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Une organisation

3.4. Résultats médecins

3.4.1. Affronter la charge de travail

Être médecin généraliste semble demander une implication personnelle considérable, pour assumer les nombreuses missions qui relèvent de ce métier.

3.4.1.1. S’organiser avec un temps limité

Se sentir débordé par le nombre de patients est une réalité à laquelle certains médecins doivent faire face.

M2 : « C’est vrai que bon, là, plus ça va, plus il y a de la pression, donc ça, c’est ce qui est un peu difficile […] Parce qu’on a de plus en plus de patients, et qu’on sait plus trop où les mettre. »

47 Et c’est sans compter la multiplication des tâches à gérer pour chacun d’entre eux, ainsi que les imprévus venant régulièrement ponctuer les journées.

M8 : « Ce qui me pèse le plus, c’est qu’en fait il y a un travail infini. »

M8 : « Ce qui fait peur, c’est que des fois justement, il y a des journées, tu as une vague, et que ben voilà, tu as que deux bras, tu as que deux mains (rires), et donc des fois, c’est de… de se sentir un peu noyé sous une vague que tu peux pas prévoir quoi, hein. »

Certains médecins sont inquiets de la lourdeur des responsabilités à assumer, d’autant qu’ils ont conscience du risque inévitable d’erreurs.

M12 : « Ah c’est stressant la responsabilité ! Moi c’est ce qui me stresse le plus ! C’est de me dire "Oh là là est-ce que j’ai fait une bêtise ?" Non mais ça arrive à tout le monde quoi ! »

La problématique du manque de temps et du retard est évoquée par de multiples médecins, et semble avoir une influence majeure sur le bon déroulement de leur journée.

M2 : « [J’aimerais] avoir plus de temps, et surtout pas être… pas avoir la pression de la salle d’attente, devoir faire vite… »

M11 : « Donc à la rigueur, une journée parfaite, c’est une journée où j’ai pas de retard. »

3.4.1.2. Des tâches administratives pesantes

Les médecins interrogés sont unanimes quant à la lourdeur de la charge administrative à gérer dans le milieu médical libéral.

M12 : « (soupir) Le plus lourd, le plus fastidieux, bon ben y a la paperasse, naturellement, hein, tout ce qui est la paperasserie de la sécurité sociale, devoir remplir les assurances. »

48 Des démarches compliquées et multiples, qui en font une tâche énergivore.

M9 : « Et ça, c’est très chronophage. Voilà j’ai un accident de travail, j’attends, j’ai eu trois interlocuteurs au téléphone […] voilà, bah on attend encore les papiers ! Donc… on a pas avancé ! »

Pour certains médecins, une telle charge administrative ne devrait pas relever de leurs fonctions, d’autant qu’elle empiète sur le temps médical.

M2 : « Voilà, tout ce qui n’est pas du temps médical en fait, toute la paperasserie administrative. Devoir appeler la sécu pour avoir l’accord pour tel ou tel truc, tout ça c’est fatigant… et c’est pas mon métier quoi. »

M9 : « C’est pas notre rôle. Mais c’est… c’est usant. Et plus c’est usant, moins on est disponible pour d’autres choses. »

Et s’il existe un frein à l’installation des jeunes médecins, il pourrait être retrouvé à ce niveau-là.

M4 : « Je t’avoue que m’installer : l’administratif, l’URSSAF, les papiers, comptabilité… Ça me faisait vraiment très, très peur. »

3.4.1.3. Adapter sa pratique

Face à un tel labeur, c’est à chacun de s’organiser pour aménager au mieux son temps de travail.

M8 : « Les dossiers médicaux administratifs, je les fais en temps dédié, donc généralement c’est au cours d’une visite où je réévalue d’autres choses, donc en fait, ça fait partie intégrante du taff quoi. »

Car sans intégrer les tâches administratives à sa pratique quotidienne, on pourrait vite se trouver débordé.

M7 : « Il suffit de s’organiser, hein ! […] Alors après, c’est sûr que tu peux pas bosser cinq jours par semaine, douze heures par jour, et faire ta paperasse en plus ! Faut l’intégrer dans ta pratique ! »

49 Quant aux requêtes purement médicales, il apparaît important de savoir hiérarchiser et limiter les demandes lorsque les patients se présentent avec de multiples motifs. M11 : « Quand je vois la liste, je leur demande de me la donner, de me donner toute la liste [de motifs] d’abord, et qu’après… nous on trie ! (rires). »

M10 : « La restriction, c’est qu’au bout de 2, 3 sujets, je leur dis "bah écoutez, on se revoit demain pour en parler calmement." »

Pour de multiples médecins, l’aide d’une secrétaire peut s’avérer inestimable. Elle permet en effet de filtrer les demandes et d’éviter les interruptions itératives des appels téléphoniques qui pourraient s’avérer délétères pour la consultation en cours. M7 : « On est pratiquement jamais dérangés par le téléphone !! C’est un confort absolu ça ! De pas être gêné par le téléphone ! »

M7 : « [Les appels pendant la consultation] bah ça prend du temps ! Donc ça te fout à la bourre ! En plus ça te coupe dans ta conversation avec le patient, s’il t’a lâché un truc, bah si tu rebondis pas sur ce qu’il t’a dit, et que t’es coupé par le téléphone… ça peut faire perdre le fil ! »

Il serait d’ailleurs plus difficile de poser des limites en travaillant seul au cabinet, qu’en étant à l’hôpital.

M7 : « À l’hôpital, t’es un peu protégé, t’façons t’as tes horaires, tes machins, t’as le relai derrière, c’est pas à toi, enfin tu vois ? De prendre la responsabilité de dire NON. […] En libéral t’es tout seul ! Ah bah non, y a pas la relève quoi ! Donc c’est à toi de dire STOP… »

M11 : « "Stop ! Stop, stop, je vous arrête", moi je… Bah y a des médecins qui arrivent à faire hein, qui le disent … qui disent "non, stop, on reprend une consultation", nan mais c’est difficile hein. »

50 3.4.1.4. Préserver sa qualité de vie

Pour fournir un soin de qualité et durable aux patients, il semble essentiel de protéger son bien-être psychologique. Et c’est à ce niveau qu’une bonne organisation peut porter ses fruits.

M10 : « On est obligé de… ben de se préserver parce que pour soigner longtemps, il faut organiser les soins, donc ma façon de travailler est très organisée. »

La qualité de vie apparaît importante. Et c’est d’ailleurs une des plus-values, sur laquelle M10, qui emploie déjà une assistante médicale, s’est exprimé.

M10 : « Alors en termes de qualité de travail, j’ai pas gagné en qualité de travail, j’ai gagné en qualité de vie. »