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2.1.1 Situation nutritionnelle

La malnutrition constitue un problème de santé publique en Guinée. Elle est la résultante d’une alimentation inadéquate due à des pratiques alimentaires inappropriées et à la prévalence de maladies infectieuses et parasitaires qui se développent dans des conditions d’hygiène environnementale, individuelle et collective déficientes.

- Retard de croissance23

Selon l'âge, on observe des variations importantes de la prévalence de la malnutrition chronique (modérée ou sévère). Elle augmente très rapidement avec l’âge : d’un minimum de 10 % à moins de 6 mois, la proportion d’enfants accusant un retard de croissance passe à 16 % dans le groupe d’âges 6-8 mois. Cette augmentation est certainement la conséquence d’une introduction inadéquate des aliments de complément. La proportion d’enfants souffrant de malnutrition chronique atteint son maximum à 36-47 mois (40 %) et ne diminue que très légèrement au-delà de cet âge, son niveau demeurant toujours élevé à 48-59 mois (37 %).

Les variations selon le sexe de l’enfant montrent que la prévalence de la malnutrition chronique est légèrement plus élevée chez les garçons que chez les filles (33 % contre 30 %). En outre, les enfants nés avec un intervalle inter génésique inférieur à 24 mois souffrent plus fréquemment que les autres de malnutrition chronique (42 % contre 26 % quand la durée est de 48 mois ou plus). On observe les mêmes variations pour la forme sévère de la malnutrition chronique (22 % quand l’intervalle est inférieur à 24 mois contre 9 % quand il est de 48 mois ou plus). L’état nutritionnel de l’enfant varie en fonction de celui de la mère. En effet, 40 % des enfants dont la mère est maigre accusent un retard de croissance contre 31 % quand l’état nutritionnel de la mère est normal.

La proportion d’enfants souffrant de malnutrition chronique varie de manière sensible avec le niveau d’instruction de la mère. En effet, c’est chez les enfants dont la mère n’a aucun niveau d’instruction que la prévalence est la plus élevée (34 %) et chez ceux dont elle a un niveau secondaire ou plus qu’elle est la plus faible (17 %). En outre, la prévalence de la malnutrition chronique sévère est deux fois et demie plus élevée chez les enfants dont la mère n’a aucune instruction par rapport à ceux dont la mère a un niveau au moins secondaire (15 % contre 6 %). Le niveau socio-économique du ménage dans lequel vit l’enfant influence la prévalence de la malnutrition chronique, celle-ci passant d’un maximum de 41 % dans les ménages classés dans le second quintile à un minimum de 15 % dans ceux classés dans le quintile le plus riche. Dans les ménages du second quintile, 20 % des enfants sont touchés par la forme sévère de la malnutrition chronique, soit environ quatre fois plus que dans les ménages classés dans le quintile le plus riche (5 %).

La proportion d’enfants accusant un retard de croissance est deux fois plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain (36 % contre 18 %). Sous la forme sévère, 16 % des enfants en milieu rural

23 EDS-MICS, 2012

sont concernés contre 7 % en milieu urbain. Il apparait un écart important entre Conakry et les autres régions. En effet, 15 % des enfants de Conakry sont affectés par la malnutrition chronique contre 41 % à Mamou et 38 % à N’Zérékoré qui détiennent les niveaux les plus élevés. À Boké, la prévalence est un peu plus faible (28 %). Sous sa forme sévère, la malnutrition chronique affecte plus d’un enfant sur cinq à Mamou (21 %) contre 6 % à Conakry.

- Émaciation24

En Guinée, 10 % des enfants de moins de 5 ans sont atteints de malnutrition aiguë : 4 % le sont sous la forme sévère et 6 % sous la forme modérée. La prévalence de la maigreur est quatre fois plus élevée que celle admise par l’OMS (0,1 %). Il s’agit d’une situation préoccupante compte tenu de l’augmentation des risques de morbidité et de mortalité liés à cet état.

À l’exception de l’âge de l’enfant, de sa grosseur à la naissance et de l’état nutritionnel de la mère, on ne constate pas de variations importantes de la malnutrition aiguë. En effet, de 12 % parmi les moins de six mois, la prévalence augmente pour atteindre un enfant sur cinq (20 %) dans le groupe d’âges 12-17 mois. À partir de 24 mois, elle commence à diminuer pour ne plus concerner que 5 % des enfants à partir de 36 mois. La prévalence de l’émaciation est nettement plus élevée parmi les enfants très petits à la naissance (24 %) par rapport à ceux qui étaient petits (15 %) ou moyens ou plus gros (9 %). En ce qui concerne la malnutrition aiguë, sous la forme sévère, on note que les variations sont tout aussi importantes ; 13 % des enfants petits étant sévèrement émaciés contre 3 % de ceux qui étaient moyens ou plus gros que la moyenne. Il faut aussi souligner l’influence de l’état nutritionnel de la mère sur le niveau de la prévalence de la malnutrition aiguë des enfants, celle-ci est de 14 % quand la mère est maigre et de 8 % quand elle est en surpoids ou obèse.

La malnutrition aiguë est un peu plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain (11 % contre 7 %).

Par rapport aux régions, on note un écart important entre Kankan et les autres régions. En effet, dans cette région, près d’un enfant sur cinq (18 %) est atteint de malnutrition aiguë avec 8% de forme sévère. Les prévalences les plus faibles de malnutrition aiguë (7 %) s’observent dans les régions de Kindia et de N’Zérékoré.

Le niveau d’instruction de la mère semble influencer la prévalence de la malnutrition aiguë : 10 % des enfants dont la mère est sans instruction contre 9 % pour ceux dont la mère a un niveau d’instruction primaire et 7 % pour ceux dont la mère a un niveau d’instruction secondaire ou plus.

Les résultats selon le niveau socio-économique du ménage font apparaître une prévalence plus élevée dans les ménages classés dans le quintile le plus pauvre que dans les autres (13 % contre 9 % dans le quintile moyen et 6 % dans le quintile le plus riche).

- Surpoids25

En Guinée, 4 % des enfants de moins de 5 ans sont trop gros pour leur taille et sont donc atteints de surpoids ou d’obésité.

La prévalence du surpoids est plus élevée chez les enfants qui résident dans les régions administratives de Boké (6 %) et Kindia (4 %), chez ceux dont la mère présente aussi un surpoids

24 EDS-MICS, 2012

25 Idem

(4 %). De même, c’est parmi les enfants dont la mère a un niveau d’instruction secondaire ou plus (7 %) et chez ceux dont le ménage est classé dans le quintile le plus élevé (5 %) que cette proportion est la plus élevée.

- Insuffisance pondérale26

En Guinée, 18 % des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent d'insuffisance pondérale : 13 % sous la formé modérée et 5 % sous la forme sévère. La situation reste préoccupante, puisque ces proportions sont nettement supérieures à 2,3 % et 0,1 % respectivement. La prévalence de l’insuffisance pondérale augmente avec l’âge à partir de 6 mois et c’est à 18-23 mois qu’elle atteint son niveau le plus élevé (22 %). Elle ne diminue que très légèrement au-delà, la prévalence de l’insuffisance pondérale demeurant toujours très élevée à 48-59 mois (20 %).

En milieu rural, plus d’un enfant sur cinq (21 %) présente une insuffisance pondérale contre 9 % en milieu urbain. Dans les régions, la prévalence varie d’un minimum de 8 % à Conakry à 23 % à Labé et à 25 % à Kankan qui détient la prévalence la plus élevée.

- Allaitement maternel et alimentation de complément

A 98 %, les enfants derniers-nés au cours des deux dernières années ont été allaités. Ce pourcentage est élevé quelle que soit la catégorie sociodémographique de l’enfant. Une proportion élevée d’enfants ont été allaités rapidement après la naissance. En effet, 73 % des enfants ont été allaités dans les 24 heures qui ont suivi leur naissance et 17 % dans l’heure après la naissance. Cependant, 59 % ont reçu des aliments avant l’allaitement. Dans certains sous-groupes de femmes, cette proportion atteint 75 %. Cette pratique est aussi plus fréquente en milieu urbain qu’en milieu rural (63 % contre 50 %). Dans les régions de Labé et de Kankan, plus de sept enfants sur dix (respectivement 73 % et 75 %) ont reçu des aliments avant le lait maternel alors que cette proportion n’est que de 42 % à Faranah.

- Allaitement exclusif et introduction de l'alimentation de complément27

En ce qui concerne l’allaitement exclusif, seulement 21 % des enfants de moins de six mois sont exclusivement allaités, comme le recommandent les directives internationales. Même parmi les enfants de 0-1 mois, moins de la moitié sont exclusivement allaités (47 %) et cette proportion diminue rapidement et à 2-3 mois, seulement 13 % des enfants reçoivent exclusivement le lait maternel. Entre 2-3mois, 64 % des enfants sont allaités mais reçoivent déjà de l’eau, 8 % sont allaités et reçoivent des liquides non lactés et 8 % reçoivent déjà des aliments de complément en plus du lait maternel.

Seulement 44 % des enfants âgés de 6 à 9 mois ont reçu des aliments de complément en plus du lait maternel.

La proportion d’enfants nourris avec un biberon est de 6 % pour l’ensemble des enfants âgés de moins de 6 mois et 8 % pour ceux âgés de 6-9 mois.

- Prévalence de l’anémie

26 EDS-MICS, 2012

27 Idem

Plus de sept enfants sur dix (77 %) sont atteints d’anémie : 24 % sous une forme légère, 45 % sous une forme modérée et 8 % sous une forme sévère. Selon l’âge, jusqu’à 24 mois, au moins huit enfants sur dix sont affectés par l’anémie. Au-delà, la prévalence baisse pour atteindre son niveau le plus faible à 48-59 mois (67 %).

Selon le milieu de résidence, l’anémie touche davantage les enfants du milieu rural que ceux du milieu urbain (79 % contre 69 %).Dans les régions de Faranah (85 %), Kankan (83 %) et N’Zérékoré (83 %), plus de huit enfants sur dix sont anémiques. Bien que plus de la moitié des enfants soient affectés par l’anémie (57 %), c’est dans la région de Labé que la prévalence est la plus faible. Le niveau d’instruction de la mère influence sur la prévalence de l’anémie des enfants, la proportion d’enfants anémiques variant de 79 % quand la mère n’a aucun niveau d’instruction à 64 % quand elle a un niveau secondaire ou plus. Le niveau socioéconomique du ménage influence aussi la prévalence de l’anémie. Elle est de 83 % dans les ménages du quintile le plus pauvre et de 67 % dans les ménages du quintile le plus riche.

Globalement, 49 % des femmes en âge de reproduction sont anémiques : 36 % sous forme légère, 13 % sous forme modérée et moins de 1 % sous la forme sévère. 65 % des femmes enceintes sont anémiques et 52 % le sont quand elles allaitent.

- Suppléments en Vitamine A28

En Guinée, 41 % des enfants de moins de cinq ans ont reçu des suppléments de vitamine A, niveau nettement inférieur à celui observé en 2005 (68 %). Cette proportion varie selon les caractéristiques sociodémographiques. Les enfants de 9-11 mois qui sont proportionnellement les plus nombreux à en avoir reçu (48 %) et ceux de 6-8 mois et de 48-59 mois qui sont les moins nombreux (respectivement 35 % et 38 %).

Environ la moitié des enfants du milieu urbain ont reçu ces compléments nutritionnels contre seulement 37 % en milieu rural. De même, dans les régions, cette proportion varie de 19 % à Mamou, 55 % à Labé, 56 % à Conakry et 57 % à Faranah.

La proportion d’enfants ayant reçu des suppléments de vitamine A augmentant avec le niveau d’instruction, de 38 % quand la mère n’a aucun niveau d’instruction à 52 % quand elle a un niveau secondaire ou plus.

Seulement 33 % des enfants dont le ménage est classé dans le quintile le plus pauvre ont reçu des suppléments de vitamine A contre 58 % de ceux dont le ménage est classé dans le quintile le plus riche.

- Consommation du sel iodé dans les ménages29

Selon EDS4-MICS, 2012, 66 % des enfants de 6-59 mois vivent dans un ménage disposant de sel iodé. Cette proportion est de 61 % en milieu urbain contre 68 % en milieu rural. C’est à N’Zérékoré (87 %), Kankan (86 %), Labé (74 %) et Faranah (67 %) que les proportions d’enfants vivant dans un ménage disposant de sel iodé sont les plus élevées.

28 EDS-MICS, 2012

29 Idem

- Déparasitage30

A travers les campagnes de distribution semestrielles, 29 % des enfants de 12-59 mois ont reçu des vermifuges au cours des six derniers mois.

- Etat nutritionnel des femmes de 15-49 ans31

En Guinée, 69 % des femmes ont un IMC normal. Par contre 12 % des femmes ont un IMC inférieur à 18,5, révélant un état de déficience chronique. A l’opposé 19 % des femmes ont un IMC supérieur ou égal à 25, ce qui traduit un surpoids et 5 % sont obèses (IMC de 30 ou plus).

- Etat nutritionnel des personnes infectées et affectées par le VIH.

Depuis 2004, le CNLS (Comité National de Lutte contre le Sida) formule dans tous ses documents de programme pays un volet de prise en charge nutritionnelle et alimentaire des PVVIH (personnes vivant avec le VIH) qui comprend :

i. l’évaluation nutritionnelle, éducation et counseling;

ii. la prise en charge nutritionnelle par des suppléments alimentaires nutritifs;

iii. l’appui alimentaire aux ménages des personnes infectées et affectées par le VIH.

Sur le plan de la prise en charge nutritionnelle et alimentaire des PVVIH, le CNLS estime qu’environ 18% de clients éligibles à l’assistance nutritionnelle et alimentaire sont pris en charge par 13 ONG et structures nationales qui bénéficient de l’appui du Fond Mondial à travers le PAM 2.1.2 Situation alimentaire32

L’alimentation de la population guinéenne est assurée par 3 sources : la production nationale, les importations et l’aide alimentaire. Les principales cultures vivrières sont le riz (42%), l’arachide (15%), le fonio (12%), le maïs (10%), le manioc (9%) et le gombo, l’aubergine et l’oignon (5%).

L’élevage est pratiqué par 53% des ménages, il est constitué de cheptels de petite taille. On compte ainsi en moyenne 6,2 bovins, 3,6 caprins, 3,2 ovins et 17,2 volailles par ménage. Mais ceci cache de grandes disparités au niveau des régions et des groupes de moyens de subsistance. En effet, ce sont les ménages de Boké et de Kankan qui possèdent en moyenne les plus grands effectifs de bétail. La consommation de bétail issu de l’élevage domestique du ménage est quasi nulle au cours des 3 derniers mois ayant précédé l’enquête. En dépit du potentiel dans les domaines de l’agriculture, l’élevage et de la pêche, la Guinée dépend de l’importation des denrées alimentaires (riz, blé, huiles alimentaires et produits animaux).

Un ménage sur trois est en insécurité alimentaire soit trois millions et demi de personnes dont quatre cent mille dans une insécurité alimentaire sévère. Les préfectures de Kindia, Beyla, Koundara et Faranah sont les poches d’insécurité alimentaire sévère qui évoluent dans un contexte de forte vulnérabilité et de stress alimentaire. L’analyse approfondie confirme que l’insécurité alimentaire n’est pas seulement un problème de disponibilité des denrées en Guinée.

L’insécurité alimentaire est due aussi à l’inaccessibilité financière, à l’enclavement des zones de

30 EDS-MICS, 2012

31 Idem

32 Enquête nationale de sécurité alimentaire et de vulnérabilité, 2012

production, aux us et coutumes alimentaires33, à la mauvaise gestion des revenus et des stocks alimentaires, à la conservation et la transformation inappropriées, et à une consommation inégale au sein des ménages. La crise mondiale a réduit les recettes minières de l’État et les transferts financiers des guinéens de l’étranger d’une part et l’inflation et la dépréciation de la monnaie ont érodé le pouvoir d’achat des ménages d’autre part.

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