• Aucun résultat trouvé

4. Interprétation et recommandations

4.3 Recommandations

4.3.3 Adaptation du programme Parcours pour les peines continues

Parcours est un programme élaboré, implanté et évalué par le professeur Denis Lafortune, alors au Centre international de criminologie comparée, avec le soutien de la Direction générale des services correctionnels. Il vise à augmenter la conscientisation et la responsabilisation des personnes contrevenantes par rapport à leurs comportements criminels et aux conséquences de ceux-ci. Cette remise en question doit passer par la reconnaissance des conséquences de ses actes, l'identification de facteurs liés à sa délinquance et la considération de moyens acceptables pour répondre à ses besoins (Lafortune, 2007). En ce qui concerne la responsabilisation, elle nécessite un désir de se prendre en charge, de réparer les torts envers les victimes ou la société et de recevoir de l'aide par rapport à sa délinquance.

Le programme Parcours est destiné aux personnes détenues pour une sentence de plus de six mois et obtenant un score élevé ou très élevé à l'évaluation de leurs risques et besoins

par le LS/CMI. Il peut être dispensé par les agents de probation et par les conseillers en milieu carcéral à des groupes de personnes incarcérées. L'intervention se base sur l'approche motivationnelle et comporte des entretiens semi-structurés et des devoirs. Il se compose de trois modules durant entre huit et douze heures chacun. En principe, il est préférable que les groupes soient fermés plutôt qu'à entrée continue. Aussi, bien qu'ils soient indépendants, les modules suivent un ordre et sont préalables au module suivant.

Le premier module porte sur la prise de conscience de son comportement, de son mode de vie et sur la motivation à changer. Le second module concerne les distorsions cognitives, les croyances, les valeurs et les raisonnements moraux en lien avec le comportement criminel. Enfin, le troisième module s’oriente vers le futur. Il encourage les gens à développer leurs habiletés de résolution de problèmes, à évaluer leur réseau social et le soutien qu'il peut leur apporter, à prévenir la récidive et à préparer un projet de sortie. Selon l'évaluation menée par le CICC et la Direction des programmes, le programme Parcours est très apprécié par les intervenants et par les personnes contrevenantes.

Depuis 2012, il est maintenant également possible d'offrir le programme Parcours à des personnes obtenant un score moyen tout en continuant de prioriser les autres. En outre, un projet-pilote a été mené afin d'évaluer les conditions de prestation du programme en milieu ouvert. Les agents de probation œuvrant dans la communauté ont donc maintenant un encadrement pour se servir des outils de Parcours. Il s'agit donc d'un programme ayant fait ses preuves et étant implanté dans l'ensemble du réseau correctionnel québécois.

À l’établissement de détention de Trois-Rivières, un projet a été mis en place pour donner le programme Parcours aux personnes incarcérées pour CFA. Une conseillère en milieu carcéral s’est aperçue que souvent les contrevenants de CFA avaient des sentences trop courtes pour suivre le programme alors que justement plusieurs notions leur auraient été particulièrement utiles. Elle a alors eu l’initiative de monter un programme accéléré, utilisant certains ateliers de Parcours, spécifiques pour ce type de clientèle. Il se dispense en groupe fermé de huit personnes incarcérées sur une période de cinq à huit semaines. Les critères

actuelle doivent inclure la CFA, les personnes incarcérées doivent avoir un bon comportement en détention et doivent désirer participer au programme de manière totalement volontaire. L’utilisation d’un outil de dépistage de dépendance n’est pas nécessaire, car l’intervention serait axée sur la conduite en état intoxiqué et non la consommation en tant que telle. En outre, la conseillère en milieu carcéral mentionnait un souci de former des groupes avec des personnes incarcérées issues de différents pavillons, donc ne se connaissant pas ou se connaissant peu.

Le contenu est donc basé sur une approche motivationnelle et non éducative, dans un format d'échanges et de discussions plutôt que magistral. Bien que désirant au moins aborder les conséquences sur les victimes, cette intervenante considère que le programme Alcofrein offert par la Société de l'assurance automobile du Québec, par lequel doivent nécessairement passer les conducteurs condamnés pour CFA pour récupérer leur permis de conduire, contient suffisamment d’informations sur les effets de l’alcool et sur les répercussions qu’entraîne sa consommation jumelée à la conduite automobile. Les exercices de Parcours choisis sont principalement le bilan de vie du module un; les croyances, préjugés et distorsions cognitives du module deux et les pièges du module trois.

La troisième recommandation est donc d’inciter le réseau correctionnel à embarquer dans cette initiative. Les personnes condamnées pour CFA à des sentences continues présentent en majorité un profil criminel plus ancré et plus varié. Parcours présente le cadre adéquat pour cette clientèle. Une attention particulière pourrait d’ailleurs être donnée aux personnes autochtones lors de l’adaptation du programme considérant leur présence significativement plus importante dans ce groupe. Le fait que ce soit déjà un programme connu et maîtrisé des intervenants correctionnels représente un attrait non négligeable. D’autant plus qu’il s’agirait d’un choix de thèmes spécifiques et non d’une nouvelle adaptation du programme. Cela évite énormément de frais supplémentaires en consultations, en élaboration d’un nouvel outil et en formation pour les services correctionnels. Il serait donc stratégique d’élargir l’offre de Parcours en ciblant une clientèle de personnes incarcérées pour CFA.