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« Notre langue structure notre identité, en ce qu'elle nous différencie de ceux qui parlent d'autres langues et en ce qu'elle spécifie notre mode d'appartenance (les langues sont propres aux pays auxquels nous appartenons) et de sociabilité (les langues sont faites aussi d'accents, d'idiolectes, de particularités sociales de langage et d'énonciation) »

LAMIZET, B., Politique et identité, Presses universitaires de Lyon, 2002, pp. 5-6.

189 INTRODUCTION

La communauté linguistique algérienne d’expression francophone affiche un tant soit peu son autonomie par rapport aux normes académiques en faisant valoir la prépondérance d’un usage légitime, d’une norme locale. Celle-ci se constitue en tant que particularisme, comme un signe distinctif spécifique, intrinsèque qui se manifeste sur le plan du corpus de ce français régional d’Algérie, par des marqueurs spécifiques qui peuvent toucher même la structure de cette langue et surtout par une importante néologie tant sémantique que lexicale. 1.

Partant de cette citation de DERRADJI Y., le français, tel qu’il est pratiqué en Algérie, présente des particularités lexicales, phonétiques et morphosyntaxiques. Sur le plan lexical, les néologismes tiennent une place importante quantitativement. Ces créations lexicales produits par les locuteurs algériens sont construites conformément aux procédés de formation lexicale du français, ce qui n’exclut pas l’existence d’autres procédés qui sont irréguliers et appartiennent à la spécificité linguistique et culturelle de la communauté dans laquelle ils sont produits. Comme la souligne DERRADJI Y. « L’écart n’est pas perçu par le sujet parlant comme une faute par rapport aux règles normatives mais plutôt comme une façon d’être, une volontaire affirmation de soi qui se réalise par l’exercice d’un travail sur toutes les potentialités de la langue française. »2.Ces créations montrent la capacité des locuteurs à tirer profit des ressources langagières et leur compétence linguistique par la production de nouvelles lexies suivant les règles du système linguistique français.

La sociolinguistique n’est pas une science opposée à la linguistique, au contraire elles se complètent « En fait, la description formelle des langues est une approche nécessaire, indiscutable, et seule doit être discutée sa prétention impériable à être la linguistique »3. C’est pourquoi, nous allons commencer par l’analyse linguistique du corpus afin de comprendre comment fonctionne le processus néologique et sous quelle forme il s’intègre au lexique de la langue française. Le présent chapitre s’est fixé comme objectif cette première analyse de ces créations lexicales qui constituent notre corpus écrit qui se compose de 580 néologismes collectés des trois journaux d’étude pendant une période de douze mois ; du moi de juin 2010 jusqu’au moi de mai 2011.

1 - DERRADJI, Y., La langue française en Algérie : particularisme lexical ou norme endogène ? In Des langues et des discours en question, Les Cahiers du SLADD 2, Université de Constantine, 2004, p. 16.

2 - Ibid., p.15.

3 - CALVET L.J., La Sociolinguistique, Que Sais-je ?, Op.cit, p.150.

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1. TYPOLOGIE DES PARTICULARISMES LEXICAUX

De nombreuses typologies sont proposées par des linguistes et autres néologues, mais rares sont celles qui prétendent à l’exhaustivité. La plupart rangent les différents procédés dans trois grandes catégories, souvent sans souci de détail : la néologie de forme qui consiste à créer un nouveau terme (ou mot) sur la base d’une nouvelle dénomination, la néologie sémantique qui consiste à créer un nouveau terme sur la base d’une nouvelle notion en rapport avec une dénomination déjà existante, et la néologie par emprunt qui consiste dans le transfert d’un terme d’une langue dans une autre langue. Mais la difficulté réside dans le classement de certains néologismes dont la formation peut relever à la fois des différents procédés, ou d’autres néologismes qui sont tout simplement difficiles à classer dans tel ou tel type. Par exemple, où peut-on classer un néologisme obtenu par changement de catégorie grammaticale ? Les linguistes sont partagés à ce propos entre ceux qui considèrent qu’il s’agit de la néologie sémantique puisqu’elle n’entraîne pas de changement au niveau dénominatif, et ceux qui parlent de néologie syntaxique, puisqu’il y a changement de catégorie grammaticale.

Nous nous sommes inspirée de la typologie de SABLAYROLLESJ-F. pour l’élaboration de la nôtre. Sa typologie est élaborée dans le cadre d’une thèse de doctorat entièrement consacrée à la néologie : La néologie en français contemporain, soutenue en 1996 et publiée en 2000 avec des corrections et des apports nouveaux. Ce critère prédominant de classement des particularités lexicales selon leurs procédés de formation est attesté par divers autres travaux traitant le phénomène néologique tels que : GUILBERT L. (1973,1975) et CHERIGUEN F. (1989), cette démarche présente l’avantage de mettre l’accent sur les procédés lexicaux.

La méthode d’analyse adoptée dans notre étude se veut descriptive et interprétative.

Nous nous attellerons à décrire le français écrit dans la presse écrite algérienne d’expression française, en démontrant l’écart de ce français par rapport au français de référence. Le corpus dépouillé et analysé provient des trois journaux algériens : El-Watan, Liberté et Le quotidien d’Oran. Les néologismes ont été recueillis de deux rubriques de chacun de ces journaux.

Cette restriction du champ d’observation procède de la nécessité de marquer des limites à notre étude et de l’impossibilité de cerner tous les usages du français au sein des différentes strates socioculturelles algériennes.

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2. ANALYSE DES NEOLOGISMES SELON LES LANGUES

Cette première répartition nous permettra de voir l’impact des différentes langues en présence sur le français en Algérie. Partant de l’hypothèse que les innovations lexicales sont le produit de locuteurs bilingues pour affirmer leurs identités culturelles et sociales, quels sont les néologismes de plus fortes proportions ? S’ils sont ceux qui sont en français cela infirmera notre hypothèse et confirmera le fait que la néologie journalistique dans la presse francophone algérienne est une innovation lexicale qui puise aux sources de la langue française.

Nous avons réparti les lexies néologiques, relevées dans les six chroniques, en cinq ensembles : sur un total de 580 néologismes, les lexies néologiques sont réparties comme suit :

 Les néologismes français : 142 lexies.

 Les néologismes hybrides : 139 lexies.

 Les emprunts à l’arabe: 285 lexies.

 Les emprunts à l’anglais : 12 lexies Total des emprunts : 299 lexies

 Les emprunts au berbère : 02 lexies.

De ce fait, les proportions, par pourcentages, sont les suivantes :

 Néologismes français : 24,48 %.

 Néologismes hybrides : 23,96 %.

 Emprunts à l’arabe : 49,13%

 Emprunts à l’anglais : 2,06% Pourcentage des emprunts : 51,53 %.

 Emprunts au berbère : 0,34

La proportion des emprunts linguistiques est écrasante, ils constituent l’ensemble le mieux représenté. Les néologismes français sont en deuxième position. Enfin, les ensembles les moins représentés sont ceux des néologismes hybrides. Ces résultats peuvent être représentés de la manière suivante :

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Figure : 13

D’après les résultats obtenus, nous pouvons remarquer que les emprunts à la langue berbère, loin d’être absents de notre corpus, sont représentés par une proportion relativement faible. Les emprunts à l’arabe sont 23 fois plus nombreux que les emprunts à l’anglais. Le total des emprunts constitue la moitié des lexies néologiques avec un pourcentage de 51, 53%.

Tandis que la deuxième moitié (48,44 %) se compose de deux proportions presque égales de néologismes hybrides et néologismes français. Ainsi le pourcentage des emprunts et des néologismes hybrides constitue 75,49%, ce qui confirme notre hypothèse de départ que le processus néologique en Algérie est un fait de société et de culture avant d’être linguistique.

3. PROCEDES DE FORMATION DES NEOLOGISMES

Dans cette deuxième étape d’analyse, nous allons procéder au classement des lexies néologiques selon leurs procédés de formation, l’élaboration de notre typologie s’articule autour des procédés suivants : la néologie de forme, la néologie sémantique et la néologie par emprunt. L’étude des néologismes relevés dans la presse écrite permet de constater des phénomènes de création très variés, certaines lexies, intéressantes du point de vue formel, vont être traitées séparément, c’est le cas des néologismes hybrides et les emprunts. A l’issue de ces classements, nous allons nous référer à notre première répartition des lexies néologiques celle par langues, dès lors nous allons avoir trois ensembles : lexies néologiques françaises, lexies néologiques hybrides et emprunts.

24,48%

23,96%

49,13%

2,06% 0,34%

Répartition des lexies néologiques par langues

Néologismes français Néologismes hybrides Emprunts à l'arabe Emprunts à l'anglais Emprunts au berbère

193 3.1. Lexies néologiques à base française

Cet ensemble se compose de 142 lexies, soit 24,48 % du total des néologismes (580), différentes techniques formelles telles que la dérivation, et la composition sont utilisées.

D’autres procédés de formation sont à découvrir dans les lignes qui suivent. La néologie sémantique est représentée par 10 lexies. Ainsi, nous proposons la répartition suivante : Les lexies formées par dérivation suffixale (60 lexies) viennent en tête avec une proportion de 42,25 %, constituant ainsi l’ensemble le plus important des néologismes français. Les lexies formées par composition (40 lexies) sont en seconde position et représentent 28,16%, de l’ensemble des lexies à base française. Avec 11,26 % les lexies formées par dérivation préfixale (16 néologismes) sont égales à celles formées par d’autres procédés de formation telle que l’abréviation et le détournement. Ces résultats peuvent être présentés de la manière suivante :

Figure 14 : Formation des lexies néologiques françaises

3.1.1. Néologie formelle 3.1.1.1. Dérivation suffixale

La proportion des lexies à base française formées par dérivation suffixale est écrasante, cela permet de dire que les néologismes formés à partir du procédé de dérivation suffixale sont répandus de manière marquante en Algérie. L’abondance de ce type de néologismes dans

0 5 10 15 20 25 30 35 40

suffixation composition préfixation autres 42,25%

28,16%

11,26% 11,26%

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le domaine de la presse écrite, en particulier, a retenu attention de plusieurs chercheurs. A notre tour, nous allons décrire et expliquer le fonctionnement de la dérivation suffixale dans la création néologique.

60 lexies françaises (noms, adjectifs et verbes) sont créées selon le procédé de la suffixation qui consiste en l’adjonction d’un suffixe à la base française. Ce type de formation est le plus productif, l’importance quantitative des néologismes créés selon ce procédé en témoigne. Les suffixes relevés sont les suivants:

Le suffixe : iste

Ce suffixe indique en langue française un nom d’agent, un nom d’instrument lorsqu’il affecte un substantif mais lorsqu’il s’agit d’un déterminant du nom, adjectif qualificatif, attribut, il désigne généralement le partisan à une doctrine. Ce suffixe se retrouve aussi bien dans des unités lexicales qui relèvent du social que dans celles qui relèvent du politique, du religieux et du culturel. Les lexies suivantes sont de meilleurs exemples : arabiste, voyeuriste, optométriste, développementiste, monologuistes, assimilationnistes. Les explications complètes de ces mots se trouvent dans le glossaire, nous essayons dans cette analyse de voir quelques exemples seulement pour des raisons de volume.

-Arabiste : qui se réclame de l’arabisme, ensemble des traits relatifs à l’identité arabe.

-Assimilationnistes : ceux qui ont l’esprit assimilateur et réclament l’assimilation.

-Développementiste : celui qui est pour et subit facilement le développement dans tous les domaines de la vie.

Les suffixes : eur et euse

Ils sont des suffixes nominaux désignant une personne impliquée, ou un appareil, dans une action. Ils se construisent à partir d’un verbe. Ne pas confondre les mots en -eur formés par ce suffixe avec les noms communs qui ont leur terminologie naturelle en eur, et qui sont formés moins simplement à partir d’une racine non verbale et peuvent avoir des féminins différents. Ces suffixes sont utilisés dans notre corpus surtout pour donner un nom d’action.

Nous avons dégagé les lexies suivantes :

-Alphabétiseur : désigne la personne qui apprend à lire et à écrire à un groupe de personnes analphabètes.

-Bienfeuseur : Bienfaiteur pris dans un sens négatif, dans ce cas, il s’agit d’une nouvelle lexie formée par dérivation suffixale mais aussi par détournement, changement de « fait » par

« feu » pour obtenir tout un autre sens.

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-Caresseur : formé à la base du verbe caresser, quelqu’un qui fait des caresses.

-Ecriveurs : l’écrivain d’un article ou d’un ouvrage.

-Laveuse : féminin de laveur, une femme employée qui lave les clientes au hammam.

-Goudronneur : la personne qui fait du goudron sur les routes.

-Intoxicateur : personne qui fabrique des aliments qui intoxiquent (exemple : viande hachée des ânes).

-Journaneux : nom désignant ceux qui écrivent dans un journal, les journalistes.

-Sacrificateur : personne chargée de l’abattage du bétail selon le rite musulman.

Le suffixe : ation/tion

En français, lorsqu’il y a passage d’un verbe à un substantif par adjonction du suffixe - ation- ou –tion- on aboutit à un nom d’état ou d’action, c’est le cas de nos lexies françaises suivantes :

-Emiratisation : action de rendre les pays arabes comme les Emirats Arabes unis avec sa richesse pétrolière.

-Démoustification : cette lexie présente l’ajout d’un préfixe (dé) et du suffixe –ation-, provient du mot moustiquaire, moustification c‘est l’action se protéger des moustiques, démoustification est le sens contraire.

-Bigotisation : bigoterie.

Le suffixe : age

L’adjonction du suffixe –age- par transformation d’un verbe en un substantif donne un nom d’action ou d’état. Dans les 183 lexies française, nous avons repéré 4 lexies formées par l’adjonction de ce suffixe, mais pas toujours à un verbe, l’exemple de : aéropage et parasitage où les journalistes ont ajouté ce suffixe à une base nominale.

-Aéropage : action d’atterrir, atterrissage.

-Navigage : action de naviguer

-Parasitage : le fait de gêner quelqu’un.

-Raisonnage : raisonnement.

Le suffixe : able

Ce suffixe peut être ajouté à une base verbale pour donner un adjectif, nous avons relevé dans les 146 lexies françaises 2 lexies seulement formées par adjonction de ce suffixe :

-Inarrêtable : ce que l’on ne peut pas arrêter.

-Marchandables : ce qui peut être vendu.

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Le suffixe : isme

Une lexie seulement relevée formée par l’adjonction de ce suffixe : berbérisme.

Le suffixe : ment

Généralement ce suffixe s’ajoute à une base adjectivale pour donner un adverbe, ou à une base verbale pour donner un nom d’action, c’est le cas des 4 lexies relevées : solutionnement, nationalement, alimentairement, paysement

Le suffixe : ité

Deux lexies seulement formées par l’adjonction du suffixe –ité- pour former des noms féminins : Supergravité, Banquabilité .

Le suffixe : ser

Par l’adjonction de ce suffixe pour avoir un verbe, 14 lexies françaises à la base d’un nom sont devenues des verbes, c’est le cas des lexies suivantes : Bidonvilliser, Touristent, Victimiser, Citadiniser, Hémorroïdés, Dictaturer, Repolitiser, Bigotiser , Coraniser, Problématiser, Casse-croutier, Siester, Viruser, Sociologiser,

Nous pouvons dire à la lumière de ces résultats que le suffixes le plus utilisé est le suffixe –ser- qui sert à verbaliser les noms, ensuite les suffixes – eur- et – iste- pour donner les noms d’agent, viennent ensuite les suffixe –age-, –ment- et - ation-, et dernièrement les suffixes –able- ité-, isme.

3.1.1.2. Dérivation préfixale

L’adjonction d’un préfixe à une base constitue ce qu’on appelle la préfixation.

Cependant, ce processus de dérivation n’est pas très productif en le comparant à la dérivation suffixale, il ne présente que la proportion de 11,26 % de l’ensemble des lexies françaises avec le nombre de 16 lexies seulement de 142 lexies. Les préfixes utilisés sont les suivants :

Le préfixe : anti

Le préfixe –anti- signifie contre ou opposé à, il est lié au mot dont il modifie le sens. Nous avons repéré deux lexies contenant ce préfixe

-Antimeute : contre les émeutes -Antiterrorisme : Contre le terrorisme.

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Le préfixe : dé

Ce préfixe permet de définir une action contraire à celle du mot de base, nous avons deux lexies :

-Démonopoliser : Supprimer le monopole de l’Etat

-Déclinologues : ceux qui travaillent dans une clinique, à signaler ici que le préfixe –dé- n’a pas le sens de démolir ou supprimer mais il remplace l’article –des-.

Le préfixe : in

Le préfixe –in- est un préfixe latin qui peut servir à former les contraires. Inarrêtable et Insomnolance sont les lexies qui contiennent le préfixe –in-.

Le préfixe : ultra

Ce préfixe est un synonyme de –super-, il exprime une intensité exagérée, un degré très extrême. Nous avons relevé deux lexies : ultra-socialistes, ultrastressés.

Le préfixe : extra

Ce préfixe révèle la notion d'intérieur et d'extérieur (ex: extra-familiale, extra-légère).

Nous n’avons qu’une seule lexie : extraprofessionnel.

Le préfixe : super

D'une manière générale, ce préfixe exprime une très grande importance, une supériorité très nette, ou une valeur intense, nous avons l’exemple de la lexie : supergravité.

3.1.1.3. Composition

Création néologique assez productive, selon GUILBERT L., la formation par composition implique « la conjonction de deux éléments constituants identifiables par le locuteur. Les rapports qui les régissent […] se fondent sur les relations syntaxiques de ces éléments, explicité1es par une phrase matrice dans laquelle ils se construisent selon les règles identiques à celles qui régissent la formation de la phrase dans le discours »1. Selon le même auteur, la composition résulte d’une transformation de la phrase prédicative qui opère par relativisation de celle-ci, elle implique « la seule procédure de la nominalisation donnant naissance à des substantifs et à des adjectifs »2. Cette opération transformationnelle implique obligatoirement un verbe dans la phrase matrice, ce verbe peut entrer dans la formation des noms composés en tant que morphème constituant, ou ne pas apparaitre pour assurer la fonction syntaxique de copule de liaison entre les éléments qui constituent le composé. C’est

1 - GUILBERT L., Op.cit, p.220.

2 - Ibid, p.220.

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cette différence « qui permet d’opposer deux catégories de composés : ceux qui comportent un élément verbal (chauffe-eau) et ceux qui résultent de la combinaison d’éléments nominaux (poisson-chat) »1.

Un bon nombre (40) des lexies néologiques françaises est formé par composition représentant 28,16%, ces néologismes comportent effectivement des composés de la seconde catégorie citée par GUILBERT L., des composés constitués d’éléments nominaux appartenant au même système linguistique français. Nous citons les exemples suivants :

Gamin-adulte : Enfant qui a l’esprit d’un adulte

Prêt-à-habiter : Logement prêt à être habité, ça désigne les logements sociaux accordés par l’Etat aux familles défavorisées.

Laissés-pour-compte : personnes laissées sans être touchées parce que le pouvoir a des intérêts avec elles.

Futur-ex-métro : (à connotation péjorative), le projet de métro en Algérie qui date depuis longtemps mais qui n’a jamais été terminé.

Après-Mondial : période succédant celle de la coupe du monde du football.

Semi-échec : échec qui n’est pas total.

Non-véhiculé : qui n’a pas de véhicule, sans voiture.

Taxi-heurts : taxi qu’on peut trouver à tout moment.

Amibus : (ami+bus), le bus qui fait monter tout le monde en ne laissant personne, cette lexie a une connotation péjorative : le fait de se trouver dans un bus en surcharge.

Les lexies composées sont nombreuses dans notre corpus, cette réalité confirme le fait que la néologie journalistique dans la presse francophone ne se limite pas aux seuls procédés d’affixation. Le procédé de composition est très productif, le nombre des lexies néologiques composées avec ou sans trait d’union en témoigne. Cela peut être expliqué par la facilité de créer ce genre de néologismes puisque le journaliste ne fait que combiner deux lexies relevant de la même langue pour en obtenir une seule.

1 - Ibid, p.220