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Adapter le modèle ECOMAST à une utilisation en élevage

Le simulateur ECOMAST permet de modéliser différents troupeaux et différentes conduites d’élevage. Actuellement, le nombre et le niveau de détail des paramètres essentiels au fonctionnement du simulateur, le temps de simulation et le niveau de détail des sorties font qu’il est exclusivement utilisé et utilisable à des fins de recherche. Par exemple, un des paramètres d’entrée du logiciel est le taux de détection des chaleurs, une mesure difficile à acquérir en élevage. Nous avons modélisé l’évolution sur 10 ans de 3 troupeaux-types, soumis à 8 conduites d’élevage chacune (chapitre III). L’analyse des 24 scénarios qui en ont découlé a permis de conclure sur l’intérêt génétique positif de l’évaluation génomique des femelles des troupeaux commerciaux et sur les effets économiques de ces 8 conduites d’élevage.

L’influence des paramètres reflétant les performances reproductives et de renouvellement des troupeaux (comme le taux de réussite à l’insémination ou la mortinatalité) ou le taux d’utilisation des différents types de semence (sexée, conventionnelle ou en croisement allaitant) sur un ensemble d’univers des possibles ont été traités par d’autres auteurs (Calus, Bijma et Veerkamp, 2015; Hjortø et al., 2015; Ettema et al., 2017) mais cette influence n’a pas été explorée dans cette étude. Or, certains éleveurs pourraient être intéressés par une modélisation de leur troupeau afin d’évaluer et de comparer différentes conduites d’élevage et l’effet de ces conduites dans le temps, afin de retenir la plus pertinente. Par exemple, pour choisir les proportions de femelles à inséminer avec de la semence sexée, conventionnelle ou croisée (voire croisée sexée mâle) afin de garantir leur renouvellement ou les proportions de femelles à génotyper dans le but de maximiser les gains économiques par les ventes d’animaux et par de meilleures performances, dans les conditions spécifiques de leur propre système d’élevage. Le logiciel Optigen (développé par l’entreprise Midatest (Guillaume Fayolle, UMOTEST, communication personnelle)) calcule ainsi le taux optimal d’utilisation de chaque type de semence en fonction du choix d’évaluation génomique des femelles, de la valorisation

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économique d’un point d’ISU dans l’élevage, du nombre de femelles à accoupler et du nombre de naissances femelles attendues pour le renouvellement. Pour les choix d’évaluation génomique des femelles dans le logiciel, le troupeau simulé est divisé en quatre selon l’index sur ascendance des femelles et l’opérateur peut choisir le ou les quarts à évaluer (par exemple, le quart supérieur (25% des meilleures femelles) et le quart inférieur (25% des moins bonnes femelles)). Ce logiciel se base sur des calculs déterministes simplifiés et il ne prend pas en compte les spécificités de l’élevage. En particulier, il ne permet pas à l’éleveur de renseigner les coûts additionnels d’élevage des femelles ni le taux de réussite moyen à l’insémination. De plus, les effets de l’inflation ne sont pas pris en compte dans les calculs économiques en dépit du laps de temps qui sépare la date de mise à la reproduction de la femelle et l’expression des performances par sa descendance (chapitres III, IV et V).

Le logiciel de simulation de troupeau danois SimHerd, similaire à ECOMAST dans son approche de simulation dynamique et stochastique d’un troupeau laitier spécifique, a été conçu dans les années 90 (Sørensen et al., 1992) afin de tester in silico les conséquences de différentes conduites de troupeau (régimes alimentaires, choix de mode de reproduction et de réforme ou encore types de contraintes sur la production laitière (quotas laitiers)) sur l’évolution technico- économique d’un troupeau bovin laitier. Au cours des 25 dernières années, il a été adapté afin de tester l’effet technico-économique de différentes pratiques d’élevage pour la santé de pattes (Ettema et Østergaard, 2006), le contrôle des infections intra-mammaires et des pathogènes qui leur sont spécifiques (Østergaard et al., 2005), la gestion de la paratuberculose (Kudahl et al., 2008) ou encore l’utilisation des résultats de l’évaluation génomique des femelles et des différents types de semence (Ettema, Østergaard et Sørensen, 2011; Hjortø et al., 2015; Ettema et al., 2017). Grâce à un projet en collaboration entre l’entreprise StrateKo (conseil vétérinaire, spécialistes de la gestion sanitaire des troupeaux laitiers), le Danish Cattle Federation et l’université d’Aarhus, une application web a été développée à destination des éleveurs qui souhaitent modéliser l’influence de différentes pratiques d’élevage sur l’évolution de leur troupeau avec leurs propres paramètres économiques (SimHerd A/S, non daté).

De la même façon, ECOMAST pourrait être adapté pour une utilisation en élevage s’il répond à quelques critères essentiels qui sont une exécution rapide, des paramètres d’entrée simples permettant de modéliser le troupeau ainsi que le système d’élevage. Ces paramètres doivent être connus ou facilement mesurables en ferme. Une possibilité de paramétrer les sorties pour répondre aux questions spécifiques de l’éleveur est aussi nécessaire.

Parmi les paramètres spécifiques à l’élevage pouvant influer sur les résultats et qui devraient être intégrés dans les simulations, on peut citer :

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- Le taux d’utilisation souhaité des différents types de semence : conventionnelle de race pure ou croisée, sexée de race pure (femelle) ou croisée (mâle),

- La fraction des femelles génotypées, - Le taux de renouvellement réel,

- Le besoin en femelles de renouvellement - Le niveau de production laitière moyenne

- Le niveau sanitaire du troupeau (fréquence des mammites …) - L’ensemble des prix de vente des animaux et des productions

- L’ensemble des coûts (aliments, traitements vétérinaires, reproduction…)

Les sorties devraient comporter à la fois des caractéristiques zootechniques comme le nombre de naissances femelles et des caractéristiques économiques comme les revenus par an ou par vache et par an. Or, comme nous l’avons illustré dans le chapitre III, certaines stratégies de conduite de troupeau nécessitent un nombre minimal d’années de simulation avant d’observer une réponse. Il sera donc important de proposer aux éleveurs un accompagnement par un technicien pour qu’ils puissent tester l’évolution d’un troupeau simulé semblable au leur dans le temps et selon les différentes conduites qu’ils envisagent.