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Activités de coordination distinction entre les IPO suprarégionales et les IPO locales

Chapitre 5 : Discussion

5.4. Le paradoxe de la coordination : l’importance de la coordination dans les activités

5.4.1. Activités de coordination distinction entre les IPO suprarégionales et les IPO locales

Dans cette étude, l’analyse des données nous montre que les IPO des équipes suprarégionales ont rencontré en moyenne trois patients (Tableau 5) de plus que les IPO locales. Malheureusement, ces données ne permettent pas d’expliquer les variables qui influencent ces résultats, mais il permet de questionner ce qui fait

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en sorte qu’une IPO puisse rencontrer plus de patients. L’existence d’une trajectoire de soins peut-elle avoir un impact dans l’offre de service des IPO aux patients?

L’équité dans l’offre de service n’est pas nécessairement optimisée pour l’expérience du patient. Les soins pour les personnes atteintes d’un cancer ne sont pas uniformes pour tous les établissements de la santé à l’intérieure de la région à l’étude. On semble accorder une priorité au sein des établissements de santé aux équipes suprarégionales comparativement aux équipes locales et leur accorder les ressources financières dont elles ont besoin. Ce qui fait en sorte que des professionnels de la santé sont dédiés aux équipes suprarégionales. Cette distinction est importante puisqu’elle dicte aux différents types d’IPO avec qui et comment elles peuvent travailler.

Les trois IPO suprarégionales ont vu plus de patients, mais elles n’ont pas nécessairement fait plus d’activités de soins. Ici, le nombre d’activités de soins n’est pas proportionnel au nombre de patients rencontrés. La majorité des interventions soit 59% des interventions de soins se sont réalisées avec deux et trois activités de soins (Tableau 3). Cependant, les interventions de soins avec trois activités de soins et plus ont été observées dans un plus grand nombre auprès des IPO locales. L’analyse des résultats révèle que certaines interventions de soins demandent plus d’activités de soins pour les IPO, et encore plus pour les IPO locales sans le soutien d’une équipe interdisciplinaire et où la trajectoire de soins est moins structurée.

Le fait d’avoir une trajectoire de soins précise et de disposer d’une équipe interdisciplinaire lorsqu’un patient a besoin d’un suivi psychosocial ou nutritionnel facilite les interventions infirmières. La proximité des IPO suprarégionales avec une équipe composée d’autres professionnels de la santé semble influencer le volume d’activités de soins en particulier celles de coordination clinique. Les IPO interviennent plus fréquemment avec les professionnels de la santé des services hospitaliers (90 %) que les services en CSSS (5 %). Les IPO suprarégionales savent quels médecins contacter s’il y a une difficulté et quels professionnels de la santé contacter pour une référence. Les résultats montrent qu’il y a deux variables organisationnelles qui se démarquent et qui devraient être prises en considération entre les deux types d’IPO observé, soit le fonctionnement de l’équipe et une trajectoire structurée. Les gestionnaires auraient avantage à considérer ces deux éléments favorisant l’efficience du rôle des IPO suprarégionales. Par contre, la situation ne semble pas être uniforme pour toutes les IPO locales, puisque lors d’une référence à une IPO locale d’une autre région, l’IPO de cette région a affirmé diriger le patient rapidement au travailleur social de son équipe au sein du CSSS. En plus des distinctions quant à la disponibilité d’une équipe interdisciplinaire et de la présence de trajectoires de soins structurées, les IPO locales expriment un sentiment de solitude dans la résolution d’un problème lors de situation de soins complexes. Les effets du manque d’équipe interdisciplinaire sont perceptibles auprès des

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IPO locales. Elles ont confirmé prendre un temps énorme pour régler une situation qui pourrait se résoudre plus facilement en réunion interdisciplinaire. De plus, l’expression d’une certaine « solitude » pour les deux IPO locales était présente lorsqu’elles devaient prendre des décisions pour des situations de soins complexes. Pour les IPO locales, contrairement au IPO suprarégionales, le manque d’une équipe interdisciplinaire faisait en sorte de multiplier les interventions avec les professionnels de santé ou les divers services que le patient rencontre dans sa trajectoire de soins. Par contre, une trajectoire de soins moins structurée ne signifie pas que la communication entre les professionnels de la santé est moindre pour les IPO locales. Au contraire, l’importance de la coordination clinique a été autant observée chez les IPO locales que les IPO suprarégionales.

Bien que les IPO locales réfèrent à des professionnels de la santé au sein des CSSS, des mécanismes de référence démontrent que l’arrimage est possible entre les services de premièreet deuxième ligne. Cependant, cette coordination gagnerait à être facilitée et mieux harmonisée avec les différents partenaires impliqués dans la trajectoire de soins. D’abord une harmonisation des procédures standardisées pour référer aux divers professionnels de la santé des CSSS contribuerait à l’améliorer. Par ailleurs, notons que la disponibilité de l’équipe interdisciplinaire n’est pas nécessairement reliée à la présence d’une trajectoire de soins structurée pour les personnes atteintes d’un cancer. Tout comme le laisse entendre Roberge et al. (2004), le leadership d’un réseau peut reposer sur des professionnels, par contre, il doit donner lieu à des initiatives sur le plan organisationnel qui assurent son développement et sa pérennité. L’observation des activités de soins indique également que les IPO font beaucoup d’activités de soins et d’activités cléricales en raison de l’absence de certains services structurés.