aspect négatif d’une situation et vit des inquiétudes envahissantes à propos des conséquences possibles liées à cette situation. La personne a également tendance à surestimer la probabilité que le scénario négatif survienne et surestime l’importance des conséquences. Ce processus est souvent marqué par un questionnement de type « si jamais ».

La technique de la pensée catastrophique, développée par Vasey et Borkovec (1992), permet d’avoir accès au processus de catastrophisation et au contenu des conséquences appréhendées des personnes anxieuses. Il s’agit d’une forme de questionnement visant à approfondir une inquiétude de départ pour aller voir la peur sous-jacente. Dans l’insomnie, la crainte de départ consiste à avoir peur de faire une mauvaise nuit de sommeil. La première question de la technique de pensée catastrophique consiste à demander au participant ce qui l’inquiète dans le fait d’avoir une mauvaise nuit de sommeil. L’élément d’inquiétude rapporté est questionné à nouveau et ainsi de suite. Chaque nouvel élément constitue une étape et le questionnement prend fin lorsque la personne ne rapporte plus d’inquiétudes. À chaque inquiétude, la probabilité que l’élément se produise est quantifiée par le participant.

Quelques études ont utilisé la technique de la pensée catastrophique auprès de personnes souffrant d’insomnie et de bons dormeurs (BD). Harvey et Greenall (2003) ont d’ailleurs été les premiers à transposer cette technique initialement développée pour les gens anxieux aux personnes souffrant d’insomnie. Ils ont démontré que les personnes souffrant d’insomnie franchissaient d’avantage d’étapes dans le processus de

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catastrophisation que les BD et évaluaient comme plus grande la probabilité que les conséquences se produisent. Ils en ont conclu que ce processus de catastrophisation avait un rôle important dans l’étiologie et le maintien de l’insomnie (Harvey & Greenall, 2003). Barclay et Gregory (2010) ont répliqué cette procédure. Leurs résultats montrent une tendance à la catastrophisation chez les gens présentant une mauvaise qualité subjective.

Différentes études ont repris cette la technique de la pensée catastrophique afin de mesurer la catastrophisation au sein de diverses populations avec des symptômes d’insomnie mais sans diagnostic. Des études ont démontré que 28 % des enfants (Gregory, Noone, Eley, Harvey, & The STEPS Team, 2010; Gregory, Willis, Wiggs, Harvey, & The STEPS Team, 2008), 21 % des adolescentes (Noone et al., 2013) et 87 % des personnes âgées (Willis, Yearall, & Greogry, 2011) avaient tendance à catastrophiser les conséquences d’une mauvaise nuit de sommeil (e.g. impact des difficultés sur l’humeur et la fatigue). Concernant les thèmes d’inquiétude, les études démontrent l’existence de thèmes communs à ces différentes populations. Toutefois, chaque population affiche également des thèmes qui lui sont propres. En effet, certains thèmes sont plus spécifiques aux enfants (e.g. inquiétude à propos d’une présence imaginaire dans la chambre ou inquiétude à propos de l’école), aux adolescentes (la performance à l’école et les relations avec la famille et les amis) et aux personnes âgées (e.g. les accidents, la santé ou l’entretien de la maison). Les auteurs de ces différentes études soulignent que le fait de connaitre le type d’inquiétude spécifique à une population permet de les cibler directement en thérapie.

Les travailleurs de nuit représentent 28 % des travailleurs (Shields, 2002). Le sommeil semble central au sein de cette population. Pourtant, le sommeil semble central au sein de cette population. Les travailleurs de nuit rapportent fréquemment de l’insomnie (Shields, 2002; Vallières, Azaiez, Moreau, LeBlanc, & Morin, 2014) et celle-ci a été très peu étudiée. De plus, le caractère atypique des horaires d’éveil et de sommeil des travailleurs de nuit est susceptible de générer des inquiétudes. L’étude des inquiétudes par la technique de la catastrophisation permettrait de répondre à la question : « qu’est-ce qui inquiète les travailleurs de nuit dans le fait de ne pas trouver sommeil? ». Alors que la technique de la pensée catastrophique a permis d’approfondir les inquiétudes envers le sommeil chez différentes populations, aucune étude n’a porté sur ce phénomène au sein des travailleurs de nuit.

Par conséquent, l’objectif principal de la présente étude est d’explorer les inquiétudes par rapport au sommeil chez cette population à l’aide de la technique de la pensée catastrophique. Plus spécifiquement,

cette étude vise à 1) examiner la présence de processus de catastrophisation, 2) définir les thèmes d’inquiétudes, 3) explorer le lien entre la catastrophisation et l’appartenance à un groupe (THT et BD).

Méthode Participants

Les participants ont été recrutés grâce à différentes stratégies. Des annonces ont été placées dans un quotidien de la ville et sur l’intranet d’un centre hospitalier de la ville de Québec. Des annonces ont également été distribuées lors de visites effectuées pendant un quart de travail de nuit. Ces stratégies ont permis de recruter 12 participants. L’échantillon a été complété à partir d’une étude déjà en cours au Centre d’étude des troubles du sommeil (CETS) de l’Université Laval (35 participants). Un total de 47 participants ont été recrutés (âge moyen : 35; 87 % femmes) et ont été divisés en deux groupes : participants avec THT (n = 25) et BD (n = 22). Le Tableau 1 présente le genre, l’âge et le type de travail des participants. Des tests t démontrent qu’il n’y a pas de différence entre les groupes concernant ces caractéristiques.

Tableau 1

Statistiques descriptives pour l’échantillon total et pour le groupe avec trouble lié à l’horaire de travail (THT) et le groupe bons dormeurs (BD)

BD (n = 22) THT (n = 25) Échantillon total (N = 47) Hommes (%) 2 (9) 4 (16) 6 (13) Femmes (%) 20 (91) 21 (84) 41 (87)

Âge moyen (E-T) 34,05 (11,37) 35,88 (10,13) 35,02 (10,65)

Travail de nuit continu (%) 21 (95) 21 (84) 42 (89)

Travail rotatif (%) 1 (5) 4 (16) 5 (11)

Note. L’âge est mesuré en années. Le travail de nuit continu fait référence au fait que les nuits de travail sont réalisées de façon consécutive. Le travail de nuit rotatif fait référence au fait de travailler au moins huit nuits par mois tout en ayant des quarts de travail de jour. p ˂ ,05.

Les critères d’inclusion pour l’étude étaient : (a) avoir plus de 18 ans et (b) avoir travaillé un minimum de huit nuits par mois depuis au moins trois mois. Le travail de nuit est défini comme une période de travail réalisée entre minuit et huit heures du matin. Le travail de nuit continu fait référence au fait que les nuits de travail sont réalisées de façon consécutive. Le travail de nuit rotatif fait référence au fait de travailler au moins huit nuits par mois tout en ayant des quarts de travail de jour. Les critères d’exclusion à l’étude étaient : (a) à la suite de l’entrevue semi-structurée diagnostique du sommeil, présenter une forte probabilité que les

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difficultés de sommeil soient mieux expliquées par un syndrome des jambes sans repos, des mouvements périodiques des membres, de l’apnée du sommeil, de la narcolepsie, des problèmes gastro-intestinaux ou une parasomnie; à la suite de l’entrevue diagnostique semi-structurée basée sur les critères du DSM-IV-TR; (b) présenter un trouble psychotique ou un trouble d’abus de substance; (c) présenter un trouble de dépression majeure ou un trouble d’anxiété à sévérité élevée; (d) avoir, par le passé ou actuellement, entrepris une psychothérapie de type comportementale-cognitive en lien avec les difficultés de sommeil; (e) être incapable de répondre aux questions lors des entrevues ou en complétant les questionnaires étant donné diverses raisons telles que le fait de ne pas être en mesure de lire les documents en français.

Afin de statuer sur la présence de difficultés de sommeil, les participants ont été classifiés en deux groupes : le groupe avec THT et les BD. Pour ce qui est du groupe avec THT, les participants devaient répondre aux critères diagnostiques du trouble selon le DSM-IV-TR : (a) fractionnement récurrent et persistant du sommeil qui occasionne de la somnolence excessive ou de l’insomnie; (b) les difficultés sont liées à l’horaire de travail; (c) les difficultés créent une altération du fonctionnement et une souffrance significative; (d) les difficultés ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble du sommeil, un trouble mental ou les effets d’une substance. Les symptômes d’insomnie étaient définis de la façon suivante et mesurés par l’agenda du sommeil : (a) avoir une latence de sommeil de 30 minutes et plus; et/ou (b) avoir une durée totale d’éveils de 30 minutes et plus; et/ou (c) avoir un réveil spontané prématuré avant d’avoir complété quatre heures de sommeil. Les participants considérés comme souffrant de somnolence excessive devaient avoir un score de 10 ou plus à l’Échelle de somnolence d’Epworth. Aussi, les participants devaient faire une évaluation subjective négative de leur sommeil. Leurs difficultés de sommeil devaient avoir été présentes depuis au moins un mois. Finalement, la présence d’un inversement du cycle a été vérifié à l’aide des données de l’actigraphe. Un algorithme regroupant les informations nécessaires au diagnostic a été développé dans le cadre de cette étude. Cet algorithme incluait les calculs des paramètres de sommeil à partir des données des agendas. Les calculs étaient réalisés sur tous les types de périodes de sommeil : période principale (première période de sommeil réalisée au retour du quart de travail), périodes secondaires (périodes de sommeil supplémentaires) et périodes de sommeil lors des congés.

Concernant le groupe des BD, les participants devaient répondre aux critères suivants : (a) ne pas rencontrer les critères du THT; (b) dormir au moins six heures de jour; (c) faire une évaluation positive de la qualité de son sommeil; (d) n’utiliser aucune médication sur une base régulière pour faciliter le sommeil (trois fois et plus par semaine).

Mesures

L’évaluation initiale est un questionnaire téléphonique d’environ 15 minutes qui permet de vérifier l’éligibilité du participant.

L’Entrevue diagnostique semi-structurée basée sur les critères du DSM-IV-TR, Axe 1 (SCID-IV) (First, Spitzer, Gibbon, & Williams, 1996) permet d’évaluer la présence de troubles psychologiques actuels ou passés. Sa durée est d’environ une heure.

L’Entrevue diagnostique de l’insomnie (EDI; Morin, 1993), adaptée pour le travail à horaire non conventionnel, a été administrée pour évaluer la présence d’insomnie et de troubles du sommeil ainsi que leur historique. L’EDI permet aussi d’évaluer les habitudes de sommeil et les facteurs précipitants et de maintien liés à l’insomnie du sommeil de jour, de nuit et les siestes.

L’agenda du sommeil adapté pour le travail de nuit comprend 12 questions que le participant doit compléter après chaque période de sommeil. De plus, il comprend une grille horaire de 24 heures sur laquelle le participant doit noircir les heures où il a été au lit. Les questions recueillent des informations relatives aux multiples périodes de sommeil des travailleurs de nuit. La latence d’endormissement (SOL agenda), le temps total dormi (TST agenda), le temps d’éveil entre l’endormissement et le lever (TWT agenda) ainsi que le niveau d’efficacité du sommeil (SE agenda) (c.-à-d. temps de sommeil/ temps au lit x 100) sont les paramètres du sommeil qui ont été dérivés de cet instrument pour le sommeil de jour, de nuit et les siestes.

L’actigraphe est un appareil sous forme de montre porté au poignet et qui enregistre les mouvements (une mesure par minute) à l’aide d’un microprocesseur. Les données de l’actigraphe ont été traitées à l’aide d’un programme spécialisé nommé Actiware software (version 5.0 Mini-Mitter, Bend, OR). La présence de mouvements est considérée comme du temps d’éveil alors que l’absence de mouvement est considérée comme du sommeil.

L’échelle de somnolence d’Epworth (Hoddes, Zarcone, Smythe, Phillips, & Dement, 1973) comprend huit items qui évaluent la somnolence sur une échelle Likert allant de 0 à 3. Le score total varie de 0 à 24. Un score élevé indique de la somnolence et un risque d’endormissement.

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La technique de la pensée catastrophique (Harvey et Greenall, 2003) est réalisée sous forme d’entrevue. Un nombre variable d’items est obtenu selon les réponses du participant (voir Tableau 2 pour un exemple). L’exercice débute par la question : « Qu’est-ce qui vous inquiète lorsque vous éprouvez des difficultés à vous endormir? ». Le participant nomme une inquiétude et l’intervieweur lui demande d’estimer la probabilité que l’élément nommé se réalise sur une échelle de « 0 » (aucunement probable) à « 10 » (extrêmement probable). Ensuite, l’intervieweur reprend l’élément nommé en l’insérant dans la question : « Qu’est-ce qui vous inquiète dans l’élément A? ». Puis le participant doit estimer la probabilité que ce nouvel élément survienne. Le questionnement se poursuit ainsi jusqu’à ce que la probabilité soit de 0, que la personne ne sache plus quoi dire ou qu’un même élément soit nommé deux fois d’affilée. Tout au long de l’entrevue, l’interviewer note les réponses du participant à chaque étape de la technique de la pensée catastrophique sur un formulaire.

Tableau 2

Exemple des étapes de la technique de la pensée catastrophique rapportées par une participante

Étapes de la technique de la pensée catastrophique Probabilité estimée que l’élément se réalise J'ai peur de ne pas dormir assez. Je regarde le temps que je prends pour

m'endormir et le temps qu'il me reste pour dormir. Je me dis qu'il faut que je dorme.

4

Je m'inquiète d'être fatiguée parce que je le suis toujours et je crains de l'être

encore plus. 6

Je m'inquiète que ça diminue ma vigilance, mon humeur, que je sois plus irritable. 8 J'ai peur de faire une erreur de médicament et une faute professionnelle. 4

J'ai peur d'avoir une tache à mon dossier. 6

Je n'aurais pas la conscience tranquille et ça me nuirait pour travailler ailleurs. 7 Note. Probabilité estimée sur une échelle de aucunement probable (0) à extrêmement probable (10).

Évaluateurs

Une étudiante au doctorat en psychologie (E. B-D.) ayant 100 heures d’expérience en évaluation a réalisé les entrevues semi-structurées (SCID, EDI, Entrevue de Harvey et la technique de la pensée catastrophique) sous la supervision d’une psychologue spécialisée dans le sommeil (A.V.). Trois étudiants de premier cycle en psychologie ont lu les réponses des participants à la technique de la pensée catastrophique et ont émis des mots clés. Deux étudiants de troisième cycle en psychologie ont indépendamment participé à

l’analyse de contenu. Deux étudiants de premier cycle en psychologie ont réalisé les entrevues téléphoniques sous la supervision de l’étudiante de troisième cycle.

Protocole et procédure

L’étude suit un protocole de méthode mixte convergeant et parallèle pour lequel les données qualitatives et quantitatives ont été recueillies en parallèle et combinées (Creswell & Plano-Clark, 2007). Les participants intéressés par l’étude contactaient le Centre d’étude des troubles du sommeil (CETS). L’entrevue téléphonique initiale permettait de vérifier leur éligibilité. Les participants éligibles étaient invités au laboratoire où les deux entrevues semi-structurées étaient réalisées. Ensuite, les participants remplissaient deux semaines d’agendas du sommeil. Après une semaine, un contact téléphonique était fait afin de répondre aux questions des participants et de s’assurer que l’agenda de sommeil soit bien complété. À la fin des deux semaines d’autoenregistrement, les participants revenaient au laboratoire pour une deuxième rencontre pendant laquelle la technique de la pensée catastrophique était réalisée.

Les questionnaires étaient saisis à l’aide du logiciel SPSS (version 18.0; SPSS Inc., Chicago, IL). Les agendas du sommeil ont été saisis dans un fichier Excel. Une double saisie des questionnaires et des agendas a été réalisée de façon indépendante par des assistants de recherche.

Analyses des données

Une ANOVA à mesures répétées a été utilisée pour déterminer s’il y avait une différence dans les variables de sommeil (TST agenda, TST actigraphe, TIB agenda, SE agenda, SOL agenda, TWT agenda et somnolence) en fonction du groupe (THT ou BD) et la période de sommeil (nocturne ou diurne). Cette analyse visait à démontrer l’interaction entre ces deux variables.

Une analyse de contenu de type conventionnel a été réalisée à partir des réponses à la technique de la pensée catastrophique. Celle-ci est utilisée lorsque le but de l’étude est de décrire un phénomène alors que les connaissances sur le sujet sont limitées (Hsieh & Shannon, 2005). Pour réaliser l’analyse de contenu, les recommandations de Lincoln et Guba (1985) ainsi que Manning (1997) ont été suivies. Ainsi, trois évaluateurs ont lu de façon indépendante les énoncés et ont émis des mots-clés résumant l’idée de chacun des énoncés. La chercheure principale a examiné chacun des mots clés et les a regroupés de façon à former des grands thèmes. Tel que suggéré par Morse et Field (1995), le nombre de grands thèmes se situait entre 10 et 15. Ensuite, une brève définition de chaque thème a été produite par la chercheure principale. Par la suite, deux assistants, des étudiants gradués en psychologie qui n’avaient pas vu les données jusqu’à présent, ont repris

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le fichier contenant les réponses initiales des participants et ont indiqué le niveau de correspondance entre les énoncés et les grands thèmes en se servant d’une échelle de Likert indiquant un pourcentage (« 0 % » ne correspond pas du tout, « 25 % » correspond légèrement, « 50 % » correspond moyennement, « 75 % » correspond beaucoup et « 100 % » correspond totalement). Ainsi, pour un énoncé du participant, les deux assistants devaient indiquer à l’aide du pourcentage à quel point l’idée rejoignait chacun des 12 thèmes. Au terme de l’exercice, une moyenne des pourcentages émis par les deux assistants était calculée. Ensuite, pour chaque participant, une moyenne des pourcentages de chaque étape par thème était faite. Ceci visait à faire ressortir les thèmes ayant été le plus souvent rapportés par ce participant lors de l’ensemble de l’entrevue. Les thèmes pour lesquels le pourcentage moyen d’association était de 50 % et plus ont été retenus comme étant un thème significatif pour le participant.

Une analyse de khi carré a été réalisée afin de voir si l’appartenance à un groupe (THT ou BD) a influencé le fait de rapporter chacun des thèmes. Une analyse de régression logistique a été réalisée afin de tester le lien entre la catastrophisation et l’appartenance à un groupe (THT ou BD).

Résultats Les caractéristiques du sommeil

Soixante-quatorze pour cent des travailleurs de nuit (n = 35) font deux périodes de sommeil lorsqu’ils dorment de jour. Après être revenu du travail, l’heure du début de la première période de sommeil varie entre 7 h 15 et 14 h. L’heure de lever pour cette même période varie entre 10 h 20 et 23 h 10. Pour ce qui est du sommeil lorsque les travailleurs sont en congé, 83 % (n = 39) font une période sommeil uniquement. L’heure du début de cette période de sommeil varie entre 17 h et 6 h 15. L’heure de lever pour cette même période

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