• Aucun résultat trouvé

Approfondissement des aspects traités dans la présente étude

Premièrement, dans le cas de l'agent expansif à base d'oxyde de calcium, il a été démontré que l'expansion du béton et la compensation du retrait de séchage sont directement liées au dosage utilisé. De plus, lors de l'ajout de fumée de silice, l'expansion initiale est beaucoup plus importante et la compensation du retrait également. Ainsi, il sera intéressant d'optimiser les dosages d'agent expansif et de fumée de silice afin de conserver une expansion initiale permettant la pleine compensation du retrait de séchage, mais sans l'excéder inutilement. Ainsi, il sera peut-être possible de réduire le dosage en agent expansif tout en obtenant l'expansion adéquate pour la compensation du retrait.

Deuxièmement, dans le cas du ciment expansif de type K, il semble que l'ajout de 8 % de fumée de silice tende à diminuer considérablement la réaction d'expansion, en plus d'avoir un effet négatif sur la quahté et la stabilité du réseau de bulles d'air. Par conséquent, l'expansion mesurée à partir de l'âge de 12 heures n'est pas suffisante pour assurer la pleine compensation du retrait de séchage et le béton n'offre pas une bonne durabilité lorsqu'il est soumis aux rigueurs des cycles de gel-dégel. Il y aurait donc place à d'autres expérimentations avec des dosages inférieurs en fumée de silice, afin de trouver l'équihbre entre le contrôle de l'expansion tardive et la compensation du retrait par l'expansion initiale. L'interaction entre la fumée de silice et l'air entraîné devrait également être étudié plus en profondeur. De plus, une méthode d'essai permettant de capter les déformations immédiatement après la prise du béton permettrait une plus grande précision dans la mesure de l'expansion et dans le calcul du taux de compensation des BRC.

Les résultats obtenus lors des essais de flexion sur les poutres composites et la comparaison avec les calculs de la précontrainte estimée ont démontré la validité des principes en jeu. Par contre, la restriction apportée par un support de même épaisseur que la réparation ne semble pas suffisante pour observer le plein potentiel de la précontrainte et n'offre malheureusement pas une simulation réaliste de la réparation d'une poutre ou d'une dalle. Il serait donc pertinent de pousser plus loin ce genre d'essai sur des poutres composites dont le support serait plus rigide, soit plus épais, 75 mm par exemple, ou avec un minimum d'armature.

Les dalles à cavité utilisées pour l'observation de la fissuration des réparations offrent une configuration permettant de simuler diverses conditions de confinement et des variations d'épaisseur de la réparation. Ce type de dalle permet donc une simulation représentative de la réahté, à l'exception de la rigidité du support encore une fois. Lors des essais, les déformations enregistrées sur le support étaient du même ordre de grandeur que celles mesurées sur la réparation. Par conséquent, la restriction des déformations de la réparation n'est probablement pas tout à fait représentative de la réalité. De plus, les résultats de fissuration montrent que l'essai, tel qu'il a été exécuté, n'est pas suffisamment discriminatoire. En effet, la réparation de BO n'a montré que de très fines fissures difficilement perceptibles. Ce genre d'essai aurait avantage à être exécuté sur des supports plus rigides, afin de mieux qualifier le comportement du matériau de réparation en ce qui a trait à la fissuration due au retrait de séchage.

Expérimentations supplémentaires

Une étude du fluage des BRC approfondirait la connaissance du matériau et permettrait d'augmenter la précision des calculs de précontrainte. De plus, advenant que les BRC aient un fluage plus important que les bétons ordinaires, il serait possible d'optimiser les dosages des constituants afin de compenser les contraintes dues au retrait de séchage sans nécessairement devoir compenser les déformations. En effet, plus le coefficient de fluage du béton est élevé et plus les contraintes internes dues aux déformations sont faibles, diminuant ainsi le risque de détérioration par la fissuration.

Un autre aspect important à développer est la mise au point d'un essai permettant de mesurer efficacement le potentiel expansif à court terme d'un BRC. À l'heure actuelle, le rare essai qui est utilisé est celui du « mason jar » qui consiste à remplir partiellement de béton (jusqu'à 1 à 2 cm du bord) un récipient en verre, attendre la prise initiale, combler avec de l'eau pour ahmenter la réaction d'expansion et fermer hermétiquement. Après une période plus ou moins longue, le récipient éclate sous la pression occasionnée par l'expansion du béton. L'essai est souvent assez long, soit 2 à 3 jours et il fournit une information limitée sur le caractère expansif du béton. Pour aider au contrôle de la quahté au chantier, il est nécessaire de développer une procédure d'essai permettant d'obtenir une réponse fiable et rapide sur le potentiel expansif du matériau, idéalement en moins de 24 heures. Le développement d'un prototype d'appareil a été entamé, mais beaucoup reste encore à faire. Le principe est simple : placer le béton dans un moule de PVC souple en laissant de l'espace libre à la surface du moule, ajouter de l'eau suite à la prise du béton et mesurer l'expansion diamétrale du moule. Une relation entre la déformation diamétrale et la déformation uniaxiale normale (ASTM Cl57) peut alors être étabhe pour élaborer une charte permettant de connaître le potentiel expansif d'un béton directement selon les déformations mesurées avec le moule souple, sans post-traitement nécessaire. D'autres méthodes comparables peuvent également être mises de l'avant, tout en gardant en tête que l'essai doit être le plus simple possible à exécuter, tant en ressources matérielles qu'en ressources humaines.

Concernant la durabilité des BRC, les composantes du ciment type K (CaO) et le produit de l'expansion du AEC (Ca(OH)2) peuvent être sensibles aux attaques sulfatiques (Neville 2000).

connaissance des BRC. Notons également que la sensibilité aux sulfates est entre autre liée à la perméabilité du béton (Neville 2000). Par conséquent, afin d'atténuer les risques liées aux attaques chimiques externes, il y aurait Ueu de chercher à optimiser la formulation du béton en fonction d'une perméabilité la plus faible possible, notamment au moyen de la fumée de silice. L'une des dernières étapes afin de valider l'efficacité des BRC est, bien entendu, la fabrication de planches d'essais en chantier. Ces essais permettront de mesurer les bénéfices et inconvénients d'une réparation en BRC par rapport à d'autres matériaux de réparation, en plus de constater la différence de durée de vie de l'intervention. Une première série de planches d'essais ont été fabriquées à l'automne 2002 sur le pont du Cosmos à Montréal, en collaboration avec l'Université de Sherbrooke et la Ville de Montréal. Sur la base de ces essais, la Ville de Montréal a par la suite procédé à la réfection du tablier du passage inférieur Girouard avec un mélange contenant de l'AEC et des fibres durant l'été 2005. Il sera intéressant de faire un suivi du comportement de ces planches d'essais au cours des années futures.

Dans une autre optique, l'effet de précontrainte apporté par l'expansion restreinte des BRC peut avoir une incidence positive dans le cas de réparations structurales. Un projet de recherche portant sur de ce sujet pourrait élargir les champs d'application où l'utilisation des BRC offrirait un avantage par rapport aux autres familles de matériaux de réparation.

Documents relatifs