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1. VITESSE DE TRAITEMENT DE L’INFORMATION ET ÉVALUATION PRÉCOCE

1.9 Discussion

1.9.2 Analyse des comparaisons

!.9.2.1 Entre les TRC. le test Temps de réaction des TRCE et le TAI

Cette recherche a comme premier objectif d’établir les relations que des mesures de temps de réaction avec prise de décision et de temps de réaction simple entretiennent d’abord entre elles puis avec les mesures de performances à des épreuves d’aptitudes intellectuelles auprès de personnes âgées souffrant ou pas de démence. Tout d’abord, les résultats obtenus permettent de constater qu’il existe une relation négative entre les mesures de temps de réaction avec prise de décision et la mesure de temps de réaction simple. En effet, les données révèlent que le temps de réaction au test Temps de réaction des TRCE diminue lorsque les scores de temps de réaction avec prise de décision des TRC augmentent. Ceci s’explique du fait que les individus qui réussissent le mieux aux tâches des TRC obtiennent un score de temps de réaction au test Temps de réaction moins long que ceux qui réussissent moins bien ces tâches. D’autre part, on observe que les corrélations entre les résultats aux TRC et au test Temps de réaction des TRCE sont significatives et modérées. Ceci appuie l’hypothèse d’une spécificité de la vitesse selon les habiletés mesurées (le temps de réaction avec prise de décision est une mesure issue d’une tâche de résolution de problème, par opposition au temps de réaction simple qui se veut une simple mesure du temps nécessaire pour répondre suite à l’apparition d’un stimulus). Notre première hypothèse à l’effet que les mesures de temps de réaction avec prise de décision entretiennent des relations significatives et négatives de moyennes à élevées avec une mesure de temps de réaction simple, et ce, avec un échantillon de personnes âgées souffrant ou pas de démence, est confirmée.

Par ailleurs, une analyse des corrélations obtenues entre les scores de performance des trois dimensions des TRC, le score de temps de réaction du test Temps de réaction des TRCE et les scores de réussite du TAI confirme notre deuxième hypothèse en nous

permettant de constater qu’il existe des relations significatives positives et modérées entre les scores aux tâches de temps de réaction avec prise de décision et les résultats à des tests d’aptitudes intellectuelles, et des relations significatives négatives et modérées entre le score de temps de réaction simple et les résultats à des tests d’aptitudes intellectuelles. De tels résultats concordent avec ceux d’autres études faisant état de corrélations variant de ־ 0,17 à -0,42 entre les mesures de vitesse pure et les performances à certaines épreuves psychométriques (Lunneborg, 1977), et de corrélations se situant aux environs de 0,60 entre les mesures de temps de réaction avec prise de décision (tâches d’analogie, de syllogisme, de classification ou de catégorisation à partir de matériel figuratif et verbal) et des mesures de performances à des épreuves d’habiletés intellectuelles (Sternberg & Gamer, 1983). En regard de ces résultats, la prise en compte des variables de temps de réaction s’avère être un atout pour l’évaluation cognitive des aînées, car celle-ci se révèle être un indice pertinent du fonctionnement intellectuel au même titre que les variables habituellement utilisées telles vocabulaire, mémoire, mathématique, connaissances, etc.

1.9.2.2 Entre les TRC, le test Temps de réaction des TRCE, le TAI et l’âge

Afin de répondre au deuxième objectif de l’étude qui consiste à vérifier les relations qu'entretiennent les mesures à des tests d’aptitudes intellectuelles et des mesures de temps de réaction avec l'âge, les résultats obtenus au TAI, aux TRC et au test Temps de réaction des TRCE sont mis en relation avec l’âge des participants. Les corrélations obtenues entre l'âge et les scores de réussite du TAI se sont avérées significatives pour la majorité des sous-tests. Seuls les sous-tests Mathématique, Arithmétique et Mémoire n’atteignent pas le niveau de signification statistique (g<0,05). Ces résultats confirment les études de Stankov, Boyle et Cattell (1995), à l’effet que les différentes aptitudes intellectuelles décrivent des courbes différentes au cours du vieillissement et que l’âge semble avoir une influence plus importante sur la performance à certains sous-tests que sur celle de certains autres. Néanmoins, cette constatation infirme partiellement notre troisième hypothèse de recherche qui prévoyait des corrélations significatives entre l’âge et les aptitudes intellectuelles tout en s’attendant à des corrélations plus faibles entre l’âge et certains des sous-tests de l’épreuve d’aptitudes intellectuelles.

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En ce qui a trait aux corrélations obtenues entre l’âge des participants et les mesures de temps de réaction, on observe des résultats surprenants. En effet, d’après les études

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antérieures, on aurait pu s’attendre à une augmentation significative des temps de réaction en regard de l’âge des participants. Cependant les corrélations entre les dimensions figurative et quantitative des TRC (TR avec prise de décision) et l’âge, ainsi que les corrélations entre le test Temps de réaction des TRCE (TR simple) et l’âge n’atteignent pas le niveau de signification statistique (g<0,05). Seule la dimension verbale des TRC corréle de façon significative et négative avec T âge des participants. Ces résultats différentiels peuvent s’expliquer par la nature des tâches impliquées. En effet, bien que tous les tests impliquent des tâches d’analogie et de comparaison très simples, les épreuves impliquées dans la dimension verbale apparaissent plus difficiles relativement aux épreuves des dimensions figurative et quantitative et semblent exiger un traitement plus complexe. Quant au test Temps de réaction, il exige un traitement moins compliqué puisque la tâche ne requiert aucun effort de résolution de problème. La tâche sollicite plutôt une réponse immédiate dès !’apparition du stimulus qui est d’ailleurs toujours le même. Donc, comme le suggèrent les études de Hicks et B irren (1970), le type de stimulus utilisé, la modalité du stimulus et la complexité de la tâche auraient une influence sur les temps de réaction des individus. Les corrélations moyennes de 0,28 entre les temps de réaction simple et l’âge adulte et de 0,43 entre l’âge et les temps de réaction complexes rapportées dans le relevé de Saithouse (1985) appuient ces constatations. Il semble donc, comme le suggère Salthouse (1976), que T ampleur־ des effets de l’âge sur les temps de réaction varie en fonction du type de tâche employé et qu’aux tâches plus complexes, le ralentissement relié à l’âge soit plus important. Néanmoins, dans la présente étude, les corrélations observées entre les différentes mesures de vitesse et l’âge des participants sont inférieures à celles relevées dans l’étude de Salthouse. Il semble donc qu’on pourrait ne pas observer d’augmentation significative de la vitesse d’exécution pour les individus dont l’âge varie entre 50 et 90 ans, lorsque ces mesures de vitesse sont utilisées avec des tâches très simples d’analogie et de catégorisation.

D’autre part, ces résultats pourraient également s’expliquer par l’état de santé des participants à l’étude. En effet, selon Salthouse (1985b), la maladie est un facteur pouvant influencer sur la vitesse du traitement de Γ information. Une étude de Benton (1977), appuie d’ailleurs cette hypothèse en montrant que les individus malades tendent à présenter une augmentation plus importante de leur temps de réaction comparativement aux individus en santé. Cependant, il semble bien que ce ne soit pas le cas ici car si la variable «maladie» n’a pu être contrôlée totalement en raison de l’inaccessibilité du dossier médical

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et des problèmes mnésiques de plusieurs participants, il semble bien que les informations médicales obtenues auprès des proches, bien que parfois imprécises, soient tout de même suffisantes pour alléguer que cette variable ne soit pas en cause. Il nous est donc permis de stipuler que l’absence de relation observée entre l’âge des participants et leurs scores de vitesse ne soit pas reliée au fait que les participants plus jeunes soient plus malades que leurs aînées. Dans une étude ultérieure, il serait toutefois important de contrôler cette variable de façon plus systématique.

En fait, l’absence de relations significatives entre les temps de réponse et l’âge des participants pourrait tout simplement laisser supposer que chaque individu produit son propre temps de réaction et que celui-ci est une mesure relativement stable au cours de la vie d’une personne en bonne santé. Quoi qu’il en soit, ces résultats apportent une nuance intéressante à la quatrième hypothèse de la présente étude. En effet, on s’attendait à observer des relations significatives entre les différentes mesures de temps de réaction et l’âge des participants alors que seule la dimension verbale des TRC atteint un niveau de signification statistique (j><0,05).

1.9.2.3 Entre les TRC, le test Temps de réaction des TRCE et le CDR

Pour répondre au troisième objectif de l’étude, les mesures à des tests d'aptitudes intellectuelles et de temps de réaction ont été mises en relation avec une mesure de détérioration cognitive. D’abord, les corrélations obtenues entre les scores de détérioration cognitive du CDR et les résultats aux TRC et au test de Temps de réaction des TRCE se sont toutes révélées significatives ce qui confirme notre cinquième hypothèse de travail. Aussi, une analyse de régression (pour expliquer le pourcentage de la variance de la démence expliqué par les résultats aux dimensions figurative, verbale et quantitative des TRC) n’ajouterait pas grand chose aux résultats de ces analyses corrélationnelles puisque le score de performance figurative corréle déjà à -0,792 avec le score de démence et que les scores de performance (figurative, verbale et quantitative) sont fortement corrélés entre eux. Cependant, l’importance des corrélations observées entre les niveaux de démence et les scores de temps de réaction des instruments utilisés incitent à des analyses plus approfondies relativement à ces deux variables. Et ces analyses mènent à la conclusion que les indices de temps de réaction des TRC-TRCE permettent effectivement d’établir une distinction entre les différents niveaux de démence. Plus spécifiquement, les scores de

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temps de réaction obtenus offrent une distinction au niveau de la détérioration cognitive des personnes âgées avec plus de précision que celle relevée avec la mesure d’aptitudes intellectuelles incluant des tâches plus traditionnelles. En effet, bien que les scores de réussite du TAI permettent de distinguer des différences pour les sous-tests Vocabulaire, Arithmétique, Compréhension et Mémoire, et ce, pour chacun des niveaux de démence du CDR, les résultats obtenus aux sous-tests Logique verbale, Relations spatiales, Connaissances, Visualisation spatiale, Sériation et Perception, ne permettent pas cette distinction entre chacun des trois niveaux de démence. Cette conclusion ne permet de confirmer que partiellement notre sixième hypothèse. Cependant, ces résultats s’expliquent du fait que plusieurs participants de différents niveaux d’atteinte cognitive ont de la difficulté à accomplir les tâches proposées dans plusieurs sous-tests de Γ épreuve d’aptitudes intellectuelles. Conséquemment, il se produit un effet plancher qui a pour effet de ne pas permettre de discriminer entre tous les niveaux d’atteinte cognitive.

Cette difficulté ne s’observe cependant pas avec les tâches des TRC-TRCE. Ces tâches permettent d’une part le maintien de la vigilance tout au long de la passation de Γ épreuve. Elles sont aussi suffisamment simples pour être réalisées par Γensemble des participants sans les fatiguer. Enfin, elles n’exigent pas des connaissances ou des compétences de haut niveau. Les analyses démontrent donc que les individus, classés par niveau de démence, présentent des différences significatives en ce qui concerne leurs scores de temps de réaction. Ces résultats permettent de confirmer la septième et dernière hypothèse de cette étude, à l’effet que devraient être observées des différences significatives à la comparaison des moyennes des scores de temps de réaction (TR simple et TR avec prise de décision) des trois groupes de niveaux différents de sévérité de l’atteinte cognitive. Ces résultats concordent avec les conclusions d’études selon lesquelles la vitesse des opérations mentales des patients est liée à leur niveau d’atteinte cognitive (Van Zomeren, 1981).

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