Dés le troisième siècle avant Jésus-Christ des peuplades Berbères constituées en tribus
s’étendaient sur la majeure partie du centre, de l’Est et du Sud de l’Algérie actuelle. A l’époque de ces
royaumes Berbères antiques, les souverains dont les plus célèbres furent Massinissa et Juba II dotmèrent
pour assise à leur état la bande médiane du pays avec pour capitale Cirta (l’actuelle Constantine) qui
représentait im modèle de développement xubain et de rayonnement commercial dans la région. Cette
stabilité, la Numidie (Algérie) la devEiit d’abord à un élément interne. Un effort d’organisation a été imposé
aux entités composantes que sont les tribus. Juba II pratiqua au cours des dernières années de son régne
une politique de dilapidation et se borna à vivre dans un luxe ostentatoire en laissant le pouvoir à ses
affranchis. Ainsi, à la désorganisation du pays et la crise économique qui en résulte s’ajouta le soulèvement
d’une grande partie des tribus. L’anarchie qui en résulta après la mort de Juba II ouvrit la voie quelques
années plus tard à l’occupation romaine.
Après avoir occupé la Niunidie et la contrée limitrophe, Rome s’emploie à les maintenir sous sa
domii ation quatre siècles durant, jusqu’à l’invasion des Vandales. Pour asseoir son pouvoir, l’empire romain
désa ticula la Numidie. Toutes l’époque romaine fut caractérisée par une politique de dépeçage territorial et
de personnalisation du pouvoir au niveau local, d’éclatement des structures communautaires, de
dépossession et d’appauvrissement. La réponse à cette situation de la part des Numides fut variable, mais le
mécontentement général qu’elle provoquait se matérialisa parfois par des désordres sociaux. Cet état dura
jusqu’à la chute de Rome.
Les royaumes Berbères du moyen âge qui se succédèrent du 7^ au 15^ siècle sont très centrés sur
les zones méridionales. Leurs capitales (Tahert, Achir, Qalaâ, Tlemcen) sont situées au contact Tell-Steppe
permettant les échanges entre les cultivateurs et les pasteurs (voir figure n°l). Cette position à l’intérieur des
terres, loin du littoral peut étonner de nos jours. Il faut tenir compte du fait que les régions steppiques
renfermaient à l’époque des écosystèmes en équilibre bien meilleurs qu’aujourd’hui; la densité des Ksours
en ruines de l’Atlas saharien en est un indice. Les régions littorales, forestières et marécageuses étaient par
contre difficiles à coloniser et à mettre en valeur vu les moyens techniques de l’époque. Mais cette position
s’explique aussi par le fait que ces royaumes avaient fondé leur prospérité sur le commerce transaharien de
l’or. En effet, à partir du 8è siècle, les routes de l’or alimentant le Moyen Orient se déplacent de la vallée du
Nil vers le Sahara. Par les passages du massif du Hoggar, les liaisons s’établissent entre le Soudan et le
Maghreb central aboutissant à Sijilmassa et plus tard à Ouargla. Le royaume de Tahert, Achir et qalâa ont
drainés ces flux qui ont fait la fortune de lems commerçants et de lems villes. Leurs capitales, en position de
commandement des grandes routes vers l’Ouest et le Sud, installées au débouché des vallées méridiennes
s’ouvrant vers le Nord régularisaient ces flux Le déclin de ces royaumes sera lié à l’effondrement du
commerce transaharien.
l’orientation inverse, vers le Nord du pays commence à s’affirmer lorsque les Hammadites
transférèrent leur capitale, de Qalaâ sur les confins du Hodna à Béjaia sur le littoral. C’est l’apparition du
commerce européen sur les places maghrébines qui permet ce transfert. En effet, les flux d’or soudanais se
voyaient détourné au profit des zones occidentcdes européennes.
Le royaume de Tahert joua un rôle politico-religieux important et connu un épanouissement
économique certain. Cet état dura jusqu’au début du lOè siècle. Le fait le plus remarquable de l’avènement
des Arabes en Afrique du Nord est l’aisance avec laquelle l’Islam a pénétré dans la société Berbère. Ceci est
porteur de conséquences politiques importantes notamment l’extension définitive de la culture arabe.
L’islamisation s’est généralisée, l’arabisation a conquis tout le territoire à l’exception de certaines régions
montagneuses. L’économie s’est développée et un pouvoir central était en formation. En Orient, l’empire
Turc éttdt en plein épanouissement. Au Nord, après avoir chassé les Arabes d’Espagne, les européens
dominaient la partie Nord de la Méditerranée et entamaient déjà des expéditions en Afrique du Nord.
FIGURE 1 : LES ROYAUMES BERBERES DU MOYEN AGE.
Des capitales centrées sur le contact Tell-Steppes.
Devant ces menaces, l’Algérie encore faible, ne pouvait pas non plus compter sur les Arabes d’Orient qui
eux-mêmes étaient en difficulté. C’est ce qui explique l’intervention turque qui dura jusqu’en 1830 date de
l’expédition française. Pendant toute cette période, un état algérien a été bâti avec des structures stables et
permanentes. L’organisation administrative et politique est demeurée inchangée jusqu’à l’arrivée des fran
çais. Mis à part le secteur d’Alger relevant directement du Dey et dirigé par un Agha, le pays était divisé en
trois provinces: le Beylik du Couchant avec pour capitale Mazouna, puis Mascara et enfin Oran lorsque
celle-ci fut reprise aux espagnols; le Beylik de Titteri avec Médèa pour capitale et le Beylik du Levant avec
pour capitale Constantine. L’emprise du pouvoir Ottoman était telle qu’il n’est pas éxagéré d’affirmer que la
société pré-coloniale et son organisation territoriale sont le fait du pouvoir turc. Le pouvoir central
s’appuyait sur des tribus Maghzen placées dans des secteurs stratégiques (vallée du Chélif, vallée de la
Soummam, région d’Aïn M’iila...). Il s’appuyait également sur de grands féodaux (confréries religieuses,
grandes familles...). La féodalisation progressive avait beaucoup réduit le pouvoir du Dey et des Beys qui se
cantonnaient bien souvent à percevoir les impôts. Chaque région disposait d’une autonomie plus ou moins
importante; certains secteurs montagneux échappaient totalement aux autorités. Cette société pré-coloniale
était fondamentalement agraire, l’agriculture suffisîiit aux besoins du pays, les surplus céréaliers
alimentaient un mouvement d’échange avec l’étranger. L’artisanat urbain, les profits de la course,
complétaient ces activités. (1)
Ce système économique invariable devenait de plus en plus inadapté et au début du 19è siècle,
l’état de crise atteignait un degré avancé. Sur le plan externe, l’Europe du congrès de Vienne de 1815
révèlent ses forces et les relations bilatérales entre la régence d’Alger et la France n’étaient pas au mieux.
L’aggravation de ces mauvais rapports a conduit à l’intervention française qui eut lieu le 14 Juin 1830.
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