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En quoi cette argumentation est-elle propre aux bioconservateurs ?

Plutôt que dřétudier le clonage du point de vue des faits, de façon descriptive, en analysant ce que signifie précisément la technique de clonage, ce que signifie être un clone et quels pourraient être les bons et les mauvais usages ainsi que les intérêts possibles de la technique, les arguments avancés portent avant tout sur des normes. Toute lřargumentation dont nous avons fait état jusquřà présent ne se fonde que sur des arguments qui évaluent le clonage à lřaune de ces normes dont la principale, on lřaura compris, est celle essentiellement de la nature humaine.

289 JOIGNOT, Frédéric, « Le post-humain : vieille lune ou question dřavenir ? Axel Kahn versus Jean-Michel Besnier »,

Revue Ravage, 2009, (page consultée le 1 juillet 2011) http://fredericjoignot.blog.lemonde.fr/2009/04/02/post- humain-vielle-lune-ou-question-davenir-axel-kahn-le-biologiste-versus-jean-michel-besnier-le-philosophe/

5.2.1. Le fétichisme de la nature humaine comme conservatrice des valeurs

Nous avons déjà expliqué pourquoi les auteurs en appelaient à la nature pour normer lřaction humaine, et nous avions ainsi compris que la nature est ce qui se réalise soi-même, spontanément, sans intervention humaine, cřest ce qui est donc immuable et universel. Si lřon place à lřinverse la norme dans lřagir humain, et que « lřhomme devient la mesure de toutes choses », comme dans le Protagoras de Platon, alors tout nřest plus que conventions sociales, particulières et arbitraires. Ces normes nřétant pas construites par lřhomme et nřétant pas artificielles, nous nřavons aucune légitimité pour y toucher et les faire varier, au risque sinon de détruire tout un équilibre complexe. Lřordre sur lequel nos normes reposent ne peut changer car modifier une donnée de cet ensemble complexe de données risque de faire varier tout lřensemble, comme le montre la deep ecology. Par conséquent, tout acte qui tendrait à supprimer ou amoindrir ces valeurs et leur porterait atteinte est blâmable, quřimporte que des conséquences positives puissent en ressortir, puisque de toute façon, nous ne pouvons le savoir. Mieux vaut alors sřabstenir à moins de sombrer dans une démesure avec des actes dont nous pensons quřils peuvent mener au bien mais qui en raison de leur caractère de violation et dřusurpation mèneront peut-être à des conséquences néfaste. On ressent ici encore lřinfluence du mythe prométhéen. Ainsi comprises, toutes les normes de nos sociétés reposent sur des « structures fondamentales, immuables et intangibles de lřêtre humain »290 et parce quřelles sont intangibles et

transcendantes, lřhomme ne peut ni ne doit les modifier : tout interdit, comme ici, sur le clonage, est donc un interdit sur le long terme.

En effet, les valeurs ne sauraient être modifiées puisquřelles sont immuables. Une chose qui va à lřencontre de ces valeurs est donc une chose qui le fera de façon immuable : si un acte met en danger la nature de lřhomme, puisque la nature ne change pas, il la remettra toujours en question. Lřinterdit et lřappel à des normes transcendantes sont donc symptomatiques du désir de ne rien modifier à cet ordre jugé naturel. Cřest en ce sens que lřon peut dire que lřargumentation telle quřelle a eu lieu est une argumentation monopolisée par les conservateurs et a fortiori, par les bioconservateurs. Comme le résume Lioger Raphaël, ces argument sont les « tenants de la "transcendance" en politique, affichant ainsi leur attachement à la "conservation" et à lřordre des choses, et trahissant leur "fermeture" à toute évolution de la société »291. Cřest

dřailleurs à cette fin que le mythe prométhéen est brandi ; il permet de justifier le blocage de

290 HOTTOIS, Gilbert, Op. cit. p. 149-175.

291 LIOGIER, Raphaël, « Améliorer scientifiquement l'homme ? L'homme, une espèce en devenir », La pensée de midi,

n°30, 2010, p. 9-17, (page consultée le 16 juillet), http://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2010-1-page- 9.htm

toute action ou technique qui viendrait « défier » ces normes immuables (qui auraient la figure dřun Zeus indétrônable), utilisation du mythe qui fait dire à Cioran : « Évolution : Prométhée, de nos jours, serait un député de l'opposition292 ».

Lřapproche des bioconservateurs est donc une approche fondée sur la normativité de la nature humaine qui ressemble à la gardienne de toutes nos valeurs. Lorsquřils disent que le clonage met à mal la nature humaine, ils ne présentent pas la nature humaine de façon descriptive mais bien de façon normative. Cette idée de normativité de la nature humine (ou du facteur X) en devient presque sacrée (ce qui fait même dire à certains quřil sřagit dřun véritable « fétichisme dérisoire de la nature humaine »293). Fukuyama souligne ainsi ce critère sacré des

valeurs quřil veut défendre, comme ici lřégalité :

si lřon abandonnait lřidée dřun facteur X, essence qui unit tous les êtres humains, quelles conséquences cet abandon aurait-il pour lřidée sacro-sainte de lřégalité humaine universelle ?294

Cette caractéristique là est donc jugée « conservatrice, voire réactionnaire » car elle fait apparaître lřargumentation comme étant de « nature onto-théologique »295, reposant sur un

« esprit méfiant à lřégard de toutes ces libertés séculières, au nom dřune certaine conception de lřêtre humain et de sa dignité venue de la tradition chrétienne »296, le tout de façon détournée. En

effet, souligne Gilbert Hottois, elle apparaît peu « comme telle : elle se donne davantage comme phénoménologique (une phénoménologie manifestant les invariants de lřexistence humaine) et comme une défense des dimensions symboliques de lřêtre-humain »297.

Mais ce nřest pas seulement pour ce caractère ontologique dû aux arguments qui reposent sur des valeurs transcendantes qui légitiment leur propre conservation que nous voyons dans cette argumentation contre le clonage des éléments propres au bioconservatisme. En effet, lorsque nous expliquions la pensée des bioconservateurs, nous avions dit quřun des points essentiels de la pensée bioconservatrice se situait dans la définition de la personne en tant quřappartenant à humanité, laquelle est donc définie par la nature qui elle-même sřinscrit dans un cadre précis dans lequel lřhumanité doit prendre place sans jamais sřextraire, définissant des invariants que le clonage met à mal, dont :

292 CIORAN, Émile, Syllogisme de l’amertume, Œuvres, Paris, Gallimard, 1995, p 800 293 BÉGORRE-BRET, Cyrille, Op. cit. p. 253-264

294 FUKUYAMA, Francis, Op. cit. p. 126.

295 HOTTOIS, Gilbert, Op. cit. p. 149-175, note 15. 296 Ibid. p. 149-175

1) La reproduction sexuée est mise à mal, laquelle interdit le clonage mais aussi lřhomoparentalité (ce qui a son importance, la légitimation du recours au clonage se situant dans la possibilité dřoffrir aux couples homosexuels une descendance « de leur sang ». Ce recours à la reproduction sexuée est donc normatif car il « implique fondamentalement une relation dřamour entre un homme et une femme, ainsi que lřamour parental et filial qui unit les générations, avec toutes les représentations symboliques qui lřentourent et qui sont sources de sens »298.

2) Reproduction non-naturelle qui par conséquent, renie la dignité de lřhumain. Souvenons-nous en effet que celle-ci réside dans le fait expressément déclaré dřappartenir à lřespèce humaine (excluant ainsi animaux comme les grands singes ou les êtres considérés comme posthumains). Or lřhumanité est le fait de posséder un faisceau de caractéristiques, pour rependre les termes de Kripke, qui forme son identité, faisceau définit par la nature. Reniant la nature de lřhomme qui inclut sa sexualité, la dignité qui se fonde sur cette nature est donc reniée et doublement. 3) En effet, doublement parce que son autonomie, dřabord, est amoindrie

a) par la rupture avec la loterie génétique au profit dřun déterminisme programmé ; (b) par lřinstrumentalisation décidée par des tiers : le clone se saurait instrument et produit dřune volonté étrangère sur laquelle il nřa aucune prise rétroactive. Ce savoir interfère constitutivement avec la capacité du clone à être soi-même et à (se) choisir. Le premier argument est biologique, le second psychosociologique299.

4) Mais aussi parce quřil sera lřobjet dřune instrumentalisation.

Dřoù au final la criminalisation du clonage comme crime contre lřespèce humaine. Dès lors, et cřest là un risque majeur de cette pénalisation que nous avons relevée mais dont les bioconservateurs ne parlent pas, le clone en question ne peut être considéré, aux yeux de la loi, comme un être humain à part entière, il est plutôt un avatar de « post-humain ». La peur principale tient donc de la peur de voir lřhumanité disparaître car si celle-ci disparaît, cřest la notion de personne qui est en danger et donc tout le fondement du droit.

Cette conception de la moralité des biotechnologies mais surtout du clonage, repose donc sur des valeurs essentialistes et humanises. Humanistes car lřhumanisme est la doctrine selon laquelle lřhomme, du point de vue de la morale, doit sřattacher exclusivement à ce qui est dřordre humain et par conséquent, ce qui fonde la morale, ce sont les qualités essentielles de

298 Ibid. p. 149-175 299 Ibid. p. 149-175

lřêtre humain, telle que la dignité et la rationalité. Essentialistes en cela que lřessentialisme, en biologie, conçoit les différentes espèces différentes entre elles par essence. Or ici les arguments opposent une différence dřessence entre lřhumanité et la post-humanité, en pensant un point de rupture entre les deux. Cřest là une approche vivement contestée comme nous le montrerons bientôt. Pour lřinstant, contentons-nous de relever lřexistence de la contestation dřune argumentation essentialiste :

Mais la prudence se pratique dans le monde du changement et du contingent. Lřabus consiste à passer dřun constat concernant les phénomènes naturels à lřapodicticité dřune essence et à lřabsoluité dřun interdit. On passe ainsi de la description des conditions naturelles de lřexistence humaine à la « nature humaine » et à lř« essence humaine ». De là, à lřinterdiction catégorique de ne rien changer. Il s’agit, somme toute, d’une variante du « sophisme naturaliste » invitant à glisser d’un énoncé constatatif, factuel, à un énoncé normatif. En bioéthique, lřon est très souvent obscurément confronté à des philosophies de la nature rarement explicitées et, sans doute fréquemment, inconscientes. Ces conceptions présupposées sont quelquefois plus proches dřune variante de créationnisme que de lřévolutionnisme, plus proches dřun monde pré-moderne dřordre et dřessences que dřun univers de contingences et de processus dans lequel lřhomme peut, dřune manière croissante, intervenir librement, après réflexion et avec prudence300.

5.2.2. Les conséquences de cette approche sur le droit

Or, une telle vision des choses nřest pas sans conséquence puisque nous avons vu que comprendre la nature humaine comme norme de la dignité a permis dřinterdire le clonage par le droit. Le droit défend ainsi également la nature humaine, sa dignité et sa spécificité, quřil fonde également sur la nature humaine. Ainsi, tout comme il existe un bioconservatisme philosophique, il existe également un bioconservatisme juridique.

En effet, nous avons rapidement abordé ce thème lorsque nous proposions comme solution au statut inconfortable du clone de débiologiser par le droit la notion de famille et de filiation. Il est temps désormais de développer ce que cette solution signifie et présuppose pour le débat qui nous occupe. La notion de débiologisation de la filiation présuppose en effet dřune part que les règles biologiques soient le résultat dřune construction sociale mélangé également à des règles biologiques fondamentales, mais elle présuppose aussi que le droit soit lui-même une construction sociale.

Cřest là une thèse artificialiste du droit qui se voit modulable, que rejette le bioconservatisme. Comme cřest le cas depuis le début, la nature humaine nřest pas comprise comme résultat dřune construction mais comme le résultat de contraintes biologiques innées et essentielles. Cette nature humaine est au fondement de la personne, comprise comme ayant des

300 HOTTOIS, Gilbert, « De l'anthropologie à l'anthropotechnique ? », Tumultes, n°25, 2005, p. 49-64, (page consultée

droits, et le droit par conséquent, est lui-même fondé sur cette conception de la nature. Le droit ne peut donc pas être modulé à notre guise, il est et doit être le reflet de cet ordre naturel. Il est donc une instance dřautorité et incarne cette volonté conservatrice, notamment par les interdictions et les barrières quřil pose. On retrouve une nouvelle fois le passage dřun état de fait descriptif à un discours normatif : le droit repose sur la nature humaine.

Cyrille Duvert distingue ainsi dans le débat juridique à propos du clonage deux camps bien opposés, que nous avons-nous-aussi relevés : les « tenant du progrès et de lřouverture défendaient une conception artificialiste du droit » et les « partisans du statu quo et de lřimmobilisme campaient, selon leurs contempteurs, sur une position bêtement naturaliste »301.

Pour les premiers, le caractère artificiel du droit non seulement permettrait de créer une famille homosexuelle, mais lřexigerait. […] Pour les autres, au contraire, le droit serait nécessairement tributaire de la nature et ne pourrait pas, au risque de se perdre302, affirmer ce qui nřest pas, par

exemple quřun enfant est issu de deux personnes de même sexe. Culture contre Nature, avancée de la civilisation contre soumission servile à lřordre des choses, telle était lřalternative ainsi imposée. Lřartifice ayant ouvert une brèche dans la filiation par les procréations médicalement assistées, la poursuite de cette œuvre dřarrachement à la nature appellerait la consécration dřun autre artifice désirable que seraient les filiations homosexuelles [et à nous dřajouter les filiations par clonage]. Ceux qui défendent une version artificialiste du droit condamnent donc les bioconservateurs au nom de leur vision jus-naturaliste du droit, un droit fondé sur la notion du

jus naturale, du droit naturel. Celui-ci se définit en effet comme un ensemble de normes basées

sur les caractéristiques naturelles proprement humaines, indépendantes des normes et des lois déjà en vigueur, contenue par le droit positif. Il est censé être conforme à la nature (il est conforme à la nature humaine dřenterrer ses morts) mais peut sřopposer au droit positif que constituent les lois en vigueur promulguées par le roi Créon qui interdisent, dans l’Antigone de Sophocle303, à lřhéroïne dřenterrer son frère. Ces « lois non écrites » du droit naturel sont dès lors

universelles, puisque fondées sur la nature humaine elle-même universelle.

Et pour parer lřobjection de qui verrait dans cette prétention à la toute-puissance du désir la tentation chimérique de réaliser, avec des conséquences fatales, un fantasme est dénoncé le « nouvel jusnaturalisme des sciences sociales » qui « a pour but de nous faire penser que les règles juridiques qui instituent des rapports de filiation constituent des espaces normatifs dřune nature différente de ceux qui sřoccupent des contrats, des droits réels et constitutionnels » [il cite ici Marcela. Iacub, « Homoparentalité et ordre procréatif]. […]

301 DUVERT, Cyrille « Le droit jetable ? A propos des débats sur l'homoparentalité », Le Débat, n°131, 2004, p. 179-

192, (page consultée le 17 juillet 2011) www.cairn.info/revue-le-debat-2004-4-page-179.htm.

302 On lřa assez noté avec Fukuyama qui voit dans la fin de la nature humaine, la fin du droit et de nos sociétés

démocratique (la fin de lřhomme en somme).

Lřargumentation sous-jacente de cette dénonciation consiste à dire quřil nřest pas de domaines où le pouvoir de création juridique serait plus limité que dans dřautres, et quřen appeler à la Nature pour assigner des bornes au déploiement de cette liberté créatrice ne peut être regardé que comme lřexpression de convictions personnelles conservatrices, réactionnaires, voire homophobes [car il parle de lřhomoparentalité, nous pouvons ajouter à cette liste « technophobes » en ce qui concerne le clonage]. […]

Cřest ici que lřon retrouve la question des rapports entretenus par le droit avec la nature et lřartifice, mais aussi, en filigrane, celle de son éventuelle « fonction symbolique » ou « anthropologique ». Là encore, le discours militant situe les acteurs en renvoyant quiconque évoque la dimension symbolique du droit au camp du « conservatisme », du respect naïf ou hypocrite dřun « ordre des choses » et des « lois de la Nature », et en y opposant un camp du « progrès », seul conscient de la nécessité aussi bien que de la possibilité de sřémanciper de cette Nature et de ses lois grâce au pouvoir démiurgique et fictionnel du droit304.

Mais quřest-ce qui prouve que lřapproche « jusnaturaliste » du droit, proche de la position des bioconservateurs, est justifiable ? La réponse fait intervenir un autre point défendu par le bioconservatisme, à savoir, le yuck factor et la sagesse de la répulsion défendue par Leon Kass que nous avons défini plus haut. Nous prenons connaissance du droit naturel car comme Antigone à lřidée de refuser à son frère une sépulture, nous ressentons de lřhorreur ou du dégoût envers tout ce qui va à lřencontre de ce droit. Et le clonage, manifestement, en fait partie. Pour autant, ce

yuck factor est-il une répugnance vis-à-vis de ce qui sort du droit naturel ou bien face à ce qui sort

dřun ordre que nous prenons pour naturel ? La souillure, non pas comme non-respect du droit naturel mais comme danger face à un ordre symbolique qui structure notre société et notre monde serait donc à lřorigine de ce fameux « facteur beurk ».

Cette nouvelle référence à Mary Douglas nřest pas anodine. En effet, elle envisage deux approches possibles de la souillure que lřon retrouve dans ces deux positions du droit qui sřopposent, et cřest dřautant plus frappant que nous pouvons presque transposer mot à mot le vocabulaire de Mary Douglas à cette situation. Nous avons en effet deux approches :

Deux approches : La condamnation véhémente Lřaffrontement qui consistent à « condamner [lř] objet, [lř]

idée susceptible de jeter la confusion ou de contredire nos […] classifications »305,

condamnation « sřopposant à la contagion de la souillure, protégeant la santé morale du

tenter « dřélaborer un nouvel ordre du réel où lřanomalie pourrait sřinsérer »307.

304 DUVERT Cyrille, Op. cit. p. 179-192 305 DOUGLAS, Mary, Op. cit. p. 55

corps social, préserve son unité »306.

Lřanomalie est exclue intégrée

Conséquences sur le statut du clone

Rejeté, sans statut, condamné à être le produit dřun « crime contre lřespèce humaine » = stigmatisation

Intégré dans une nouvelle filiation débiologisée. Il a un statut dřenfant et dřêtre humain normal = pas de stigmatisation

légitimé par une approche du droit

naturaliste artificialiste

Elle-même légitimée par

Des valeurs métaphysiques transcendantes, immuables : la nature humaine

Des valeurs qui sont le fruit dřune construction et qui ne demandent quřà évoluer au gré du changement de la société ou des techniques. Conséquence pour

le clonage

Interdiction définitive du clonage qui est sans appel

Soit acceptation soit interdiction provisoire en attendant que la technique sřaméliore et soit sûre. Tableau 1 : application au clonage des deux approches possibles dřune transgression

Nous avons donc compris que lřargumentation ci-dessus repose sur une vision bioconservatrice, laquelle repose sur un appel à une nature normative, qui définit le moral et lřimmoral, valeurs définies de façon transcendantes et que lřhomme ne peut faire varier au risque de voir mis à mal tout le système qui jusquřici fonctionnait. Mais si lřon comprend lřargumentation, ses sources et les craintes auxquelles elle répond, que vaut cette argumentation ? Évaluons-là pour voir sa validité. Si cette première approche résiste à un examen critique, alors la seconde, qui exclut la première, ne sera pas valable et inversement, si la première ne résiste pas à la critique, alors il nous faudra prendre en compte et analyser par la suite la validité de la seconde approche.

307 Ibid. p. 58 306 Ibid. p. 9

Doit-alors condamner la première approche ? Et doit-on affirmer avec Lecourt « quřil est désormais illégitime dřadosser le discours bioéthique à des normes métaphysiques