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CHAPITRE 4 - INFECTION POTENTIELLE DE L’AVIFAUNE DOMESTIQUE PAR L’AVIFAUNE

B. T RANSMISSION VIA LA CHASSE TRADITIONNELLE

4. Apports à l’étude des maladies émergentes impliquant la faune sauvage

Si l’introduction du H5N1 HP dans le DIN n’est pas un enjeu de santé publique majeur

pour les populations du DIN, il constitue en revanche un bon modèle d’étude du risque

d’émergence d’un pathogène dans un système complexe. Le travail de thèse a notamment

permis de faire ressortir quelques points importants a prendre en compte dans l’étude de

l’émergence des maladies infectieuses.

L’utilisation de méthodes basées sur l’écologie des hôtes présents dans la zone d’étude

peut permettre une meilleure anticipation des risques d’émergence, même pour des

écosystèmes présentant une forte variabilité écologique. La forte variabilité de ce type de

système nécessite des suivis longitudinaux sur des pas de temps longs avec de bonnes

résolutions spatiotemporelles. Des technologies telles que la télédétection ou la télémétrie ont

franchi des caps techniques les rendant compatibles avec nos échelles d’étude. Leur utilisation

dans le cadre d’observatoires pérennes, chargés d’enregistrer des séries temporelles de

données éco-épidémiologiques sur des pas de temps longs, permettra d’améliorer notre

compréhension des mécanismes d’émergence applicables à différents types de pathogènes.

Bien souvent, le recueil des données débute après l’émergence, et la situation pré-émergence

reste mal définie. Le choix des emplacements de ce type d’observatoire doit donc être

optimisé en ciblant les zones présentant le plus de risque et une volonté politique forte doit

leur permettre de fonctionner sur le long terme.

S’il semble impossible de prédire précisément les futurs lieux et dates d’émergence, il est

possible de mettre en place des réseaux de surveillance dans les zones les plus à risque. Ce

type de système de surveillance doit pouvoir prendre en compte les différents facteurs de

variabilité et peut très bien pour se faire être associé à un observatoire. Un programme de

recherche et un programme de surveillance n’ont pas les mêmes objectifs et ne se conçoivent

donc pas de la même manière. Ils restent cependant complémentaires et il parait donc

important de bien coordonner ces deux types de systèmes.

La mise en place de programmes conjoints de recherche et de surveillance dans les zones

identifiées comme des « hot-spots » d’émergence (Jones et al., 2008) permettrait une

meilleure connaissance et un meilleur contrôle des maladies émergentes.

Lors de la propagation d’un pathogène dans un système multi-hôtes, la notion d’espèce

propagatrice (rôle dans la dispersion ou diffusion) ou groupe d’espèces ayant la fonction

épidémiologique de propagation d’un pathogène, est à mettre en parallèle de la notion

d’espèce réservoir (rôle dans le maintien) ou groupe d’espèces ayant la fonction

épidémiologique de maitien d’un pathogène. Dans le cas du H5N1 HP, le principal réservoir

qui a pu être identifié à ce jour est le canard domestique (Gilbert et al., 2006a), et l’éventualité

d’un véritable réservoir sauvage capable de maintenir le virus seul reste peu probable au vu

des connaissances de l’épidémiologie du H5N1 HP chez les oiseaux sauvages. Par contre,

nous avons montré que plusieurs espèces d’oiseaux sauvages ont le potentiel d’être des

espèces propagatrices. Si la notion d’espèce réservoir est bien établie (Haydon et al., 2002), la

notion d’espèce propagatrice n’est pas formalisée. Il serait également intéressant d’étudier le

rôle potentiel relatif joué par différentes espèces au sein d’un groupe fonctionnel

épidémiologique de propagation de pathogènes. Ainsi, il existe peut-être un schéma typique

selon lequel quelques espèces clés sont responsables d’une large part de la dispersion d’un

pathogène, de la même manière qu’on estime qu’une faible proportion des individus d’un

réseau sont responsables de la majorité des contacts et donc des transmissions de pathogènes

(Woolhouse et al., 1997).L’identification de ces espèces clés propagatrices permettrait de

mieux cibler la surveillance sur les fronts épidémiques

Enfin, nous avons vu que la notion de contact et de réseau de contacts est au cœur de la

dynamique épidémiologique. Il est donc nécessaire d’approfondir notre connaissance des

mécanismes d’infection (contact + transmission), et d’apprendre à les mesurer directement.

Ces paramètres sont essentiels et encore assez mal connus pour la majorité des pathogènes.

Nous verrons dans la partie suivante que les nouvelles technologies à notre disposition

(télémétrie, télédétection, biologie moléculaire) peuvent nous permettre d’évaluer directement

ces paramètres.

General Discussion Summary

We discuss how the four chapters allow us to evaluate the risk of emergence of HP

H5N1 in the IND through wild birds:

The main risk of introduction of HP H5N1 is related to the arrival of migratory

Palearctic Anatids, and in particular to garganeys and pintails arriving in the IND between

August end October.

The main risk of circulation of HP H5N1 is related to dabbling ducks of the

Anas genera, in particular to garganeys and pintails during January and February.

The main risk of HP H5N1 transmission from wild birds to poultry occurs in

January and February in ponds and flooded areas in the vicinity of villages.

Different surveillance methods, taking into account the seasonal and interannual

ecological variability of the IND, have been proposed to improve the control of a potential

emergence of H5N1 HP through wild birds. We also discussed the cost of these surveillance

methods in comparison with the consequences of an emergence of HP H5N1 in the IND.

Perspectives

Cette partie correspond à l’orientation que je voudrais suivre après ma thèse et pose les

bases du projet scientifique que j’aimerais porter dans les années à venir. La transmission est

au cœur de la dynamique épidémiologique mais nous manquons de techniques et de méthodes

pour en estimer les paramètres sur le terrain. Or de nouvelles technologies de mesures et

méthodes d’analyse se développent actuellement et vont nous permettre d’incorporer des

données plus précises sur la transmission dans nos modèles épidémiologiques. Je présente ici

les grandes lignes de ce que ces nouvelles méthodes pourront nous apporter, notamment pour

le contrôle de pathogènes émergeants.