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Chapitre 1 : La Scénarisation Pédagogique

1.5. Ingénierie des scénarios et IDM appliquée à la scénarisation

1.5.3. Apports de l’IDM à la scénarisation

Lors des réflexions menées par Adam J.M et al dans [39], un certain nombre d’apports potentiels de l’IDM dans le processus de scénarisation pédagogique ont été identifiés. Plusieurs travaux de recherche sur la scénarisation pédagogique et l’ingénierie des EIAHs s’appuient actuellement sur certaines des caractéristiques de l’IDM [36], [37], [38], [39].

Plusieurs DSL (Domain Specific Language) ont été développés dans le domaine des scénarios pédagogiques. Dans la plupart des cas, le formalisme UML est utilisé pour en décrire le méta-modèle, ce qui le rend conforme au MOF ; certains de ces langages (CPM, UML4LD, BOSIC), reposent sur un outillage standard comme Objecteering, Eclipse-EMF-GMF, tandis que d’autres (ModX, GenDep, ReDim) ont développé des outils ad hoc. La Figure 1.6 (proposée dans [50], dans le cadre du groupe de travail PISTE), est une spécialisation de la Figure 1.3 appliquée à la scénarisation ; elle décrit les mécanismes de transformations permettant de produire un scénario exécutable sur une plate-forme. Il s’agit tout d’abord, à l’aide d’un éditeur métier, d’exprimer dans un langage métier (profil ou DSL, exemple: CPM, BOSIC…) le scénario sous forme de Scénario métier, celui-ci est traduit vers un EML (IMS-LD, LDL) à l’aide d’un outil de transformation qui génère le Scénario abstrait. Ensuite, à l’aide d’un modèle de déploiement vers une plateforme concrète (exemple : GenDep) et d’une contextualisation

précise du scénario, le code correspondant au scénario instancié est généré sur la plateforme réelle (Moodle, cartable (infrastructure LDI), Claroline, Wikini…).

Figure 1.6 : Vision IDM appliquée au scénario pédagogique (tirée de [50])

Les principes généraux de l’IDM peuvent être appliqués à l’ingénierie des scénarios : ainsi, un scénario abstrait noté en IMS-LD ou LDL est le modèle d’une situation d’apprentissage. Il est conforme à son méta-modèle (le langage IMS-LD ou LDL), lui-même conforme à son méta-méta-modèle (le MOF le plus souvent). De même, le scénario métier est également un modèle d’une situation d’apprentissage. Il est conforme à un méta-modèle « métier » (le langage métier, exemple : CPM, BOSIC, etc...) aisément manipulable par le concepteur ; il se situe en général à un niveau conceptuel différent du modèle computable, son objectif étant de permettre l’échange de pratiques au sein d’une communauté partageant un ensemble de vocabulaires, de valeurs, et d’objectifs communs.

Une question complémentaire est de savoir comment transformer un scénario métier en un scénario

abstrait, en particulier en examinant la correspondance et les relations entre les concepts métiers et les

concepts proposés dans les modèles « computables ». Il sera nécessaire de pouvoir effectuer ces transformations sans perdre les informations métiers spécifiques (exemple : les intentions et les stratégies), même si elles ne sont pas directement représentées dans ces langages ou ces plateformes; il peut s’agir d’en conserver une trace numérique, par exemple sous forme de commentaire accompagnant le scénario, (exemple : on peut ainsi retrouver les intentions dans une zone de commentaire contenant les objectifs généraux). Si l’on se place dans le cadre de la rétro-conception, il s’agit également, à partir du scénario exprimé dans le langage « cible », de pouvoir retrouver le scénario initial exprimé dans le formalisme métier [43].

Ainsi, les techniques de transformations de l’IDM peuvent permettre d’assurer la cohérence horizontale des niveaux CIM à PSM pour les transformations de scénarios. Sur la Figure 1.7 le modèle

métier est transformé en modèle computationnel soit par des mécanismes automatiques (CPM) soit par

des mécanismes de retranscription (ModX, GenDep); le modèle du dispositif cible est généré suite à une nouvelle transformation automatique, et enfin le scénario est généré sous forme de code exécutable par la plateforme cible.

Figure 1.7 : Transformations de modèles appliquées au scénario pédagogique

Les techniques de composition et de tissage de modèles [51][52], qui s’intéressent aux règles et aux transformations particulières nécessaires pour obtenir un modèle global et cohérent du système à partir de modèles partiels, pourraient être utilisées pour combiner plusieurs scénarios ou facettes d’un scénario. Les facettes (didactiques, intentionnelles, sociales, structurelles, d’observations, de traces, etc.) correspondent à un point de vue sur le scénario. De même, les intentions à l’origine de la conception du scénario, peuvent être rapprochées des situations types, dans lesquelles elles peuvent être mises en œuvre en utilisant un raffinement successif du scénario, qui peut s’apparenter à du tissage de modèles entre le modèle des intentions et le modèle des situations types. Enfin, il s’agit de capitaliser les différentes techniques de l’IDM appliquées aux EIAH et à la scénarisation (en particulier), pour permettre la réutilisation : capitaliser l’expérience en termes de modèles et méta-modèles, capitaliser les modèles en les rendant productifs (génération automatique), capitaliser les méta-modèles en proposant des langages/outils sur la base de ces méta-modèles.

Dans cette thèse, l’Ingénierie Dirigée par les Modèles nous a servi de cadre pour la définition de notre méta-modèle métier de scénario pédagogique (langage semi-formel), et pour pouvoir nous placer dans une perspective de transformation de modèles outillée, qui permette d’assurer le minimum de pertes d’information entre les modèles métiers et les modèles « computationnels » de scénarios pédagogiques.

1.6. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons étudié les différents points de vue sur le concept de scénario pédagogique. Il est encore, pour l’instant, porteur d’ambiguïté dans la mesure où en fonction du contexte, dans lequel il est utilisé, il a le même signifiant, mais non le même signifié. Pour les uns, le signifié est une description écrite et statique d’un déroulement prévu ou antérieur. Pour les autres, sous l’influence de travaux d’ingénierie pédagogique et sur les langages de modélisation pédagogique, le signifié est une description dynamique des différents composants du scénario (ressources, activités, acteurs, etc.) et de leurs interactions qui permet une opérationnalisation et une exécution automatique ou semi-automatique sur un support numérique.

Pour les praticiens, le point de vue est celui du partage, et l’intérêt est de pouvoir disposer d’un moyen d’expression grâce auquel ils pourront décrire ce qu’ils ont fait de la manière la plus organisée possible pour être compris par des collègues. Pour les chercheurs, le point de vue est celui de l’appréhension et de la gestion du cycle de vie du scénario pédagogique et l’intérêt se porte sur l’élaboration d’outils informatiques facilitant la tâche de conception des praticiens de la formation. Des recherches scientifiques commencent à s’intéresser de plus en plus aux phases amont du cycle de vie du scénario et à la définition, avant toute chose, des processus métiers, rapprochant ainsi praticiens et chercheurs.