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Chapitre 4 Intégration et gestion thermique des fonctions passives (antenne thermiquement Active)

3. Propositions de base pour la conception d’Antennes Thermiquement Active Intégrées (ATAI)

3.1. Antenne patch thermiquement active refroidie par des micros canaux

La topologie dite de référence propose une plus forte intégration des modules de transmission, mais elle reste limitée par l’efficacité thermique à cause de la plus petite surface d’échange de l’antenne intégrée. Pour augmenter cette efficacité, il convient de chercher des solutions permettant un meilleur pouvoir de refroidissement de telles antennes sans augmenter la taille de l’émetteur. Ce qui est exploité dans la solution prototype est d’utiliser la surface métallique du plateau supérieur de l’antenne patch afin d’augmenter la surface d’échange. Les dimensions de cette surface sont dépendantes des propriétés physiques du substrat support. Le problème est que plus la compacité est grande plus la surface est réduite et par conséquent l’efficacité thermique est plus faible. La solution que nous proposons de développer ici consiste à réaliser, au sein même du multicouche des chemins favorisant l’évacuation de la chaleur. Nous proposons donc l’utilisation d’un écoulement de fluides diélectriques caloporteurs dans des micro-canaux inscrits dans le volume de l’antenne au niveau du drain thermique. Cet écoulement a pour objectif de transporter la chaleur présente au niveau du drain et donc d’augmenter l’efficacité thermique de l’émetteur sans perturber les performances électromagnétiques de l’antenne.

3.1.1. Structure d’une antenne patch thermiquement active refroidie par des micros canaux

La Figure 90 présente la topologie de l'antenne patch thermiquement active, refroidie par un canal d’eau. Les dimensions du canal sont 8mm de large pour 1mm de hauteur, tandis que les dimensions de l'antenne sont 35,6mm28.48mm en longueur et en largeur.

(a) (b) Figure 90 : Topologie d’antenne thermiquement active, refroidie par un canal d’eau

(a) vue transversale, (b) vue de dessus

L’orientation du canal n’est pas anodine. Comme nous l’avons précisé précédemment pour motiver le choix de la position du drain thermique, nous avons souhaité que l’influence de ce canal soit le plus limité possible. Aussi, nous avons retenu l’axe orthogonal à l’axe de résonance de l’antenne afin de se placer dans une zone électromagnétiquement froide (pour le mode fondamental de résonance du patch rectangulaire). Nous pouvons constater que l’influence est effectivement minime au vu de la différence existant sur les dimensions entre l’antenne avec et sans le canal.

3.1.2. Résultats électromagnétiques et thermiques 3.1.2.1. Simulations

Des simulations électromagnétiques 3D sous Ansoft HFSS ont été effectuées. La Figure 91 présente la variation du paramètre S11 en fonction de la fréquence ainsi que le diagramme en gain de l’antenne à 2GHz. Comme prévu, la présence du canal ne modifie que très faiblement la réponse de l'antenne. En effet, la modélisation de ce canal a été effectuée en le considérant comme un diélectrique dont la permittivité relative est celle de l’eau (i.e. r80) et en

négligeant le débit de ce diélectrique caloporteur. La position de celui-ci sous l’antenne coïncide avec l’annulation du champ électrique du mode fondamental de résonance et donc son influence est très limité. Il est par ailleurs toujours possible d’ajuster la longueur de l’antenne afin de recaler la résonance à la fréquence désirée. D’un point de vue rayonnement, le diagramme de rayonnement en gain est lui aussi très peu perturbé par la présence du canal et le gain maximal théorique reste du même ordre de grandeur soit 3,8 dBi.

(a) (b)

La simulation thermique a, quant à elle, été réalisée avec le logiciel COMSOL. La Figure 92 présente les résultats obtenus en donnant la répartition de la température au sein de la structure présentée dans la Figure 90. Du fait de la circulation de l’eau dans le canal, la température de celle-ci est considérée comme une isotherme à 20°C. La puissance thermique évacuée par l’antenne patch thermiquement active refroidie par l'eau est de 7,4 W pour une température maximale de 80°C au niveau du composant de puissance (source de chaleur). La performance thermique de cette topologie atteint 0,73 W par centimètre carré de l'antenne, alors qu'elle est de 0,28 W par centimètre carré pour l'antenne sans canal de refroidissement (la structure présentée dans la Figure 88). De plus, nous pouvons constater que la température du plateau supérieur est relativement homogène et de l’ordre de 40°C. Ceci peut être relativement intéressant dans l’objectif d’une intégration plus globale d’émission / réception. Dans ce cas, l’augmentation de la température effective de l’antenne pourrait accroître l’agitation thermique de celle-ci et ainsi dégrader les performances en bruit du récepteur. De ce point de vue, la diminution de la température moyenne au niveau du plateau supérieur de l’antenne peut avoir un intérêt particulier.

Figure 92 : Répartition de la température de la structure d’antenne patch refroidie par un canal d’eau, telle que simulée

3.1.2.2. Mesures

Un prototype de cette topologie d’antenne a été réalisé et est présenté Figure 93. Cette antenne est alors associée à un circuit d’amplification de puissance basé sur un transistor MOSFET (MRF21010LR1 de chez Freescale). Afin d’obtenir une puissance de sortie de 10W, le point de polarisation retenu est celui défini dans la fiche technique du composant soit : Vdd = 28V et Idq=100mA.

(a) (b)

Figure 93 : Antenne patch thermiquement active refroidie par un canal, (a) vue de dessus, (b) vue de dessous, telle que fabriquée

La Figure 94 présente les coefficients de réflexion S11 mesurés pour l’antenne thermiquement active refroidie par canal d’eau, sans et avec l’eau dans le canal. La présence de l’eau dans le canal associée à l’effet du drain thermique (cylindre) perturbe légèrement la réponse en fréquence de l’antenne en décalant les fréquences de résonance. Cependant, celles-ci peuvent être aisément recalées en ajustant la longueur du plateau supérieur de l’antenne. Les résultats comparatifs de la mesure en réflexion de l’antenne (Figure 94) et de la simulation (Figure 91) sont cohérents. Il existe cependant, avec la présence de l’eau, un décalage des fréquences de résonances. Ceci peut être expliqué par le fait qu’en simulation l’eau est de type eau distillée dont la permittivité relative est de 81 alors que l’eau du robinet a été utilisée en manipulation. De plus, la réalisation pratique de ce prototype amène une forte contrainte sur les dimensions du canal.

Figure 94 : Coefficient de réflexion S11 en dB mesuré de l’antenne sans l’eau (), avec l’eau ()

Afin d’estimer les conditions sous lesquelles l’antenne thermiquement active sera placée, nous avons dans un premier temps mesuré l’amplificateur seul. Ainsi, d'après la Figure 95, pour une puissance d'entrée d'environ 29dBm, la puissance radiofréquence de sortie est supérieure à 10W. Le rendement en puissance ajoutée de ce dispositif est proche de 50%, ce qui signifie que la puissance thermique à dissiper est également supérieure à 10W. Aussi, nous avons associé l’amplificateur de puissance avec l’antenne au travers du drain thermique réalisé par un cylindre métallique.

L'émetteur (association antenne et amplificateur de puissance) est alors mesuré par un système d'imagerie infrarouge pour confirmer les simulations. Le banc de mesure utilisé pour l’évaluation des performances thermiques du dispositif est présenté Figure 96.

(a) (b)

Figure 96 : (a) Émetteur sous test, (b) Configuration de mesure

Différents débits d'eau sont utilisés : 2, 1 et 0.5 mL/s. La Figure 97 présente la répartition de la température du côté amplificateur de puissance pour une puissance thermique dissipée de plus de 10W et un débit d'eau de 0.5 mL/s (Figure 97-a) et un débit 2 ml/s (Figure 97-b). La Figure 98 présente la répartition de la température du côté amplificateur de puissance (Figure 98-a) et du coté antenne (Figure 98-b) pour une puissance thermique dissipée de plus de 10W et un débit d'eau de 1 mL/s. La température de l’eau utilisée est de 20°C et la température ambiante est de 22°C.

(a) (b)

Figure 97 : Répartition de la température de l’émetteur, côté amplificateur de puissance (a) pour un débit d'eau de 0.5 mL/s, (b) pour un débit d'eau de 2 mL/s

La Figure 98 montre que la température maximale sur le côté transistor est proche de 80 °C et la température maximale sur le côté antenne est proche de 65°C. Cela signifie que la puissance thermique évacuée par l'antenne patch thermiquement active refroidie par un canal l'eau est d'environ 10 W pour une température maximale de 80°C au niveau du composant de puissance. Les mesures montrent que l’antenne est capable d’évacuer une puissance thermique de l’ordre de 1 Watt par centimètre carré de surface d'antenne.

(a) (b)

Figure 98 : Répartitions de la température de l’émetteur pour un débit d'eau de 1 mL/s (a) côté amplificateur de puissance, (b) coté antenne, telles que mesurées

3.1.3. Conclusion

Cette nouvelle topologie d’antenne thermiquement active présente une très bonne capacité de dissipation thermique associée à une compacité plus importante. La température au niveau du transistor est ainsi limitée à 80°C pour un débit d’eau de 1 mL/s et la performance thermique est de 1 W par centimètre carré. Cependant, cette technique nécessite la circulation forcée d’un fluide caloriporteur, ce qui, pour certaines applications, peut être préjudiciable. Aussi, nous proposons une autre technique complètement passive utilisant les propriétés de bons conducteurs thermiques de certains matériaux diélectriques.

3.2. Antenne patch thermiquement active refroidie par une couche à haute