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3. Résultats et discussion

3.3 Fonction rénale

3.3.1 Analyse des fluides corporels

En cages métaboliques, nous avons observé que les rats nourris avec la diète HF/NS montraient une diurèse 24h diminuée par rapport à la diète normale NF/NS (Figure 10B). Cet effet est attribuable à la composante lipidique de la diète HF et n’est pas une conséquence de la variation de la prise hydrique (Figure 10A). Il est plus facile de discuter conjointement de la composition urinaire et sérique en électrolytes. Nous analyserons premièrement le sodium puisqu’il est particulièrement important dans la pathologie de l’hypertension artérielle. Nos résultats indiquent que la natriurie (taux de sodium urinaire) est significativement plus basse pour les trois souches sur la diète HF/LS alors que la natrémie (taux de sodium dans le sang) est significativement plus élevée (Figure 11A et 13A). Nous savons que la réabsorption tubulaire de sodium est régulée principalement par l’aldostérone mais que l’ANP, la volémie et la capacité de perfusion du rein y jouent un rôle important. Or, nos résultats démontrent que l’aldostéronémie est significativement plus élevée lors de la diète HF/LS (Figure 13C). Plus élevée est la consommation de sel, plus le système RAAS sera inhibé. Ainsi, lors de la diète HF/LS, l’aldostéronémie était plus élevée, la natriurie plus basse et la natrémie plus élevée que sur la diète NF/NS. L’aldostérone favorise aussi l’élimination du potassium; la régulation se fait en sens inverse du sodium pour permettre l’équilibre des charges. Le ratio Na/K est un meilleur paramètre

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Figure 11 : Analyse de la natriurie (A), kaliurie (B), du ratio Na/K urinaire (C) et de la protéinurie (D) après une collecte de 24 heures dans des cages métaboliques chez les congéniques du rat DSS lors des diètes NFNS et HFLS. NFNS: "normal fat, normal salt"; HFLS: "high fat, low salt"; Statistiques ANOVA à un facteur, test de Fisher; * p<0,05 par rapport à la diète NFNS; & p<0,05 par rapport à la souche DSS; $ p<0,05 par rapport à la souche SM12.

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Figure 12 : Clairance de la créatinine des rats DSS congéniques déterminée à la fin de la diète NFNS, NFLS, HFNS et HFLS. NFNS: "normal fat, normal salt"; NFLS:"normal fat, low salt"; HFNS:"high fat, normal salt"; HFLS:"high fat, low salt"; Statistiques ANOVA à un facteur, test de Fisher; * p<0,05 par rapport à la diète NFNS; + p<0,05 par rapport à la diète NFLS; & p<0,05 par rapport à la souche DSS; $ p<0,05 par rapport à la souche SM12.

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Figure 13 : Natrémie (A), kaliémie (B) et aldostérone sérique (C) chez les congéniques du rat DSS déterminés à la fin de la diète NFNS et HFLS. NFNS: "normal fat, normal salt"; HFLS:"high fat, low salt"; Statistiques ANOVA à un facteur, test de Fisher; * p<0,05 par rapport à la diète NFNS; & p<0,05 par rapport à la souche DSS; $ p<0,05 par rapport à la souche SM12.

75 pour comparer l’excrétion de sodium et potassium dans des diètes de composition minérale différente. Ainsi, lorsque nous comparons le ratio Na/K entre les diètes (Figure 11C), nous n’observons pas de différence significative. Nous n’avons pas observé de différence significative entre les diètes pour la protéinurie (Figure 11D) ou la clairance de la créatinine (Figure 12). Par contre, nous observons une tendance à la diminution de la clairance de la créatinine lors des diètes HF tel que confirmé par des analyses ANOVA à deux facteurs. Or, il est connu que la clairance de la créatinine est augmentée lors d’une alimentation riche en sodium [146, 147] mais nous pensons que la différence en sodium entre les diètes étudiées ici pourrait être trop faible pour produire une différence dans la clairance de créatinine. Lors d’une étude chez le rat SD, la clairance de la créatinine est augmentée par l’ajout de 5% de beurre dans une diète normale après 4 semaines de diète [148]. Une autre étude a démontrée que lors du stade précoce de la polykystique rénale, la diète riche en gras abaissait la clairance de la créatinine par rapport à une diète faible en gras [149]. D’autres auteurs ont montré que la source de lipide pouvait modifier certains paramètres importants pour la fonction rénale sans obtenir de modification de la clairance de la créatinine [149]. Nous pouvons attribuer la tendance à la baisse de la clairance de la créatinine lors de la diète riche en gras à la composante lipidique mais aussi à une différence en sodium entre les diètes.

Effet de la souche

La prise hydrique et la diurèse pendant une collecte de 24 heures dans des cages métaboliques ne sont pas significativement différentes entre les souches mais on note une grande variabilité entre les rats (Figure 10 AB). Il est intéressant de noter que la souche SM9 sur la diète HF/LS a une natriurie et une natrémie plus élevées que DSS (Figure 11A

76 et 13A). Conséquemment, le ratio Na/K urinaire de SM9 sur la diète HF/LS est plus élevé que pour les souches SM12 et DSS (Figure 11C). Ces résultats indiquent que la diète HF/LS améliore certains paramètres de la fonction rénale de façon spécifique à SM9. En effet, un faible ratio Na/K urinaire est indicateur d’une plus grande rétention sodique [71]. La partie du segment chromosomique unique à SM9 pourrait expliquer cet effet qui semble dépendant de la diète HF. Dans le même sens, SM9 sur la diète HF/LS avait une protéinurie plus basse que DSS et SM12, indicatif d’une meilleure fonction rénale. La protéinurie est un indicateur du stade terminal de l’insuffisance rénale des maladies cardiovasculaires [150]. Le fait que nous démontrons que les deux souches les plus hypertendues, SM12 et DSS soient celles qui ont une protéinurie plus élevée n’est pas surprenant. Notre groupe a démontré que la composition des fluides était différente si le prélèvement avait été effectué à jeun ou non [151]. La réponse au jeûne permet de mieux déceler l’effet des gènes, ceux-ci étant largement supérieurs à l’effet de l’environnement (la modification de la diète par exemple) [151]. Nous n’avons noté aucune différence significative entre les souches au niveau de l’aldostéronémie, de la kaliémie (Figure 13B et 13C) ou encore de la clairance de la créatinine (Figure 12). On note cependant une clairance de créatinine plus élevée pour SM9 et SM12, et si cette différence se confirme, cela serait le reflet d’une meilleure fonction rénale, particulièrement au niveau glomérulaire.

3.1.3 Eau libre

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