Analyse comparée de la composition chimique des trois plantes fourragères

La composition chimique des trois plantes fourragères : Vicia monantha, Melilotus sulcata, et Cynodon dactylon de la zone aride du Sud­Est de Biskra (région d’el Doucen) est présentée dans le tableau 11,par comparaison entre les trois plantes.

Tableau 11: Composition chimique des deux légumineuses Vicia Monantha et Melilotus

Sulcata et de la graminée Cynodon Dactylon (en % de la matière sèche).

MS (%MF) MO (% MS) MM% (MS) Cendres insolubles (% MS) MAT (%MS) MG (% MS) Vicia monantha 19.32±21.16 89.67±02.39 10.33±6.9 11.21 19.77±7.5 2.09±0.42 Melilotus sulcata 19.02±12.6 86.28±5.9 13.72±02.39 16.4 08.48±3.1 2.97±0.65 Cynodon dactylon 48.39±7.8 83.1±7.64 17.34±10.01 7.39±3.14 9.99±2.5 1.35±0.46 Coefficient de variation % 16.00 02.72 19.94 _ _11.90 Significativité des effets Ns * * ** Ns

Significativité des effets : * P˂0.05; ** P˂0.01; ***P˂0.001 ; ns non significatif.

L’analyse de la composition chimique constitue la base des méthodes d’évaluation de la valeur nutritive des plantes fourragères, car elle permet de quantifier les teneurs en nutriments (protéines, fibres, matière grasse, minéraux…) et en facteurs antinutritionnels (silice, métaux lourds, lignine...) de l’aliment, et donc de renseigner sur sa richesse ou sa faiblesse pour tel ou tel élément nutritif. Elle permet donc au nutritionniste de sélectionner la combinaison d’aliments qui répond au mieux aux besoins de l’animal.

1.1. Matière sèche :

Le tableau (11) illustre les teneurs en matière sèche exprimées en pourcentage de la matière fraîche chez les trois espèces fourragères.

Expérimentation I : valeur nutritive des aliments Résultats et discussions

Vicia monantha et Melilotus sulcata présentent des taux de MS par rapport à la matière

fraîche presque proches ayant des valeurs respectives de 19.32 % (pour Vicia monantha ) contre 19.02 % (pour Melilotus sulcata), l’étude statistique n’a montré aucune différence significative entre les deux espèces, cependant Cynodon Dactylon présente le taux de MS le plus élevé (48.39%) .

Les résultats trouvés par Kirilov (2000), pour les teneurs en matières sèche du pois et de la vesce démontrent que ces dernières varient dans des limites étroites entre 12 et 19% à la floraison, ce qui est en concordance avec nos résultats.

Par ailleurs Arab et al. (2009), ont signalé un taux de matière sèche de 12.88 % pour la légumineuse du nord Sulla (Hedysarum coronarium), on peut constater que cette valeur est plus basse que à celle obtenue chez les deux légumineuses dans notre étude.

Les plantes fourragères du Sud-Est de Biskra ont en moyenne 5 % d'humidité en moins par rapport aux fourrages du Nord, ce qui a comme conséquence immédiate un besoin plus élevé en eau, chez les animaux qui les consomment. En outre les taux élevés de matière sèche sont également connus comme facteurs limitant de l'ingestibilité des fourrages.

Ammar et al. (2005), rapportent pour des arbustes tels que : Arbutus unedo,Calicotome

villosa, Erica arborea, Myrtus communis, Phillyrea angustifolia,Pistacia lentiscus et Quercus suber du Nord-ouest de la Tunisie, région géographiquement proche de notre

zone d’étude, des taux de MS variant de 26 à 53%. Le taux trouvé chez Cynodon dactylon s’insère dans cet intervalle.

1.2. Matière organique, matière minérale :

En ce qui concerne la matière organique, les deux légumineuses sont significativement (P<0.05) plus riches en matière organique que la graminée Cynodon dactylon. Vicia

monantha présente la teneur la plus élevée (89.67 % MS) , et Melilotus sulcata présente

une valeur de (86.28 % MS), comparativement à Cynodon dactylon qui a une teneur de (83.1% MS) ; alors que c'est l'inverse pour la matière minérale qui a des valeurs plus faibles, les taux les plus bas sont notés chez l’espèce Vicia monantha (10.33% MS) contre (13.72% MS), pour Melilotus sulcata, et (17.34% MS) chez Cynodon dactylon ayant le taux le plus important.

En comparant nos résultats avec ceux de González et Andres (2003), on constate que le taux de matière organique rapporté pour Vicia monantha est supérieur à celui trouvé dans notre étude pour la même espèce (96.3 vs. 89.67 % MS)

Expérimentation I : valeur nutritive des aliments Résultats et discussions

Par ailleurs Arab et al. (2009), ont rapporté un taux de MM pour la légumineuse Sulla de (12.04% MS) qui est significativement plus élevée que Vicia monantha, toutefois il est plus bas par rapport à celui enregistré pour Melilotus sulcata. D’un autre coté, la graminée du Sud, Cynodon dactylon, présente une teneur élevée en matière minérale (17.34% MS), ceci pourrait être expliqué par le fait que cette graminée pousse au ras du sol des oueds et finit par se charger en matières minérales du sol qui sont plus ou moins importantes en fonction du rythme des pluies et des inondations des oueds de la région d’étude.

Nous constatons aussi que les taux de matières organiques obtenus pour nos plantes sont plus bas que ceux des plantes tropicales qui ont des valeurs plus importantes allant de 91.5 à 95.5 % (Nogueira Filho et al, 2000) ; De même d’autres légumineuses (Acacia cornigera,

Albizia lebbekoides et Leucaena leucocephala) ont des taux de MO comparables à ceux

déterminés chez l’orge verte, l’avoine en épiaison, le blé en montaison, le foin mixte et le foin de dicotylédones. En revanche, l’espèce Hedysarum coronarium qui est une légumineuse du Nord de l’Algérie présente un taux de MO plus faible que les légumineuses citées précédemment (Mota et al, 2005).

Compte tenu des résultats rapportés par Nogueira Filho et al,. (2000), Cynodon dactylon de notre région aride, présente un taux moyen en MO (83.01 % MS) inférieur à celui de la région tropicale prélevé pendant la saison sèche.

Selon Arab (2006), les fourrages du Sud ont des taux en MO plus faibles que ceux des fourrages du Nord, 84.28% contre 90.41%. Ce résultat traduit donc des teneurs en matières minérales plus élevées pour les fourrages du Sud que pour les fourrages du Nord (15.72% contre 9.59%, P0.001).

1.3. Matières azotées totales :

Relativement aux taux de protéines, Vicia monantha présente un taux de MAT significativement (p<0,05) plus élevé (19.77%) par rapport à Melilotus sulcata (08.48 %), ainsi que celui obtenu chez Cynodon dactylon (9.99%).

Nous constatons que ces valeurs en MAT sont plus basses que celles obtenues par Noblet et Bourdon (1997), pour le pois (26.4% MS) ; et les valeurs trouvées par Lemnaouar, (2001) ; et Arab (2006), pour la légumineuse Sulla (Hedysarum coronarium) (21.03%MS), ainsi que celle obtenue pars González et Andres (2003), pour la légumineuses Vicia monantha (25.8% MS).

Expérimentation I : valeur nutritive des aliments Résultats et discussions

brome (Bromus catharticus) (épi à 10 cm du sol) présentent un taux de MAT de (22 et 18.6 % MS respectivement) (Jarrige, 1988), et d’un autre coté d’après Amrani (2006) ces taux sont proches du résultat obtenu pour le chardon marie (20.01% MS), cependant ces valeurs restent toujours supérieures à nos résultats.

A la phase floraison, le chardon marie (18.20%MS) a une teneur supérieure que celle de la luzerne (16.8% MS) , et plus importante que le brome (7.6% MS) (Jarrige, 1988), et elle est significativement plus élevée que la valeur enregistrée pendant la même phase pour

Melilotus sulcata (08.48 % MS).

A la phase finale le chardon marie a une teneur en matières azotées totales de 7.2% MS qui est intéressante comparée à celle d'une paille (3.5% MS) (Jarrige, 1988), donc la teneur en matières azotées totales diminue avec l'âge de la plante.

Le taux de MAT varie donc en fonction de l'espèce végétale et des régions à travers le monde. Dans les régions tropicales au Brésil la graminée Cynodon dactylon a révélé une valeur de MAT très inférieure (1% MS) selon Nogueira Filho et al., (2000) par rapport à la même espèce végétale analysée dans notre étude dans la région aride du Sud-Est Algérien (9.99 % MS ) .

Par ailleurs en comparaison avec les fourrages verts graminées tels que Chloris gayana et

Setaria sphacelata analysés par Rakotozandriny (1993), et dont la teneur en MAT se

trouve entre 47.4 et 69.2 g/kg MS ; Cynodon dactylon présente des taux de MAT très faibles (Tableau N°11).