être fait avec des affections médullaires telles que les
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lites, la maladie de Landry; enfin, il doit être fait avec cer¬
taines névroses comme l'hystérie, et avec les myopathies primitives.
Il faut écarter d'abord les paralysies d'origine cérébrale :
« On peut accepter comme certain, ditLandouzy, que chez
» un paralytique l'absence de modifications de l'excitabilité
» électrique des muscles ou des nerfs au courant induitetau
» courant continu,, témoigne de l'origine cérébrale des
acci-)> dents. »
De plus, on a, en général, des symptômes nettement loca¬
lisés àun côté du corps, avec ou sans aphasie, avec ou sans troublespsychiques. Dans lescas que nous étudions, nous ne trouvons rien de semblable, nous avons des modifications
dans l'excitabilité électrique, des paralysies généralisées ou
symétriques, pas d'aphasie, pas de troubles psychiques.
Le diagnostic entre les maladies médullaires et périphéri¬
ques est plus difficile. Les maladies médullaires, en effet, ont beaucoup de symptômes communs avec les névrites.
D'après Grasset : « On les distingue cependant en général
)> par la fréquence des phénomènes d'excitation
(contrac-» tures, exagération des réflexes) dans les premières
pério-)> des; l'absence ou le faible degré de la réaction de
dégéné-)) rescence, les contractions fibrillaires, l'atteinte fréquente
)> dessphincters, l'évolution lentement progressive et le plus
» souventirrémédiable. »
Il est même quelquefois presque impossible de différencier
les polynévrites des myélites centrales etau sujet de ce diag¬
nostic, Mme Déjerine-Klumpke, s'exprime ainsi :
(c Dans l'immense majorité des cas, nous ne possédons
)> pas des éléments suffisants de diagnostic. Les troubles
» moteurs et sensitifs sont en effet les mômes; la
progres-)> sion de l'affection se fait de haut en bas; les sphincters
» sont peut-être un peu plus
touchés dans la myélite
cen-» traie aiguë, bien que nousn'en soyons pas
bien
sûre. »Plus loin, elle ajoute :
« Le diagnostic est possible cependant,
dans les
cas oùles
» muscles de la face ou des yeux participent à la paralysie.
» Dans ces conditions, on peut conclure à l'existence d'une
» névritemultiple, car dans la myélite aiguë, la mort
arrive
» avant que lalésion n'atteigne le noyau
du facial.
»Le diagnostic avec la paralysieascendante
aiguë
estégale¬
ment très difficile. Les premières observations que nous
avons citées sont un exemple de cette difficulté : tels les cas de Barlow (observ. IV), de Bergeron (observ. II),
de
Négrié (observ. III).Même marche et môme diversité de symptômes dans la paralysie ascendante aiguë ou
maladie de Landry
quedans
les névrites périphériques. Aussi beaucoup d'auteurs ont-ils
cherché à identifier la maladie de Landry avec les névrites périphériques. Ils le font avec d'autant plus
de raison,
quedanscette maladie, onn'asouvent pastrouvé trace de lésions médullaires, tandis que Déjerine, Pitres et Vaillard ont
observé des cas dans lesquels il existait une névrite
paren-chymateuse, s'étendant jusqu'auxracines antérieures etsans
lésions médullaires. Enfin, d'après Leyden, la nature péri¬
phérique de la maladie de Landry est trèsprobable maisnon démontrée. Cliniquement, il faut reconnaître qu'on ne peut également s'en tenir qu'à des probabilités.
Pourlaparalysie ascendante aiguë de Duchenne, qui pré¬
sente les plus grandes analogies cliniques avec les cas que
nous étudions, beaucoup d'auteurs tendent à la faire dispa¬
raître entant que maladie spéciale et la regardent comme
une névrite périphérique généralisée. Ils se fondent sur l'évolution de la maladie de Duchenne qui, après avoir
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-envahi le plusgrand nombre des muscles de l'économie,
s'arrête, s'améliore, puis rétrocède. On croit aujourd'hui que
lorsque la moelle est atteinte, les lésions ne guérissent jamais, contrairement à ce qui a lieu pour les névrites péri¬
phériques :
(( Aujourd'hui, dit Déjerine [Semaine médicale, avril 1891),
)> il est impossible d'admettre qu'il existe dans ces cas une
)> altération de la substance grise antérieure. Les cellules des
cornesantérieures sont des éléments très différenciés, trop
» différenciés pour pouvoir se régénérer après qu'ils ont été
» détruits. )>
On ne confondra pas les paralysies morbilleuses avec les myopathies primitives. Des myosites surviennent fréquem¬
ment après les maladies aiguës, mais elles frappent de pré¬
férencecertains musclesqu'épargnenten général lesnévrites.
Dans touslescas, il ne se produit d'ailleurspascle paralysies.
De plus, dans les myopathies primitives, on ne trouve pas de troubles dans les réactions électriques, qui ne subissent
que des modifications quantitatives.
Après la chorée, comme l'a montré Ollive (Thèse de Paris 1883) peuventse montrer des phénomènes paralytiques qu'il importe de ne pasconfondre avec ceux qui nous occupent :
<c Le plus souvent, il est possible par une minutieuse
atten-» tion de découvrir de légers mouvements choréiques. Leur
y> existence fera doncécarter immédiatement l'idée cle
para-)> lysie consécutive à une maladie générale. »
Chez les choréiques, la paralysie s'établit lentement et
sans fièvre, de plus elle revêt très souvent la forme hémi¬
plégique.
Enfin pour les névroses, comme l'hystérie, qui peuvent
simuler parfois les symptômes des paralysies
polynévriti-ques, on fera le diagnostic d'après les stigmates, lamarche
et l'évolution de la maladie.
Comme conclusion à ce chapitre, nous voyons : 1° que le diagnostic étiologique et symptomatique des paralysies post-morbilleuses, présente généralementpeu de difficultés ;
2° Par l'observation clinique seule, il est impossible de juger si l'on a affaire à des myélites ou à des névrites péri¬
phériques. La plupart des cas que nous rapportons nous semblent cependant devoir plutôt être considérés comme des myélites.