Analyse des tendances
SCM / SRM
Critères Analyse
Apport du Cloud Collaboration entre fournisseurs et distributeurs Rapidité de déploiement
Freins majeurs L’offre comprend beaucoup d’offres traditionnelles Attente / demande
Intérêt encore faible (Cigref 2011)
Marché en retrait (Markess), sauf pour les plateformes d’achat (4ème application SaaS en France)
Acteurs FR: Generix, Acteos, Synertrade
Etranger: SAP / Ariba, Hubwoo, Redprairie, Bravosolutions
Sur le marché de la supply chain, les secteurs en pointe sur le SaaS sont la gestion des achats, le transport (TMS) et la gestion des stocks (WMS). Les secteurs à la traine sont la gestion des quais (Yard Management) et des ressources (Labor Management).
Selon IDC, la gestion des achats est le plus gros marché en France avec un chiffre d’affaires de 18,3 M€ et une part du SaaS supérieur à 16%.
PLM / R&D
Critères Analyse
Apport du Cloud Collaboration
Mutualisation des infrastructures pour la puissance de calcul Freins majeurs Sécurité des données / protection du secret industriel
Performance et capacité réseau Attente / demande Intégration à l’ERP et aux outils de CAO Acteurs FR: Dassault (solution traditionnelle)
Etranger : Infor, Siemens, Autodesk
Le segment de la PLM est encore un peu à l’écart du marché SaaS.
Toutefois, les solutions pourraient utiliser avantageusement les puissances de calcul mises à disposition par les environnements Cloud, ainsi que les fonctions de collaboration pour faciliter le partage entre les équipes de R&D, de production, d’achat, ….
RH / Paie
Critères Analyse
Apport du Cloud Réduction des coûts / externalisation du processus Freins majeurs Localisation des données
Attente / demande Demande très forte (Cigref 2011), 10% des entreprises y ont recours (Markess)
Acteurs FR: Talentsoft, Cegid, ruedelapaye.com
Etranger: Oracle / Taleo, Workday, SAP / SuccessFactors
En France, le secteur de la RH / Paie SaaS est évalué à 120 millions d’euro par PAC en 2011, dominé par l’américain Taleo, depuis racheté par Oracle.
Talentsoft et Cegid sont les acteurs français qui se distinguent le plus, suivi par l’américain SuccessFactors, absorbé par SAP début 2012.
Avec la CRM, le secteur de la RH est un des plus dynamiques, la part du SaaS représente déjà 12% des dépenses de ce secteur.
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Comptabilité / Gestion (y compris ERP)
Critères Analyse
Apport du Cloud Réduction des coûts
Collaboration, mobilité avec les partenaires Automatisation des sauvegardes
Suppression de la maintenance de l’infrastructure
Facilité des déploiements pour le développement des filiales Freins majeurs Limitation des capacités de customisation
Intégration SI Sécurité des données
Attente / demande Peu déployé en France, mais 17% à l’étranger Equipement des PME
Acteurs FR: Lefebvre Software, Cegid, Sidetrade, Proginov
Etranger: Microsoft Dynamics, NetSuite, SAP BusinessByDesign Le marché de l’ERP est encore peu développé en mode SaaS et concerne surtout des solutions de gestion des flux financiers (recouvrement et gestion de la trésorerie).
Le marché SaaS représente un volume supérieur à 41,7M€ mais seulement 8% des dépenses totales dans ce secteur. Le marché français est dominé par les spécialistes français Kyriba (32,3% PDM) et SideTrade (21,6%
PDM)14.
Business Intelligence / Big Data
Critères Analyse
Apport du Cloud Mobilité
Flexibilité pour les outils de reporting Freins majeurs Localisation des données sensibles
Attente / demande Demande très forte et amplifiée par la crise en raison de la volonté de contrôler les coûts et l’activité
Acteurs FR: We are Cloud, Bittle Etranger: GoodData, SAP
La demande est en très forte croissance (+150% au niveau mondial, 3Mds
$), amplifiée par la crise. Le secteur est naissant sur le Cloud. Le mode self-service permet de démocratiser son usage pour de nouveaux types de clients.
Office Productivité
Critères Analyse
Apport du Cloud Ubiquité des accès
Simplification de la maintenance du poste de travail et des configurations
Gestion du BYOD15
Freins majeurs Disponibilité et volume des données Localisation des données
Attente / demande Meilleure richesse fonctionnelle des solutions Accès sur les plateformes mobiles
Acteurs Etranger: Microsoft, Google
14 Chiffres IDC 2012
15 BYOD : Bring Your Own Device ; ce terme désigne l’utilisation par un salarié de son matériel personnel dans le cadre professionnel.
Les offres sont relativement mûres sur ce segment. Le domaine de la bureautique est largement dominé par les acteurs américains.
Support / Intégration
Critères Analyse
Apport du Cloud Economie d’échelle
Elasticité de la solution en fonction des besoins Freins majeurs Dépendance au réseau
Attente / demande La demande sur le marché du SaaS est naissante Acteurs FR: Easyvista, RunMyProcess
Etranger: ServiceNow.com, Cordys
Dans le secteur de l’IT Management, la croissance actuelle est forte et devrait se poursuivre. Le marché mondial pèse 1,2 Md €, dont 80 M€ pour la France. Le SaaS représente 10% de ce marché et décolle depuis 3 ans avec une croissance de 10%.
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Analyse sectorielle
Le tableau ci-dessous présente une analyse d’opportunité en fonction des différents secteurs d’activité pour lesquels des solutions SaaS métiers pourraient être mises en œuvre.
Critère Industrie Consum er
Finance Santé TMT Immobili er
Saturation de l’offre Marché ouvert Concurrence moyenne
Forte concurrence
Maturité du marché Y-N Marché mature d’ici N années
Spécificité française Inexistante Faible Forte
Intérêt du secteur Faible Moyen Fort
Encore rares sur le SaaS, la plupart des solutions métiers hébergées sont gérées en mode client / serveur.
Industrie
Critères Analyse
Apport du Cloud Réduction des coûts dans un secteur où les marges sont faibles Freins majeurs Spécificité des processus métier
Criticité des processus
Attente / demande Demande très prudente sur les solutions cœur de métier Acteurs FR: Sylob (traditionnel)
Marché dominé par l’ERP et les solutions PLM
Le secteur industriel reste largement dominé par les solutions ERP traditionnelles.
Biens de consommation (Consumer)
Critères Analyse
Apport du Cloud Dimension réseau / déploiement multi-site Accès pour les partenaires et les clients Personnalisation par pays / distributeur Elasticité et absorption des pics de charge Freins majeurs Volume de données
Attente / demande
1er marché du SaaS en volume 47% d’adoption
5,6% des dépenses (IDC)
Acteurs FR: Vif (traditionnel), Isagri (traditionnel) Etranger: Amadeus (SaaS)
Le marché se développe de plus en plus, notamment pour accompagner l’essor des activités e-commerce.
Finance
Critères Analyse
Apport du Cloud Rationalisation des dépenses IT : le SI est le premier budget des banques
Disponibilité et ubiquité
Elasticité et absorption des pics de charge Freins majeurs SLA et performances
Maîtrise du code
Sécurité et localisation des données Intégration SI avec le backoffice Attente / demande
3ème marché SaaS en volume 54% d’adoption
6,7% des dépenses (IDC)
Acteurs FR: Murex (hébergé), Linedata (traditionnel), Sab (traditionnel), ITN (traditionnel)
Le croissance des solutions métiers est faible mais devrait s’accroître dans les années à venir. Le marché devrait favoriser les acteurs spécialistes déjà établis.
44 Santé
Critères Analyse
Apport du Cloud Réduction des coûts
Collaboration et partage de données entre médecins, laboratoires et centres hospitaliers
Simplicité d’utilisation et rapidité de déploiement pour les officines Puissance de calcul et de traitement des données
Freins majeurs Sécurité du dossier médical ou des données de recherche Attente / demande
Spécificités du marché français Respect des réglementations
Secteur en transition : 1,8% des dépenses (IDC) Acteurs
FR: Cegedim (SaaS), Orange Business Services (SaaS - Service d'hébergement de données de santé à caractère personnel), Pharmagest (traditionnel)
Le secteur est en cours de transition, mais la problématique de sécurité des données personnelles reste un frein majeur.
TMT
Critères Analyse
Apport du Cloud Elasticité et absorption des pics de charge Mobilité et collaboration (client / distributeurs) Freins majeurs Capacité réseau pour la diffusion de contenu Attente / demande
2ème marché du SaaS en volume 47% d’adoption
6% des dépenses (IDC)
Acteurs FR : SFR Business Services, Orange Business Services
Immobilier
Critères Analyse
Apport du Cloud Faible coût des équipements / mutualisation des ressources au sein d’un écosystème de partenaires
Ubiquité et mobilité Collaboration
Freins majeurs Disparité des acteurs, marché très segmenté Attente / demande Equipement des TPE / PME
Acteurs FR: AXN (traditionnel), AMC (traditionnel), Everwin (SaaS) Le marché est extrêmement segmenté ce qui rend difficile la construction d’une offre rentable pour un éditeur.
Ressources / Energie
Critères Analyse
Apport du Cloud Déploiement multi-site
Freins majeurs Culture traditionnelle réticente aux ruptures technologiques Spécificité des processus
Attente / demande Pas d’attente particulière pour les solutions métier Cloud Acteurs Etranger : Schlumberger (traditionnel)
Ce marché privilégie les solutions métiers spécifiques et reste peu sensible aux ruptures technologiques.
Particuliers / Jeux
Critères Analyse
Apport du Cloud Simplicité d’utilisation
Mobilité et ubiquité, continuité des solutions sur toute plateforme et en tout lieu
Puissance de calcul déportée Freins majeurs Culture du gratuit
Capacité réseau
Attente / demande Meilleur contrôle du piratage
Développement des jeux multi-joueurs
Acteurs FR: Activision, Gameloft, Ubisoft, Kobodjo (SaaS) La culture du gratuit auprès des utilisateurs reste un frein majeur au développement des offres payantes. Le développement des jeux en ligne profite actuellement plus aux nouveaux acteurs qu’aux géants établis (EA, Activision) qui voit surtout dans le modèle Cloud un nouveau moyen pour lutter contre le piratage.
Secteur Public
Critères Analyse
Apport du Cloud Réduction des coûts
Accessibilité des données publiques
Accessibilité des services pour les collectivités Freins majeurs Sécurité et localisation des données
Procédures d’achat public Attente / demande 0,6% des dépenses IT (IDC) Acteurs
FR: GFI Informatique (traditionnel), Cegid (SaaS), Berger Levrault (traditionnel), JVS (traditionnel)
Etranger: Microsoft (SaaS)
L’adoption du Cloud dans le secteur public est encore faible, les éditeurs considèrent que le marché va se transformer d’ici 5 ans.
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Les tendances à plus long terme
Avertissement de méthode
L’approche présentée ici vise à donner un éclairage de long terme sur les perspectives des différents secteurs logiciels – sur un délai de 10 ou 15 ans –, afin d’inscrire les actions publiques engagées aujourd’hui dans un horizon stratégique durable.
Cette approche s’inscrit donc en complément des données actuelles sur les modèles économiques, ainsi que des tendances de court terme identifiées lors des entretiens individuels auprès des acteurs.
La prospective est toujours un exercice délicat : le choix a été fait de privilégier les résultats qualitatifs, plutôt que des pronostics chiffrés. Pour un horizon aussi éloigné, la précision des chiffres serait de toute manière illusoire, et pas nécessairement plus riche de conclusions pratiques. Cette étude prospective repose donc sur la mise en œuvre de critères qualitatifs d’analyse, exposés au fur et à mesure de son déroulé.
Premiers éléments d’analyse
Le marché du SaaS présente d’emblée certaines caractéristiques
économiques, à même d’influencer sa dynamique de moyen et long terme.
D’une part, la dématérialisation induite par le SaaS peut engendrer des trajectoires de croissance ultra-rapides :
• La scalabilité de l’infrastructure entraîne un abaissement de la taille critique pour les éditeurs SaaS, qui peuvent débuter plus facilement (cette tendance étant cependant à nuancer, selon la complexité des produits) ;
• Les plateformes commerciales en ligne (type « App Store » de Apple, « App Exchange » de Salesforce…) peuvent accélérer de manière radicale la diffusion des applications pertinentes, en plaçant un produit quasi-inconnu à deux clics de plusieurs dizaines de millions de consommateurs.
Dans ce contexte, on observe dès aujourd’hui, sur le marché français, des taux de croissance annuels de l’ordre de 300 %. Cette rapidité spécifique du SaaS confère une importance décisive aux phases de conquête. Elle est également susceptible d’entraîner un effet « The Winner Takes All » : à terme, chaque marché peut se voir plus facilement raflé par un compétiteur unique.
Ces éléments ne sont pas nouveaux, mais ils prennent avec le SaaS une importance accrue : le mode SaaS accentue considérablement certaines caractéristiques économiques traditionnelles du secteur du logiciel :
• Les hausses de productivité, via l’industrialisation croissante (et cumulative) des opérations logiques. Tout logiciel consiste à
automatiser des activités intellectuelles, et l’utilisation combinée d’un stock croissant de logiciels permet une hausse forte de la
productivité sur ces activités ;
• Le coût marginal proche de zéro : la prise en charge d’un usager supplémentaire engendre peu de coûts supplémentaires, dans la mesure où l’effort en développement ne dépend quasiment pas de l’échelle d’utilisation. Cela signifie que les rendements sont croissants avec le nombre d’utilisateurs, et qu’il existe une taille critique, au-delà de laquelle la rentabilité peut rapidement devenir très importante.
Le mode SaaS n’échappe pas davantage à la règle classique des marchés du logiciel : une course permanente des acteurs à l’innovation, afin de créer et reconduire des monopoles temporaires à même de rentabiliser leurs investissements.
La résilience de la demande : une notion clé pour l’avenir des différents segments SaaS
Le SaaS entraînera en quelques années des hausses importantes de productivité dans le secteur du logiciel :
• Le mode multi-tenant permet d’optimiser l’efficacité de la R&D, en limitant les efforts de gestion des versions et des environnements ;
• La distribution en ligne peut simplifier la vente ;
• La maintenance est elle aussi simplifiée, de par le multi-tenant.
En d’autres termes, la filière logicielle, grâce au SaaS, devrait accroitre son efficacité technique : elle rendra un service supérieur, pour chaque heure de travail utilisée et chaque euro dépensé par sa clientèle.
Or, si la demande ne suit pas, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. En effet, une baisse des coûts de revient entraîne normalement une baisse des prix. Et si les clients n’ont pas besoin de quantités
supplémentaires, alors la même commande, à prix réduits, va aboutir à une baisse du chiffre d’affaires.
C’est la situation qu’on observe depuis longtemps dans le secteur agricole : la demande alimentaire nationale plafonne en raison des besoins physiques.
Dans ce contexte, le progrès technique considérable de la filière aboutit paradoxalement à réduire (avant subventions ou quotas) sa part dans la richesse nationale, dévalorisant d’autant les capitaux investis.
La capacité de la demande en logiciel à compenser la baisse des prix sera donc une notion clé pour prévoir l’évolution en valeur des différents segments logiciels, à moyen et long terme.
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Parmi les segments du SaaS, il faut en effet distinguer :
• les biens supérieurs, dont la demande augmente avec les hausses de productivité ou de revenu (exemple classique : la santé) ;
• …des biens nécessaires, dont la demande stagnera à partir d’un certain niveau, même si le prix baisse (exemple classique : l’agriculture).
Nous appelons ici résilience cette capacité de la demande à compenser les attaques de la productivité sur le chiffre d’affaires et sur l’emploi. Dans le vocabulaire classique de l’analyse économique, elle correspond à l’élasticité de long terme de la demande en réponse aux prix.
Comment déterminer la résilience sur un segment donné du marché du SaaS ?
La résilience d’un segment de marché repose sur trois dimensions :
• La hausse des volumes : les clients passent de nouvelles commandes en raison de la baisse des prix ;
• La démocratisation du produit : la baisse des prix permet à des nouveaux clients d’accéder au produit ;
• Le renouvellement qualitatif : la baisse des prix libère des budgets achat pour de nouveaux services, développés sur la base des premiers.
L’évolution du segment va alors dépendre de la capacité de ces trois effets à contrer la compression permanente des prix qui résulte du progrès
technique, permettant ainsi au marché concerné de retrouver son volume initial :
Chacune de ces trois dimensions renvoie à différents points d’attention, qui permettent d’évaluer le potentiel du produit sur cet axe.
Concernant la démocratisation, par exemple, ce sont les taux d’équipement qu’il faut examiner, par rapport à une base de clientèle potentiellement intéressée par le produit. C’est ce qui a permis au marché des ordinateurs personnels d’exploser dans les années 1990, alors même que les prix baissaient constamment. Dans le domaine logiciel, on peut s’attendre à ce que les ERP, par exemple, connaissent une marge importante de diffusion, en accédant au marché des PME. La démocratisation a cependant un effet limité : elle finit, au mieux, par saturer son marché, et ne peut croître indéfiniment.
S’agissant de la hausse des volumes, en revanche, l’effet est déjà moins limité : si le produit s’y prête, les volumes consommés peuvent augmenter de manière très importante à mesure de la baisse des coûts. C’est le cas du stockage : les prix baissent fortement, mais les budgets de stockage restent stables, parce que les utilisateurs recourent simplement à davantage d’espace. Pour évaluer le potentiel de hausse des volumes sur un segment, les points d’attention sont donc la dépense moyenne par client, et la
propension des clients à commander davantage, plutôt que de faire des économies.
Enfin, le renouvellement qualitatif par l’innovation est potentiellement sans limite. Le point d’attention, en la matière, est le potentiel de poursuite R&D : il s’agit d’évaluer dans quelle mesure la solution est susceptible de déboucher sur d’autres innovations à forte valeur pour la clientèle. C’est donc une question de capacité de différenciation dans le long terme : soit le secteur représente une voie technologique qui réserve encore des évolutions importantes, soit il apparaît déjà relativement mûr, si bien qu’il risque de se banaliser pour devenir à terme une simple « commodité », sur laquelle les profits tendront à s’éroder. Dans le long terme, c’est l’axe de résilience le plus prometteur pour le logiciel. C’est aussi, par définition, le plus difficile à anticiper.