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Chapitre III- Les « Portes du Temps » : un bilan mitigé et des améliorations à apporter

II- Des apports constructifs pour les jeunes

La fonction des musées a profondément évolué en quelques années. Ils avaient seulement comme objectif de conserver et de présenter des collections d’œuvres d’art à un public qui était assez restreint. Or, cela fait plus d’une vingtaine d’années qu’ils se renouvellent et qu’ils ont pris conscience qu’au-delà d’une connaissance patrimoniale, ils apportent au public bien d’autres notions. C’est ainsi que l’on assiste à une transformation générale de la perception de la place de la culture dans notre société23. Aux yeux d’Aurélie Filippetti, « la culture est une chance pour tous et notamment pour les jeunes »24. Les « Portes du Temps » ne sont pas à considérer simplement comme une visite traditionnelle ou une séquence d’animation. Elles veulent établir un contact entre les jeunes et la culture tout autant que participer à la construction de l’enfant et à la diffusion de valeurs humaines qu’il sera question pour eux de transmettre à leur entourage.

1- L’apport des « Portes du Temps » chez le jeune public.

Que viennent voir les enfants lorsqu’ils assistent aux « Portes du Temps » ? Les collections et le château. Quelles interprétations vont-ils en tirer ? Que va-t-il ressortir de ces visites ? De ce qu’ils auront vu, de ce qu’ils auront fait, de leurs découvertes ? C’est d’abord tenter d’établir un contact avec un patrimoine assez divers, les collections du château (tableaux, sculptures, tapisseries) mais aussi son architecture, un des objectifs de l’opération étant de familiariser les enfants avec l’art quel qu’il soit. Il est question de les aider à aiguiser leur regard,

23 Teboul (R.), Champarnaud (L.), Le public des musées : analyse socio-économique de la demande muséale, Paris, L’Harmattan, 1998.

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leur donner des clés pour comprendre ce qu’ils voient et ainsi leur inculquer le goût du beau, celui des œuvres. Cela revient à ce qu’ils parviennent à apprécier les qualités esthétiques de leur patrimoine afin d’en saisir une part de son intérêt et de sa notoriété. Par le biais des visites thématiques par exemple, les enfants sont amenés à percevoir qu’une œuvre regorge de secrets, que plusieurs interprétations sont possibles et qu’une connaissance scientifique n’est pas obligatoire pour en faire émaner tout son sens. Les « Portes du Temps » par leur caractère ludique tentent de défaire les jeunes de leur perception de l’art comme étant un univers complexe réservé aux adultes. Ce que l’opération cherche à véhiculer c’est une nouvelle façon de regarder ce qui les entoure, de se poser des questions sur leur histoire et les valeurs patrimoniales. La finalité est d’induire les jeunes à voir plus loin, à s’attarder sur ce qu’ils ne voyaient pas avant. Avec des parcours comme celui de l’Association départementale des Francas en 2010 qui conduisait les enfants à observer l’espace urbain palois, c’est la reconnaissance que le patrimoine se trouve en dehors des frontières d’un musée que le grand jeu a voulu diffuser. Les « Portes du Temps » tentent de prouver aux jeunes que le patrimoine est partout, qu’il suffit d’y être attentif pour le voir. Elles permettent également aux enfants de découvrir et d’expérimenter de nouvelles pratiques artistiques. Grâce à elles ils peuvent d’autant plus se rendre compte que le patrimoine ne s’arrête pas à la peinture et à la sculpture mais qu’il concerne des domaines insoupçonnés qui font pourtant partie de leur quotidien comme l’art culinaire. Ainsi, il ne semble plus démodé mais faisant partie intégrante de leur vie. Des ateliers comme la création d’un court métrage en 2011 aident les jeunes et notamment les adolescents à ne plus voir le patrimoine comme quelque chose d’ancien et de poussiéreux mais d’actuel et plein de ressources. L’opération apporte aux jeunes la conviction que la fonction culturelle de ce patrimoine est une notion très ouverte qui permet de se questionner sur le passé, le présent, le futur et qui offre de multiples réflexions sur ce qui nous entoure. Dans un lieu tel que le château de Pau avec ses collections mais aussi son mobilier intérieur, les jeunes prennent conscience à quel point la culture peut aider à acquérir des connaissances historiques, à comprendre le passé et les modes de vie d’une époque donnée. Lors des journées d’Avant-Scène et de l’Association départementale des Francas, la toile de fond des visites et des activités est toujours liée à l’histoire d’un personnage (Abdelkader, Henri IV ou Gaston Fébus), d’une époque (le Moyen-Age) ou de différents peuples (français, orientaux). Avec les « Portes du Temps » les jeunes apprennent donc aussi à appréhender leur patrimoine par le biais d’explications rationnelles et scientifiques. Avec elles les enfants passent d’une démarche contemplative à une démarche participative du patrimoine. Le fait que l’opération soit ludique, divertissante et qu’elle emploie des intervenants, captive les jeunes. C’est pour ces raisons qu’elle a sur eux un impact plus important qu’une visite traditionnelle. La découverte

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placée sous le signe du jeu est agréable pour eux. C’est de cette manière qu’ils retiennent ce qu’ils ont vu et qu’ils savent désormais parler de Gaston Fébus, de fauconnerie, de lettrines, de teinture...25 Les « Portes du Temps » induisent pour ces jeunes la construction d’un bagage culturel qu’ils auront plus de plaisir à consolider grâce à cette expérience. Aussi grâce aux questions qui portent sur la sécurité au château, les jeunes apprennent de façon non autoritaire les règles à respecter dans ce lieu, ils les acceptent et intègrent ainsi l’intérêt de préserver ces biens qui sont les leurs.

En prenant appui sur l’histoire du château de Pau, l’opération veut montrer aux enfants la richesse du patrimoine qui est à proximité de chez eux afin qu’ils s’identifient à lui. Par conséquent ils sont fiers de ce patrimoine qui participe au rayonnement de la ville et attire de nombreux visiteurs. L’accueil des enfants en si grand nombre lors des « Portes du Temps » leur fait prendre conscience de leur appartenance à un ensemble et ressentir que la culture est un bien commun. D’autre part, à partir de l’histoire locale, les visites et les ateliers évoquent également l’histoire nationale. L’identification à une culture collective change donc d’échelle pour aller vers celle de la nation. Selon Isabelle Pebay-Clottes « ces objectifs sont pleinement partagés par le musée, où l’équipe scientifique a à cœur non seulement de transmettre des informations historiques ou artistiques, mais aussi de donner aux jeunes des pistes de réflexions et un questionnement sur cette histoire nationale »26. Pour ces jeunes c’est comprendre d’où ils viennent, s’insérer dans l’histoire, comprendre qu’ils en sont des acteurs mais aussi réaliser que le patrimoine et notre vie d’aujourd’hui sont liés à ce qu’il s’est passé avant nous.

L’éducation des enfants au patrimoine lors des « Portes du Temps » n’est pas seulement une action pour la découverte et l’apprentissage de la culture. Cela va au-delà dans la construction directe de l’enfant, de la personne qu’il est et de celle qu’il deviendra. Chaque individu se construit en franchissant des étapes, la culture fait partie de l’une d’entre elles. L’opération permet à chaque enfant de se construire à son rythme autour d’activités culturelles. A travers elle, ils reçoivent bien plus que des connaissances esthétiques et historiques, ils apprennent des valeurs. Dans leur mode de fonctionnement les « Portes du Temps » apportent aux jeunes des repères très divers qui participent à leur évolution. Elles permettent d’attiser leur curiosité sur de nouveaux domaines, de susciter leur intérêt. Ce qui servira ensuite à ce qu’ils

25 Lors du goûter de fin de journée de l’année 2012 les enfants parlaient entre eux de ce qu’ils avaient vu. 26 Pebay-Clottes Isabelle, Table ronde culture et cohésion sociale, De la maison des Femmes aux Francas ou

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manifestent de l’attrait envers des choses qu’ils ne connaissent pas et ce sans appréhension. Ainsi ils s’intéressent à d’autres époques, des modèles sociaux différents des nôtres et d’autres pratiques artistiques. Ces pratiques plaisent aux jeunes, elles leur donnent des idées, l’envie d’être créatifs27

. Elles développent leur sens artistique qui permet de former l’intelligence et la sensibilité mais aussi de solliciter l’imagination de l’enfant. Ainsi les enfants se font leur propre idée de ce à quoi la vie de château ressemblait, ce qui peut accentuer leur attention et participer à leur compréhension. De par cet éveil culturel les jeunes atteignent une certaine ouverture d’esprit, essentielle pour s’intéresser au patrimoine dans son sens le plus large. Aujourd’hui pour pouvoir avancer, ce sont des citoyens ouverts sur le monde dont les sociétés ont besoin. Eduquer au patrimoine permet de mieux savoir appréhender son environnement qu’il soit urbain ou rural, matériel ou immatériel, fondé sur les traces du passé ou non. L’enfant habitué à interagir avec un patrimoine devient ensuite plus réceptif à ce type de démarche et peut plus facilement se sentir à l’aise face à elle. Les « Portes du Temps » au musée national du château de Pau favorisent la liberté d’action, tentent de rendre les enfants autonomes dans leurs découvertes, qu’ils élaborent leurs propres rapports envers la culture, qu’ils soient « maîtres » de leurs apprentissages. L’objectif étant de les rendre indépendants afin qu’ils soient capables de trouver tout seuls de l’attirance pour des lieux patrimoniaux et les comprendre. Selon Aurélie Filippetti, la culture est un « levier d’émancipation »28. Lorsque les enfants réussissent à répondre à des questions culturelles seuls, à se servir de matériels qu’ils viennent à peine de prendre en main, à réaliser des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire29

ou s’orienter à l’aide d’un plan, ils réalisent leurs capacités à évoluer sans l’aide constante d’un adulte. Les « Portes du Temps » mettent les enfants face à l’apprentissage de nouveaux savoirs, grâce à l’autonomie qui leur est laissée ils se rendent compte qu’ils peuvent s’adapter à diverses situations liées au patrimoine et se débrouiller même lorsqu’ils se retrouvent devant des choses inconnues. Les enfants prennent aussi confiance en eux lorsque les intervenants les laissent manipuler du matériel qui coûte cher30. Il s’agit ici de les responsabiliser, ils sont fiers d’eux ce qui contribue à la valorisation individuelle dans une atmosphère de réussite. Ils apprécient ce qu’ils ont fait et aiment le montrer lors des rassemblements à la fin des journées. Ils se voient alors comme des détenteurs d’un savoir-faire dont ils pourront parler avec leur entourage. La culture est « un ensemble de repères utilisables

27 Par exemple en 2012, les enfants pouvaient fabriquer des instruments de musique pendant la pause déjeuner. Ceux qui avaient commencé par en faire un finissaient par en faire au moins un autre avec d’autres matériaux, d’autres techniques.

28 Aurélie Filippetti, « Editorial », Dossier de presse des « Portes du Temps », 2012.

29 Comme le théâtre, l’écriture à la plume, la mosaïque ou la création de tapisseries par exemple. 30

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dans différentes circonstances »31. Les « Portes du Temps » participent à l’épanouissement, elles sont un tremplin qui aide à évoluer, à penser par soi-même, à développer ses propres jugements. L’opération peut être perçue comme un entrainement au raisonnement méthodologique et scientifique. Selon Isabelle Pebay-Clottes, les grands jeux font « la part belle à leur capacité à croiser les informations ». Les enfants élargissent leur esprit critique, analysent, confrontent et mettent en doute des affirmations. L’opération incite à faire des liaisons entre différents événements, différentes époques ou à lire des continuités. Les jeunes sont de cette manière dans l’acquisition de compétences, dans la construction intellectuelle. Ils sont en constante mutation et les « Portes du Temps » aident à ce qu’ils se forgent leur personnalité. Il est question de s’approprier des savoirs et des savoir-faire qui sont constitutifs de la personne sociale. En effet, la culture apporte des notions indispensables pour pouvoir être acteur de sa société. Elle humanise l’homme en lui donnant les moyens d’entreprendre des choses, de diriger sa vie, de ne pas se faire dicter son comportement par la masse et les médias, de se bâtir ses opinions politiques. La personne cultivée est plus apte à échanger avec les autres, à vivre en symbiose avec son entourage et son milieu dans une meilleure appréhension du monde qui l’entoure.

En effet, les « Portes du Temps » font également en sorte d’inculquer des notions de savoir-vivre. Un des objectifs de l’opération est de favoriser le lien social entre les jeunes. Au château de Pau, tout est mis en œuvre pour créer une atmosphère des plus conviviales et que les journées soient propices aux rencontres et aux échanges. L’opération veut rassembler les jeunes autour du patrimoine et les unir dans leurs découvertes. Les parcours-visites, les grands jeux ainsi qu’une partie des pratiques artistiques des « Portes du Temps » obligent les enfants à communiquer entre eux, à partager des idées et à accomplir des réalisations communes. Ils apprennent à chercher les informations ensemble, à s’orienter, à se partager les tâches pour une meilleure réussite, à se faire confiance, à être solidaires. Ils apprennent aussi à prendre le savoir de l’autre en considération pour trouver les réponses aux questions. Il s’opère alors la conscientisation que c’est par l’entraide qu’ils iront plus loin, que chacun a un rôle à tenir et sa place dans le groupe. Cela permet à chacun de se sentir exister aux yeux des autres. Ils prennent le temps de s’écouter et réalisent que ce qu’ils savent se complète, qu’allier les idées de chacun donne un bon résultat. Ils perçoivent aussi l’intérêt de prendre des décisions ensemble pour qu’elles correspondent à chacun, éviter les conflits et réussir la course. Ces moments collectifs permettent aux jeunes d’acquérir des compétences socialisatrices, relationnelles pour mieux

31 Favier (A.), « Des clés pour comprendre Parents et centres de loisirs, agir ensemble pour l'éducation »,

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savoir gérer les liens avec les autres. Ils sont amenés à parler avec des jeunes qu’ils ne connaissaient pas avant, parfois plus petits ou plus âgés qu’eux. Ils sont également conduits à côtoyer un nombre assez important d’adultes différents. Ils s’habituent ainsi à être en contact avec les acteurs d’un espace culturel comme les agents de sécurité qu’ils craignent souvent, mais aussi avec des professionnels du monde artistique. En 2010, pour répondre aux questions des livrets, les enfants devaient même interroger les commerçants ou les passants. Ces approches ôtent la barrière qui les sépare des adultes, pour être plus à l’aise, oser aller vers eux, et dialoguer. L’expérience des « Portes du Temps » peut être vue en définitive comme un entrainement au jeu social. Les jeunes apprennent à améliorer leur façon d’aborder les autres et d’établir leur rapport avec le collectif. Il est question de favoriser l’intégration parmi leurs pairs. Le lien social est capital pour les jeunes dans leur construction et leur épanouissement. Seul, l’enfant a du mal à se sentir bien et il ne peut pas évoluer, ce lien social est un besoin. L’opération qui n’accueille pas seulement des enfants de zones sensibles défend la mixité sociale. C’est pour cette raison qu’au long des journées des moments sont prévus pour que les enfants se réunissent tous : lors de la présentation de la journée, à midi pour le pique-nique, l’après-midi pour le goûter et/ou pour la présentation des travaux des uns et des autres. En 2007, avant que les enfants ne repartent ils ont joué leur pièce de théâtre devant les autres et les œuvres culinaires ont été savourées par tous les enfants. En 2011, ils avaient été rassemblés pour visionner ensemble le court métrage. L’année suivante à la fin des journées de grands jeux les enfants se sont retrouvés pour faire une grande farandole et goûter tous ensemble autour d’une grande nappe. Durant ces moments on assiste à une véritable mixité d’âges, d’origines sociales, culturelles et géographiques. Face à ce mélange les enfants doivent pouvoir s’accepter les uns les autres et opérer un respect mutuel. Le respect est une valeur que les « Portes du Temps » tentent de transmettre, car il est un devoir de chaque citoyen. Etre confrontés à des enfants d’univers différents mais autour d’objectifs communs doit les amener à s’unir et se respecter entre eux. Il est essentiel que les enfants apprennent à ne pas faire de distinctions entre les noirs et les blancs, les riches et les plus pauvres, les enfants handicapés et ceux qui sont en bonne santé32, ceux qui ont quelques connaissances culturelles et ceux qui n’en ont pas. L’apprentissage de la tolérance envers les autres doit se faire dès le plus jeune âge. A ce sujet, Aurélie Filippetti exprime la conviction que « loin de nous enfermer, la connaissance du passé nous libère et nous porte vers

32 Il arrive parfois que des structures de loisirs viennent aux « Portes du Temps » avec un ou deux enfants handicapés dans leur groupe.

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un avenir plus fraternel »33. Autrement dit, la culture rassemble, crée des liens entre les citoyens qui ont de la considération les uns pour les autres. L’opération en évoquant des thèmes comme celui de l’Orient par exemple établit un lien avec d’autres cultures. Les enfants ayant des origines étrangères peuvent ainsi parler de ce qu’ils en savent et évoquer leurs coutumes. Il s’agit ici de familiariser les jeunes avec des modes de vie et des traditions qui diffèrent des leurs. De leur montrer aussi qu’une culture ne vaut pas mieux qu’une autre et que chacune a ses ressources. Le but est qu’ils s’en imprègnent, qu’ils les comprennent et qu’ils perçoivent l’intérêt positif qui peut être tiré des différences. Le respect chez les enfants comme chez les adultes passe par la compréhension et l’acceptation des autres tels qu’ils sont. Respecter les autres permet d’être ouvert aux échanges avec tous mais aussi à toutes formes de cultures et notamment celles qu’ils ne connaissent pas. Par le respect les enfants apprennent à partager, coexister et vivre ensemble, peu importe d’où ils viennent et qui ils sont. Ainsi, le musée peut être compris par les jeunes comme un espace dynamique qui crée des liens entre différentes personnes.

Enfin, les « Portes du Temps » qui visent des enfants éloignés du patrimoine, leur offrent une sorte d’échappatoire. Pour ces jeunes défavorisés ces journées sont une source de révélations multiples. Par le biais d’une journée culturelle originale, ces enfants qui ne partent pas en vacances doivent avoir l’impression d’être ailleurs, une autre époque, un autre endroit. Le souhait majeur du château, de l’opérateur et des Francas est de les faire sortir de leur quotidien, de leur faire découvrir des choses qu’ils n’auraient pas l’occasion de voir dans un autre contexte. Cette approche du patrimoine via les « Portes du Temps » permet aussi de leur faire prendre conscience à eux comme aux autres enfants que la culture est accessible à tous, qu’il suffit juste de savoir aller la chercher. A la fin de la journée, ils parviennent à estimer que les lieux culturels