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CHAPITRE 5  RÉSULTATS

5.4 Le point de vue des enseignantes sur la mise en œuvre du programme « T’es

5.4.2 Les appréhensions à la mise en œuvre du programme « T’es prêt »

Les caractéristiques des étudiants en TÉS ont amené les enseignantes interrogées à se mobiliser afin de prendre en compte les nouvelles réalités et les défis pédagogiques qu’elles vivent dans l’accompagnement de leurs étudiants, et ce, plus particulièrement auprès des ÉSH. Cependant, les enseignantes ont identifié quelques appréhensions avant la mise en œuvre du programme, puisque celui-ci exigeait l’acquisition de nouvelles connaissances, ainsi que des modifications dans leurs pratiques. En effet, la crainte que l’engouement envers le programme décroisse, le temps nécessaire à l’appropriation du programme et le manque d’intérêt possible des étudiants envers le programme sont les appréhensions soulevées par les enseignantes. Elles seront décrites dans les lignes qui suivent.

Avant la mise en œuvre du programme, deux enseignantes manifestaient un engouement plus mitigé pour celui-ci en raison de certaines craintes qu’elles jugeaient fondées. Selon elles, le début d’un programme engendre habituellement de l’enthousiasme, qu’elles qualifiaient de « lune de miel ». Toutefois, les tâches quotidiennes liées à

108 l’enseignement (ex. : projets pédagogiques, la correction et la supervision de stage) limitent souvent le temps disponible pour s’impliquer dans de nouvelles activités. Pour ces raisons, ces enseignantes craignaient que le réinvestissement des activités du programme dans d’autres contextes soit escamoté.

Que nous le présentons le programme et que la semaine d’après nous sommes dans le jus. Au début, c’est beau, c’est ce qu’on appelle la lune de miel. Quand nous avons 3 projets, des examens, de la correction, les stages, tout ce cela implique, ça prend une bonne organisation, une bonne structure … j’expérimente. Ce n’est pas clair encore comment je vais tout organiser cela, je vais y arriver, je n’ai pas de doute. (Chantale)

D’autres enseignantes (n=3) soulignaient que l’appropriation d’une nouvelle approche demande du temps de formation, des suivis et de la pratique avant que celle-ci ne soit intégrée comme une habitude dans leur pratique professionnelle. Le fait que les enseignantes ne soient pas nécessairement dégagées pour se familiariser à la CUA était donc identifié comme un frein possible au développement du programme. Malgré son intérêt à participer au programme, une enseignante s’inquiétait d’ailleurs de sa capacité à s’y impliquer pleinement. Elle percevait plusieurs obstacles possibles au bon déploiement des activités qu’elle était invitée à piloter, tels que le manque de temps pour se préparer adéquatement, ainsi que sa charge de travail déjà imposante.

C’est aussi comment on va l’emmener, comment on va le vendre, comment on va le comprendre. Moi, ce qui m’inquiète c’est qu’il faut que j’invente quelque chose pour un groupe avec lequel je n’ai pas de lien encore. Cette petite pression que je n’ai pas d’habitude, il faut que ça clique rapidement. Les activités des semaines 3-4-5 cela ne me donne pas grand temps. Si, par exemple, un inconnu arrive et vient me donner une formule pour mieux m’organiser dans la vie, il est probable que je n’en ai rien à cirer, excuse-moi le terme. Je vais l’écouter, mais je vais retourner à ma vie. (Chantale)

109 Certaines appréhensions des enseignantes étaient plutôt liées aux réactions des étudiants. En effet, certaines (n=4) craignaient que les étudiants ne s’intéressent pas aux activités proposées ou ne ressentent pas le besoin d’y participer. À leurs yeux, il y avait un risque que les étudiants n’ayant pas nécessairement besoin d’outils ou de stratégies supplémentaires décrochent du contenu proposé dans le programme ou le trouvent infantilisant. En outre, étant donné les services déjà offerts au sein de l’établissement, certaines participantes (n=2) craignaient que le contenu du programme soit redondant pour les étudiants. La crainte que les étudiants se désengagent était donc présente dans le discours de ces enseignantes (n=4).

J’ai l’impression qu’il y a des choses là-dedans qui ont déjà été faites. S’asseoir avec les étudiants, regarder comment ils vont faire, comment ils vont s’organiser, il y a déjà des choses que j’ai peur que ça soit un peu… sans dire redondant… je ne sais pas. Il y a une partie là-dedans, mais je ne connais pas assez pour dire ça, mais je sais que ce sont des étudiants qui ont eu des services. Est-ce qu’on fait ce qui a déjà été en place ? J’ose croire que non. Puis je reviens sur… ça c’est moi, je crois beaucoup à l’individuel, au lien, il y a déjà un programme qui existe avec les premières années. Il y a un prof pivot. (Béatrice)

Les éléments négatifs pour un étudiant qui n’en a pas de besoin, il y en a dans la cohorte à qui je n’aurais pas besoin de présenter ces outils-là, qu’ils s’emmerdent un peu. Je ne voudrais pas que ce soit enfantin et qu’il ait l’impression qu’on le prend par la main. Je ne veux pas perdre aussi ces étudiants-là qui en ont plus ou moins besoin. (Camille)

Bref, avant la mise en œuvre du programme, les enseignantes craignaient une baisse de l’engouement de départ, notamment en lien avec leur emploi du temps chargé. Dans le même sens, elles étaient préoccupées à l’idée que leur implication dans le programme leur demande trop de temps. Elles étaient également soucieuses de conserver l’intérêt des étudiants pour qui les activités étaient proposées.

110 Lors de la deuxième entrevue (T2), les enseignantes ont été invitées à élaborer leur point de vue sur les obstacles vécus en lien avec le déploiement du programme. Les enseignantes (n=4) n’en ont nommé aucun. Il faut spécifier que le programme n’a pu être déployé dans son entièreté en raison de la pandémie, ce qui limite le bilan qui peut en être fait. Leur expérience demeure somme toute positive.