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Sur la base de leurs différences géographiques et morphologiques, quatre sous-espèces sont aujourd’hui reconnus (Figure 8) :

Deux sous-espèces africaines

- P.k.krameri (Scopoli, 1769) : de l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Guinée, sud de la

Mauritanie) à l’Ouganda et le sud du Soudan

- P.k.parvirostris (Souance, 1856) : Sud du Soudan, Erythrée, nord de l’Ethiopie et

26 Deux sous-espèces asiatiques

- P.k.borealis (Neumann, 1915) : Pakistan, nord de l’Inde, Bangladesh, Népal et

Myanmar (au-dessus du 20ème parallèle nord)

- P.k.manillensis (Bechstein, 1800) : Sud de l’Inde et Sri Lanka (sous le 20ème parallèle nord)

Figure 8 : Aire géographique naturelle des quatre sous-espèces de perruches à collier Psittacula krameri

(Cette carte a été réalisée d’après les données de Baptista et al. 1997, Le Gros 2014, BirdLife International 2017a).

L’intérêt de l’être humain pour l’esthétique et la compagnie de la Perruche à collier remonte à l’époque de l’Antiquité. Confinée alors à la partie sud du Sahara, et du Ceylan à la partie est de l’Inde, l’espèce s’est ensuite étendue naturellement, occupant des milieux plus anthropisés et devenant problématique pour les zones agricoles. Durant les conquêtes d’Alexandre Le Grand (356-323 av. J.C.) et de ses successeurs, la Perruche à collier fut importée d’Inde vers l’ouest, considérée comme un bien de luxe dans les grands marchés d’Alexandrie. De nombreux documents attestent de son succès comme oiseau de compagnie dans l’empire Romain et Byzantin, sa présence étant illustrée sur des fresques murales ou racontée par des poètes et des écrivains. Depuis cette époque, plusieurs auteurs observent et relatent des populations férales, comme la population de la région de Gizeh établie depuis 1912 et décrit par Meinertzhagen en 1930 (Meinertzhagen 1930). Dès 1986, Kinzelbach suggère que l’espèce pourrait, dans le futur, étendre son aire géographique assistée par le transport d’espèces exotiques et tirant profit des arbres des parcs urbains pour la nidification

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et l’alimentation, et préconise le contrôle des populations devenant trop importantes (Kinzelbach 1986).

En Europe, les premières observations datent de 1855 au Royaume-Uni, où plusieurs couples nicheurs sont alors installés à Northrepps (comté de Norfolk) et plus tard dans les années 1930, où des groupes en vol sont observés dans la forêt d’Epping et à Lilford (Lever 2005). Ces deux noyaux de reproduction n’ont pas persisté par la suite. Cependant, des individus n’ont cessé d’être observés et les populations de grandir en Europe. De nombreux évènements majeurs d’introduction sont datés des années 1970 et des années 1990. Les causes ne sont pas connues mais plusieurs évènements peuvent y être liés. Entre 1930 et 1966, le Royaume-Uni instaure un ban de l’import d’espèces exotiques dont fait partie la Perruche à collier. Entre 1970 – quand l’importation redevint légale – et 2007 – lorsque l’Union Européenne instaure un ban permanent de l’importation d’oiseaux sauvages (Commission de Régulation No. 318/2007), la CITES relate 25 860 individus importés au Royaume-Uni. Le nombre d’individus importés semble avoir un impact direct sur le nombre d’individus féraux (Fletcher and Askew 2007). Dans les années 1970, aux Etats-Unis, une crise sanitaire nationale intervient suite à la contamination de volailles d’élevage par des virus responsables de l’influenza aviaire (peste aviaire, maladie de Newcastle) dont l’origine est attribuée à des Psittacidés importés (Utterback and Schwartz 1973), suivie d’une crise similaire au Japon entrainant un taux de mortalité très élevé dans les élevages de volailles. Dans les années 1990, des épizooties touchant de nombreux pays comme l’Italie ou l’Angleterre entrainent une surmédiatisation des dangers liés au contact avec les oiseaux. Le développement de ces maladies et leur médiatisation pourraient expliquer la réticence de certains propriétaires à maintenir en captivité leurs perruches et induire un certain nombre d’évènements ponctuels d’introduction dans plusieurs pays. A la crainte des maladies transmissibles s’ajoute la nature très bruyante de la perruche à collier (Arora et al. 2012) et sa longévité, qui pourraient également expliquer les nombreux cas d’introduction suite à des relâchés volontaires (Engebretson 2006). Certains relâchés exceptionnels en nombre d’individus semblent être à l’origine des grandes populations férales européennes. C’est le cas par exemple de Bruxelles, avec le relâcher en 1974 d’une quarantaine d’individus par un gérant de parc animalier prenant sa retraite (Strubbe and Matthysen 2007). En région parisienne, les deux principaux évènements d’introduction auraient eu lieu lors d’accidents de déchargement de cages destinées aux animaleries sur le site de l’aéroport de Roissy en 1974 puis sur le site de l’aéroport d’Orly dans les années 1990 (Clergeau et al. 2009).

En France, trois principales populations reproductrices ont été identifiées à Marseille (Chapitre 2), à Lille et dans la métropole du Grand Paris. Le nombre total d’individus présents en France a été estimé entre 7000 et 7500 en 2016 (Article 1). Les derniers comptages ayant estimé la population du Grand Paris à 5000 individus (pers. obs., Clergeau et al. 2015), à 950 individus sur la commune de Lille (pers. com. D. Strubbe) et à 1900 individus sur la commune de Marseille (Chapitre 2), le nombre total d’individus sur la France est désormais

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plus élevé. Six noyaux de reproduction plus restreints ont également été observés (Fréjus, Montpellier, Nancy, Strasbourg, Cannes, Toulouse) ainsi que quelques individus dans le reste de la France (Figure 9). En l’absence de comptages dans de nombreuses villes, l’effectif français pourrait être proche des 10 000 individus en 2017.

Figure 9 : Distribution de la Perruche à collier Psittacula krameri en France métropolitaine (Cette carte a

été réalisée d’après les données de eBird 2017 ainsi que les données récoltées par le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et par l’auteure dans le cadre de cette thèse).

Ainsi, en 2017, avec des populations reproductrices dans 10 pays Européens (voir

Article 1) et dans 26 pays hors Europe (Figure 10, Table 1.1.), la perruche à collier possède

l’aire de distribution la plus étendue parmi les Psittacidés3.

3 Une carte interactive a été réalisée dans le cadre du COST ParrotNet et est disponible à l’adresse suivante : https://www.kent.ac.uk/parrotnet/map.html

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Figure 10 : Aire géographique d'introduction de la Perruche à collier Psittacula krameri (Cette carte a

été réalisée d’après les données de BirdLife International 2017a, eBird 2017).

Figure 11 : Représentation de la Perruche à collier Psittacula krameri dans l’art (a) La Vierge au

chanoine Van der Paele (Jan van Eyck, 1434-1436), (b) Timbre du Royaume du Bahrein (1991), (c) Peinture murale de rue (Londres).

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Article 1: Rose-ringed parakeet Psittacula krameri populations and

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