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Analyse de la demande

Dans le document Avis du Conseil de la Concurrence (Page 43-47)

Partie II : Analyse économique et concurrentielle du marché de l’enseignement

II- Analyse concurrentielle du marché

3. Analyse de la demande

Skhirat-Témara qui était classée septième en 2010-2011 ;

Rabat et Casablanca Anfa dont les parts ont toutes deux diminué de deux (2) points dans l’ensemble des établissements à l’échelle nationale ;

Ain Chock qui était classé sixième en 2010-2011 ;

Agadir Ida-Outanane qui a amélioré son classement d’un point comparativement à l’année 2010-2011.

Les derniers rangs sont occupés, au titre de l’année 2019-2020, par des provinces récemment apparues sur la carte de l’enseignement privé, y compris Assa-Zag, Tarfaya, Tata, Tinghir et Moulay Yaâcoub.

De surcroît, ladite enquête indique que la dépense moyenne augmente avec le niveau de revenu, et que la scolarisation de l’enfant provenant de 10% des ménages les plus aisés coûte 13,3 fois les frais de scolarité des enfants issus de 10% des ménages les plus pauvres26.

3.2 Adéquation de la demande avec l’offre pédagogique

Similairement à l’évolution de la part des lycées collégiaux et qualifiants dans l’ensemble des établissements scolaires privés au cours de la dernière décennie, la part élèves scolarisés dans ce cycle a augmenté de deux (2) points. Le changement, précédemment constaté, ne semble pas avoir affecté l’effectif des élèves dans ces deux cycles. Ce constat confirme ce qui a été évoqué en ce qui concerne la taille des établissements et leur capacité d’accueil.

Graphique 16 : Evolution de la répartition du nombre d’élèves scolarisés selon les cycles d’enseignement entre 2010 et 2020

Source : Données du Ministère de de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Sur le plan régional, la demande s’est inscrite en hausse dans la plupart des régions au cours de la dernière décennie, avec toutefois des taux de croissance variables, et globalement dans des proportions inférieures à la progression de l’offre. En outre, ces données confirment ce qui a été précédemment évoqué s’agissant de la concentration des établissements privés dans les trois Régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et de Fès-Meknès. Celles-ci drainent plus des trois cinquièmes du nombre total d’élèves du secteur privé, et enregistrent la plus grande différence en matière de nombre total d’élèves entre les années scolaires 2010-2011 et 2019-2020 (130 041, 75 777 et 50 772 élèves respectivement).

26 Page 33, Enquête nationale sur « les ménages et l’éducation : perceptions, attentes, aspirations et coûts », publication de l’Instance Nationale d’Evaluation, Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique.

Graphique 17 : Evolution du nombre d’élèves scolarisés dans le secteur privé au niveau régional entre 2010 et 2020

Source : Données du Ministère de de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Il convient par ailleurs de noter que la part de ces trois régions, dans l’ensemble des établissements privés, a enregistré un repli de quatre (4) points entre les années scolaires 2010-2011 et 2019-2020, à l’image de ce qui a été constaté au niveau de l’offre dans les mêmes régions (la part étant passée de 66,06% en 2010-2011 à 61,88% en 2019-2020).

Les Régions du Sud ont connu pour leur part une évolution contrastée, étant donné qu’à contrario de l’évolution enregistrée en termes de nombre d’établissements, la part des élèves inscrits dans les écoles et les lycées privés a enregistré une plus faible progression (moins d’un point, passant de 2,52% de l’ensemble des établissements en 2010-2011 à 3,27% en 2019-2020).

Les préfectures et les provinces27 ont enregistré aussi un certain nombre de changements au fil des années, avec quelques différences en termes de parts par rapport à ce qui a été évoqué par rapport à l’offre. Dans ce contexte, les quatre premiers rangs en termes de nombre d’élèves scolarisés dans le secteur privé ont été respectivement occupé, par ordre croissant, par les préfectures de Marrakech, de Fès, de Tanger-Assilah, et de Salé, dont le classement s’est amélioré par rapport à l’année scolaire 2010-2011. Viennent ensuite les préfectures d’Ain Chock, de Rabat, et de Casablanca-Anfa, dont le classement a reculé par rapport à la même année, puis les préfectures de Meknès, de Sidi Bernoussi et de Hay Hassani.

3.3 Facteurs affectant la demande

Développement démographique et structure de la population : l’offre d’enseignement scolaire privé repose grandement sur le développement démographique du pays, en tenant compte de la nécessité de fournir de services suffisants et compatibles avec le nombre d’enfants appartenant aux groupes d’âge couverts par cette offre ;

27 Prise en considération des circonscriptions constituant la préfecture de Casablanca (préfectures des arrondissements de Casablanca-Anfa, de Hay Hassani, d’Ain Chock, d’Al Fida-Mers Sultan, de Ben M'Sick, de Sidi Bernoussi, de Moulay Rachid, et d’Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi.

Les indicateurs démographiques de la population du Maroc, au titre de 2020, montrent qu’elle a atteint 36,0 millions d’habitants, dont la tranche d’âge des 6-17 ans, correspondant à l’âge de scolarisation, représente 20,66%. Il ressort clairement des prévisions28 du Haut-Commissariat au Plan, liées au nombre d’enfants appartenant à ladite tranche d’âge, une augmentation stable de ces groupes d’âge. Cette évolution implique une stabilité au niveau de besoins en matière d’enseignement scolaire qu’il faut satisfaire pour la prochaine décennie et offre de plus grandes possibilités de généraliser l’éducation et orienter les investissements vers son développement.

Tableau 3 : Prévisions d’évolution de la population marocaine selon les groupes d’âge en âge de scolarisation Millier d’enfants

Année 2020 2025 2030

Groupe (6-11) 4015 3619 3438

Groupe (12-14) 1802 2027 1733

Groupe (15-17) 1608 1850 1984

Total 7623 7496 7155

Source : Haut-Commissariat au Plan

Pouvoir d’achat : l’accès des enfants aux établissements scolaires privés est potentiellement tributaire du pouvoir d’achat des ménages. A titre d’illustration, on peut citer quelques comparaisons tirées de certaines données disponibles concernant le niveau de dépenses des ménages :

- Comparaison des dépenses moyennes de scolarité au sein des établissements privés, quel que soit le cycle d’enseignement, avec le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG)29 en vigueur au Maroc, qui s’élève à 2 828,71 DH. Sur la base des résultats de l’enquête nationale précitée sur « les ménages et l’éducation : perceptions, attentes, aspirations et coûts », et d’après les déclarations des ménages, la dépense moyenne30, au titre de l’année scolaire 2017-2018, s’est établie à 11 94331 DH, soit une moyenne mensuelle égale à environ 1 19432 DH, ce qui représente plus de deux cinquièmes du SMIG ;

28 Les projections de la population et des ménages entre 2014 et 2054, élaborées par le Centre d’études et de recherche démographiques, HCP, 2018.

29 Conformément aux dispositions du décret n° 2.19.424 (du 26 juin 2019) portant fixation des montants du salaire minimum légal dans l’industrie, le commerce, les professions libérales et l’agriculture ;

Ces dépenses comprennent, selon la définition retenue aux fins de cette enquête, les dépenses payées à l’établissement scolaire (frais de scolarité, d’inscription, d’assurance et d’adhésion à l’association des parents des enfants, de restauration et d’internats, etc.).

30 Ces dépenses comprennent, selon la définition retenue aux fins de cette enquête, les dépenses payées à l’établissement scolaire (frais de scolarité, d’inscription, d’assurance et d’adhésion à l’association des parents des enfants, de restauration et d’internats, etc.).

31 Page 31, enquête national sur « les ménages et l’éducation : perceptions, attentes, aspirations et coûts », publication de l’Instance Nationale d’Evaluation, Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique.

32 Cette moyenne mensuelle a été calculée sur la base des dix mois constituant l’année scolaires.

- Comparaison du niveau de dépenses selon le type et le cycle d’enseignement. Les données de la même enquête indiquent que les dépenses des ménages, ayant des enfants scolarisés dans les établissements privés, sont supérieures aux dépenses des familles dont les enfants sont scolarisés dans les établissement de l’enseignement public. Le coefficient de différence entre les dépenses d'enseignement public et privé peut aller jusqu'à 18 fois pour le cycle primaire, 14,6 pour le cycle secondaire collégial et 11,5 pour le cycle secondaire qualifiant33.

En conclusion, il ressort de l’analyse de l’offre et de la demande l’existence d’un lien de causalité entre ces deux dimensions au niveau du marché de l’enseignement privé.

A cet effet, le type de demande, avec ses exigences et ses capacités, impose le type d’offre pédagogique privée actuellement disponible sur le marché. Celui-ci n’est pas parvenu à attirer un plus grand nombre d’élèves et élargir, ainsi la demande. Le déséquilibre entre l’offre et la demande constitue l’une des raisons principales derrière l’incapacité du système de l’enseignement privé à atteindre l’objectif fixé par la Charte Nationale d’Education et de Formation (à savoir la scolarisation de 20% des élèves du système nationale).

L’analyse des données du Ministère de l’Education Nationale indique clairement que la qualité de l’offre sur le marché de l’enseignement scolaire dépend du pouvoir d’achat de la population cible.

Etant donné que l’amélioration de la qualité de l’offre pédagogique est essentiellement tributaire de la solvabilité de la demande, la réalisation d’un équilibre entre le pouvoir d’achat des ménages, consommateurs de services d’enseignement privé, et l’offre est indispensable, en vue de permettre l’accès des différentes couches sociales aux offres adaptées.

III- Insuffisances et barrières affectant la concurrence au niveau du marché

Dans le document Avis du Conseil de la Concurrence (Page 43-47)