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Chapitre 4 : Méthodologie de la recherche

4.1. Application empirique de l’économie des coûts de transaction

coûts de transaction dans le but de vérifier si notre cadre d’analyse de référence, comme prédit dans les cadres conceptuels, permet de mieux étudier la coordination verticale d’une filière d’approvisionnement.

Dans la pratique, l’application de l’économie des coûts de transaction (TCE) est basée sur diverses méthodologies que sont les études de cas qualitatives, les études de cas quantitatives et des analyses économétriques. Cette diversité méthodologique s’explique par le fait que les variables des coûts de transaction et d’agence à savoir la spécificité des actifs, l’opportunisme, l’incertitude, la rationalité limitée, l’incitation et la fréquence sont difficilement mesurables de façon précise entre les firmes et les industries (Ghozzi, 2006; Klein et Shelanski, 1996). Ces études sont généralement faites sur la base des données primaires, collectées à l’aide de questionnaires et/ou des guides d’entretien, et des données secondaires issues de la revue de la littérature (bases de données).

Baudry (1991) a réalisé une étude sur l’analyse économique des contrats de partenariat industriel avec l’apport de l’économie des coûts de transaction. L’objectif de cette étude était d’analyser le comportement des grandes entreprises qui formalisent leur relation avec les sous-traitants par un contrat explicite signé. Pour ce faire, l’auteur a mené une enquête auprès d’un échantillon de dix-sept responsables d’entreprises. Les résultats montrent que les entreprises de moins de 500 personnes formalisent des contrats de moins d’une année avec les sous-traitants sur lequel figurent les obligations des contractants, les quantités, le délai de livraison et le prix. Ce système de gouvernance rappelle le type de contrat que Williamson

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appelle « sequential spot contracts » (Williamson, 1975, p. 94). Dans ce type de relation, l’auteur révèle qu’après l’élaboration ou la négociation du contrat, les modalités de son application sont fermées et non révisables. Par contre, les entreprises dont l’effectif excède 500 personnes formalisent des contrats de plus d’un an avec leur sous-traitant et généralement renégociable après un an d’exécution.

La renégociation des contrats génère en principe des litiges, qui sont fréquents dans les relations de sous-traitance (Baudry, 1991). Ces litiges sont les jugements de qualité, le retard de livraison et des erreurs de quantité. Pour éviter cela, l’auteur préconise au contractant de mettre en place des mesures de sanction et que ces dernières doivent excéder les bénéfices liés à la transaction pour éviter les comportements opportunistes de ses partenaires contractuels soulignent Klein et Shelanski (1996).

Klein et Shelanski (1996) ont réalisé une application pratique de l’économie des coûts de transaction. Le but de leur recherche était de montrer les preuves empiriques de l’application de l’économie des coûts de transaction comme le prédit Williamson (1975 et 1985). Pour ce faire, les auteurs ont analysé les différents modes de coordination avec le cadre d’analyse de l’économie des coûts de transaction. Les résultats de ces applications montrent que les entreprises ou organisations choisissent leur structure de gouvernance ou mode de coordination par le biais des degrés de spécificité des actifs, l’incertitude et la fréquence (attributs de la transaction). Ces résultats corroborent également ceux de Barjolle et Chappuis (2000), qui ont analysé la coordination des acteurs dans la filière (Vacherin Mont-d’or) appellation d’origine contrôlée (AOC) en France et Suisse. Ces auteurs concluent dans leur étude que les structures de gouvernance sont liées à la nature de la transaction et du bien échangé.

Ghozzi (2006) a également réalisé une application du cadre d’analyse comme les précédentes, mais plus précisément, dans le secteur avicole français. L’objectif de cette étude était de montrer les risques méthodologiques liés à l’application du cadre d’analyse. Pour ce faire, l’auteur a fait des prédictions sur la base des caractéristiques de la transaction et a testé celles-ci à travers l’exploration des données secondaires et la collecte des données primaires. Les données primaires ont été collectées auprès des responsables de vingt-deux entreprises de production de volaille à chair à l’aide d’un questionnaire. Les résultats de l’étude montrent

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que beaucoup de chercheurs ne prêtent pas attention à la temporalité de la décision dans une relation contractuelle ou intégrante. Pour l’auteur, la non-prise en compte de cette dernière peut conduire à des résultats erronés. Pour éviter ces genres de situations, Ghozzi (2006) préconise aux chercheurs de traiter les décisions de manière récentes. Autrement dit, il faudrait que le chercheur demande aux partenaires, si le contrat était à refaire actuellement, quel type de contrat ils choisiraient ?

Cependant, malgré ces différentes preuves empiriques de l’application de l’économie des coûts de transaction (cadre d’analyse choisie pour cette étude), il demeure également des limites : i) les difficultés de mesures et de paramétrisation empirique de certaines variables (Klein et Shelanski, 1996), notamment l’incertitude qui est une caractéristique commune de nombreuses relations contractuelles; ii) l’incapacité à mesurer l’efficacité ou la performance des formes d’organisations; iii) la canalisation des fondements conceptuels sur le comportement opportuniste au détriment de la confiance et de la réputation (Ghoshal et Moran, 1996) ainsi que v) l’ambiguïté de certaines mesures telles que la fréquence de la transaction.

Ces applications empiriques montrent de fait qu’une étude sur analyse de la coordination verticale peut se faire avec deux approches de recherche : approches qualitatives ou quantitatives. Pour une approche de recherche qualitative, le chercheur doit privilégier le questionnaire et le guide d’entretien comme les instruments de collecte de données primaires sur le terrain, et lorsqu’il s’agit d’une approche quantitative, l’outil de collecte de données est le questionnaire. Ainsi nous nous servirons de ces cas de figure pour mener à bien notre étude dont le but est d’analyser la coordination verticale du circuit d’approvisionnement des producteurs en engrais subventionnés au Mali.