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Ml\L Thiry et Radziejewski dans leurs expériences cher-chent à prouver que la diarrhée due à l'action des purgatifs est le résultat d'une augmentation des mouvements péris-taltiques; ils supposent que le liquiclenormalementsécrétépar la muqueuse intestinale, au lieu d'être résorbé, est emmené vers les parties inférieures de l'intestin par les contractions vermiculaires, et que ceci suffit à expliquer la production des nombreuses selles cliarrhéïques clans la purgation théra-peutique.

Les anses intestil1ales sur lesquelles expérimentait Thiry n'étaient plus dans leur condition normale, elles étaie11t iso-lées de tout le reste de l'intestin.

lVI. Moreau, puis lVI. Vulpian ont réfuté les opinions émises par ces deux expérimentateurs. Les expériences que nous avons faites et la méthode que nous avons em11loyée nous

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G6-permettent de rejeter complétement la théorie de l'aug-mentation des mouvements péristaltiques par une action directe elu médicament sur les éléments musculaires ou ner-veux de la tunique intestinale.

Le fait que l'on trouve, à l'examen microscopique, des éléments figurés elu sang en très-grande quantité dans le liquide que l'on recueille après l'introduction de substances purgatives (sulfate de magnésie, poclophylline, jalap, etc.) dans une anse intestinale, prouve suffisamment que l'action purgative est due essentiellement à une irritation catarrhale et que le liquide produit est une transsüdation. 1Vl. Vulpian, dans son travail, insiste sur ce fait.

Pouvons-nous admettre avec M. M:oreau que nous ayons à faire à une hypersécrétion simple, à une augmentation de la quantité elu suc intestinal normal; nous ne le croyons pas, et nous pensons que c'est être trop absolu que d'ad-mettre cette seule cause. Pouvons-nous par contre add'ad-mettre que le liquide produit dans la diarrhée est fourni seulement par l'irritation catarrhale, la transsudation du sang et la diapédèse des globules blancs; nous ne croyons pas que ce soit la seule cause de la production du liquide retrouvé dans l'intestin. Il est probable que l'hypersécrétion et la transsuda-tion soit les deux sources de la diarrhée, parce que rirrita-tion se porte sur les diverses parties de la muqueuse intes-tinale, comme clans le catarrhe de toute autre muqueuse, où l'on observe une production de mucus et une migration des globules blancs.

La production d'un liquide dans l'intestin, à la suite de l'administration d'un purgatif, peut donc être attribuée à

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G7-de llX causes, à une hypersécrétion et surtout à une trans-sudation.

(}n peut voir par ce qui précècle; que nous nous éloignons co111plétement de l'opinion émise par Radziejewski, que nous rej €tons sa dernière et principale conclusion, dans laquelle · il s'exprime ainsi qu'il suit: <<Les évacuations après l'admi-nistration des purgatifs, sont le contenu normàl de l'intes-tin et non une transsudation. >)

:M. Vulpian, clans ses leçons sur l'appareil vasomoteur rép€tant les expériences cle M. Moreau, rejette l'opinion de

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celui-ci et, se basant sur l'examen microsco1Jique du con-tenu intestinal clans la diarrhée thérapeutique, conclut à un catarrhe; nous ne pouvons qu'approuver cette manière de voir, seulement, comme nous l'avons dit plus haut, il est probable qu'il se fait aussi une hypersécrétion des glandes intestinales. M. Vulpian regarde les mouvements péristalti-ques de l'intestin comme étant de nature réflexe; nous som-mes elu même avis, et nous avons été étonné que d'autres n'aient pas admis cette explication.

Lauder Brunton 1 croit aussi à l'irritation, seulement il ne parle pas de mouvements péristaltiques produits-par action réflexe, il signale encore l'influence des médicaments purga-tifs sur les différentes sécrétions : nous ne saurions le sui-vre dans cette étude qui n'est pour nous que d'un intérêt seconclaire; remarquons cependant que nous avons observé une augmentation de la quantité de bile contenue dans

1 Loc: cit.

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68-l'intestin, après l'administration de muscarine et de pylo-carpine.

lVI.

Rabuteau, comme nous l'avons déjà vu dai1s la Biblio-graphie, divise les purgatifs en trois classes, qui sont : les dialytiœues, les mécaniques et les drastiques.

Pour établir sa première classe, des crialyt,iques, :M. Ra-buteau se base sur des expériences peu nombreuses, faites par lui sur les purgatifs salins, il admet ainsi une action diosmotique. Ces expériences ne justifient pas, ce nous sem-ble, la théorie de la diosmose, et sont réfutées par celles de M. Vulpian 1 et de l\1. Luton.

En injectant le sulfate de soude clans les veines, lVI. Vul-pian n'obtint jamais de la constipation comme le veut M. Rabuteau. M. Luton, en faisant des injections sous-cutanées de closes faibles de sulfate de magnésie, produisit des selles diarrhéïques, ce qui ne s'accorde nullement avec les lois de la diosmose.

Nous pouvons encore reprocher à l'auteur dont nous par-lons, de mettre dans cette classe, des sùbstances sur les-. quelles son expérimentation n'a point porté comme les

citra-tes alcalins, la manne, le tamarin, etc.

La deuxième classe de :M. Rabuteau, ou les 1nwgati(s mécaniques, nous paraît plus judicieuse, car d'après les obser-vations cliniques de lVI. Lauder Brunton, on voit une cliar-rhée se produire par l'irritation des scybales chez les gens constipés et il est parfaitement logique cl' admettre une

irri-1Cct expérimenlatem n'accorde pas grande confiance aux e);périenccs de M. llabnteau, voyez p. 16, avant-dernier alinéa de notre disscrlu-tion.

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-tat:on mécanique sur la muqueuse intestinale analogue à cel!e que l'on produit sur d'autres muqueuses, telles que la coiljonctive, la membrane pituitaire, etc.

:Enfin, la troisième classe, des drastiques, est parfaitement -ad111issible, seulement :Th1. Rabuteau les divise en modifica-teut·s cle l'innervation, de la motilité ou des deux simultané-Inent, ceci, ~ans expérience à l'appui; nous admettons donc avœ lui--la dénomination d'irritants locaux ou de drastiques po·ur cette classe, clans laquelle rentre la plupart des médi-caillents purgatifs.

l'n des derniers travaux qui ait paru sur les purgatifs, est cel11i de M. Brieger, assistant à la Clinique médicale de Breslau, travail clont nous avons déjà donné les traits prin-cipaux clans la première partie de notre dissertation, ces expériences ont été très-bien conduites, et nous avons con-signé quelques-uns de leurs résultats.

M.

Brieger a divisé les purgatifs en laxatifs purs,purgatifs sulins et clrastirptes.

La première classe ou laxatifs purs, dans laquelle il range l'huile de ricin, l'aloës, le séné, etc., sont pour lui des agents

péristaltiques.

Il nous paraît diffic.ile cl' admettre cette opinion, car cet auteur n'a point constaté de -production de mouvements péristaltiques de l'intestin; le seul argument invoqué par lui, la vacuité et la contraction consécutive de l'intestin, ne nous paraît pas suffisant.

A la seconde classe des purgattfs sal-ins, nous ferons la même olJjedion qu'à celle des dialytiques de M. Rabuteau.

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70-Quant à la troisième classe des drastiques, elle nous pa-raît justifiée par nos expériences.

Une grave objection doit être faite au travail cle.M. soporifique des principes de l'opium chez l'homme, mais elle est le plus anexosmotique, c'est-à-dire qu'elle possède au plus haut degré la propriété d'ernpêcber les sécrétions intestinales, comme l'ont démontré les expériences de Moreau. En effet, d'après ce physiologiste, tandis que 20 centimètres cubes d'une solution de sulfate de magnésie au 5e, introduits dans une anse intestinale chez un chien, déterminent, au bout de dix-huit heures, une exosmose assez considérable pour que l'anse contienne environ 500 centimètres c~be~, on observe, si l'animal est morphinisé, que l'a;1se intestinale ne contient plus que 10 centimètres cubes environ d'un liquide purulent; il peut même se faire qu'elle ne contienne absolument pas de liquide. Ces propriétés anexosmo-tiques soit de la morphine, soit de l'opium qui agit surtout par cette base, sont mises chaque jour à profit pour arrêter les diarrhées. On sait., d'un autre côté, que l'ingestion simultanée, ou à peu d'intervalle, d'un purgatif salin et de l'opium, fait que le purgatif ne produit pas d'évacuations, qu'il est presque entière-ment absorbé et qu'il s'élimine alors par les reins en produisant quelques effets diurétiques.

Nous ferons observer que M. Brieger, n'a pas signalé da11s sa partie bibliographique, les travaux de M. Vulpian.

Il est éviclent que les expériences faites depuis lVL Thiry jusqu'à présent, à l'exception de celles de MM. Luton et

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---c-V nl})ian (injection sous-cutanée de sulfate de soude et de lllagnésie ), de l\1. Nasse et Raclziejewski (injection intra--reüeuse de séné, coloquinte et gomme-gutte), n'ont pu tran-cher la question de savoir si les purgatifs agissaient par pér]staltisme ou par d'autres actions; les expériences sou-vent répétées de M. Thiry, et surtout de lVI. Moreau, n'ont fait que peu avancer la thérapeutique expérimentale .

.A cet égard, nous croyons que si les quelques purgatifs que nous avons étudiés avaient une action péristaltique quelconque, nous aurions eu des résultats par le procédé de l'injection sous-cutanée et intra-veineuse, car dans notre partie expérimentale on peut se rendre parfaitement compte de la, production des mouvements vermiculaires de l'intestin par ta l1lllscarine et la physostigmine, surtout pour le pre.c mieT alcaloïde; les expérimentateurs qui se seront servis de ces mbstances n'hésiteront pas à. conclure que la contrac--tion intestinale est facile à constater et des plus évidentes.

La pyloearpine ne nous a pas donné de résultat bien év.ident au point de vue de la contraction vermiculaire; la vératrine ne üous en a point donné ..

Est-ce que le péristaltisme, observé par la plupart des auteurs, et qui est pour quelques-uns la seule cause de la diarrhée, ne serait pas tout simplement une action d'ordre réflexe, comme l'admet M. Vulpian, et analogue aux phéno-mènes nerYeux indiqués par M. Lauder Brunton dans son travail.

La plupart des purgatifs étudiés par nous agiraient par une irri_tation cle la muqueuse intestinale, que cette irrita-tion soit mécanique, vésicante ou autre; le catarrl~e est bien

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évident clans les expériences que nous avons faites, la pro-duction d'un liquide mucopurulent contenant des globules blancs du sang nous le prouve; J\'L Vulpian admet, lui aussi, cette irritation.

Les substances suivantes, d'après nos expériences, auraient une action purement d'irritation : aloës, coloquinte, jalap, sulfate de soude, sulfate de magnésie, podophylline, scam-monium, s~né~ gomme-gutte, huile de croton, herbe de mer-curiale. Ces substances introduites clans l'organisme, par injection soit hypodermique, soit intra-veineuse, n'ont produit aucun effet comme elles l'eussent fait si elles aYaient eu une action péristaltique sur le système nerveux ou musculaire.

Rappelons que quelques auteurs ont signalé une action pur-gatiYe du sulf::tte de magnésie par voie sous-cutanée et elu séné par injection intra-veineuse, mais que nos expériences nous ont conduits à des -résultats différents. Ces _purgatifs, comme nous l'avons déjà elit, agissent, selon nous, par action irritante directe.

L' élatérium nous a donné quelques résultats par l'injec-tion sous-cutanée de fortes closes, et comme nous avons eu des mouvements péristaltiques légers, nous ne pouvons émettre une opinion bien arrêtée sur le mode cl' action de cette substance, ce serait peut-être le seul purgatif produi-sant des mouvements péristaltiques.

L'élatérine ne nous a donné aucnn résultat.

Une des dernières substances que nous avons étudiées, le colchique, nous a donné des résultats auxquels nous étions

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-loi1l de nous attendre. Recherchant si les médicaments pur-ga-tifs produiraient une action péristaltique ·par l'injection intra-veineuse, nous avions déjà trouvé que cette action n' edstait que pour une ou deux substances non purgatives, et que la plupart ne purgent pas par cette méthode expéri-mentale, et nous nous attendions à un résultat analogue avec le colchique. Ceci nous paraissait confirmé par l'absence d'action pendant l'injection, et ~es deux premières heures qui la suivi:œnt; mais, comme on peut le constater dans l'ex-périence 55, nous avons trouvé l'animal mort, avec les signes d'une diarrhée abondante, et l'autopsie nous démontra une action toute spéciale que nous n'avions observée avec aucune des substances employées par nous. Les intestins étaient très-congestionnés.

Cette expérience a été répétée plusieurs fois; nous a v ons en outre injecté le colchique directement dans l'intestin, et nous ayons eu les mêmes résultats. Les doses employées ont été 10 gr. d'une infusion de semences de colchique de 10 gr.

sur 50 gr. Seule l'expérience 59 ne nous a pas donné de congestion de l'intestin, mais elle a présenté tous les autres phénomènes de nos autres observations; nous ne savons comment interpréter cette exception, car cette expérience a été conduite comme les sept autres, que nous rapportons en détail ci-dessus.

Voici en quelques mots les phénomènes observés. Dans les cleux premières heures qui ont. suivi l'injection, aucun symptôme ne s'est produit; puis nous avons eu production de selles cliarrhéïques, ''omissements, ténesme, convulsions;

les fèces ont été normales au commencement, puis sont

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74-devenues liquid;es, muqueu_ses, mucopurulentes, sanguinolen-tes. La mort a été accompagnée de gémissements et de convul-sions annonçant une souffrance très-vive; le ventre était douloureux à la pression.

A l'autopsie, nous avons constaté le cœur en diastole, contenant du sang noir; les poumons légèrement congestion-nés, le foie et la rate normaux, la vessie non congestionnée.

Dans quelques cas, le péricarde contenait un liquide séreux et les reins étaient œdémateux.

L'estomac et l'intestin contenaient des matières mucopu-rulentes d'une odeur repoùssante, ou des matières sangui-nolentes; l'intestin a toujours été très-congestionné, l' esto-mac ne l'a ~p·as été ou seulement faiblement. Le duodénum et le gros intestin étaient toujours les parties qui pi'ésen-taient la congestion la plus forte.

Les personnes qui constatèrent avec nous l'injection des vaisseaux de la muqueuse intestinale furent surprises de la coloration intense de l'intestin dans l'expérience 58, etc' est -ce qui contribua à nous décider de la reproduire clans la planche que nous cloinwns à la fin de notre dissertation.

Quel est le processus de ce phénomène ? Quelle est l'action elu colchique ? Est-ce une congestion générale de tous les organes? Nous ne le croyons pas, car nous n'avons observé qu'une congestion faible cles poumons. Est-ce un phénomène d'éliminati?n? C'est la manière de voir que nous admettons jusqu'à nouvel avis: le temps assez long qui s'écoule depuis le moment de l'injection jusqu'à celui des premiers phéno-mènes et de la mort: légitime cette opinion; car clans tous

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75-les cas la congestion si intense de l'intestin ne peut être comparée à celle des poumons.

:Nous pensons que nous avons à faire à une entérite, car les a.nimaux observés ont présenté les signes d'une douleur excessivement intense, l'abdomen était douloureux ·à la pression, les liquides diarrhéïques étaient purulents.

Ce que nous ne pouvons nous expliquèr c'est la préfé-rence dù colchique pour le duodénum et le gros intestin; il serait à désirer que de nouvelles recherches -fussent faites sur_ ce sujet. Nous regrettons de n'avoir pu expérimenter avec la colchicine qui aurait peut-être présenté des effets analogues.

Nous n'essayerons pas de donner une classification des médicaments purgatifs, seulement nous nous permettrons de dire que la plupart de ceux que nous avons étudiés peu-vent rentrer dans la classe des drastiques; que la muscarine et la physostigmine et peut-être l'élatérium sont des agents péristaltiques et enfin que le colchique est un purgatif d'éli-. 1ninatimtd'éli-.

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