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2. Axes de la promotion de la santé

7.1 Analyses et mise en lien des résultats avec le cadre conceptuel

7.1.1. Analyse des stratégies d’ordre individuelle

Certaines infirmières n’ont pas une bonne compréhension de la promotion de la santé, les termes sont mal identifiés, confondus et certaines n’ont jamais entendu parler de la promotion de la santé (Afshari et al., 2019). Nous trouvons idéologiquement qu’il faudrait que l’ensemble des formations infirmières voient et étudient les mêmes termes et définitions, pour certaines formations, il faudrait même s’assurer qu’ils considèrent la promotion de la santé comme une matière importante, car certaines infirmières n’en n’ont jamais entendu parler. De plus, la définition de la promotion de la santé devrait, peut-être, être plus claire et plus spécifique selon les

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domaines (socio-sanitaire, politique et économique, etc.). Cela permettrait d’être au clair avec ce qu’est la promotion de la santé, ce qu'elle implique et comment elle se pratique. Si l’infirmière n’a pas une bonne compréhension des termes de la promotion de la santé, c’est qu’elle n’a pas acquis le savoir empirique, et sans celui- ci, elle ne peut pas atteindre une posture infirmière promotrice de la santé (Kerspern, 2011).

La motivation semble jouer un rôle dans la pratique de la promotion de la santé selon nos résultats et le biomédical est souvent priorisé à la promotion de la santé (McLellan et al., 2019). En effet, le risque clinique et vital est prioritaire, cependant la promotion de la santé devrait avoir une place importante pour tous dans les soins, car elle permet d’anticiper ou éviter des événements et ainsi diminuer les charges de travail pour l’avenir (McLellan et al., 2019). Nous trouvons aussi que l’on parle beaucoup de “savoir être” mais on devrait également parler de “devoir être”. Pourquoi passer à côté de la promotion de la santé? Si une infirmière doit faire une prise de sang, ou changer de protection à une personne âgée, elle va le faire car elle connaît les risques biomédicales qui en découlent si elle ne le fait pas, et on ne parle pas de motivation ici. Alors pourquoi parler de motivation pour la promotion de la santé? Cela fait tout autant parti de la profession infirmière.

Dans une des études on trouve que 475 professionnels de la santé sur 951 sont satisfaits de la quantité de promotion de la santé qu’ils pratiquent, 19 sur 951 veulent en faire moins et 428 veulent en faire plus (Johansson et al., 2010). Quand la promotion de la santé reste incomprise par la plupart des professionnels de la santé, comment peuvent-ils réellement trouver qu’ils en font trop ou pas assez? Le patient est censé être au centre des soins effectués par les soignants, donc comment peuvent-ils estimer en faire trop et vouloir en faire moins? Le corps médical dans son ensemble doit considérer le patient comme étant au centre des soins, comme

préconisé par le modèle de McGill guidé vers la promotion de la santé, l’une de nos compétences. Nos compétences ne devraient donc pas être guidées par des « motivations ».

Les infirmières de l’étude de Piper et al. (2008) démontrent qu’elles manquent clairement de formation et de connaissances concernant la promotion de la santé, car elles ne la pratiquent pas à l’hôpital, pensant que c’est une pratique appartenant aux infirmières en santé primaire. Les infirmières de l’étude d’Afshari et al. (2019) pratiquent de l’éducation à la santé sans prendre en compte les déterminants de la santé. Elles font du « on sait ce qui est bon pour vous », autrement dit, elles ont un approche appelée « top-down » sans même considérer la personne qu’elles ont en face d’elle, comme étant expert de sa réalité et de sa situation locale et actuelle. Dans le cas contraire, si elles pratiquaient l’éducation en prenant compte des besoins du patients donc des déterminants de sa santé et le modèle de McGill, elles feraient du “vous savez ce qui est bon pour vous” démontrant une approche dite « bottom-up ». Il faudrait donc changer la vision qu’ont les soignants des soins dans le contexte hospitalier, car elles démontrent vouloir un certain contrôle et le patient doit accepter et s’y plier.

Finalement, les infirmières de l’étude de Casey et al. (2007), estiment que selon l’état de santé du patient on ne nécessite pas de pratiquer la promotion de la santé. S’ils « semblent » trop dépendants c’est inutile de la pratiquer et s’ils « semblent » trop bien informés de leur état de santé c’est une perte de temps, or elles n’essayent même pas d’évaluer les besoins de ceux-ci. Elles aussi, ne considèrent pas le patient. Pourquoi ne pratiqueraient-elles par la promotion de la santé chez le patient qui est « trop bien » informé quant à son état de santé? En ayant des connaissances il pourrait être plus à même de défendre sa santé et exprimer ses besoins, et ainsi participer. Il faut préciser qu’elles ne sont pas sûres de ce qu’elles avancent: « il

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semble trop bien informé ». Cependant, on ne sait jamais assez ou trop concernant notre santé, il pourrait très bien avoir des besoins quelconques. Par exemple, si une infirmière est hospitalisée, nous imaginons que ses infirmières référentes ne lui feront probablement aucun ou très peu d’éducation par prétexte qu’elle a des connaissances médicales, or, elles ne pourraient pas savoir si leur patiente a toutes les connaissances sans les investiguer.

Concernant la formation de la promotion de la santé n’est pas présente dans tous les cursus scolaire en soins infirmiers (Heidemann et al., 2019) et pourtant depuis la création de la charte d’Ottawa on sait que la promotion de la santé est autant importante dans les soins que dans les autres domaines. La promotion de la santé devrait donc être intégrée dans tous les cursus scolaires et les formations en générales devraient être réorganisées. Malgré le fait que certaines formations infirmières aient abordent de promotion de la santé, nous avons vu dans plusieurs études qu’elle est malheureusement bien souvent axée sur le biomédical et la prévention des maladies. C’est donc assez ironique d’apprendre à placer le patient au centre des soins, sans pratiquer la promotion de la santé et considérer les besoins du patient. Pour améliorer cela, il faudrait intégrer dans ces formations le modèle de McGill, car il reprend principalement des bases tels que les soins centrés sur le patient, prendre en compte les déterminants de la santé, la participation etc. En intégrant ce modèle les soignants éviteraient d’être axés sur le biomédical et de ne pas considérer le patient.

Nous avons appris que la meilleure formation que nous puissions avoir combine des capsules théoriques de promotion de la santé avec un contact du terrain où nous pouvons approcher directement la population. L’enseignement seul de théorie ne suffit pas à intégrer le concept de promotion de la santé (Kerspern, 2011). Heidemann et al. (2019) conforte que l’éducation théorique seule ne suffit pas. On développe un

savoir-être grâce au développement du savoir et du savoir-faire. En d’autres termes pour développer la posture promotrice de santé, on a besoin de l’enseignement théorique et pratique (Kerspern, 2011). En prenant compte de ces informations, si une formation promotrice de la santé est centrée sur le biomédical et ne comprend pas de capsules théoriques et pratiques, l’étudiant et donc le futur professionnel ne peut pas ou alors très difficilement atteindre seul une posture promotrice de santé.

Certaines infirmières affirment pratiquer la promotion de la santé de manière instinctive (Casey et al., 2007). Est-ce que la pratique promotion de la santé est innée ou acquise avec de l’expérience? Ces infirmières affirment pratiquer de manière instinctive, est-ce qu’elles ne viennent pas de le conscientiser en étant confrontées en participant à l’étude? Pour conscientiser le fait que nous avons développé un rôle promoteur de santé, il est obligatoire de travailler avec une population qui participe et stimule ainsi leur empowerment (Déchanez, 2020).

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