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pédagogique et la fonction de maître de stage

3.2. Le concept d’activité

3.2.1. Activités et activité

Nous nous positionnons dans une distinction entre activité et activités en définissant dans un premier temps le terme « activités » selon Barbier (2011, p. 26) :

… composantes de l’activité humaine susceptibles d’être distinguées à partir de repérages de singularités ou d’invariants dans leur processus de production et dans leur produit, et caractérisables en termes de procès. (…) Elles présentent

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une autonomie relative de fonctionnement (…). Elles sont identifiables par leur produit spécifique…

Barbier parle de « système dynamique » dans lequel on peut repérer un matériau qui est transformé grâce à des moyens dans un contexte où des sujets s’impliquent donnant un produit de la transformation du matériau opérée. Ces activités sont rarement seules, se combinent et ces associations sont gérées dans le « cadre d’actions à dominante intentionnelle » (ibid, p. 26).

Une première hypothèse repose sur l’idée que leur fonction demande aux MS de mettre en œuvre un ensemble d’activités que nous souhaitons identifier en repérant ces « régularités » qui présentent une forme « d’autonomie relative de fonctionnement » et un « produit » repérable qu’elles engendrent (Barbier, 2011, p. 26).

Ces activités ne peuvent prendre de sens que dans des contextes et par les acteurs qui s’y engagent. Ainsi est-il nécessaire d’aller investir « la question de l’activité elle-même » (ibid. p. 27).

Notre intérêt se porte sur le travail du MS c'est-à-dire, ses activités en situation et plus spécifiquement son activité, c'est-à-dire l’action ou la façon dont elle est opérationnalisée et cognitivement et émotionnellement « pilotée ». Cette « activité de travail », relève du point de vue de l’ergonomie de

… la réponse d’un individu donné, dans une situation et un contexte donnés, pour réaliser une tâche donnée. Cette tâche inclut ici les attentes explicites et implicites de l’organisation ainsi que les attentes auto-prescrites par l’individu en fonction de ses représentations de la tâche prescrite, ainsi que de l’appréciation qu’il en fait (Chatigny et Vézina, 2008, p. 131).

Elle est donc singulière et personnelle. Nous suivons Clot (1999) lorsqu’il fait une différence entre le concept d’activité qu’il développe et celui utilisé en ergonomie. Pour cet auteur, l’activité est vécue par un sujet dans un milieu de travail qui se structure en tant que

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groupe, c'est-à-dire un ensemble d’individus qui s’organisent autour d’un même objet mais en se répartissant des tâches différentes. Ce milieu professionnel exige de la part du sujet une adaptation à l’ensemble des membres du groupe puisque « la production de biens ou de services ne résulte pas d’une addition délibérée d’activités individuelles mais d’une division du travail organisant ces activités » (Clot, 1999, p. 80). L’activité du sujet au travail se réalise dans ce que cet auteur nomme la « dynamique sociale des « genres » » dont elle se nourrit mais desquels elle est tributaire. Elle est en quelque sorte adressée à l’ensemble des personnes qui constituent le milieu professionnel présent et passé. Le sujet se reconnaît comme nécessaire mais non suffisant. Son activité fait « écho » à l’activité des autres, « c’est le travail à soi dans le travail des autres » (Clot, 1999, p. 61). Par ailleurs, chaque individu arrive dans son milieu professionnel avec ce que Clot définit comme des « pré-occupations extra-professionnelles » (ibid, p. 83) qui amènent une appréciation et une gestion de la situation de travail différente de la part de chacun et donc une activité de travail également différente. Le vécu lui-même de la situation génère également des « post-occupations » (ibid, p. 64) qui enrichissent ou pèsent sur le développement de l’activité. On ne pourra donc comprendre cette variabilité qu’à partir d’une analyse spécifique de cette activité.

Ce postulat pose l’importance pour l’analyse des éléments de contexte, dans lequel est plongée, imbriquée l’activité du MS, en tant que personne avec sa propre histoire. Les travaux en ergonomie mettent en évidence que cette activité de travail nécessite en situation des régulations permanentes de la part du professionnel qui lui permettent de « trouver un équilibre personnel acceptable » (Chatigny et Vézina, 2008, p. 131). Ainsi, s’impose à nous la nécessité d’avoir le point de vue de l’acteur pour saisir des éléments de cette activité que lui seul possède. Approcher l’activité dans sa complexité renvoie à cerner l’action et son but, les opérations mises en œuvre et leurs ressources mais également les intentions, le mobile qui ont conduit le professionnel à choisir cette action réalisée dans le contexte. L’accès à toutes ces informations peut nous permettre de comprendre ce qui se joue dans l’activité et peut également révéler la mise en concurrence de différents éléments mettant au jour la source d’une tension d’un dilemme ou d’une difficulté. Compromis entre différentes options, ce choix demande de laisser derrière lui des actions possibles avortées. Ce choix est fait au moment de l’activité réalisée, en fonction du contexte et des personnes à qui le sujet s’adresse mais aussi en fonction des ressources qu’il possède. Ces éléments

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subjectifs de l’activité qui en font toute l’épaisseur par rapport à ce qui s’observe de l’extérieur appartiennent au sujet seul. C’est lui qui les apprécie, les assume à travers sa position de professionnel dans son milieu de travail et lui seul peut les formaliser.

A la suite de cette première différenciation entre activité et activités, nous poursuivons la définition de l’activité que nous utiliserons en situant cette notion par rapport à la notion de tâche.