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000 ans Zones côtières Existant 10 000 ansZones côtières Objectif 2100

1 .2 La politique de gestion des catastrophes naturelles

Londres 1 000 ans Zones côtières Existant 10 000 ansZones côtières Objectif 2100

New York 100ans Zones côtières Projet 2020

Source : OCDE,2014

1.2.3.3 La politique de prévention

Dans le cadre des travaux de préparation à la crise, le Secrétariat de la Zone de Défense de Paris de la Préfecture de Police a développé un dispositif de réponse pour différents scénarios d’inondation, le dispositif ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile). Il a mis en place pour cela des groupes de travail avec l’ensemble des acteurs concernés depuis plusieurs années sur :

— Les réseaux structurants : électricité, hydrocarbures, télécommunication et eau ; — Les secteurs d’activités essentielles : approvisionnements (distributions d’essence,

grande distribution, circulation fiduciaire), santé, hygiène et confort (déchets, chauffage urbain, assainissement), transport, circulations et secteurs spécifiques (immeuble de grande hauteur, quartier d’affaires de la Défense) ;

— Les procédures de soutien à la gestion de crise : cadre juridique, sécurité publique, secours, bases opérationnelles et logistiques, plan d’acheminement des personnels pour la gestion de crise.

Concrètement, un dispositif par étape en fonction de la prédiction du niveau de la Seine prévue par le Service de Prédiction des Crues (SPC) active les différents plans de secours sectoriels :

— En vigilance jaune (de 3.2 à 6.1 m), les voies sur berges sont progressivement fermées, la navigation sur la Seine interdite et certains acteurs se prémobilisent pour la mise en œuvre de leur plan de secours (RATP pour le métro, ERDF pour l’électricité et l’Agence Régionale de Santé). À partir de 5,50 m le plan Neptune de mobilisation de l’armée est activé et les opérateurs publics et privés mettent en place les premières mesures de protection ;

— En vigilance orange (de 6.1m à 7.13 m), un plan de circulation minimal est mis en place à Paris, le Plan de continuité du travail gouvernemental est activé, le tunnel du RER C est ennoyé préventivement, la RATP commence à fermer son réseau et boucher l’ensemble des entrées d’eau du métro. Les premiers dommages sont perceptibles en grande couronne ;

— En vigilance rouge (de 7.13 m à 8.62 m), l’eau de la Seine commence à dépasser les berges en petite couronne et les premiers niveaux de sous-sols sont inondés. La

fourniture d’électricité s’interrompt progressivement en zone inondable et au-delà. Des générateurs sont mis en place par les équipes d’ERDF (1000 groupes électro-gènes de puissances variables disponibles). L’évacuation de 20 000 véhicules des parkings vers des zones de stationnement pré-identifiées est organisée.

Au-delà, il s’agit du scénario le plus extrême dans lequel l’inondation prend une très large ampleur. Les services de secours mettent en place l’ensemble des plans sectoriels, organisent un circuit de distribution d’eau en bouteille, d’alimentation, d’hydrocarbures pour les générateurs. Les banques mettent en place des distributeurs de billets mobiles, les opérateurs télécom déploient des antennes mobiles supplémentaires, un grand centre de collecte des déchets de l’inondation s’organise à la Porte de Versailles. Des bases opérationnelles réquisitionnées sont mises en place au Nord à Villepinte et au Sud de Paris pour accueillir secours et ressources du reste de la France et d’Europe.

Ce dispositif validé par la Préfecture de Police en 2010 est en constante évolution et renforcement sous l’égide de la Zone de Défense de Paris. Il repose sur l’implication et l’engagement de nombreux acteurs des secteurs publics et privés. La mise en œuvre de ce dispositif aura aussi un coût, difficile à évaluer.

1.2.3.4 Exposition et vulnérabilité

Centre politique, économique et culturel au niveau national, la région Ile-de-France concentre populations, emplois et centres de décisions. Elle est ainsi la plus riche et la plus peuplée des 22 régions administratives de France. Composée de 8 départements et de 1 281 communes, sa population s’élève à 11.9 millions d’habitants, soit 19% de la population française. La région est l’une des plus riches et plus larges d’Europe : son PIB total s’élève à 572 milliards d’euros en 2009, représentant 30% du PIB national et 5% du PIB européen. Avec 6 millions d’emplois, ce bassin d’emploi majeur en France et en Europe, concentre les emplois les plus qualifiés et les grandes entreprises du pays avec leurs centres de décision (37% des cadres et 39% des employés des grandes entreprises) (Données INSEE).

Les flux nationaux et internationaux s’y croisent au quotidien faisant de la région parisienne un hub européen et mondial. Dans son analyse des aires métropolitaines françaises qui évalue les relations entre les territoires autour d’un centre, la DATAR parle d’un grand système intégré de 17 millions d’habitants (incluant Caen, Rouen, Amiens, Le-Mans et Orléans) connecté à la région parisienne dans son fonctionnement quotidien. La relation à l’aire urbaine de Paris est aussi constitutive de l’ensemble des systèmes urbains français (DATAR, 2012). Elle est le premier exportateur et importateur du pays. La région est la deuxième région européenne attirant le plus d’Investissements Directs Étrangers. Accueillant le premier hub aérien d’Europe continentale, elle est aussi la première destination touristique mondiale et est au tout premier rang européen pour l’organisation de salons internationaux.

Ce dynamisme régional qui participe à irriguer l’ensemble de l’économie nationale et européenne repose sur des infrastructures critiques essentielles au fonctionnement mé-tropolitain, et notamment les réseaux de transport, d’énergie, de communication, d’eau. L’interdépendance de l’ensemble de ces réseaux les uns avec les autres, l’interpénétration des chaînes de production et leur fonctionnement en flux tendus (en mode zéro-stock), le rôle clé de la mobilité des personnes et des échanges pour le fonctionnement et le

dyna-misme de l’économie, l’urbanisation et la concentration des populations et des capitaux sont autant de facteurs-clés de l’accroissement de la vulnérabilité des sociétés modernes aux chocs (OCDE, 2011). L’ouragan Katrina en 2005, les inondations dues à la tempête Sandy à New York en 2012, les inondations de 2011 à Bangkok et à Brisbane ou encore celles de Prague en 2002 ont démontré l’impact dévastateur que de tels évènements pouvaient avoir sur le fonctionnement, le bien-être et l’économie des grandes métropoles. Effets en cascade d’un secteur vers un autre, impacts sur des régions non directement touchées et au-delà à l’international sont autant de conséquences auxquelles les pays de l’OCDE doivent pouvoir se préparer en cas de crise majeure.

Si le risque d’inondation de la Seine en Ile-de-France a été réduit par les travaux de protection, en revanche, l’exposition au risque et la vulnérabilité qui en résulte ont aussi été accrues concomitamment par l’urbanisation croissante de la première région française ainsi que la construction de nombreuses zones d’activités, d’infrastructures et de réseaux critiques (transport, énergie, communication, eau) au fil du fleuve et dans d’autres zones exposées par effet de levier, le sentiment de sécurité favorise le développement urbain à l’arrière des protections.

1.2.4 Conclusion : la prise de décision en situation de forte variabilité

Quatre domaines d’études sont fondamentaux pour le développement d’un plan stratégique global de gestion du risque inondation (Merz et al., 2010) :

— la gouvernance : qui est responsable ? Qui agit et peut agir ? Qui réagira efficace-ment ?

— la planification de l’occupation des sols : quel développement de l’occupation des sols est adéquat lorsqu’on considère les problématiques environnementales, sani-taires, sociales et économiques des zones inondables ou non. Une adaptation aux événements d’inondation est nécessaire dans cette planification pour réduire les dommages potentiels et permettre une reprise plus rapide. C’est-à-dire quel ni-veau de vulnérabilité on accepte ;

— la planification des mesures d’urgence : plans pour le management des crises, mul-tiplier les scénarios pour obtenir une meilleure réactivité ;

— le schéma de financement : Assurances et financements publics. Des assurances inondation qui pourraient inclure les effets dominos même en dehors de la zone inondée.

Pour ce faire, des études du risque d’inondation, de ses conséquences et des coûts & bénéfices des différentes politiques de gestion du risque sont nécessaires.

Cependant, l’étude du risque d’inondation et de ses impacts comporte de nombreuses incertitudes. Hall et Solomatine (2008) ont passé en revue les sources d’incertitude des études sur le risque d’inondation, à savoir :

— les incertitudes relatives à la modélisation de l’aléa et de ses dommages ; — l’évaluation du coût des différentes options de gestion du risque d’inondation ; — le choix du taux d’actualisation qui signifie de prendre également en compte la

préférence temporelle : taux d’actualisation faible implique politique de long terme alors que taux d’actualisation élevé implique politique de court termes.

climatique impactant sa fréquence et sa sévérité par exemple et sur l’évolution de la vul-nérabilité. Certains processus socio-économiques, tels que la croissance de la population et le développement économique, peuvent changer très rapidement, et l’exposition et la vulnérabilité aux inondations (via l’occupation du sol par exemple) peuvent être très dynamiques. De plus, le choix de politique de gestion du risque d’inondation peut égale-ment générer des changeégale-ments dans l’évolution de l’exposition. Par exemple, à la suite de la mise en place de certaines mesures de protection, on peut observer une augmentation rapide de la vulnérabilité appelée effet de levier, la baisse du risque d’aléa incitant les populations et activités économiques à se développer dans cette région.

Ainsi, les tendances futures peuvent être différentes des tendances observées dans le passé. Or, beaucoup d’études posent l’hypothèse que ces deux variables sont constantes (stationnaires). Introduire la dépendance au temps dans les analyses du risque est une option pour approcher le changement dans le péril inondation. Cependant, prendre en compte les changements possibles de ces deux variables peut faire exploser les incerti-tudes, rendant alors d’autant plus difficile la prise de décision (Milly et al., 2008).

Alors que la modélisation non-stationnaire du péril inondation est un travail complexe, l’intégration de non-stationnarité dans l’estimation et la modélisation de la vulnérabilité l’est encore plus. Khaliq et al. (2006) mettent en avant l’importance d’une interprétation prudente de la non-stationnarité des extrêmes pour lesquels les variations des paramètres entraînent une volatilité très forte des résultats.

Cependant, si ce type d’étude présente de grandes incertitudes, elles sont importantes à mener afin de se rendre compte de l’ampleur potentielle de l’évolution de l’aléa et de l’exposition sur les impacts futurs des inondations. Dans une étude menée en 2015, le service R&D modélisation de la Caisse Centrale de Réassurance en partenariat avec Météo France a mené des travaux de modélisation détaillés visant à évaluer l’impact financier du changement climatique sur le régime français d’indemnisation des catastrophes na-turelles à perspective 2050 (CCR, 2015). Cette étude prend en compte l’évolution des valeurs assurées et le changement climatique, sur la base d’un scénario médian du GIEC, considéré par Météo France comme plausible scientifiquement.

Au global, la sinistralité Cat Nat causée chaque année par des événements climatiques (inondations par débordement et ruissellement, submersions marines et sécheresse) en métropole devrait doubler d’ici 2050 en raison à 80% de l’évolution des valeurs assurées et de leur répartition géographique et à 20% du changement climatique. Pour ce qui est des inondations par débordement et ruissellement, l’étude estime une hausse de 20% des pertes annuelles moyennes due à l’effet du changement climatique, principalement liée à l’augmentation des phénomènes cévenols.

1.3 Amélioration de la résilience des sociétés : Les systèmes de