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Approche contextuelle macroscopique et microscopique

peut être difficile à mettre en place due à la complexité et à la richesse en information des milieux. La création d’un système sensible au contexte nécessite la manipulation d’un grand nombre de données complexes, ayant souvent un nombre élevé de contraintes telles que des contraintes temporelles. La création d’une représentation du contexte nécessite souvent l’uti- lisation de plusieurs techniques tels que l’inférence d’états ou de données à partir de données statistiques ou brutes [86], le filtrage ou l’agrégation de données afin de réduire la surcharge d’information [87] ou bien la gestion de conflit entre données [88].

De plus, la définition de sensibilité amène plusieurs questions : qui ou quoi est sensible au contexte ? Qui est sensible à quoi ? Quelles actions peuvent être entreprises face aux contextes ? La sensibilité et le contexte forme un tout, qui peut être perçu par des processus intelligents comme des données émergentes des espaces intelligents. Ces processus peuvent être à la fois des consommateurs de contexte, tel que le FLORE, ou des fournisseurs de contexte tel que le système de découverte des appareils, le module de collecte des données et les modules de gestion des appareils.

Dans le cadre de nos recherches, nous avons initié des travaux consistants à spécifier un classement et une utilisation des contextes en deux types : la sensibilité aux contextes micro- scopiques et macroscopiques [12]. Ces deux types de contexte aident à simplifier la modéli-

sation et l’utilisation du contexte. Ainsi, la sensibilité aux contextes microscopiques englobe la perception et la compréhension d’un processus ou d’une entité de son environnement, alors que la sensibilité aux contextes macroscopique est l’information globale d’un environnement, que les micro-contexte aident ou non à construire.

L’idée générale derrière le principe de contexte et de sensibilité macroscopique correspond à l’utilisation que font plusieurs chercheurs des ontologies. Une base de données centralisée de concepts et d’information issus des capteurs d’un environnement et utilisés par les systèmes dans leurs assistances auprès des utilisateurs. De plus, ces données sont organisées et cohé- rentes. Le raisonnement sur le contexte se fait de façon globale sur l’ensemble des données d’un environnement.

D’autre part, le contexte et la sensibilité microscopique correspondent plutôt à une vision du contexte reliée directement à une composante ou entité d’un milieu. L’utilisation de ce type de contexte serait alors plutôt faite sur ses composantes internes, alors qu’une représentation abstraite ou agrégée de ces informations est partagée avec les autres composantes des milieux. En ce sens, cette utilisation du contexte correspond à l’idée que se faisait Mark Weiser dans ses premiers travaux sur l’informatique diffuse [2], où les traitements mêmes des données sont ré- partis dans les objets des milieux le plus près des sources d’informations. Un système purement basé sur une approche microscopique du contexte correspondrait à un ensemble de composants ou agents, ayant leur propre micro-contexte et le partageant, jusqu’à un certain point, entre eux. Dans un tel système, l’information entre micro-contexte peut être incohérente et conflictuelle. Il peut être également difficile ou même impossible d’obtenir une vue globale sur le système, dû à des pertes momentanées d’une composante. De tels systèmes doivent donc être opération- nels dans des conditions difficiles, avec plusieurs contraintes. Le concept de micro-contexte est entre autres utilisé par certains chercheurs, tel que Biswas [89], afin de partitionner logique- ment et physiquement le traitement de l’information provenant de capteurs et de renvoyer aux couches applicatives supérieures une représentation abstraite ou préanalysée des données. Cette utilisation abonde à notre vision de la sensibilité et à l’utilisation du contexte microscopique. Enfin, les travaux de Patrice Roy [90], candidat au doctorat au sein du laboratoire DOMUS, portent sur la modélisation de la sensibilité microscopique dans les espaces intelligents ouverts et a contribué de façon plus que significative, aux travaux du DOMUS sur le contexte micro et macroscopique.

Le projet Tyche est un système mixte basé sur une sensibilité au contexte à la fois macrosco- pique et microscopique. Si la répartition de l’utilisation du contexte pouvait être précisément quantifiée, la part du macroscopique correspondrait aux deux tiers de l’utilisation du contexte

alors que la part du microscopique serait d’un tier. L’intergiciel de gestion logicielle autonome utilise une ontologie afin de représenter l’état global des espaces intelligents. Une grande part du raisonnement d’auto-organisation est effectuée sur la représentation globale du contexte des environnements, par le FLORE partie coordonnateur, incluant le profil des utilisateurs, la topologie des espaces, la représentation générale des appareils, etc.

Toutefois, une partie du raisonnement est également fait dans une perspective microsco- pique du contexte. Ainsi, les FLORE-A traitent des données propres aux entités des appareils : l’utilisation des ressources (CPU, RAM, espace disque), les périphériques attachés, les zones dans lesquelles sont présents les appareils ainsi que les dépendances dynamiques (modules, services, bibliothèques de code). Dans son évaluation d’un DCQ, les FLORE-A utilisent égale- ment des informations relatives aux macro-contextes tel que le profil des applications, envoyé vers les noeuds appareils par le noeud coordonnateur. Toutefois, il n’existe pas à ce jour de communications et de partages des micro-contextes entre les différents noeuds appareils des espaces intelligents. Dans le cas du projet Tyche, un parallèle entre l’utilisation du contexte macroscopique et microscopique et les stratégies de gestion d’orchestration et de chorégra- phie peut être fait. L’orchestration correspondrait plutôt à un système sensible au contexte macroscopique et la chorégraphie à un système sensible au contexte microscopique. La Figure 3.4 présente un résumé de l’utilisation des différentes informations contextuelles par le projet Tyche. On peut y constater que l’information dynamique propre aux appareils, appartenant au micro-contexte, est traitée par les noeuds appareils et les informations moins tangibles telles que le profil de l’utilisateur sont traitées par le noeud coordonnateur.

L’utilisation d’une vision mixte macro et microscopique du contexte dans le projet Tyche a amené plusieurs avantages. Ainsi, une grande partie de l’évaluation des capacités d’un appareil à recevoir et exécuter une application est effectuée par les appareils eux-mêmes. Elle concorde avec une vision subjective du système et d’un certain mode de pensée affirmant qu’une entité se connait toujours mieux elle-même ("connais-toi toi-même", Socrate).

Dans une perspective d’hétérogénéité du matériel des appareils, une évaluation person- nalisée des performances du système est donc possible. Par exemple, un appareil critique à l’environnement (système de sécurité, de détection de chute, etc.) pourrait fort bien surestimer l’utilisation de ses ressources afin de privilégier d’autres appareils. Dans notre implémenta- tion actuelle de Tyche, le traitement par les appareils est homogène, mais rien n’empêche en quelques minutes (grâce aux fonctions d’appartenance floue du FLORE (Voir Annexe B), dé- tails à la Section 3.5) de configurer un traitement du contexte particulier pour un appareil ciblé. L’utilisation du micro-contexte permet également l’ajout dynamique de nouveaux appareils à

Légende Noeud coordonnateur

Noeud appareil Profil appareil--, DCQ appareil

Profil application

Utilisation CPU, RAM, Espace disque; Zone,

Profil application Périphériques, Dépendances dynamiques Profil utilisateur, Profil appareil --, Profil application Outil de gestion Profil application Profil appareil-- DCQ Échange d'information Raisonnement sur le contexte

FIGURE3.4 – Utilisation des informations contextuelles par les noeuds orchestrateurs et appa-

reils

l’environnement et à son intégration aux raisonnements d’auto-organisation. Enfin, elle per- met également de répartir une certaine partie de la charge de calcul entre plusieurs appareils, améliorant les performances globales du FLORE. Dans les futures évolutions du projet Tyche, nous tenterons entre autres d’étendre l’utilisation du micro-contexte en impliquant d’autres composantes reliées aux quatre selves de l’informatique autonome. Les raisonnements propres à l’auto-répartion ou à l’auto-protection pourraient alors être effectués dans des agents dédiés ayant une vue subjective de ces contextes.