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Adel Abdel-Es Salem comme signifié de l’identité arabo-

V. Le privilège du phénix comme butte témoin

3. La dédicace comme gratitude et preuve du confit psychologique… 141

4.1. Adel Abdel-Es Salem comme signifié de l’identité arabo-

Dans notre corpus, le nom Adel Abdel Es-Salem n’est prononcé qu’une seule fois. Ce fait est tributaire de l’enjeu de la parabole de Flen dont la prononciation du nom devient, par excellence, sa révélation. Celle-ci dissipe la confusion de lecture et fait figure de sésame déchiffrant le rapport entre signifié et signifiant

Le nom Adel Abdel Es-Salem fait d’emblée sa référence à la culture arabo-musulmane. Adel est un nom arabe qui signifie le juste. C’est celui qui se conforme aux principes de la justice et de l’équité. Ce nom renvoie aussi par une théophanie à un nom de Dieu en Islam ( AL’Adl ;لﺪﻌﻟا), c'est-à-dire Ce qui est exempt de toute forme d’injustice et/ou d’oppression.

Cette Justice est apparente dans le texte à travers le renversement de la situation tragique que vit Flen. Un revirement que commandent la miséricorde et la justice du Dieu. Flen, emparé du doute que renforce l’injustice colonialiste, se départit de son nom somme toute insignifiant dans un monde fourbe et inéquitable. De par la parabole, Flen reprend conscience en lui et surtout en la justice de la divinité. Cela étant l’enseignement de son maitre :

« -Dieu n’y est pour rien, Flen. Il a crée le monde et ce sont désormais les hommes qui gouverne ce monde. Et le diable seul sait jusqu’au ou l’animalité des hommes ira ».(170)

En prononçant son nom, Flen, non seulement il reconnait son adversaire (le colon) mais aussi il retrouve son identité où l’Islam s’érige en patrie.

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En fait le nom de Flen est à rallonge, il comporte un notre élément et pas des moindres (Abdel Es-Salem), un nom qui situe la soumission et l’obéissance totale à Allah. Cette soumission est présentée par un attribut d’Allah (As-Salam). C’est Celui Qui procure la paix, le calme et la sérénité. En citant ce nom, on déclare la paix pour soi même et pour ce qui nous entoure.

En se détachant de ce nom, Flen traduit l’état d’instabilité et de guerre qui règnent sur l’Algérie. Une conjoncture qui le pousse au point ténu de l’abjuration.

En le prononçant à nouveau, il reconnait la paix à Allah et rend le colon l’unique responsable de l’insécurité et du saccage.

En optant pour ce signifiant, Mohammed Moulesshoul fait écran à l’intoxication politique et au battage médiatique qui nous font passer pour des barbares. Un état qu’accentue l’ascension de l’islamisme intégriste dans les années 80 et qu’incarnent des jeunes dans la fleur de l’âge. Cela répond à une impérieuse aspiration au changement et un besoin avide de renouer avec le rêve et la justice. Soudain ce rêve devient un vent néfaste qui propulsait tout un état sur le bord de l’abime. Une fois dedans, l’Islam est instrumentalisé et son image est affublée d’intégrisme et de barbarie.

Face à ce constat amer, Mohamed Moulesshoul, quand bien même censuré, juge utile, de par ce signifiant, de lutter contre la manipulation et dévoiler les mérites de l’Islam et la civilisation arabo-musulmane sur toutes les civilisations. Cette intention est donnée à lire à travers les propos de Llaz:

« L’Algérien n’a jamais été un inculte. Ses ancêtres ont donné au monde la clef des civilisations. Ils ont inventé l’horloge pour surveiller le temps, l’algèbre pour le calculer et la science pour le dompter. Ce sont les autres races qui n’ont pas su en profiter. Si le monde file à la dérive, Haroun Er-Rachid n’est pour rien »(Le Privilège du phénix 74)

A travers Abdel Es-Salem, Mohammed Moulesshoul s’oppose ardemment à l’instrumentalisation de l’Islam à des fins politiques, il y voit une

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luminescence qu’accentue l’empathie et la paix ; un euphémisme qui apaise les contradictions et les doutes, un cocon d’identité et de délivrance. C’est son message pour l’altérité.

« L’Islam n’est pas malade. Il ne l’a jamais été, et ne le sera jamais. La religion n’est qu’une philosophie de la vie. Elle est apaisement et empathie. Ce sont les hommes qui la dénaturent. Je m’insurge contre ces idées qui avancent que le monde musulman traverse une crise religieuse. Il s’agit d’une crise politique, et rien d’autres. Si les belligérants instrumentalisent la religion, c’est exclusivement à des fins politiques. Redonnez le rêve aux jeunes, ouvrez-leur les horizons de leurs aspirations, élevez-les dans le culte du travail et offrez-leur les moyens de leur ambition, et vous les verrez rasés de frais, souliers cirés, sapés comme des nababs et croquer la lune jusqu’à s’en empiffrer. Les jeunes qui ont choisi le djihad ont renoncé à la vie. Le monde est devenu leur geôle et l’oisiveté leur âme damné. C’est parce qu’ils ont cessé d’attendre le miracle qu’ils sont allés le chercher…en enfer. »211

Il en ressort donc que le signe choisi par l’auteur bannit de son champs l’arbitraire pour enfin situer le rapport entre le signifié et le signifiant. Nous pouvons dire que ce nom a une fonction référentielle qui accrédite la fiction et l’ancre dans les différents contextes socio-historiques que Mohammed Moulesshoul interpelle. 211 Merahi,Youcef.op.cit.,p.54.

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