• Aucun résultat trouvé

IV. CONTENU DU DICTIONNAIRE

1. Aspect théorique

1.11. Article du dictionnaire

Un article du dictionnaire est composé d’une entrée et d’une définition lexicographique.

Volet berbère → français :

Le mot désigne ici l’unité lexicale (ou le signifiant).

En pratique, le mot peut être un mot entier, une racine ou un segment lexical quelconque.

1.11.2. Définition lexicographique :

C’est la définition au sens large. C’est l’ensemble des informations (caractéristiques et traits définitoires) relatives au mot, données dans l’ordre suivant :

1.11.2.1. Phonétique :

C’est la représentation graphique du mot tel qu’il se prononce. Elle est conforme à celle de l’A.P.I (Association Phonétique Internationale).

Exemple :

adɣaɣ « pierre » est transcrit phonétiquement [ɑdɣɑɣ] (trg) ; [æðɣæɣ] (kab) ; [ɑðˤɣɑɣ] (mzb).

Dans ce dictionnaire, la transcription phonétique varie en fonction du dialecte.

Il n’est généralement donné que la phonétique des mots difficiles à prononcer.

1.11.2.2. Racine :

La racine relève intrinsèquement du lexique. Elle est en principe commune à tous les mots de la même famille morpho-sémantique.

Ex. : {aḍen « être malade », amaḍun « malade », aṭṭan « maladie »} ; {anegmar « chasseur », gmer « chasser », tagmurt « chasse »} ; etc.

Extraction de la racine :

Il faut éliminer l’élément vocalique ainsi que les éventuels morphèmes grammaticaux attachés (affixes de dérivation, marque du genre, nombre, etc.) pour retrouver un noyau consonantique irréductible qui pourrait constituer la racine.

Cette opération n’est pas toujours aisée car le mot subit parfois des altérations au niveau phonétique/phonématique et sémantique (usure, assimilation, variation et extension de sens, etc.) et se transforme au point de ne pas savoir identifier sa racine ou le rattacher à une racine.

D’ailleurs, les lexicographes qui optent pour le classement des mots par racines, signalent souvent ce problème dans la préface de leur ouvrage.

Cependant, la comparaison interdialectale pourrait aider dans beaucoup de cas à retrouver une racine.

Dans ce procédé, c’est la racine (ou, plus exactement, le radical consonantique) la plus étoffée qui est généralement retenue.

Exemple commenté :

1. ass « jour » (cha/clh/cnw/dwr/kab/mzb/nfs/rif/tmc) icf (awj) asef (ghd) asf (clh/siw) sont des synonymes parfaits qui donneraient, selon ce procédé, les racines respectives √s (ou √ss), √sf et √cf.

2. aker « voler » (b.g) et tukerḍa « vol » (B.N) donneraient, de la même façon, √kr et √krḍ.

Dans le premier cas, la biconsonne sf (dans la forme asf) a subi une assimilation en se réduisant à ss et le phonème /c/ (dans icf) est un pendant du /s/ (phénomènes phonétiques

courants en berbère, étudiés au chapitre V.2). La racine « étymologique » (unique) serait donc

√sf.

Dans le second, la comparaison intra/interdialectale des deux formes aker et tukerḍa, apparemment de la même famille morpho-sémantique, ne permet pas de tirer une conclusion quant à l’existence d’une seule et même racine.

Si on considère les deux séries dérivationnelles suivantes :

1- {akkar « fait de voler » (mzb/trg) ∼ tikra (trg) ; aker « voler » (b.g) ;

amakar voleur » (cha/kab/trg) ; buceččir « voleur à la tire » (mzb) ; imiker (clh/tmc)} ; 2- {imakraḍ « voleur » ; timakraṭ « voleuse ; fait de voler » (trg) ; timekreṭ « voleuse »

(mzb) ; tukerḍa « vol » (B.N)} ;

- Morphologiquement, elles sont distinctes.

- La série 2, composée de dérivés, suggèrerait un verbe dont le radical est krḍ.

- De plus, le verbe aker, de la forme aCǝC (tels afel, agem, ages, akel, alem, ames, ameẓ, arem, arew, ases, aweḍ, azen) est tout à fait régulier (un nom verbal akkar ou tikra en trg, comparable à affal, aggas, aggaḍ , tiggest, tiremt ).

Par ailleurs, tous les verbes (sauf exception) commençant par a sont, au plus, bilitères. Il est donc peu probable que ce verbe ait subi une modification ou altération (au point de provenir d’un verbe du type *a+radical krḍ ou d’un morphème lexical contenant ce radical).

- Sémantiquement, le verbe aker comporte la notion de « furtivité » et de « subtilité » dans son acception (ex. en cha : yuker-it wul ɣer ... « il a de l’affection pour ... » ; en clh : s tukerḍa « furtivement » ; en tmc : s tmikert « furtivement » ; en kab ou en trg : yuker iman-is ou yokăr iman-net « il s’est dérobé ») ou « marquer une nuance ; tirer vers » (mzb) alors qu’elle ne semble pas présente, du moins attestée, dans l’acception des mots de la série 2.

En définitive, on ne peut pas affirmer qu’il s’agit de deux racines √kr et √krḍ, distinctes.

Remarque :

En berbère il existe un stock important de mots dont les racines sont trilitères mais les monolitères et les bilitères sont également assez représentées. Ces derniers ont souvent des racines homonymiques. C’est pourquoi la classification selon les racines, adoptée par les lexicographes berbérisants, n’est pas cohérente sans la distinction sémantique.

D. Cohen [23-2] remarquait à cet endroit : « La pratique qui s’est imposé dans les dictionnaires berbères montre que la nature de la racine sémitique a été transférée peut-être inconsidérément à l’ensemble du chamito-sémitique et par voie de conséquence à tout le domaine lexical berbère ».

Dans ce dictionnaire, la racine est donnée juste à titre indicatif car elle est pratique dans la mesure où elle peut regrouper un certain nombre de mots apparentés par la forme et le sens. Elle ne représente ici aucune valeur étymologique.

1.11.2.3. Catégorie grammaticale :

Elle indique si le mot est un nom, un verbe, une préposition, etc.

1.11.2.4. Genre :

Il indique si le mot est masculin ou féminin.

1.11.2.5. Nombre :

Le mot est toujours donné au singulier (sauf exception). Son pluriel est indiqué, le cas échéant. Dans le cas d’un nom collectif, on indique le nom d’unité.

Dans ce dictionnaire, les pluriels externes suffixés en en (au masculin) et en in (au féminin) ne sont pas toujours indiqués.

Exemple :

amɣar (a-mɣar) « vieil homme » → i-mɣar-en ; tamɣart (ta-mɣar-t) « vieille femme » → ti-mɣar-in.

1.11.2.6. Variante(s) morphologique(s) ou orthographique(s) :

Ce sont les différentes formes du mot au sein d’une même variété. Elles ont généralement la même racine mais un schème vocalique différent.

1.11.2.7. Synonyme(s) :

Ce sont ceux qui appartiennent à une même variété. Ils peuvent avoir le même sens (syn.

complet), un sens équivalent ou approchant (syn. incomplet).

1.11.2.8. Étymologie :

Ce sont, des renseignements ou indications susceptibles d’apporter un éclairage sur la forme du mot, son origine ou son évolution à travers le temps :

- histoire du mot avec le signalement de l’époque où il a été attesté/utilisé ; - sa racine ;

- sa base verbale ou nominale (verbe primaire ; dérivation) ;

- les correspondances entre les phonèmes (ex. de notation : /r/ (rif)  /l/ (b.g) ; /ʔ/ (zng)  /ɣ/ (b.g) ; /ɛ/ (ghd)  /ɣ/ (b.g) ; etc.) ;

- les similarités morpho-sémantiques avec d’autres mots (parfois ceux de l’arabe dialectal d’AdN, à consonance berbère15) pour la comparaison ou à des fins diachroniques.

1.11.2.9. Traduction en français :

C’est la définition proprement dite ; c’est-à-dire la description/dénotation de l’objet (le mot), accompagnée d’exemples d’emploi en contexte.

Volet français → berbère :

Il ne s’agit que d’une mise en parallèle des unités lexicales du français et du berbère.

Entrée Définition lexicographique

mot en français mots équivalents en berbère avec la catégorie, le genre et le nombre