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Chiffre avancé par Françoise MAYEUR in L’Éducation des filles en France au XIX

e

siècle, op. cit., p. 103.

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Femme de lettres prolixe, Amable Tastu (1795-1885) se fait d’abord connaître par sa

poésie, puis par des ouvrages pédagogiques et des traductions. Elle participe également

régulièrement au Mercure de France et à La Muse Française.

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Amable TASTU, Éducation maternelle, simples leçons d’une mère à ses enfants, par Mme

Amable Tastu, Paris, Didier, 1843.

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On peut notamment citer la très en vogue méthode de l’abbé Gaultier, très proche de la

méthode anglaise Lancaster. L’apprentissage se fait autour de jeux instructifs, des questions

sont posées aux élèves qui gagnent et perdent des jetons en fonction de leurs bonnes ou

mauvaises réponses.

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Ainsi qu’indiqué ironiquement par le Vicomte de Launay dans sa chronique du 8 février

1837 : « Il [Lévi] apprend aux petites filles à parler des heures entières, sans se reposer,

sur le lever du soleil, sur l’amour filial, sur la mort d’un grand homme quelconque. Si elles

n’ont point d’esprit, elles acquerront au moins de l’aplomb, c’est toujours cela » in Delphine

DE GIRARDIN, Lettres parisiennes du vicomte de Launay, op. cit., p. 86.

l’enseignement mutuel de Jacotot : une leçon par semaine revue par l’élève avec sa mère

ou répétitrice pour aller dans le sens du cours. Cette finalité de complément éducatif se

lit également dans les journaux féminins de notre corpus. La simple lecture des titres

complets des périodiques permet de se faire une idée de cette volonté de prolonger

au-delà du niveau des études primaires le degré d’instruction des lectrices. Le Conseiller des

Dames est sous-titré Journal d’instruction, de littérature, de modes, d’économie

domestique et de travaux à l’aiguille ; le Journal des Femmes est présenté comme un

« recueil consacré à la littérature, aux sciences, arts modes, musique, dessin et peinture »

dans son « Prospectus

300

».

Autre cadre possible d’éducation pour les jeunes filles, le couvent ou le

pensionnat. Le couvent, quoique gage d’une éducation rigoureuse est craint par les

familles du XIX

e

siècle, on y a peur d’une dévotion exagérée et de la naissance d’une

vocation religieuse chez les jeunes filles. On y critique de surcroît l’imprégnation de la

superstition plutôt qu’une piété sincère. On reproche encore au couvent un type

d’éducation inadapté à la vie qui attend ensuite les couventines, il ne s’y apprend rien qui

se rapproche de la vie courante. Le couvent serait aux filles ce que le collège jésuite était

aux garçons. Si les jeunes filles s’y rendent, c’est pour un séjour assez court, de leur

première communion à leur entrée dans le monde, c’est à dire entre douze et quinze ans.

Françoise Mayeur signale le peu de sources concernant la vie quotidienne des

couventines, le décor est révélé par l’étude des prospectus faisant la publicité des

couvents, on y vante la modération de la religiosité, la salubrité des pièces et le parc qui

garantissent la bonne santé des pensionnaires

301

. Les pensionnats laïcs répondent en partie

aux inquiétudes concernant le couvent. Pour autant, comme le précise Michela de Giorgio

dans le chapitre consacré à « La bonne catholique » dans L’Histoire des femmes en

Occident

302

, « le point de vue de la société laïque sur l’éducation des femmes ne diffère

pas de celui de l’Église

303

». Ainsi, le modèle éducatif laïc relayé dans les pensionnats est

ambigu en ce qu’il véhicule toujours l’idéal de la femme au foyer, la peur d’une

instruction détournant les femmes de leurs missions de mère et d’épouse. Les

enseignements donnés à l’école primaire sont les mêmes pour les petites filles et les petits

300

Fanny RICHOMME, « Prospectus », art. cit.

301

Françoise MAYEUR, L’Éducation des filles en France au XIX

e

siècle, op. cit., p. 48-83.

302

Michelle PERROT, Geneviève FRAISSE et Georges DUBY, Histoire des femmes en

Occident. 4, Le XIX

e

siècle, op. cit., p. 203-239.

garçons (si ce ne sont les travaux d’aiguille, pratique jamais interrogée ou remise en

question au XIX

e

siècle). En revanche, l’enseignement secondaire diffère en durée et en

contenus : on n’y enseigne pas aux filles ni le latin, ni la philosophie ni les sciences. Les

pensionnats laïcs offrent alors principalement un enseignement en histoire et en littérature

au détriment de l’arithmétique et des sciences. Ce sont aussi les arts d’agréments comme

le piano, la danse, le dessin, la peinture et les travaux d’aiguille. Au-delà de l’aspect

convenable de ces savoirs d’agrément (plaire au mari, distraire ses hôtes), la nouveauté

dans la volonté que les jeunes filles apprennent le piano et autres est la perspective

économique. Ces compétences peuvent fournir une ressource financière : si le besoin était

la jeune femme pourrait devenir maîtresse de piano ou d’arts d’agréments. Les

pensionnats de la monarchie de Juillet offrent à leurs pensionnaires un cadre propice à

l’étude. Il se situe dans un quartier aéré, comporte un jardin (on retrouve la précaution

prise dans les prospectus des couvents concernant la salubrité des lieux), des classes de

piano, une grande salle pour le dessin, des salles d’étude et de récréation, un dortoir et un

réfectoire, un salon de réception très soigné. L’organisation de la journée laisse également

beaucoup de temps pour l’enseignement. Le lever a lieu vers 6h du matin. Une heure est

consacrée à la toilette, s’ensuit la prière et une heure d’étude, de leçon ou d’ouvrage à

l’aiguille. Le petit déjeuner se prend entre 8h et 9h, le déjeuner à midi, un goûter est pris

dans l’après-midi, le dîner entre 18h et 19h. Les jeunes filles se couchent avant 21h

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.

Cette structure quotidienne permet d’envisager entre six à huit heures d’études scolaires

par jour, dont le programme est totalement laissé entre les mains de la maîtresse de

pension. Elle se charge de la partie domestique et des usages du monde (le salon de

réception est alors son domaine), des intervenants extérieurs viennent professer des leçons

que les jeunes filles retravaillent avec des sous-maîtresses. Les pensionnaires sortent très

peu et sont quasiment isolées du monde extérieur : les parents peuvent venir deux fois par

semaine, les jeunes filles peuvent sortir uniquement avec leurs parents une fois tous les

quinze jours, le courrier et les lectures arrivant de l’extérieur sont épluchées par la

maîtresse de pensionnat.

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Agenda précisé par Françoise MAYEUR in L’Éducation des filles en France au XIX

e

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