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r r ê t s n o t a b l e s *i*£ 33 avait arraché par fes intrigues une lettre de cachet pou r faire enlever la comteflè de Lancine mourante , la traîner hors du fein de fa fam ille, & lui dérober tous fes titres.Quand les tribunaux rendent de tels arrêts, on entend des battemens de mains du fond de la grand’- chatnbre aux portes de Paris. Prenez garde.à vous, meilleurs, ne demandez pas légèrement des lettres de cachet.
Un Anglais, en lifant cet article, a demandé, qu’eft- ce qu’une lettre de cachet ? on n’a jamais pu le lui faire comprendre.
A R T D R A M A T I Q U E ,
O U V R A G E S D R A M A T I Q U E S ,T R A G E D I E , C O M E D I E , OPERA.
P
Anem £<? circenfes eft la devife de tous les peu ples. Au-lieu de tuer tous les Caraïbes, il filait peut- être les féduire par des fpeétacles, par des fu nambules , des tours de gibecière , & de la mufique. On les eût aifément fubjugués. Il y a des fpeéta- cles pour toutes les conditions humaines ; la populace veut qu’on parle à fes yeux ; & beaucoup d’hommes d’un rang fupérieur font peuple. Les âmes cultivées & fenfibles veulent des tragédies , & des comédies.Cet art commenqa en tout pays par les charrettes des Tbefpit, enfuîte on eut fes E fcbyks, & l’on fe flatta bientôt d’avoir fes Sophocle! & fes Fiiripides ; après quoi tout dégénéra : c’eft la marche de l ’efprit humain.
Je ne parlerai point ici du théâtre des Grecs. On a fait dans l’Europe moderne plus de commentaires
Quefi. fu r l’Encycl. Tom. II. C £ a v :-û- " r 1 ... .- ' jypdPCT» IW " — ttiiïTirii i1
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r t d r a m a t i q u e.
fur ce théâtre , qu’Euripide , Sophocle , Efchyle , jüfé- naxdre & Arijlophane n’ont fait d’œuvres dramati ques ; je viens d’abord à la tragédie moderne.C’eft aux Italiens qu’on la d o it, comme on leur doit la renaiffance de tous les autres arts. Il eft vrai qu’ils commencèrent dès le treiziéme fiécle, & peut- être auparavant, par des farces malheureufement ti rées de l’ancien , & du nouveau Teftament; indigne abus qui paffa bientôt en Efpagne , & en France ; c ’était une imitation vicieufe des effais , que St. Gré goire de Nazianze avait faits en ce gen re, pour op- pofer un théâtre chrétien au théâtre payen de Sopho cle & d’Euripide. St. Grégoire de Nazianze mit quel que éloquence , & quelque dignité dans ces pièces ; les Italiens & leurs imitateurs n’y mirent que des platitudes, & des bouffonneries.
Enfin, vers l’an 1 5 1 4 , le prélat TriJJino, auteur du poëme épique intitulé Yltalia liberata do’ gothi, donna fa tragédie de Sophonisbe, la première qu’on eût vue en Italie, & cependant régulière. Il y ob- ferva les trois unités , de lieu , de tems , & d’aétion. Il y introduifit les chœurs des anciens. Rien n’y man quait que le génie. C’était une longue déclamation. Mais pour le tems où elle fut faite , on peut la re garder comme un prodige. Cette pièce fut repréfen- tée à Vicence , & la ville conftruifit exprès un théâ tre magnifique. Tous les littérateurs de ce beau fié cle accoururent aux repréfentations , & prodiguèrent les applaudiffemens que méritait cette entreprife eftimable.
En 1 s 16 , le pape Léon X honora de fa préfence la Eosemoitde du Rucellai : toutes les tragédies qu’on fit alors à l’e n v i, furent régulières , écrites avec pu reté , & naturellement ; mais , ce qui eft étrange , prêt que toutes furent un peu froides : tant le dialogue en vers eft difficile, tant l’art de fe rendre maître
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r t d r a m a t i q u e.
du cœur eft donné à peu de génies ; le Torifmond même du Tujfe fut encor plus infipide que les autres.
On ne connut que dans le Pajîor fiào du Guarini ces fcènes attendriffantes , qui font verfer des larmes, qu’on retient par cœur malgré foi ; & voilà pourquoi nous difons , retenir par cœur ,• car ce qui touche le cpeur, fe grave dans la mémoire.
Le cardinal Bibïena avait longtems auparavant ré tabli la vraie comédie ; comme Triffîno rendit la vraie tragédie aux Italiens.
Dès Fan 1480 , ( a ) quand toutes les autres nations de l’Europe croupiffaient dans l’ignorance abfolue de tous les arts aimables, quand tout était barbare, ce prélat avait fait jouer fa Calendra ; pièce d’intrigue, & d’un vrai comique , à laquelle on ne reproche que des mœurs un peu trop licencieufes , ainfi qu’à la Mandragore de Machiavel.
Les Italiens feuls furent donc en poffeffion du théâ tre pendant près d’ un fiécle , comme ils le furent de l’éloquence , de l’hiftoire , des mathématiques , de tous les genres de poèfie & de tous les arts où le génie dirige la main.
Les Français n’eurent que de miférables farces, comme on f a it , pendant tout le quinziéme , & feizié* me fiécles.
Les Eüpagnols , tout ingénieux qu’ils fo n t, quelque grandeur qu’ils ayent dans l’e fp rit, ont confervé juf- qu’à nos jours cette déteftable coutume d’introduire les plus baffes bouffonneries dans les fujets les
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( a ) NB. Non en 14*0,
comme dit le fils du grand
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Racine daqs fou Traité de hfo'ifie.
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férieux; un feul mauvais exemple une fois donné eft capable de corrompre toute une nation , & l’habi tude devient une tyrannie.
D û T H É Â T R E E S P A G N O L .
Les autos facramentales ont déshonoré l’Ifpagne beaucoup plus îongtems que les myftères de la paf- Jioh , les ailes des J'aints , nos moralités , la mèreJ'otte n’ont flétri la France. Ces autos facramentaks fe repréfentaient encore à Madrid , il y a très peu d’an- néesi Calderon en avait fait pour fa part plus de deux cent.
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Une de fes plus fameufes pièces, imprimée à VaL ladolid fans date, & que j ’ai fous mes y e u x , eft la dévotion de la m ifa. Les adeurs font un roi de Cordouë mahométan , un ange chrétien , une fille de jo ie , deux foldats bouffons & le diable. L ’un de j ces deux bouffons , eft un nommé Pafcal Vivas , j : amoureux d’ Aminte. Il a pour rival Lélio foldat ma hométan.
Le diable & Lélio veulent tuer Vivat ; & croyent | en avoir bon marché, parce qu’il eft en péché mor tel : mais Pafcal prend le parti de faire dire une meffe fur le théâtre , & de la fervir. Le diable perd ;
alors toute fa puiffance fur lui. j
Pendant la m effe, la bataille fe donne ; & le dia- ! ble eft tout étonné de voir Pafcal au milieu du j combit dans le même tems qu’il fert la meffe- Oh | oh , dit-il, je fais bien qu’ un corps ne peut fe trouver en deux endroits à la fois , excepté dans le J'acrement, auquel ce drôle a tant de dévotion. Mais le diable ne favait pas que Fange chrétien avait pris la figure I du bon Pafcal Vivas, & qu’il avait combattu pour t lui pendant l ’office divin.
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Le roi de Cordouë eft battu , comme on peut bien le croire ; Pafcal époufe fa vivandière, & la pièce finit par l'éloge de la méfié.
Partout ailleurs , un tel fpeétacle aurait été une pro- phanation que l’inquifition aurait cruellement punie ; mais en Efpagne c’était une édification.