• Aucun résultat trouvé

Approche globale mise en œuvre pour l’analyse conjointe du potentiel de stockage additionnel et du coût

3. Potentiel technico-économique de stockage additionnel de carbone dans les sols français : pratiques stockantes

3.2. Approche globale mise en œuvre pour l’analyse conjointe du potentiel de stockage additionnel et du coût

3.2.1. Etapes du calcul et variables calculées

Le potentiel de stockage additionnel de carbone et le coût induit des pratiques stockantes retenues ont été calculés ou simulés en distinguant plusieurs étapes (Figure 3-1)9 :

1- Description des pratiques actuelles (pour simulation de la ligne de base) et des pratiques stockantes (objectif et périmètre de la pratique, dont coûts de mise en œuvre pris en compte et critères d’assiette) ;

2- Evaluation de l’assiette de la pratique, c'est-à-dire du nombre d’hectares potentiellement concernés par la pratique, au niveau régional et national (en ha) ;

3- Evaluation du stockage additionnel de carbone lié à l’adoption de la pratique proposée, soit par calcul d’ordre de grandeur (agroforesterie intra-parcellaire, haies et enherbement des vignes), soit à l’échelle de l’unité pédoclimatique et sur 30 ans, à l’aide des modèles de culture STICS et de prairie PaSim (en kgC/ha/an), et évaluation du coût technique unitaire de mise en œuvre de la pratique à l’échelle de la région (en €/ha/an) ;

4- Agrégation du stockage additionnel de C induit par la pratique, de l’unité pédoclimatique à la région (en tC/ha/an) ;

5- Combinaison des valeurs unitaires pour obtenir l’efficience unitaire de la pratique à l’échelle régionale (coût de la tonne additionnelle de C stockée, en €/tC) ;

6- Combinaison des valeurs unitaires et de l'assiette pour obtenir une évaluation du potentiel "technique" et du coût total associé, à l'échelle du territoire national et sur un horizon de 30 ans (respectivement en tC/an et en €/an), pratique par pratique ; 7- Utilisation du modèle d’allocation optimale de l’effort de stockage (BANCO), pour déterminer le potentiel "économique" de stockage

(obtenu pour une cible donnée de stockage ou, ce qui est équivalent, pour un prix donné du carbone) à l'échelle du territoire national, et générer une courbe de coût marginal de stockage (ou courbe de coût d’abattement marginal, dite MACC en anglais).

9 La procédure de calcul a été simplifiée, et sera précisée dans la suite du chapitre, pour trois pratiques stockantes dont le potentiel de stockage additionnel

de C ne pouvait pas être simulé faute de modèles disponibles. Il s’agit de l’agroforesterie intra-parcellaire, des haies et de l’enherbement de l'inter-rang des vignobles.

Figure 3-1. Démarche mise en œuvre pour l’évaluation technico-économique du potentiel de stockage additionnel de carbone

dans les sols métropolitains français

3.2.2. Situation de référence et ligne de base

Le stockage additionnel de carbone lié à l’adoption d’une pratique dite stockante ainsi que le coût associé doivent être mesurés relativement à une situation de référence. L'objectif étant d'estimer le stockage de carbone potentiel à horizon de 30 ans, il convient de se référer à la situation que l’on aurait observée dans 30 ans si aucun changement de pratique n’était intervenu dans le secteur agricole. Cette situation de référence peut être statique (pas de changement de contexte, tel que le climat par exemple, sur tout l’horizon temporel) ou dynamique (changement de contexte au cours des 30 années).

Concernant les stocks de carbone, deux éléments sont à distinguer : le choix du stock de carbone de référence (point de départ)

et son évolution dans la ligne de base (évolution du stock sans mise en œuvre des pratiques stockantes additionnelles). Le stock de carbone de départ a été renseigné d’après les données produites par l’unité de service INRA InfoSol, à partir de différentes données du GIS Sol. La ligne de base donne l’évolution de ce stock de C de référence sous l’effet des pratiques actuelles, pendant les 30 années de simulation. Le stockage additionnel de C lié à l’adoption d’une pratique est donc calculé par différence entre le stock à horizon de 30 ans simulé sous hypothèse d’adoption de la pratique stockante et le stock à horizon 30 ans simulé sous hypothèse de maintien de la pratique actuelle (cf. Figure 1-4).

Les pratiques actuelles ont été renseignées en mobilisant toutes les références et bases de données statistiques disponibles (enquêtes "Pratiques culturales", Statistique agricole annuelle…). Les simulations ont été faites sous l’hypothèse d’une référence statique (systèmes de culture constants sur 30 ans), sous scénario climatique récent (1983-2013)10.

Concernant les aspects économiques, le coût d'une pratique stockante, exprimé en €/ha/an, est calculé par différence entre son

coût de mise en œuvre et le coût de la pratique actuelle, incluant les gains et les pertes liés à la hausse ou à la baisse de la production agricole. La ligne de base est également une référence statique (années de référence 2009-2013, avec une moyenne quinquennale pour lisser la variabilité interannuelle). Le choix d’une référence dynamique aurait en effet nécessité d’établir une projection à 30 ans des assolements, du cheptel, des prix des facteurs de production et des produits en s’appuyant sur des projections existantes ce qui n’était pas réalisable dans le temps imparti.

3.2.3. Sources de données mobilisées

L’évaluation du potentiel de stockage additionnel de carbone dans le sol nécessite de connaître les caractéristiques

pédoclimatiques des unités de simulation ainsi que les pratiques culturales actuelles et modifiées (pratiques stockantes). Les

calculs d’assiette requièrent des données sur les surfaces des différentes productions végétales et la proportion des surfaces

cultivées ayant des caractéristiques compatibles avec les pratiques "stockantes" considérées. Les calculs de coût technique

unitaire des pratiques stockantes nécessitent de connaître les prix des intrants et des productions agricoles, les coûts des

opérations culturales, les rendements et les marges à l’hectare de certaines productions agricoles (différence entre les recettes et les dépenses pour un hectare de production donnée).

Les sources de données doivent être disponibles (existence et accessibilité) à l’échelle de la France métropolitaine, avec une déclinaison au niveau régional a minima, pour la période de référence (2009-2013), et être homogènes entre les pratiques et cohérentes entre elles.

Tableau 3-1. Les sources de données utilisées par type de calcul

Type de calcul Besoin en données Sources de données utilisées

Calculs de stockage de C et bilan de GES

Données pédologiques Base de Données Géographique des Sols de France (BDGSF) à l’échelle du 1/1 000 000 (INRA Infosol) Données climatiques Données Météo-France SAFRAN, mailles 8x8 km, traitées par INRA Agroclim Séquences de cultures Exploitation du Registre Parcellaire Graphique (INRA ODR) Pratiques culturales en grandes cultures

(fertilisation, travail du sol…)

Modes de gestion des prairies permanentes

Enquête "Pratiques culturales" 2006 et 2011 (SSP), pour les grandes cultures (prairies temporaires comprises)

Enquête (SSP) pour les prairies permanentes Equations et facteurs d’émission de GES Inventaire national CITEPA (GIEC 2006) Emissions induites de GES amont/aval Base Carbone (ADEME)

Calcul de coûts

Prix des productions végétales et animales RICA (2009-2013 ; SSP) Rendements RICA (2009-2013 ; SSP) Prix des intrants Eurostat

Coûts des opérations culturales Barèmes CUMA pour prestation par des tiers (FNCUMA, APCA) Marges brutes des cultures RICA (2009-2013 ; SSP)

Calcul d'assiette

Superficie des productions végétales

Effectifs animaux Statistique Agricole Annuelle (2009-2013 ; SSP) Caractéristiques limitantes des sols BDGSF (INRA Infosol)

Les principales sources de données communes à toutes les pratiques sont issues du Service de la statistique et de la prospective du ministère de l'agriculture (SSP) :

 la Statistique agricole annuelle (SAA), qui recense les superficies occupées par les principales cultures

 les enquêtes "Pratiques Culturales", réalisées tous les 5 ans environ, qui enregistrent l'itinéraire technique détaillé mis en œuvre sur les parcelles pour les 8 cultures principales. La dernière enquête disponible date de 2011 ; les résultats de celle de 2017 ne sont pas encore accessibles ;

 le Réseau d’information comptable agricole (RICA), qui enregistre sur un échantillon représentatif des grandes et moyennes exploitations agricoles (couvrant 93% de la SAU et 97% du potentiel productif), de nombreuses informations économiques, par exemple sur les volumes produits en quantité et en valeur, et sur les coûts de production.

Ont aussi été utilisés, plus ponctuellement : les barèmes CUMA pour prestation par des tiers pour les coûts des opérations culturales11 (labour, épandage d’engrais…), ou la base de données Eurostat pour le prix des engrais azotés. Pour compléter les bilans de GES (émissions non simulées par les modèles utilisés et émissions induites par les pratiques en amont/aval de l’exploitation), ce sont les équations et facteurs d'émission de l’inventaire CITEPA et la Base Carbone qui ont été utilisés.