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Comme l’écrit J.-M. Dentzer, initiateur de la Mission archéologique française en Syrie du Sud, en introduction du guide de Bosra paru en 2007 16,

« L’étude de Bosra ne peut être séparée de celle du territoire environnant qui était nécessaire à son développement et auquel la « cité » a imprimé fortement sa marque (…). Ce territoire a été aménagé et exploité pour fournir à l’agglomération urbaine les ressources indispensables en eau et en produits agricoles. C’était aussi l’espace où se rejoignaient des voies de communication progressivement organisées en réseau entre la Syrie et l’Arabie, la côte méditerranéenne et la steppe et dont Bosra devient un centre. » 17.

Le pays environnant Bosra, appelé awr n, vaste d’environ 9 500 km2, est aisément identifiable, car très fortement marqué par son caractère volcanique, par ses paysages sombres et pierreux, par la répartition aléatoire des coulées de lave qui compose une nature et des panoramas contrastés 18. Le awr n couvre aujourd’hui le sud de la Syrie et la frange septentrionale de la Jordanie (fig. 1). Nous devrons distinguer trois zones : à l’ouest et au sud, les plaines du Jayd r et de la Nuqr , au centre, le plateau du Lej , à l’est les montagnes du Jabal al-‘Arab. Les recherches les plus récentes permettent de préciser les limites de la vaste plaine de la Nuqr où s’élève Bosra ; elle s’étend à l’ouest jusqu’au sud du Jawl n, au nord jusqu’au plateau du Lej , à l’est jusqu’au Jabal al-‘Arabet au sud jusqu’au désert transjordanien 19. Elle est séparée de

16 DENTZER-FEYDYet al. 2007a.

17 DENTZER 2007, p. 1.

18 HUGUET 1985 et GENTELLE 1985, p. 19 ; VILLENEUVE 1985, p. 64.

la plaine de ’Irbid et de la région de ‘Ajl n par la vallée du Yarm k, le w d Midd n Zayd et le narh az-Zarq 20.

Pour Dussaud, le terme awr n embrassait dans l’Antiquité un territoire plus vaste, contrasté et constitué de plusieurs régions aux limites encore mal connues, telles que l’Iturée, la Gaulanitide (actuel Jawl n), l’Auranitide ( awr n proprement dit, avec le Jabal al-‘Arab), la Batanée (plaine de la Nuqr ) et la Trachonitide (Lej )21. Pour le géographe Abel, le nom de Hauranu était employé dès 842 avant J.-C. L’un des papyrus de Zénon, daté d’environ 259 av. J.-C., mentionne le awr n en des termes qui laissent penser que cette région comprenait essentiellement le Jabal al-‘Arab et la plaine fertile de la Nuqr 22. L’Ancien Testament, quant à lui, emploie le terme de Bashan pour désigner cette région, mot qui évoque une terre plantureuse. Abel voit en Bashan un territoire vaste, s’étendant depuis le mont Hermon et la plaine de Damas au nord jusqu’à la vallée du Yarm k et au Jabal ez-Zumla au sud, des collines du Jabal al- aysh à l’ouest au Jabal al-‘Arab à l’est, appelée autrefois « monts de Bashan ». Les dernières recherches limitent finalement le Bashan à la Nuqr occidentale, au Jayd r et à une partie du Jawl n 23. Cette région formait la plus grande partie du royaume de ‘Og et, d’après la Bible, elle possédait des forêts de chênes et de gras pâturages où paissaient de nombreux troupeaux 24.

Notre description du awr n s’appuie principalement sur les travaux de F. Huguet 25 et de P. Gentelle 26, sur les descriptions de M. Sartre 27 et de F. Villeneuve 28, sur celle

20 ROHMER à paraître, p. 8.

21 DUSSAUD 1927, p. 323-325.

22 ROHMER à paraître, p. 6, note 6.

23 ROHMER à paraître, p. 625. 24 ABEL 1933, I, p. 274-275. 25 HUGUET 1985, p. 63-137. 26 GENTELLE 1985, p. 19-62. 27 SARTRE 1985, I, p. 37-42. 28 VILLENEUVE 1985, p. 67-71.

de J. Rohmer enfin 29. Le awr n s’est formé des épanchements basaltiques constitués d’un empilement de fines couches de lave qui ont ennoyé les topographies préexistantes. La fracturation de l’écorce a permis la montée du magma basique, et de vastes nappes basaltiques se sont répandues sur la Syrie à partir du Miocène (ère tertiaire). Au cours du Pléistocène, les derniers épisodes ont constitué les plateaux spectaculaires et chaotiques du Lej , du af et du Qr ‘. Le awr n est dépourvu de terrains sédimentaires ; sa morphologie dépend donc des formes construites par le volcanisme (coulées et cônes) et de leur évolution. Les paysages du awr n présentent une diversité due à la fragilité des formes et des matériaux volcaniques, et à leur évolution rapide dans une ambiance climatique sèche, plutôt que désertique. La pierre volcanique donne au awr n une indéniable unité géologique, mais les conditions pédologiques et climatiques sont diverses et autorisent différents types d’agriculture 30. Le vaste plateau qui constitue la plus grande partie de la région a été divisé par les géographes arabes, puis par l’administration ottomane en deux secteurs, la Nuqr et le Jayd r, séparés l’un de l’autre par le w d al-Hurayr 31. Au nord-ouest, le Jayd r profite de précipitations abondantes et de cours d’eau. Au sud, le plateau subhorizontal de la Nuqr , dont l’altitude varie entre 500 et 1000 m, reçoit des cours d’eau au débit plus faible et possède moins de sources. Sur ces territoires, les coulées de lave se sont progressivement transformées en terres argileuses fertiles. Associée à une pluviosité relativement abondante, cette terre brune a atteint une épaisseur suffisante pour faire de la Nuqr un terroir fertile et prospère 32. Elle recouvre les affleurements des roches basaltiques sur lesquelles a été construite, par exemple, Bosra. De façon générale, le awr n est pauvre en accumulations alluviales, principalement à cause des perturbations apportées à l’hydrographie par le volcanisme. Il bénéficie d’un climat un peu plus humide que la région de Damas. L’obstacle constitué par la double chaîne de montagnes du Liban et de l’Anti-Liban

29 Je remercie chaleureusement Jérôme Rohmer de m’avoir transmis son manuscrit déposé pour publication, réalisé à partir de sa thèse soutenue en 2014.

30 ROHMER à paraître, p. 8.

31 ROHMER à paraître, p. 9, note 18.

s’émousse au niveau des dernières pentes du mont Hermon et oriente vers le sud-est, vers le awr n, l’humidité méditerranéenne 33. La région de Bosra reçoit en moyenne 250 mm de pluie par an et, plus au nord-est, le Jabal al-‘Arab, qui fait office de collecteur, en reçoit entre 350 et 500 mm. Mais les précipitations sont très irrégulières ; les rendements agricoles et les possibilités d’occupation des zones steppiques sont sujets à grandes variations 34. Les pluies alimentent des sources (d’un très faible débit) ; elles ont pu aussi, grâce à des systèmes de retenues d’eau sur les w d, être récoltées dans de grands réservoirs creusés, les birak35. La saison froide est marquée, avec de possibles gelées, la saison chaude se tempère au fur et à mesure que l’on approche du Jabal al-‘Arab. À Bosra les nuits sont fraîches.

M. Sartre décrit le paysage actuel de cette région très prospère, où la population des nombreux villages cultivait, jusqu’à ces dernières années, les céréales et le blé, les fèves et les pois chiches, où les vergers fournissaient figues, pêches, abricots, cerises et noix 36. Installés le plus souvent sur un culot basaltique, non cultivable, les villages dominent la plaine. Les roches basaltiques, d’une couleur variant du gris clair au gris foncé, les scories légères et la pouzzolane étaient, jusqu’à la fin du XXe siècle, les seuls matériaux de construction, remplaçant même le bois pour la charpente et l’huisserie. En dehors de quelques vergers, l’arbre est presque absent du paysage. Le Jabal al-‘Arab domine la plaine de 900 m au maximum ; il reçoit des précipitations plus abondantes et bénéficie d’une température estivale douce qui autorise, outre les mêmes cultures que la plaine, des vergers et des vignes. Le Lej , plateau de forme triangulaire situé plus au nord, est couvert de coulées de laves récentes qui n’ont pas encore subi la dégradation des roches observée dans la plaine hauranaise. Son paysage, sauvage, aride et inhospitalier, a pu néanmoins conserver de l’eau et voir l’aménagement de villages, essentiellement sur son pourtour. Plus à l’est, au-delà du Lej , du Jabal al-‘Arab et de la plaine hauranaise, s’étendent les déserts du arra, du

af et le Jabal Says, habités par les nomades.

33 SARTRE 1985, p. 38.

34 DENTZER 2007, p. 2.

35 VILLENEUVE 1985, P. 77.

Sur le plateau de la Nuqr , qui se développe à 850 m d’altitude, se trouve Bosra. La ville n’est pas traversée par un w d, mais trois petits cours d’eau intermittents coulent à proximité, d’est en ouest : au nord, le w d az-Zayd , le plus important, le w d ar-Raq q, et plus au sud, le w d al-Hajar. La source pérenne al-Jah r située au nord, proche du centre, fournissait aux habitants une eau abondante et de bonne qualité. Dans l’Antiquité, la ville était aussi alimentée par un canal puisant une eau saisonnière au nord, dans le w d az-Zayd , et remplissant les deux grands réservoirs creusés à ciel ouvert situés à l’est et au sud-est. Il irriguait tout l’est de la ville. Un aqueduc, enfin, captait l’eau dans le Jabal al-‘Arab, et d’autres citernes creusées, les birak, récupéraient la pluie 37.

La richesse de Bosra s’appuyait sur les terres fertiles environnantes. À ses abords, on cultivait des jardins et des vergers 38. Les carrières de basalte d’où fut tirée la pierre pour la construction de ses bâtiments ont été repérées dans son voisinage immédiat 39.

Nombreux sont les explorateurs et les chercheurs qui, depuis le début du XIXe siècle, ont décrit et analysé la géographie du awr n. Ils ont aussi reconstitué, à partir du matériel disponible, épigraphique, archéologique et littéraire, l’histoire de l’ancienne province d’Arabie et de sa capitale, l’antique Bostra (nous avons choisi, pour ce mémoire, de lui donner son nom moderne : Bosra).

C’est seulement au début du XIXe siècle que l’on commence à explorer le sud de la Syrie. Si les ruines visibles et les nombreuses inscriptions témoignent de la richesse de cette région dans l’Antiquité, c’est la misère de sa population qui a frappé les

37 LEBLANC 2007, p. 310-315 et DUMONT-MARIDAT 2008, p. 71-86.

38 DENTZER-FEYDY et VALLERIN 2007, p. 322-323.

voyageurs avant 1914 40. La prospérité du awr n dont font montre les vestiges de l’Antiquité semble avoir perduré au Moyen-Âge et, longtemps, la route du pèlerinage de Damas à La Mecque passa par Ezra‘, petite ville de la bordure occidentale du Lej , et par Bosra, où la caravane faisait sa troisième étape et séjournait dix jours. Cependant, dès le XVIIe siècle, la dégradation de la vie agricole de la région est bien attestée et l’on sait que l’étape des pèlerins mecquois fut reportée plus à l’ouest, à Muzayr b. Le awr n était alors livré aux pillards et les villages tombaient en ruine. De lourdes contributions en argent et en nature (réserves pour le pèlerinage annuel), exigées par le shaykh du awr n et dues au pacha ottoman de Damas, pesaient sur la population. Une partie des habitants de la plaine quittèrent leurs villages pour se réfugier dans la montagne druze (Jabal al-‘Arab) 41.

Ainsi, c’est dans une région habitée par des musulmans, des chrétiens et des Druzes, région misérable et plus ou moins dangereuse, soumise en outre aux incursions de nomades pillards, que s’aventurèrent les explorateurs du XIXe siècle 42. Comme l’écrit M. Sartre, grâce à plusieurs pionniers, Seetzen en 1805, Burckhardt en 1810 et 1812, Richter en 1815, Buckingham en 1816, Bankes en 1816 et 1818, Berggren en 1821, Madox en 1825, Laborde en 1827 et Robinson en 1830, « les découvertes s’accumulent, les premières cartes s’ébauchent, l’intérêt archéologique et épigraphique de la région apparaît au monde savant » 43. À cette époque, beaucoup d’inscriptions sont découvertes, recopiées puis réunies dans le troisième tome du Corpus Inscriptionum Græcarum paru à Berlin en 1853, tandis que plusieurs monuments sont décrits et relevés. Les archives offrant le dossier le plus fourni pour cette époque ont été découvertes très récemment, en 1992 seulement, et publiées, en partie et pour la première fois, en 1996. Il s’agit des notes et des dessins de l’anglais J. W. Bankes, le cinquième voyageur, qui, en 1816 et 1818, se lance pendant neuf semaines dans l’exploration du awr n. Il en rapporte cent dix-neuf feuilles de notes, de croquis, ainsi que des copies d’inscriptions, dont quatre se rapportent à Bosra.

40 SARTRE 1985, p. 41.

41 SARTRE-FAURIAT 2004, p. 20.

42 Nous résumons ici la synthèse réalisée par Maurice Sartre, v. SARTRE 1982, p. 11-29.

Toutes les pages sur le awr n ont été publiées par A. Sartre-Fauriat en 2004 44. En 1821, Berggren décrit Bosra comme un misérable village d’une centaine de masures habitées par 400 à 500 paysans dont une cinquantaine de chrétiens. Il y reconnaît plusieurs églises anciennes 45. Lorsque Laborde visite ce village en 1827, tous ses habitants sont réfugiés dans le théâtre antique, transformé en citadelle à l’époque médiévale 46, pour se protéger des raids des pillards ‘Anaza.

Après la violente révolte des Druzes contre l’Empire ottoman dans les années 1840, l’autorité ottomane parvient à tisser d’étroites relations avec les shaykhs chrétiens et druzes et à pacifier la région. Dans les années 1850, le awr n s’ouvre au monde et devient une étape sur la route de Damas, de Tibériade ou de Jérusalem. Ainsi Monk en 1849, Porter en 1853, Graham et Rey en 1857 en poursuivent l’exploration. L’avancée majeure de celle-ci est cependant le fait de trois des savants qui leur succèdent : Wetzstein en 1858, Waddington et Vogüé en 1862. Les deux premiers enrichissent le corpus d’inscriptions, le troisième offre une étude de l’architecture de la région et des méthodes de construction employées qui conserve, aujourd’hui encore, toute sa pertinence. Dans les décennies qui suivent, les visiteurs ne font pas défaut et ceux qui complètent le plus utilement le corpus d’inscriptions sont Burton et Drake en 1871, Merill en 1875 et 1877, Schröder et Löytved en 1883, Post en 1886, Ewing en 1892, Oppenheim en 1893, Fossey et Perdrizet en 1894 ou 1895 et, dans ces mêmes années, Schumacher (1897), Séjourné (1904), Savignac et Abel (1895), Germer-Durand enfin. De 1897 à 1898, Brünnow et Domaszewski parcourent l’ancienne province d’Arabie et consacrent les deux derniers mois de leur périple aux monuments de plusieurs sites majeurs du awr n. Les premiers, ils esquissent une histoire de la province romaine d’Arabie 47. En 1899 et 1901, Dussaud et Macler réalisent deux fructueuses missions, en particulier dans la région désertique du af , pour récolter des inscriptions safaïtiques. Des missions américaines de l’Université de Princeton, menées par Prentice, Littmann, Magie, Stuart et Butler, consacrent une

44 SARTRE-FAURIAT 2004.

45 SARTRE 1982b, p. 15.

46 SARTRE 1982b, p. 16.

partie de leurs travaux, entre 1890 et 1909, à la Syrie du sud. Pour l’architecture du awr n, les travaux, les dessins et les photos publiés par Butler, Bankes ou Vogüé, constituent encore aujourd’hui une documentation incontournable 48.

Dans l’entre-deux guerres, pendant son mandat sur la Syrie, la France met en place un service des Antiquités et nomme des responsables sur tous les sites importants, contribuant à la conservation des monuments dans une région en plein essor démographique et économique. À cette époque et dans la région, sont établis des dépôts pour conserver les pièces archéologiques intéressantes. Mouterde, Jalabert et Cagnat, Dunand et Ryckmans publient les inscriptions hauranaises, à partir de leurs propres découvertes ou de copies faites par des voyageurs et officiers français, dont l’aumônier Mascle. Après la seconde guerre mondiale, d’autres encore sont publiées, mais elles se font plus rares (Seyrig, Pflaum, Milik, Montdésert, J.-P. Rey-Coquais) 49.

Le awr n, jusqu’aux dramatiques événements actuels, avait retrouvé une certaine prospérité, voyant la réoccupation de nombreux villages antiques et la construction de nouveaux villages dans la plaine. La vie urbaine s’était développée à Dar‘ et à Swayd ’, et d’autres villes comme Ezra‘, Shahb et Bosra constituaient des chefs-lieux prospères. C’est dans ce contexte qu’en 1974 la Mission archéologique française en Syrie du sud (MAFSS) a entrepris, sous la direction de J.-M. Dentzer, puis de F. Braemer et P.-M. Blanc, et en collaboration avec la Direction générale des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAMS), l’exploration archéologique du awr n, qu’elle a poursuivie sans interruption jusqu’en 2011. Parallèlement à ces travaux archéologiques, M. Sartre et A. Sartre-Fauriat ont entrepris leur prospection épigraphique et le corpus de la région, sans cesse enrichi, a naturellement été intégré

48 BUTLER PPUAESIIA 1913-1914-1915-1919, VOGÜE 1968 et SARTRE-FAURIAT 2004 (Bankes).

au projet des IGLS 50. Depuis le volume XIII sur Bostra paru en 1982, plusieurs volumes ont vu le jour, présentant le corpus du Lej et celui de la Nuqr 51 ; les corpus des autres secteurs de la région sont en cours de préparation. Un volume concerne les inscriptions de la Jordanie du Nord 52, activement explorée aujourd’hui par les épigraphistes.

Plusieurs campagnes de prospections, thématiques ou géographiques, ont considérablement affiné notre connaissance de cette vaste région basaltique. Une grande part de leurs résultats a été publiée par les Presses de l’Ifpo dans les cinq tomes de la série Hauran. La Jordanie du nord a été elle aussi l’objet de travaux qui ont permis de préciser l’histoire de l’ancienne province d’Arabie. Citons par exemple les résultats de plusieurs équipes dans le cadre du Jerash Archaeological Project et par les missions jordaniennes, danoises, allemandes et françaises. Citons encore ceux entrepris à ’Umm al-Jim l par la mission américaine du Umm al-Jim l Project, à Khirbet as-Samr ’ par le CNRS et l’École biblique et archéologique de Jérusalem, à

M dab , au Mont Nébo et à ’Umm ar-Ra par le Studium biblicum franciscanum de

Jérusalem, dans le cadre desquels s’inscrivent, notamment, plusieurs synthèses sur les églises de la région 53. La recherche archéologique a repris ces dernières années de façon très active dans tout le nord de la Jordanie, de la vallée du Jourdain à la steppe orientale, en passant par les villes 54.

Trois ouvrages consacrés à Bosra s’imposent : le XIIIe recueil des Inscriptions grecques et latines de la Syrie 55 et Bostra, des origines à l’Islam 56, tous deux préparés par M. Sartre en 1982 et 1985, le guide Bosra, aux portes de l’Arabie enfin,

50 Corpus des Inscriptions grecques et latines de la Syrie, dont l’entreprise a été annoncée par le Père Jalabert au congrès d’Athènes en 1905.

51 SARTRE-FAURIAT etSARTRE 2014 et SARTRE 2011.

52 BADER 2009.

53 MICHEL 2001 etDUVAL 2003a, p. 211-285etDUVAL 2003b, p. 35-114.

54 Cette activité récente a été mise en valeur par un colloque international qui s’est tenu du 28 au 30 septembre 2015, à ‘Amm n, intitulé Protecting the Past. Archaeology, Conservation and Tourism in the North of Jordan.

55 SARTRE 1982a.

édité par J. Dentzer-Feydy, M. Vallerin, T. Fournet, R. et A. Mukdad en 2007 57. Dans le premier fascicule du tome XIII des IGLS 58 paru en 1982, M. Sartre, s’appuyant sur les découvertes de ses prédécesseurs (celles de Brünnow particulièrement) et sur les siennes, recense et étudie 472 inscriptions. Bostra, des origines à l’Islam exploite ce recueil d’inscriptions, ainsi que toute la documentation disponible à l’époque, textuelle et archéologique, pour retracer l’histoire de la ville. Dans le second fascicule du tome XIII des IGLS 59 paru vingt ans plus tard, en 2011, une centaine d’inscriptions supplémentaires sont publiées qui concernent Bosra ; elles proviennent principalement de la démolition des maisons édifiées sur le site au XIXe et au XXe siècles et des fouilles qui y ont eu lieu depuis les années 1980. D’autres encore ont été découvertes dans les nombreux villages antiques de la plaine de la Nuqr 60. M. Sartre ne reconsidère pas globalement l’histoire de Bosra, mais il présente une bibliographie exhaustive des travaux consacrés ces trente dernières années aux différents quartiers et bâtiments 61.

Lorsque M. Sartre publia le premier volume des IGLS et Bostra, des origines à l’Islam, la ville n’avait été l’objet que de rares dégagements ou fouilles archéologiques 62. Cela faisait seulement une dizaine d’années qu’encouragées par les travaux précurseurs des explorateurs, historiens et épigraphistes du milieu du XIXe siècle et du XXe siècle, plusieurs missions, réunissant des chercheurs syriens et européens, s’étaient engagées dans l’exploration archéologique du awr n et de Bosra. Ainsi, en 1985, l’année même où parut la monographie de M. Sartre sur Bosra, un autre volume tout aussi ambitieux et riche, HauranI, présentait, sous la direction

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