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C. Comment discuter ?

C.1 Ce qui aide à aborder le sujet en consultation

C.1.a. Le rappel de confidentialité

Pour l’ensemble des jeunes participants, le respect du secret médical est une condition importante à formuler et à respecter afin de pouvoir engager le dialogue :

« que ça reste confidentiel » (J2) ; « que le médecin dise que ça reste là » (J5) ; « déjà aussi mettre en confiance avant par rapport au secret médical » (C8) ; « bien mettre ce lien : je le dirai pas à tes parents » (C10).

C.1.b. Une consultation individuelle

Spontanément, plusieurs jeunes mentionnent qu’ils voudraient être seuls avec le médecin en consultation, non accompagnés d’une figure d’autorité. Un jeune émet l’idée de pouvoir être accompagné d’un ami :

« pour l'intimité ou autre je préfère être tout seul, pour me sentir plus à l'aise » (C7) ; « Sans les parents, le médecin il dit « excusez-moi je vais faire un check avec votre fille, ou avec votre fils, vous pouvez sortir et rester dans la salle d'attente deux minutes » (C10) ; « Soit tout seul de son plein gré, soit avec un pote, accepter aussi qu'un entretien puisse se faire à deux (...) si c'est avec tes parents qui te forcent ou une personne qui entre guillemets a du pouvoir sur toi, je pense pas que c'est un bon délire » (C5).

65/131 C.1.c. L’importance de laisser du temps

Beaucoup de participants soulignent la nécessité que le médecin généraliste leur accorde du temps lors de la consultation, et que la prise en charge s’inscrive dans la durée.

- Un temps de consultation suffisant, pour beaucoup :

« quelqu'un qui prend pas de rendez-vous à une demi-heure d'intervalle (…) et te consacrerait le temps dont tu as besoin» (C6) ; « que je sente pas qu’il est pressé quoi » (J10) ; « je pense que y’a besoin d’un médecin qui prenne le temps, pour parler, et pas qui pense au patient d’après » (J1).

- Une prise en charge dans la durée, pour une bonne part :

« comme un petit suivi, faire un petit check-up tous les six mois par rapport à la consommation » (C7) ; « si on fait des points régulièrement (…) au moins tu te dis que dans deux semaines tu seras content d'aller dire à quelqu'un que tu as réussi et que t'arrives à t'en sortir » (C10) ; « Arriver sur les questions personnelles bien plus tard » (C5).

C.1.d. Un abord du sujet par le médecin

Les jeunes souhaitent majoritairement que le médecin leur pose directement la question de leur consommation de cannabis. Ceci est même considéré par certains jeunes comme une marque d’intérêt de la part du médecin. En effet la plupart des jeunes participants ne se sent pas capable d’aborder le sujet, ou en doute. Seuls trois jeunes déclarent qu’ils aborderaient le sujet eux-mêmes en cas de nécessité d’être pris en charge. Pour quelques-uns, il est nécessaire d’avoir un prétexte pour aborder le sujet : la réalisation d’un sondage, une étude, un certificat, ou aborder en même temps d’autres thèmes comme le tabac ou la prévention des risques sexuels. - Un sujet abordé directement par le médecin, pour quasi-tous :

« Alors que si lui il amenait la question et ben ça me dérangerait pas du tout d’en parler » (J4) ; « je dirais pas c'est intrusif, si c'est un vrai problème il faut poser les questions » (C1) ; « Il faut qu'il aborde la question » (C10) ; « Faudrait que lui il lance, il pose des questions » (J7).

66/131 - Un abord perçu comme une marque d’intérêt, pour quelques-uns :

« je me serais dit, ah, il s’intéresse à un truc plus général que ce pourquoi je viens le voir » (J10) ; « Je me dirais ah tiens il s'intéresse un peu quand même à moi, il voit pas que ce dont pourquoi je vais le voir » (C10).

- Un sujet non abordé par les jeunes, pour la grande majorité :

« moi j’irais pas lui en parler directement » (J2) ; « je suis pas sûre que ça sortirait » (C9) ; « je pense que je lui aurais dit s’il m’avait demandé. Mais de moi-même, non… » (J10).

- Un sujet abordé d’eux-mêmes, pour trois jeunes :

« si on veut se faire soigner on doit en parler, du coup c’est pas tout le temps le médecin qui doit demander» (J3) ; « je le dirais, tout simplement » (J4) ; « heu… que je rentre dans le bureau et que… qu’elle me demande pourquoi je viens, et je lui parlerais un peu de ma consommation » (J5).

- L’utilisation d’un prétexte pour aborder le sujet, dans une moindre mesure :

« je pense qu'il faut pas que ce soit bon tu fumes, j'aimerais que tu reviennes me voir parce que j'aimerais te poser des questions. Personne ne reviendra jamais quoi […] Commencer pour une sorte de sondage » (C5) ; « Je pense que d'aborder juste ce thème-là, ça peut être bizarre, […] Le tabac, le sexe, la prévention des choses comme ça » (C10) ; « faire un certificat en sport » (J2).

C.1.e. Un lieu non médical

Quelques participants évoquent l’importance du lieu, et notamment le souhait d’un lieu non médical, calme, où les espaces sont repensés pour qu’ils soient chaleureux :

« Pas un lieu médicaux » (J7) ; « Après l'environnement où on est peut-être que ça ça peut aider » (C9) ; « un espace bien plus accueillant, (…) Un truc un peu plus confortable, où on se sent en sécurité, (...) rien qu'un fauteuil un peu arrondi avec des coussins en fait on se sent en sécurité, on a plus envie de se lâcher » (C10).

67/131 C.1.f. Une relation privilégiée avec leur médecin

Pour favoriser la discussion, les jeunes participants évoquent souvent la nécessité d’un lien privilégié avec le médecin, basé sur une relation de confiance ou un « bon feeling ». Certains jeunes mettent en avant l’intérêt d’utiliser un langage compréhensible et de redéfinir les mots qui font peur comme « addictologie ». Ainsi, les jeunes soulignent l’importance d’une relation singulière avec le médecin, et signalent se confier plus facilement à leur médecin habituel. - Une relation de confiance avec le médecin, pour de nombreux jeunes :

« Bien mettre en confiance la personne pour qu'il ait plus de facilité à aborder le sujet » (C8) ; « je pense que pour parler de ces choses-là il faut quand même une ambiance, un lien, qu'il y aitde la confiance (…) je pense que ça sera jamais la première fois mais au bout d'un certain temps » (C10).

- Un « bon feeling » avec le médecin, pour deux :

« le fait d'avoir une bonne accroche avec ce médecin-là » (C8) ; « qu'il se passe un bon feeling, ça se ressent » (C1).

- Un langage compréhensible et rassurant, pour certains :

« sans faire des phrases qu’on comprend pas » (J1) ; « certains mots médicaux vis-à-vis de l'addiction et autres, ça peut faire peur à certains, donc leur donner la définition du mot qui peut être choquant, ça c'est important je trouve » (C8) ; « quelqu’un (…) qu'on arrive à comprendre tout de suite » (C2).

- Une relation singulière, avec le médecin habituel, pour plusieurs :

« si c’est mon médecin généraliste, vu que je le vois souvent, ben heu j’aurais pas de complication à lui parler parce que ça fait un moment qu’il me suit. Il me connaît, il sait comment je suis » (J8) ; « je savais que je pouvais avoir une discussion avec lui vis-à-vis de ça » (C8) ; « il doit en savoir un peu sur toi » (C5).

68/131 C.1.g. Histoire personnelle du médecin avec le cannabis

Trois jeunes mettent en avant que l’histoire personnelle du médecin peut aider à aborder le sujet, lorsque le médecin a été lui-même consommateur ou en contact avec un entourage consommateur :

« qui m’a beaucoup amené à avoir plus de facilités à lui parler de drogues. Ça lui est arrivé, donc du coup il sait de quoi il parle » (C8) ; « Que lui-même dise qu'il en a peut-être déjà consommé » (C9) ; « un médecin qui a consommé des drogues dans sa jeunesse » (J9).