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CHAPITRE V : TRAITEMENT DE L’OBESITE

II. FACTEURS DE RISQUE LIES À L’OBESITE

II.4. activité physique

II.4.1.Activité sportive et jeux

Suivant la catégorie de niveau d’activité physique (NAP), 71 p. cent des enfants ont un NAP léger. 14 p. cent un NAP modéré et 15 p. cent ont un NAP élevé. En général une différence

statistiquement significative a été observée entre le NAP des enfants en surpoids et normopondéraux (p = 0.03). En comparant les pourcentages d’enfants en surpoids et normopondéraux dans chaque catégorie de NAP, aucune différence significative n’a été observée. Il est difficile de mesurer l’activité physique. La relation entre la dépense énergétique et le surpoids ou l’obésité chez les enfants et les adolescents font défaut dans de nombreuses études (SCHUTZ. et MAFFEIS 2002). Le niveau déclaré d’activité physique pourrait être entaché d’erreurs Il se pourrait aussi que les participants à l’enquête aient donné des réponses qu’ils considéraient comme socialement désirables aux questions sur des sujets tels que l’activité physique, l’usage du tabac et le poids (ROBERTS 1995). Dans notre étude, l’enfant était invité à répondre à des questions sur les activités physiques auxquelles ils s’adonné durant toute la journée à l’école et en dehors de l’école. Ce qui nous a permis de calculer le niveau d’activité physique (NAP). Néanmoins, Les données auto déclarées sur lesquelles se fonde l’analyse n’ont pas été vérifiées au moyen de mesures directes ou de données recueillies auprès de sources indépendantes et pourraient donc être inexactes. En outre, rien ne nous a permis de confirmer si les enfants qui ont déclaré s’adonner à des activités particulières le faisaient effectivement, aussi fréquemment et aussi longtemps qu’ils l’ont déclaré.

Relativement peu d’études de surveillance de l’activité physique et de la sédentarité chez les jeunes enfants ont été ou sont menées en raison des difficultés rencontrées pour leur évaluation sur de larges populations (MOLNAR et LIVINGSTONE 2000). Les comparaisons directes sont très limitées en raison de la grande diversité des méthodes utilisées (questionnaires, mesures de mouvements ou enregistrements cardiaques, eau doublement marquée, etc.) et en l’absence de définitions de consensus pour quantifier et qualifier l’activité physique et la sédentarité (MOLNAR et LIVINGSTONE 2000). Cependant de nombreuses études ont souligné le manque d’activité chez les enfants en surpoids ou obèses. En Espagne, une étude nationale a permis de souligner le manque d’activité des enfants de 6 à 15 ans en 1997 : moins d’un tiers pratiquaient une activité physique pendant leurs loisirs chaque semaine (LASHERAS et coll. 2001). Inversement aux Etats-Unis, chez les enfants de 8 à 10 ans inclus dans l’enquête NHANES III (1988–1994), près de 78 p. cent d’entre eux pratiquaient au moins trois fois par semaine une activité physique vigoureuse (un jeu ou un exercice qui fait transpirer ou fait respirer difficilement) (ANDERSEN et coll. 1998). Dans notre échantillon, 16 p. cent des enfants, déclarent pratiquer régulièrement une activité physique. Dans nos écoles, l’activité physique est très peu présente et très peu fréquente (OULAMARA 2006a). Cependant, si les centres de sport à vocation commerciale ont connu une

expansion, ainsi que les activités dans ce domaine, leur accessibilité peut rester limitée à certains endroits et pour certains groupes de population.

L’activité physique s’inscrit dans une logique de loisir et représente un coût pouvant représenter un luxe dans les petits budgets. Nos résultats montrent que bien non représentative les enfants a revenu élevé sont plus nombreux à pratiquer une activité sportive (23.26 p. cent vs 14.29 p. cent p = 0.31). Nous avons comparé la pratique d’activité physique entre enfants en surpoids et normopondéraux. Les enfants en surpoids sont plus nombreux à pratiquer une activité physique (20 p. cent vs 14 p. cent p = 0.02). En revanche, plus la fréquence de pratique de sport augmente moins il y a d’enfants en surpoids (32.86 p. cent pour 1à 2 fois/ semaine vs 29.57 p. cent lorsque la fréquence est ≥ 3 fois/semaine) alors que le contraire est observé chez les enfants normopondéraux (67.14 p. cent pour 1à 2 fois/ semaine vs 70.43 p. cent lorsque la fréquence est ≥ 3 fois/semaine).

L’épidémie d’obésité s’est développée parallèlement à une diminution de l’activité physique et à une augmentation des activités sédentaires. Les données transversales révèlent souvent un rapport inverse entre IMC et activité physique, indiquant que les sujets obèses ou en surpoids sont moins actifs que leurs homologues minces. Toutefois, il est difficile de déterminer avec certitude si les sujets obèses sont moins actifs du fait de leur obésité, ou si leur faible degré d’activité est réellement la cause de leur obésité (DE LAUZON et CHARLES 2004). TROST et coll. (2001) ont suivi l’activité physique de 54 enfants obèses et 133 normo-pondérés (âge moyen : 11.4 ans) évaluée par accéléromètre et questionnaires. Les enfants obèses présentaient une diminution significative du nombre de séances d’activité physique et de leur durée. Ils ont observé une diminution de 10 p. cent du risque de survenue de l’obésité par heure quotidienne d’activité physique. Actuellement, il n’existe pas de fondement scientifique recommandant pour l’enfant un type d’activité physique pour promouvoir et maintenir sa santé, les recommandations sont déduites des bénéfices en terme de santé obtenus chez l’adulte (LIVINGSTONE 2003). Nos résultats indiquent que pendant les week-end, il n’y a pas de différence significative entre le temps passé devant la télévision et le temps consacré aux jeux extérieurs chez les enfants en surpoids (p = 0.26). Par contre, les enfants normopondéraux passent plus de temps à jouer à l’extérieur qu’à regarder la télévision (2.05 ± 1.36 heures /jour à jouer à l’extérieur vs 1.84 ± 1.34 heures/jour à regarder la télévision (p = 0.004).

II.4.2. Obésité et télévision.

Plusieurs études ont mis en évidence le lien entre obésité et temps passé devant la télévision. Elles soulignent notamment qu'aux Etats-Unis, dans la tranche d'âge de 12 à 17 ans, une heure supplémentaire de télévision se traduit par 2 p. cent d'obèses en plus dans la population. Les Américains parlent de "sofa potatoes" ou encore "d'internet obesity" pour désigner les jeunes et les moins jeunes qui passent des heures entières immobiles devant le petit écran de télévision ou du micro ordinateur, une télécommande dans une main, bonbons et gâteaux dans l'autre. Cela débouche sur un véritable cercle vicieux : plus on prend d'embonpoint, plus on regarde la télévision... et plus on devient passif. L'ennui, voire le stress ou l'anxiété selon les programmes, engendré par cette activité passive et monotone facilite encore le grignotage. Sans parler du marketing de l'alimentation qui cible clairement les enfants et les adolescents vantant via les messages publicitaires à la télévision, ce qu'on appelle les "junk-Foods" (COUDRAY et coll. 1999). La «Framingham Children’s Study», a mis en évidence une augmentation du tissu graisseux sous-cutané plus marquée chez les enfants inactifs que chez les actifs (MOORE et coll. 1995). L’introduction croissante des données multimédias (télévision, vidéo, vidéogames, etc.) ne peut que constituer un facteur suppresseur de l’activité physique. Des études menés aux Etats-Unis et ailleurs ont montré que le nombre d’heures que les enfants passaient devant leur poste de télévision joue un rôle important pour leur indice de masse corporelle,(DIETZ et GORTMAKER 1985, HERNANDEZ et coll.1999). Enfin la corrélation prouvée entre l’obésité et la sédentarité, facteur indépendant des autres dès l’enfance, ne permet cependant pas d’écarter d’autres facteurs tels que grignotage ou influence négative de certains programmes publicitaires. Cela est d’autant plus vrai que l’activité physique est liée positivement aux comportements, attitudes et perceptions favorables en matière de santé (ROBINSON 1999).

Dans notre étude, 44 p. cent des enfants déclarent prendre leur repas devant la télévision. Ce résultat est presque le même que celui observé dans une étude réalisée en France où 43 p. cent des enfants prennent au moins un de leurs trois repas de la journée devant la télévision. Selon la même étude en maternelle, ce chiffre dépasse les 50 p. cent (FAGOT et MAURY 2002). Aucune différence significative n’a été observée entre les enfants en surpoids et les normopondéraux concernant la prise des repas devant la télévision. En revanche une différence significative a été trouvée entre le temps passé à regarder la télévision en week-end chez les enfants en surpoids et les normopondéraux (1.841.33 heures/jours chez les normopondéraux contre 2.141.47 heures/jour chez les enfants en surpoids p = 0.005). Aucune corrélation n’a été observée entre l’IMC et le temps passé à regarder la télévision, ce dernier résultat est en accord avec une autre étude en

Algérie (OULAMARA 2006a). Mais il est opposé avec l’étude de ROBINSON (1999) qui a trouvé une telle relation.

Au Canada en 2004, plus du tiers (36 p. cent) des enfants de 6 à 11 ans passaient plus de deux heures par jour devant un écran. Ces enfants étaient deux fois plus susceptibles d’avoir de l’embonpoint ou d’être obèses (35 p. cent) que ceux n’y passant qu’une heure ou moins (18 p. cent) (SHIELDS 2006). C’est pour cette raison, que cibler les comportements sédentaires semble apporter un bénéfice thérapeutique plus grand que cibler l’activité physique quotidienne. Les deux stratégies augmentent considérablement les bénéfices de la prise en charge diététique (REILLY 2003, EPSTEIN 2000). L’étude (GOLDFIELD et coll. 2000) vient renforcer cet avis et suggère également que limiter l’accès aux activités sédentaires permet d’augmenter l’activité physique des enfants obèses. D’après SIGN 2003, BARLOW (1998), Parmi les modifications des habitudes de vie, l’inactivité physique (principalement la télévision et les jeux vidéo) devrait être réduite à moins de 2 h/jour ou moins de 14 h/semaine. FAITH et coll. (2001) ont montré qu’il était possible de diminuer les comportements sédentaires et d’augmenter l’activité physique des enfants obèses, en modifiant leur environnement. Les familles, les enseignants et les professionnels de la santé doivent se mobiliser pour favoriser un programme d’incitation à la pratique d’activité physique.