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Modèle d’analyse systémique

3.1 Approches scientifiques adoptées dans les tours à vent

3.1.4 L’approche typologique (iconique)

Est une démarche empirique analytique consistant à définir ou étudier un ensemble de types, afin de faciliter l’analyse, la classification et l’étude de réalités complexes. Elle repose sur l’observation des échantillons sélectionnés pour étudier la question de la continuité (la permanence) et du changement dans les conceptions architecturales. Il s’agit de l’ensemble des types d’espaces, d’éléments architectoniques spécifiques et des principes de leurs organisations et configurations significatives. En d’autres termes, il s’agit des formes persistantes et de leurs représentations prégnantes dans une société spécifique (LAROUSSE, 2010). Selon Caniggia, parler du processus typologique c’est reconnaître aux structures de l’habitat les deux dimensions: diachronique (évolution dans le temps) et synchronique (évolution par rapport à la position). C’est un classement des variations typologiques des structures de l’habitat, selon ces deux dimensions. Le processus typologique rend possible l’analyse des différentes structures de l’habitat et leur évolution dans le temps suivant une certaine logique dans une continuité des relations.

Les types sont une expression d’une pratique sociale, culturelle, économique et constructive (ALDO ROSSI et al., 1979). Dans une vision synchronique que Caniggia s’efforce d’articuler à l’analyse historique, le type est un élément dont il s’agit de montrer le rapport à la morphologie. Les types sont décrits selon les caractéristiques suivantes: principes d’organisation spatiale en plan et en élévation, ouvertures, galeries/loggias, entrée, distribution fonctionnelle, système constructif, insertion dans le milieu physique bâti et naturel et formes de groupement. Un type se construit par abstraction rationnelle en deux temps :

Dans une famille donnée, les propriétés des objets qui la composent sont exploitées en fonction des trois critères: topologique, géométrique et dimensionnel;

Les propriétés communes des objets d’une même famille sont réunies pour définir le type.

Selon MALFROY et CANIGGIA (1986), le type a priori est une somme d’informations organisées. C’est un concept qui a le caractère d’un code émanant d’un savoir-faire collectif dans une tradition constructive, il est l’idée qui précède l’acte. Alors que, le type a posteriori est une construction scientifique issue d’une analyse et qui s’efforce de décrire systématiquement le contenu du type a priori. Étant une interprétation, le type a posteriori est forcément provisoire et dépend de l’avancement des connaissances et de l’évolution des systèmes socioculturels. Le standard est une règlementation ponctuelle (fixant le gabarit des constructions par exemple) établie sans faire intervenir l’ensemble des composantes du type.

Le standard est le résultat de normes souvent arbitraires. Par contre, le type représente une très longue tradition constructive, qui varie d’un lieu à un autre et d’un temps à un autre. D’après Caniggia, il manque au standard l’organicité du type. Le résultat de l’analyse typologique désigne les caractéristiques architecturales des éléments, qui ont persisté à travers l’histoire et les lieux ou ont changé à travers le temps (LAYACHI, 2018).

La contribution de l’application de l’approche typologique en habitat est importante notamment dans l’analyse typologique des constructions rafraichies passivement. L’analyse typologique comparative des différents types de logements traditionnels appliquée pour l’analyse des conceptions actuelles des maisons contemporaines a servi pour l’étude de la continuité et du changement dans les conceptions des maisons. La sélection d’exemples contemporains identifiés démontre les diverses approches et formes qui caractérisent les styles actuels des maisons, cependant, ces échantillons ne sont pas des exemples définitifs. Bien que ces exemples n’aient pas entièrement réussi dans l’effort (de combiner le passé et le présent), il convient néanmoins de les explorer. La dualité entre un climat à contrôler et les ressources

constructives nécessaires pour ce contrôle est une des raisons qui ont poussé l’imaginaire collectif à véhiculer certains archétypes formels ayant prouvé leur efficacité. Toutefois, d’autres raisons d’ordre culturel encouragent un certain conservatisme formel et technique (BROADBENT, 1988).

L’approche typologique a été exploitée pour analyser la prégnance des systèmes de rafraîchissement sur les bâtiments rafraîchis passivement. L’analyse typologique des bâtiments rafraichis passivement permet de comprendre comment les erreurs faites d’une part par le concepteur et d’autre part par le maitre d’ouvrage ont causé le dysfonctionnement du système bâtiment/tour à vent et par conséquent découvrir les points faibles du système. Afin d’avoir des informations sur la posture de l’architecte par rapport à l’intégration du système de rafraîchissement passif dans l’architecture, la combinaison entre l’analyse typologique, le digramme psychométrique de Givoni et l’enquête au moyen d’un formulaire de question permet de ressortir les contraintes architecturales importantes liées au système de rafraîchissement.

Dans son ouvrage «The Architectural Expression of Environmental Control Systems», BRAID (2001) classe les bâtiments réalisés selon la volonté du concepteur de manifester la présence des systèmes de refroidissement passif en cinq niveaux à savoir:

Le niveau un, sera attribué aux bâtiments, dont le concepteur fait des efforts supplémentaires pour cacher les systèmes de rafraîchissement passifs. Le niveau deux sera attribué aux bâtiments, dont le concepteur permet de percevoir les systèmes, mais il n’a fait ni des efforts supplémentaires pour les dissimuler ni pour les mettre en évidence. Le niveau trois sera attribué aux bâtiments, dont le concepteur met en évidence les systèmes de rafraîchissement avec de simples modifications de la peau extérieure. Le niveau quatre sera attribué aux bâtiments, dont le concepteur met en évidence les systèmes de rafraîchissement, les systèmes deviennent langage architectural. Le niveau cinq sera attribué aux bâtiments, dont le concepteur met en évidence les systèmes de rafraîchissement, le fonctionnement des systèmes n’est plus la priorité, mais la priorité est de les utiliser en tant qu’objets architecturaux. 
 Par exemple

« l’emplacement de la tour à vent évaporative comme dispositif de rafraîchissement passif à une certaine distance du bâtiment au milieu du patio n’est pas seulement pour des raisons techniques, mais aussi pour des fins esthétiques. Si la tour avait été positionnée sur la toiture, elle aurait pu être légèrement plus efficace. La différence de hauteur majeure aurait permis aux gouttelettes d’eau de mieux s’évaporer » (GIANLUCA, 2012).

La typologie des bâtiments rafraîchis passivement a permis de comprendre l’impact des systèmes de rafraîchissement passifs sur l’architecture.
Dans le travail de recherche de

(MANSOURI, 2003), «Conception des enveloppes de bâtiments pour le renouvellement d’air par ventilation naturelle en climats tempérés Proposition d’une méthodologie de conception», elle analyse la typo/topologie des systèmes de ventilation par rapport à la typologie des bâtiments rafraîchis en utilisant comme support une grille d’analyse morphologique des systèmes de rafraîchissement. Ce qui ressort ce sont les contraintes architecturales importantes associées à ces systèmes. La mise en forme des fiches d’analyses réalisées sur les différents dispositifs architecturaux a pour but de comprendre comment fonctionne le bâtiment, la posture de l’architecte et la prégnance des systèmes de rafraîchissement sur l’architecture. Cette démarche a permis la compréhension que certains systèmes de rafraîchissement imposent des choix architecturaux et typologiques précis.

3.1.4.1 Limites de l’approche typologique

L’utilisation de l’analyse typologique est soutenue par plusieurs chercheurs, mais elle reste critiquée sur plusieurs points. Parmi les points essentiels nous citerons:

- La séparation entre le type et l’individu (GREGOTTI & REICHLIN, 1985) qui va réduire la capacité de la conception architecturale à trouver le rapprochement nécessaire des idées dans la réalité.

- La transformation de la conception architecturale libre en une recette à respecter à la lettre, ce qui nous rapproche plus de la standardisation.

- Le projet architectural devient un processus machinal.