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revenu permanent

Scénario 3 : Première variante de simulation de politique économique

4.4.4. Analyses de sensibilité

Deux types d’analyse de sensibilité sont retenus dans cette étude. Les analyses de sensibilité qui portent sur les paramètres du modèle de revenu permanent (i), et les analyses de sensibilité qui portent sur le modèle EGCD (ii). Dans ce dernier cas, nous considérons principalement les analyses sur le bouclage macroéconomique d’ensemble.

i. Analyse de sensibilité sur les hypothèses de revenu permanent

Dans la mise en pratique de l’hypothèse de revenu permanent pour pays pétrolier, plusieurs hypothèses sont faites sur l’évolution des principaux paramètres du modèle. Parmi les différents paramètres du modèle, l’évolution la plus incertaine est principalement l’évolution des prix du pétrole. Outre les facteurs d’offre et de demande, les prix du pétrole dépendent également des facteurs géopolitiques et notamment des tensions au Moyen-Orient, ce qui rend ces prix difficilement prévisibles (Hamilton, 2009). Reste que l’évolution de ces prix, à travers leur impact sur l’économie, peut influencer les résultats obtenus dans cette étude. De plus, un des objectifs de l’hypothèse de revenu permanent pour pays pétrolier est de limiter la transmission de l’instabilité des cours aux finances publiques. Dans ce cadre, une variation à la hausse et à la baisse des cours projetés par l’EIA permettrait d’observer le comportement des finances publiques résultant d’un changement des cours pétroliers. Pour prendre en compte ce point, nous faisons une hypothèse de variation optimiste à un niveau de 80 $ US des cours de longue période et une variation pessimiste pour un prix à 30$ US.

Les résultats de ces différentes simulations, exposés en annexe A.7, corroborent ceux obtenus précédemment.

Par ailleurs, les analyses de sensibilité sont également effectuées sur les autres paramètres du modèle de revenu permanent notamment les variations à la hausse et à la baisse du taux d’intérêt, du taux de croissance du PIB non pétrolier, ainsi que la considération

133 d’autres valeurs pour le paramètre des habitudes. Les résultats des différentes simulations aboutissent à des conclusions similaires à celles précédemment obtenues.

ii. Analyse de sensibilité sur le bouclage macroéconomique

Dans cette étude nous avons considéré un bouclage classique sur le marché du travail, c'est-à-dire nous avons considéré une offre de travail exogène et un salaire endogène comme variable d’ajustement entre l’offre et la demande de travail. Cependant, l’inverse peut également être considéré. Dans ce cadre le salaire est une donnée fixe, et c’est l’offre endogène de travail qui s’ajuste pour rétablir l’équilibre. Nous considérons cette alternative, les résultats exposés en annexe ne contredisent pas ceux obtenus précédemment.

Le bouclage macroéconomique peut aussi être modifié sur l’investissement et la balance courante. Dans le modèle précédent, nous avons considéré l’investissement comme étant une variable endogène et la balance courante comme étant une variable exogène. Le raisonnement est que le pays fait face à une contrainte de crédit, et dès lors les investissements s’ajustent par rapport aux ressources reçus. Ce raisonnement illustre une réalité des pays en développement. Seulement, d’autres analyses appliquées aux pays en développement en équilibre général, intègrent des investissements en termes d’objectifs fixés à l’avance et donc le décideur public va s’engager à mobiliser les ressources de manière à atteindre ces objectifs d’investissements. Dans ce cadre l’investissement devient exogène au modèle et la balance courante est endogénéisée. Nous considérons cette alternative, et effectuons de nouvelles simulations sous l’hypothèse d’un investissement exogène et d’une balance courante endogène. Les résultats exposés, en annexe, ne conduisent pas à des conclusions différentes de celles dégagées en première analyse.

134 Enfin, nous modifions également le bouclage dépenses publiques et épargne. En effet, dans notre analyse nous avons considéré des dépenses publiques exogènes et l’épargne comme variable d’ajustement. Seulement, l’on peut arguer de l’inverse. Dans ce cadre, l’épargne devient la variable exogène et les dépenses publiques sont considérées comme la variable endogène. Dans notre analyse seul le scenario 2 est réalisable dans cette configuration. En effet les simulations 3 et 4 sont réalisées sur les dépenses publiques, en conséquence les dépenses publiques se doivent d’être exogènes dans le modèle. Les résultats, de la simulation 2, sous l’hypothèse de dépenses endogènes et épargne exogène sont exposés en annexe. Ils présentent une perspective similaire à ceux qui ont été précédemment obtenus.

4.5. Conclusion

La gestion des ressources pétrolières sous l’hypothèse de revenu permanent est devenue la politique prônée par divers analystes, notamment ceux du FMI, comme solution à la volatilité et à l’épuisement du pétrole. Mais aucune étude n’a évalué jusque-là l’impact de l’adoption d’une telle politique sur les performances économiques du pays considéré.

Nous avons évalué les impacts différenciés de la gestion actuelle du déclin de la production par rapport à une réponse sous l’hypothèse de revenu permanent pour un pays pétrolier, le Cameroun, en utilisant un modèle d’équilibre général dynamique. Les résultats apparaissent contrastés. S’il est vraisemblable que le déclin de la production pétrolière affecte négativement les différents agents et institutions économiques du Cameroun, les changements structurels intervenus depuis près d’une vingtaine d’années semblent rendre ce déclin pétrolier moins dommageable que prévu pour l’ensemble de l’économie camerounaise. En effet, de la crise née des années 80, le Cameroun a engagé des réformes dans l’organisation de son économie. Dans ce cadre, les finances publiques sont devenues plus dépendantes des

135 impôts domestiques que des revenus pétroliers et des taxes commerciales. Cette recomposition des revenus gouvernementaux en faveur des taxes domestiques, est couplée à une longue tradition de gestionnaire conservateur des finances publiques. En conséquence, l’application de l’hypothèse de revenu permanent à la gestion de l’après pétrole montre que les dépenses gouvernementales actuelles oscillent dans les marges du niveau de dépenses considérées comme soutenables par le pays à long terme.

Les structures économiques semblent donc être à mesure d’éviter un après-pétrole désastreux au Cameroun. En conséquence, dans l’analyse du sentier de développement économique de ce pays, les études devraient se focaliser sur l’impact de la mauvaise qualité des institutions camerounaises sur ses performances économiques. Des réformes institutionnelles telles que la lutte contre la corruption, l’assainissement du climat des investissements, apparaissent nécessaires afin d’attirer des capitaux capables de booster la croissance économique au-delà du trend observé au cours de ces dernières années.

ANNEXES

A.1 Figure A1 : Production camerounaise /production Afrique