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Analyses de sensibilité Cas des pays africains

développement : le rôle du pétrole

3.4. Exposé Empirique

3.4.3. Analyses de sensibilité Cas des pays africains

Parmi les pays en développement, la dette des pays africains paraît insoutenable. En effet, des 41 pays classés PPTE, 33 sont des pays de l’Afrique Subsaharienne (FMI, 2007). Dans ce cas, prise en considération, les pays africains pourraient se comporter différemment des autres pays en développement, et qui plus est les pays pétroliers africains. Nous prenons en compte ce fait par l’introduction d’un terme croisé. Ce terme croisé est le produit de la

84 variable rente pétrolière avec la variable muette Afrique (variable prenant la valeur 1 pour les pays d’Afrique au sud du Sahara, et la valeur 0 pour les autres). Le signe et la significativité du terme croisé déterminent le comportement des pays africains par rapport au reste de l’échantillon.

Le Tableau 3.3 (cf. annexe) présente les résultats de l’estimation intégrée de la variable croisée. Le coefficient associé à la variable croisée (rente pétrolière *dummy Afrique) apparaît non significatif. Ce résultat suggère que les pays africains n’ont pas un comportement significativement différent du reste de l’échantillon. Dès lors, la spécification utilisée correspond aux comportements de ces pays. Dans ce cadre les conclusions émanant de l’étude s’appliquent, aux pays africains, de la même manière qu’au reste des pays de l’échantillon.

Estimations alternatives

Le choix de la variable dépendante et d’intérêt nous semble pertinent sur la question posée. Cependant, on peut objecter sur les résultats en soulevant le fait qu’une mesure différente de la variable dépendante aboutirait à des conclusions différentes. Nous reprenons les estimations de l’analyse en considérant, cette fois-ci, comme variable dépendante le ratio dette/PIB. Les résultats des estimations, présentés au tableau 3.4 (confère annexe), amènent aux mêmes conclusions que celles dégagées au cours de l’analyse de base. Le coefficient associé à la variable rente pétrolière est positif et significatif, l’effet collateral est toujours prépondérant sur l’effet instabilité. La qualité du régime politique n’influe pas significativement sur la dette. De manière isolée, le coefficient associé à la variable PIB apparaît significatif à la différence des régressions de base. Mais ce résultat illustre simplement la corrélation mathématique entre le ratio Dette/PIB et le niveau du PIB. Par ailleurs, nous considérons à nouveau le ratio Dette/capita. Mais nous prenons, cette fois-ci, comme variable d’intérêt le variable rente pétrolière per capita. Les résultats, après

85 intégration de ces changements, sont présentés au tableau 3.5 (confère annexe). Ils ne nous permettent pas de changer les conclusions de cette étude.

Discussions sur les restrictions

Les restrictions soulevées sur nombre d’études empiriques portent sur l’endogeneité des relations. Certainement des objections, allant dans ce sens, peuvent concerner cette étude. Seulement, nombre d’objections qui pourraient être soulevés, sur ce point, nous paraissent invraisemblables. En effet, l’endogeneité peut provenir de l’omission d’une variable pertinente du modèle. Sur ce point, si la variable ne varie pas avec le temps, les effets fixes, utilisés dans cette étude, permettent de contrôler pour ce biais potentiel. Le problème subviendrait si la variable varie avec le temps. Nous avons réduit le risque associé à ce problème en contrôlant pour les variables répertoriées dans la littérature comme principaux déterminants du niveau de la dette.

Une autre cause potentielle d’endogeneité serait la causalité inverse. En effet, plusieurs environnementalistes s’inquiètent sur le fait que certains pays en développement, dont le niveau d’endettement est jugé élevé, seraient amenés à surexploiter leurs ressources naturelles pour faire face à leurs engagements d’emprunts (debt-resource-hypothesis). Ce qui reviendrait, dans le cadre de cette étude, à supposer que pour un niveau de dette donné les pays pétroliers seraient amenés à augmenter leur production de pétrole pour faire face à cette dette. Ce raisonnement, par ailleurs séduisant, apparaît être invraisemblable pour la majorité des pays en développement. En effet, dans la plupart des pays en développement pétroliers, l’exploitation pétrolière est effectuée par des multinationales ou d’autres compagnies étrangères, et celles-ci répondent à d’autres impératifs que le niveau de la dette de l’Etat. Certes des pays, par des codes miniers favorables, pourraient inciter ces compagnies à investir dans les activités d’exploration. Cependant, même dans ce cas la relation n’est pas étroite.

86 D’abord, l’exploration n’est pas synonyme de production. Puis, les cas de diminution de la production pétrolière, observés dans certains pays en développement, sont souvent liés à la baisse des cours mondiaux et la disparition des opportunités de profit qui y est associée. Ces préoccupations des investisseurs sont, par conséquent, éloignées des problèmes d’endettement des pays concernés (Neumayer 2005 ; Webb et Zia, 1989 ; ITIE, 2006).

3.5. Conclusion

L’essentiel de la littérature sur l’endettement des pays en développement, est consacré au défaut de remboursement de ces pays ou aux nombreux plans infructueux de restructuration de leur dette. Curieusement, on oublie de se demander pourquoi certains de ces pays accumulent plus de dettes que d’autres. Pourtant, la réponse à cette question mènerait à des plans de restructuration plus adaptés pour les pays concernés.

Cette étude a exploré la relation entre la richesse en pétrole et le niveau d’endettement dans les pays en développement. En adoptant le cadre d’analyse de Lane (2004), nous trouvons que la richesse en pétrole affecte positivement le niveau d’endettement des pays concernés. Ce résultat s’avère robuste à diverses analyses de sensibilité. Il suggère que les ressources pétrolières déterminent le niveau de la dette au fil du temps (dimension temporelle). En outre, ce résultat amène à conclure que les pays pétroliers sont les plus endettés à chaque période de l’estimation (dimension transversale).

De l’examen des facteurs qui expliquent ce résultat, il ressort que l’instabilité joue un rôle dans le processus d’endettement des pays pétroliers, mais c’est surtout l’effet collateral des ressources pétrolières qui détermine leur endettement. Cependant, les facteurs politiques semblent ne pas conditionner l’effet du pétrole sur la dette externe.

87 Au vu de ces résultats, plusieurs points peuvent être soulignés pour une meilleure gestion des périodes de hausse des cours de pétrole. Pour les créanciers, le caractère « bonne garantie » de la richesse en pétrole n’induit pas « une garantie » de défiance face au défaut de paiement. Les défauts du Mexique et de l’Argentine le montrent. Le fait que le Nigeria, premier producteur africain de pétrole, milite activement pour une entrée dans l’initiative PPTE, est aussi illustratif31. Les créanciers des pays pétroliers devraient par conséquent

s’appuyer davantage sur d’autres critères, tels qu’une bonne gestion macroéconomique, qui détermineraient d’une meilleure façon le profil de remboursement de leurs prêts. Pour les débiteurs, comme tout collateral la valeur des ressources pétrolières augmente avec le prix qui est associé. Seulement, durant la phase de hausse cours, les pays doivent s’imposer une discipline de dépenses. La raison en est que les dépenses soutenables par des emprunts, ne le seront pas en période de baisse des cours du fait même de la diminution de la valeur du collateral.

31 Le Cameroun, Le Congo, et la République Démocratique du Congo ; trois pays africains exportateurs de pétrole sont reçus dans l’initiative PPTE. Le Tchad, nouveau producteur, en fait également partie (FMI, 2007).

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