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3.1 Formes modulaires surconvergentes

3.1.1 Affinoïdes des courbes de Shimura unitaires

Soit K un sous-groupe ouvert compact net de G(A) maximal en ℘ (cf. Ex. 2.1.3), d’après [20, §5], MK (sur Spec F) admet un modèle MK propre et lisse sur Spec O, qui représente le foncteur:

MK :nSchémas sur Spec Oo−→nEnsembleso

défini comme ci-après:

Soit S un schéma sur Spec O avec τ : S → Spec O le morphisme structural, MK(S) est l’ensemble des classes d’isomorphismes d’objets (A, ι, θ, α) qui vérifient

1. A est un schéma abélien de dimension relative 4dF sur S, muni d’une action de OD via ι : OD ,→ EndS(A) (ainsi Lie(A) est un ODZZp-module) vérifiant que: (a) le OS-module projectif Lie(A)−,1 est de rang 1, et O y opère via le

mor-phisme structural τ : O→ OS; (b) pour tout ℘i|p et ℘i 6= ℘ , Lie(A)

i est nul; 35

2. θ est une polarisation de A, d’ordre premier à p, telle que l’involution de Rosati associée envoie ι(γ) sur ι(γ);

3. α est une classe modulo K d’isomorphismes:

α= αp⊕ α

p : Tp(A) ⊕ Tp−,℘−−→ V

b

Zp⊕ (VZp)−,℘ avec αp symplectique et αp linéaire.

Considérons le groupe p-divisible associé à A: A[p]= limef −→nA[pn], qui est donc muni d’une action de ODZZp. On a un isomorphisme naturel de OS-modules Lie(A[p])−→ Lie(A). En utilisant les idempotents e±,k℘i ∈ ODZZp, A[p] se décompose comme

A[p]−−→ Y

℘i|p

A[p]+,1i × A[p]+,2i × A[p]−,1i × A[p]−,2i  (3.1)

avec A[p]±,k℘i= A[$

i ]±,k où A[$i ]= limef−→nA[$in], voir §2.1.1.2 et Lie(A[$

i ]±,k)−→ Lie(A)±,k℘i .

Notons ε : A → MK le schéma abélien universel sur MKavec e : MK → A la section identité,

ωA,− = (εef 1

A/MK)−,1 = e1

A[$]−,1/MK,

qui est donc un OMK-module localement libre de rang 1 par la condition 1 (a), et MK

d´ef

= MKOFq. Soit x = (A, ι, θ, α) un Fp-point de MK, on déduit de la condition 1 (a) que le groupe p-divisible A[$]−,1, appelé un groupe $-divisible comme dans [20], est de dimension 1 sur Spec Fp. Suivant [20, Appendice], posons

Définition 3.1.1. Soit H un groupe $-divisible sur Fp, la ℘-hauteur de H est l’entier ht(H) ∈ Z≥0 tel que rang H[$n] = qn ht℘(H).

On a ht A[$]−,1 = 2, puisque le module de Tate Tp A[$]−,1 est isomorphe à O2. Notons (A[$]−,1)0 la composante neutre de A[$]−,1, on a alors

h0(A)= htef (A[$]−,1)0 ∈ {1, 2}.

Lorsque h0(A) = 1, on dit que A (ou le point x) est ordinaire; lorsque h0(A) = 2, on dit que A (ou le point x) est supersingulier.

D’après Kassaei (cf. [48, §6]), il existe une section H ∈ H0 MK, ωq−1

A,− de sorte que pour tout Fp-point x = (A, ι, θ, α) de MK, la restriction de H à x via

H0 MK, ωq−1

A,− −→ H0

Spec Fp, xωq−1

A,−, est nulle si et seulement si A est supersingulier. On en déduit

Notons MK ss

le sous-schéma fermé de MK défini par H, et MK ord

son complément dans MK, qui est donc un ouvert Zariski-dense de MK. Signalons que MK

ss

est un schéma réduit d’après [48, Prop.6.3].

Proposition 3.1.3 ([48, Prop.7.2]). Supposons q > 3, alors il existe une section eH ∈ H0 MK, ωq−1

A,− telle que l’application canonique H0 MK, ωq−1 A,− −→ H0 MK, ωq−1 A,−  envoie eH sur H.

Remarque 3.1.4. En général, le relevé eH n’est pas unique, mais nous fixerons un choix dans la suite.

Notons MK le complété de MK le long de sa fibre spéciale MK, MrigK l’espace analytique rigide associé au sens de Raynaud (cf. [8, §0.2]) et MKan l’espace analytique rigide associé à MK. Comme MK est propre, on a un isomorphisme canonique MrigK= MKan d’espaces analytiques rigides (cf. [8, (0.3.5)]). Notons

sp : MrigK −→ MK

l’application de spécialisation (cf. [8, (0.2.2.1)]), et MKord = spef −1MKord noter que l’application MK → MK est un homémorphisme, qui est alors un ouvert admissible dans MrigK.

Soit x = (A, ι, θ,α) un point fermé de MK, notons Lx le corps résiduel de x, qui est une extension finie de F, et Rx l’anneau des entiers de Lx. La valuation υ de F s’étend naturellement à Lx. Comme MK est propre, il existe un unique morphisme x: Spec Rx → MK tel que le diagramme suivant soit commutatif

Spec Lx −−−−→ MK   y   y Spec Rx x −−−−→ MK . Choisissons un générateur s de xωq−1

A,−, il existe alors a ∈ Rx tel que xH = as. Posonse Ha(x)= υef (a) ∈ Q≥0

(que l’on note Ha(A) ou Ha(x) parfois) qui ne dépend pas du choix de s et est appelé l’invariant de Hasse de A. Pour toute extension finie L de F, on a alors

MKord(L) =x ∈ Mrig

K(L) | Ha(x) = 0 = x ∈ Man

K(L) | Ha(x) = 0 .

On dispose des affinoïdes MK≤r (cf. [48, §8.2], voir aussi [23, §1]) dans MKan pour tout r ∈ Q ∩ [0, 1[ définis par

MK≤r(L) =x ∈ Man

pour toute extension finie L de F. D’après Kassaei (cf. [48, Prop.8.7]), MK≤radmet un O-modèle canonique M≤rK i.e. un schéma formel sur O de fibre générique (M≤rK)rig isomorphe à MK≤r tel que M≤rK(OL) = x ∈ Mrig

K(OL) | Ha(x) ≤ r pour toute extension finie L de F avec OL son anneau des entiers. En fait, les {MK≤r}r∈Q∩]0,1[ forment une famille de voisinages stricts (cf. [8, (1.2.1)]) de MKord dans MKan.

Remarque 3.1.5. Soit r ∈ Q ∩ [0,q+1q [, d’après [48, Cor.13.2], l’affinoïde MK≤r ne dépend pas du choix de eH.

Soit τ ∈ Σ, notons (MK)τ,OE = Mef K×τ,Spec OSpec OE, (MK)τ,OE = Mef K×τ,Spec O Spec OE qui est le complété de (MK)τ,OE le long de sa fibre spéciale, (MK)rigτ,O

E

d´ef

= MrigK ×τ,Spec F Spec E qui est l’espace analytique rigide associé à (MK)τ,OE et iso-morphe à (MK)anτ,E, l’espace analytique rigide associé à (MK)τ,E. Notons (MK)ordτ,E =ef MKord×τ,Spec FSpec E, (MK)≤rτ,E = Mef K≤r×τ,Spec FSpec E et (MK)≤rτ,O

E

d´ef

= M≤rK ×τ Spec O Spec OE pour tout r ∈ Q ∩ [0, 1[. Pour un faisceau cohérent F sur (MK)τ,E, notons encoreF le faisceau cohérent associé sur (MK)anτ,E.

Définition 3.1.6. Soient τ ∈ Σ, k1,σ ∈ Z≥2, k2,σ ∈ Z pour tout σ ∈ Σp\ {τ } et k+, k∈ Z (resp. k1,τ ∈ Z≥2, k2,τ ∈ Z), l’espace des formes modulaires surconvergentes de niveau K de poids (k+, k; k

p\{τ }, k

p\{τ }) resp. de poids (k

p, k

p) sur (τ, E) est le E-espace vectoriel (cf. la définition 2.3.3)

Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ}),†= limef −→

r→0+

H0(MK)≤rτ,E, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ}) (3.2)



resp. Sτ,E(k1Σp,k2Σp),† = limef −→

r→0+ H0  (MK)≤rτ,E, Sτ,E(k1Σp,k2Σp)  .

Lemme 3.1.7. L’application de restriction

H0  (MK)anτ,E, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ})  −→ H0(MK)≤rτ,E, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ}) 

est injective. Plus généralement, pour tous r1 ≤ r2∈ Q, l’application de restriction H0(MK)≤r2

τ,E, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ})−→ H0(MK)≤r1

τ,E, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ}) est injective.

Proof. La preuve est la même que [8, (0.1.13)], puisque (MK)ord

τ,E est Zariski-dense dans (MK)anτ,E.

Le E-espace vectoriel H0 

(MK)≤rτ,E, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ}) 

est muni d’une norme naturelle de Banach (voir (3.35) et le lemme 3.3.3 ci-dessous), et les morphismes de

transition dans (3.2) sont compacts. Par conséquent, Sτ,E(k+,k;k1Σp\{τ},k2Σp\{τ}),† est un E-espace vectoriel de type compact au sens de Schneider-Teitelbaum ([69, §1]).

Considérons la courbe MK(℘n) (n ∈ Z>0, cf. l’exemple 2.1.4), d’après [20, §7.3], MK(℘n) admet un modèle propre MK(℘n) sur Spec O avec

MK(℘n)(S) = {(A, ι, θ, α, Cn) | (A, ι, θ, α) ∈ MK(S),

et Cn est un sous-(u, ℘)-groupe de A d’échelon n}

pour tout schéma S sur Spec O. En effet, le problème de module MK(℘n) défini ci-dessus est relativement représentable sur MK, donc représentable puisque MK l’est. Le schéma représentant ce foncteur est fini sur MK et donc propre sur Spec O.

Soit ε : A → MK(℘n) le schéma abélien universel avec Cn → MK(℘n) le sous-(u, ℘)-groupe universel de A d’échelon n, notons Hn

d´ef

= (Cn)−,1 avec e : Hn→ MK(℘n) la section identité, on dispose donc d’un faisceau cohérent ωHn = eef 1

Hn/MK(℘n) sur MK(℘n).

Notons MK(℘n) le complété de MK(℘n) le long de sa fibre spéciale, MK(℘n)rig l’espace analytique rigide associé. Comme MK(℘n) est propre, on a MK(℘n)rig→ MK(℘n)an l’espace analytique rigide associé à MK(℘n) par [8, (0.3.5)]. En particulier, MK(℘n)rig est lisse sur F comme MK(℘n) l’est.

Soient L une extension finie de F avec OL son anneau des entiers et G un schéma en groupes fini et plat sur Spec OL avec e : Spec OL → G la section identité, on voit que ωG = eef 1G/ Spec O

L est un OL-module fini. Il existe alors des xi ∈ OL en nombre fini tels que ωG= ⊕

iOL/xi. Suivant Fargues, posons deg(G)=efP

iυ(xi). On a (cf. [41, Lem.4])

Proposition 3.1.8. (1) Soit 0 → G0 → G → G00 → 0 une suite exacte de schémas en groupes finis et plats sur Spec OL, alors on a deg(G) = deg(G0) + deg(G00).

(2) Soit G un schéma en groupes fini et plat sur Spec OL, on a

deg(G) + deg(G) = e ht(G),

où G désigne le dual de Cartier de G, ht(G) est la hauteur de G et e est l’indice de ramification de F sur Qp (ainsi e = dd

0).

Soit maintenant x = (A, ι, θ, α, Cn) un L-point de MK(℘n)anavec x = (A, ι, θ, α, Cn) le OL-point de MK(℘n) associé. La suite exacte

0 → A[$n]−,1→ A[$]−,1 $−−→ A[$n ]−,1→ 0 induit une suite exacte de OL-modules

0 → e1A[$∞]−,1/ Spec OL

$n

d’où on déduit deg A[$n]−,1 = n car eA[$1 ∞]−,1/ Spec OL est un OL-module libre de rang 1. Posons

deg(x)= deg (Cef n)−,1  ∈ Q ∩ [0, n].

Lemme 3.1.9. Pour tous a, b ∈ [0, n] ∩ Q, a ≤ b, il existe un unique ouvert admissible MK(℘n)[a, b] de MK(℘n)an tel que

MK(℘n)[a, b](L) = {x ∈ MK(℘n)an(L) | a ≤ deg(x) ≤ b}

pour toute extension finie L de F

Proof. On construit MK(℘n)[a, b] localement. Soit U−→ Spf R un sous-schéma formel affine ouvert de MK(℘n) assez petit pour que ωA/Cn,−

U et ω

A,−

U soient libres. On dispose d’une suite exacte de OU-modules:

0 → ωA/Cn,− U φ −→ ω A,− U→ ω Cn,− U→ 0

induite par l’isogénie OD-linéaire φ : A → A/Cn. Soient e1 (resp. e2) un généra-teur de ω A,− U (resp. de ω A/Cn,−

U) et s ∈ R tel que φ(e2) = se1. Supposons a = a1

a2, b = b1

b2 avec ai, bi ∈ Z≥1, i = 1, 2, et posons Ua = Spm RhT i/(sef a1 − $a2T ) et Ub = Spm RhT i/($ef b2 − sb1T ). L’ouvert Ua∩ Ub de Urig est alors par définition MK(℘n)[a, b]

Urig.

Soit τ ∈ Σ, par le changement de base de O à OE ou de F à E via τ , on définit MK(℘n)τ,OE, MK(℘n)τ,OE, MK(℘n)rigτ,O

E

−→ MK(℘n)anτ,E, MK(℘n)τ,E[a, b] .

Soit K0 le sous-groupe ouvert compact de K tel que (K0) = K et K0= g ∈

GL2(O) | g ≡∗ 0 0 ∗  (mod $)  , et notons MK(℘; ℘)= Mef K0. On a alors MK(℘; ℘)(S) = (A, ι, θ, α, C1, C10) | (A, ι, θ, α, C1) ∈ MK(℘)(S), et C10 est un sous-(u, ℘)-groupe de A d’échelon 1 différent de C1

pour tout schéma S sur Spec F. De plus, MK(℘; ℘) admet un O-modèle propre MK(℘; ℘) sur Spec O tel que

MK(℘; ℘)(S) = (A, ι, θ, α, C1, C01) | (A, ι, θ, α, C1) ∈ MK(℘)(S), et C01 est un sous-(u, ℘)-groupe de A d’échelon 1 différent de C1

pour tout schéma S sur Spec O. Notons MK(℘; ℘)τ,OE le complété le long de la fibre spéciale de MK(℘; ℘)τ,OE

d´ef

= MK(℘; ℘) ×τ,Spec O℘Spec OE, MK(℘; ℘)rigτ,O

E l’espace analytique rigide associé, et MK(℘; ℘)an l’espace rigide associé à MK(℘; ℘). On a un

isomorphisme d’espaces analytiques rigides sur Spec E: MK(℘; ℘)rigτ,O

E

= MK(℘; ℘)anτ,E 

où MK(℘; ℘)anτ,E = Mef K(℘; ℘)an ×Spec F Spec E 

. On dispose de deux morphismes naturels (finis étales) d’espaces analytiques rigides:

MK(℘; ℘)an −→ Mp1 K(℘)an (A, ι, θ, α, C1, C10) 7→ (A, ι, θ, α, C1), MK(℘; ℘)an p 0 1 −→ MK(℘)an (A, ι, θ, α, C1, C10) 7→ (A, ι, θ, α, C10). Soient a, b ∈ Q ∩ [0, 1[, a ≤ b, notons

MK(℘; ℘)τ,E[a, b] =ef p−11 MK(℘)τ,E[a, b], MK(℘; ℘)τ,E{[a, b]; [c, d]} =ef p−11 MK(℘)τ,E[a, b] ∩ (p0

1)−1 MK(℘)τ,E[c, d], qui sont des ouverts admissibles de MK(℘; ℘)anτ,E.

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