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1. Problématique

1.2. L’activité signifiante et significative

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« L’activité est l’ensemble des processus par et dans lesquels est engagé un être vivant, notamment un sujet humain, individuel ou collectif, dans ses rapports avec son environnement et des transformations de lui-même s’opérant à cette occasion. » (BARBIER, 2015).

Selon Karen Whalley Hammell, l’être humain est un « être agissant » poussé par un besoin fondamental d’explorer, d’agir sur son environnement et de se réaliser dans l’action. Il s’agit là d’une dynamique réciproque au cours de laquelle l’être humain agit sur son environnement et l’environnement sur l’être humain. Cette interaction s’effectue par le biais de l’activité. Elle permet à l’Homme d’apprendre, de se construire et de se développer. Ainsi l’activité a une place importante et prépondérante tout au long de la vie de chacun. Elle se définit, selon l’auteur, comme un besoin fondamental, vital, « au même titre que boire ou manger » (WHALLEY HAMMEL, 2004).

Mais pour que les activités réalisées répondent au besoin d’agir de l’Homme et influent sur sa santé et sur son développement, il faut qu’elles répondent à ses intérêts, ses désirs et ses objectifs personnels.

On qualifie alors ces activités de « significatives » (WHALLEY HAMMEL, 2004).

Cité par Meyer (2013), Trombly développe lui aussi le concept d’activité significative (meaningfull, en anglais) en parallèle avec celui d’activité intentionnelle (littéralement, « ayant un but »). D’un côté, les activités intentionnelles organisent le comportement dans la vie quotidienne de l’individu. Elles peuvent s’apparenter aux « routines ». De l’autre, les activités significatives sont en relation directes avec les intérêts de l’usager. Elles ont un sens pour lui et tendent vers un but intelligible. Elles ont de l’importance dans la vie d’une personne (MEYER, 2013).

Ces deux définitions s’accordent à définir les activités significatives comme des activités ayant de l’importance pour l’individu, centrées sur ses intérêts et ayant un sens personnel pour ce dernier.

Pourtant, pour certains auteurs comme Jean-Yves Rochex, l’activité significative est une activité dont le sens n’est pas « personnel » mais « socialement défini », par la culture et l’entourage de l’individu notamment. C’est le terme « d’activité signifiante » qui répond aux définitions vues ci-dessus : une activité « qui revêt un sens particulier pour la personne », « lié à son histoire » et à « son projet personnel ». Toutefois, si Rochex distingue ces deux termes, il précise que ces deux aspects vont de paires et sont entièrement liés (ROCHEX, 1995).

Ainsi certains auteurs semblent se contredire sur l’utilisation des termes « significatif » et

« signifiant », utilisant les deux termes pour une même définition : celle d’une activité ayant un sens subjectif pour la personne, répondant à des besoins et des intérêts personnels et revêtant de fait une importance particulière. Cette incertitude quant au terme à utiliser proviendrait, à l’instar du terme d’« occupation » régulièrement confondu avec le terme « d’activité » (MEYER, 2007), du passage de la

4 barrière linguistique inhérente à la traduction du terme « meaningful activity ». Sa traduction en

« activité signifiante » ou en « activité significative » dépend alors du contexte de la phrase, qui peut être complexe et pouvant porter à confusion.

Ces deux termes étant intimement liés, nous parlerons d’activité « signifiante et significative » pour parler d’une activité importante et personnelle pour l’individu, en accord avec ses intérêts.

Nous avons ainsi pu définir ce qu’est une activité signifiante et significative. Selon les définitions des auteurs précédemment cités, elle est décrite comme importante et nécessaire dans la vie de l’individu. Qu’en est-il réellement ? Quel est le rôle de l’activité signifiante et significative ?

1.2.2. Son rôle

Selon Trombly, « les gens délaissent les activités qui ne sont pas significatives », c’est-à-dire quand elles ne sont pas en relation avec leurs intérêts et quand elles n’aspirent pas à un but compréhensible et intelligible par eux.

Karen Whalley Hammell ajoute qu’avoir de telles activités dans son quotidien contribue à donner un sens et un but à sa vie de tous les jours. D’après elle, réaliser régulièrement des activités répondant à ses désirs et ses objectifs personnels permettrait d’exécuter de façon sereine les autres tâches moins agréables. Il a aussi été démontré que l’engagement d’une personne dans des activités qu’elle valorise influence la perception qu’elle a d’elle-même, de sa compétence et de sa valeur (WHALLEY HAMMEL, 2004).

De plus, Matuska (UNG et al., 2018) affirme que l’équilibre de vie est un processus dynamique et interdépendant qui correspond, entre autre : à la congruence entre le temps que consacre un individu à la réalisation des activités et le temps qu’il souhaite y consacrer ; à la satisfaction concernant le temps passé à réaliser des activités routinières, jugées importantes et signifiantes par l’individu ; à la durabilité de la configuration d’activités sur le long terme. S’engager quotidiennement dans des activités signifiantes et significatives, comme Madame R a pu le faire dans la réalisation de ses mots-croisés, aurait donc un impact direct non négligeable sur son équilibre de vie, sur son sentiment de bien-être et sur son estime de soi. De plus, cela lui permettrait d’effectuer de manières plus agréables d’autres tâches quotidiennes moins plaisantes.

5 Il apparaît pour l’ergothérapeute un réel intérêt à centrer son accompagnement sur ce type d’activités. Les activités signifiantes et significatives ayant un sens pour le la personne, cette dernière s’y engagera avec force. Une fois ancrées dans son quotidien, elles favoriseront son équilibre de vie et son sentiment de bien-être. Mais le rôle de l’ergothérapeute est-il toujours d’axer son accompagnement sur la promotion des activités signifiantes et significatives, et plus largement de l’occupation ?