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Partie 2 : Activité biologique des IFN ciblés

Le ciblage de l'activité de l'IFN à l'échelle cellulaire a été montré en évaluant l'induction d'un gène rapporteur ou la phosphorylation de STAT1, qui est transitoire et non spécifique à l'action des IFN-I. Il nous fallait alors montrer l'efficacité du ciblage en évaluant des activités biologiques plus complexes de l'IFN, telles que l'activité anti-virale et l'activité anti-proliférative, qui nécessitent l’action combinée de différents ISG.

I. Activité biologique in vitro

I. A. Activité antivirale

Dans l'article présenté dans la partie 1, Geneviève Garcin a montré que la protéine de fusion (Nb4.11-IFN"2-R149A) inhibe la réplication du virus d'encéphalomyocardite dans les cellules ciblées, avec une efficacité similaire à celle de l’IFN"2. Cette inhibition est 720 fois plus importante au niveau des cellules ciblées (HL116mLR10) par rapport aux cellules non ciblées (HL116), alors que les 2 lignées ont une sensibilité similaire à l’activité antivirale de l’IFN"2. Ces résultats obtenus in vitro devront être reproduits in vivo car l’on sait que l’activité antivirale de l’IFN ne se limite pas à l’induction d’un état antiviral. En effet, l’IFN active aussi une immunité antivirale, dans des conditions optimales de timing et de durée d’exposition [46].

I. B. Activité antiproliférative

Les protéines de fusion couplant le mCD20 aux différents mutants d'IFN"11 murin sélectionnés ont une activité antiproliférative sur les cellules A20, qui expriment le mCD20 (figure 40). L'activité spécifique de ces protéines de fusion déterminée sur les cellules non ciblées (LL171) est de l'ordre de 10 à 20 UI/µg, alors que sur les cellules ciblées (A20), on est à plus de 104 UI/µg (figure 37). A l'inverse, l'activité spécifique de mIFN"11 est du même ordre (105 UI/µg) sur les 2 types cellulaires (figure 37). L'efficacité de ciblage ne peut être directement déterminée car les activités spécifiques sont déterminées par 2 méthodes différentes dans 2 types cellulaires différents. En rapportant le ratio d'activité spécifique cellules ciblées vs cellules non ciblées des protéines de fusion au même ratio du mIFN"11, on retrouve une efficacité de ciblage de l'ordre de 3 log (de 500 à 2000).

Figure 40. Activité anti-proliférative des protéines de fusion

Les cellules A20 exprimant le CD20 murin ont été comptées, après 3 jours de traitement, par l’IFN murin (mIFN"11), un IFN de référence (Ref 51) de concentration connue et les protéines de fusion couplant le nanobody anti-CD20 murin (mCD20Nb) aux différents mutants d’IFN"11 murin C86S (L30A-R150A, L30A-V143A et V143A-R150A). L'EC50 a été déterminée par régression non-linéaire des courbes dose-réponse, représentées selon la formule suivante [258]: 100 * 1 - (Ni-Nxs)/(N0-Nxs). N correspond à la concentration des cellules non traitées (N0), traitées par IFN à une concentration donnée (Ni) ou en excès (Nxs).

II. Evaluation du ciblage dans des modèles in vivo

Les données in vivo ont été obtenues avec les protéines de fusion ciblant l'activité de l'hIFN"2, car les protéines de fusion ciblant l'activité de l'IFN"11 murin n’ont été disponibles que dans un second temps.

II. A. Modèle de rupture de tolérance périphérique

On distingue classiquement 2 types de tolérance. Au niveau du thymus, il y a une sélection négative de LT dont le TCR reconnaît des auto-antigènes exprimés dans le thymus, c’est la tolérance centrale. Lorsque la tolérance centrale ne suffit pas (auto-antigènes non exprimés dans le thymus ou de faible avidité pour le TCR), il y a un mécanisme de tolérance périphérique, qui consiste à induire une délétion ou une anergie des LT CD8+ autoréactifs.

Afin de tester nos IFN ciblés, nous avons utilisé un modèle développé, afin d'étudier la tolérance périphérique (figure 41). Dans ce modèle, le transfert adoptif de " Clone 4 TCR ", des LT CD8+ naïfs dont le TCR est spécifique d'un peptide HA, exprimé dans les ilôts # du pancréas des souris transgéniques insHA, résulte en une prolifération abortive dans les ganglions drainants du pancréas des souris insHA. Cette tolérance périphérique à l'antigène HA peut être rompue dans certaines conditions [260, 278, 279]. Cette rupture de tolérance se manifeste par une prolifération des " Clone 4 TCR", leur activation au niveau des ganglions pancréatiques, leur migration vers le pancréas où ils induisent une destruction des cellules exprimant l'antigène HA, ce qui se traduit par un diabète.

Figure 41. Représentation schématique du protocole de rupture de tolérance périphérique, dit de « cross-présentation » d’auto-antigènes

Ce protocole dérivé d'un protocole précédemment décrit [260], fait intervenir 2 types de souris transgéniques, les ins-HA et les "Clone-4 TCR", qui sont respectivement Thy1.2+ et Thy1.1+ sur un fond BALBc. Les souris ins-HA [261] sont homozygtes pour l'antigène HA du virus Influenza (souche A/PR/8/34) exprimé sous le contrôle du promoteur de l'insuline, RIP (Rat insulin promotor). Les souris "Clone-4 TCR" ont des LT CD8+ dont le TCR V#8 est spécifique d'un peptide HA du virus Influenza A/PR/8/34, présenté par le CMH-I.

Les cellules injectées sont analysées 8 à 9 jours après leur transfert, au niveau des ganglions poolés (LN), des ganglions pancréatiques (pLN) et du pancréas. Leur détection (Thy1.1+), leur prolifération (marquage au Cell Trace Violet) et leur phénotype activé (CD25) sont évalués par cytométrie en flux.

Avant de tester nos protéines de fusion, nous avons vérifié que l'IFN pouvait induire la rupture de tolérance. Le pourcentage de cellules proliférantes est utilisé pour comparer différentes conditions de traitement. Si l'IFN permet une prolifération des "Clone 4 TCR" spécifiquement dans les ganglions drainants (figure 42a), les cellules qui prolifèrent n'acquièrent pas de phénotype d'activation et ne migrent pas vers le pancréas (figure 42b). Ces résultats ont été reproduits avec l'IFN"#, mais aussi avec le mIFN"11 (figure 43). Nous avons ensuite testé une gamme de différentes doses d'IFN (figure 44), afin de déterminer la dose de nos IFN ciblés que nous devions utiliser pour avoir une action ciblée. La dose de 102UI d’activité spécifique a ainsi été choisie pour tester nos IFN ciblés, ce qui correspond à 1 µg de protéine de fusion, afin d’obtenir le meilleur différentiel d’activité des IFN ciblés entre les cellules ciblées versus les cellules non ciblées. Nous avons initialement testé la protéine de fusion mCLECA9Nb(R2MCL5)_Q124R, en supposant que les cellules CLEC9A positives étaient la cible de l’action de l’IFN dans la levée de la cross-tolérance. L'IFN ciblé sur les cellules CLEC9A+ (aux doses de 1 µg et 100 ng) ne permet de lever la tolérance (figure 45). Nous avons voulu vérifier si cette absence d’activité n’était pas liée à une absence d’activité de la protéine de fusion. Nous avons alors testé des doses de 10 µg où une prolifération a été mise en évidence (figure 46). Or, nous avons montré qu’à cette dose, l’activité IFN de la protéine de fusion n’était pas ciblée uniquement sur les cellules CLEC9A+ (figure 47). Ceci suggère que l’action de l’IFN dans ce modèle s’exerce sur d’autres cellules, incluant ou non les cellules CLEC9A+. Nous avons alors testé les IFN ciblés sur les cellules CD8+ (figure 48) et différentes combinaisons de protéines de fusion (figure 49). Aucune protéine de fusion, y compris associées entre elles, n’a permis de reproduire les résultats observés avec l’IFN.

Dans ce modèle de rupture de tolérance périphérique par l’IFN, nous n’avons pas pu reproduire l’action de l’IFN avec nos protéines de fusion, aux doses permettant un ciblage. Ceci suggère que l’action de l’IFN s’exerce sur d’autres cellules, qu’il reste à déterminer. Dans ce modèle, les cellules exprimant l’antigène HA sont des cibles intéressantes à explorer. En effet, l’IFN en augmentant l’expression de CMH-I, pourrait augmenter l’immunogénicité de ces cellules et ainsi participer à la rupture de la tolérance périphérique. Toutefois, un nombre plus important de souris par groupe serait nécessaire, du fait de la grande hétérogénéité de réponse d’une souris à l’autre, au sein d’un même groupe de traitement.

mIFN#$:!!106!UI!(n!=!3)! PBS!(n!=!3)! pLN ndLN Pancréas PBS!(n!=!3)! PBS!(n!=!3)!

mIFN#$ à!106!UI!(n!=!3)! mIFN#$ à!106!UI!(n!=!3)!

Figure 42. Rupture partielle de tolérance périphérique par l’IFN

L’IFN induit une prolifération des "Clone 4 TCR", LT CD8+ spécifiques de l’antigène HA (Cl4 Thy1.1+), au niveau des ganglions pancréatiques (pLN), mais pas d’activation des cellules proliférantes (a), ni d’infiltration du pancréas (b). La prolifération, spécifique de l’antigène HA, n’est pas observée dans les ganglions non drainants (ndLN).

a

Figure 43. Activité similaire de l’IFN!" murin et de l’IFN!11 murin sur la prolifération des "Clone 4 TCR"

Aucune prolifération des "Clone 4 TCR" n’a été observée dans les ganglions (LN) non drainant et aucune infiltration du pancréas par les "Clone 4 TCR" n’a été mise en évidence, dans les différentes expériences réalisées, seuls les ganglions pancréatiques (pLN) sont représentés. Le nombre (et le pourcentage) de "Clone 4 TCR" est indiqué en noir et le pourcentage de "Clone 4 TCR" proliférants en rouge.

Figure 44. Représentation graphique de la prolifération des "Clone 4 TCR" dans les ganglions pancréatiques (pLN)

Différentes doses d’IFN"# murin (IFT) et d’IFN"11 murin_C86S (A11) ont été testées. * : Pas de pancréas retrouvé

Figure 45. Prolifération des "Clone 4 TCR" dans les ganglions pancréatiques (pLN), après traitement par la protéine de fusion mCLEC9ANb_Q124R

La protéine de fusion couplant le nanobody anti-CLEC9A murin à l’IFN"2 humain Q124R est comparée à une protéine de fusion contrôle (BcII10Nb_Q124R), avec un nanobody dirigé contre un antigène non exprimé chez la souris

2!159! (0.3%) 3!276! (0.5%) 4!231! (0.5%) 2!974! (1.0%) 53.2!% 43.9!% 65.4!% 89.3!% PBS mCLEC9ANb(R2MCL5)_Q124R!:!10!µg! pLN!!selon!le!groupe!de!traitement!(dose!/souris/injection)

Figure 46. Prolifération des "Clone 4 TCR" dans les ganglions pancréatiques (pLN), après traitement par la protéine de fusion mCLEC9ANb_Q124R, à forte dose

Figure 47. Activité IFN in vivo de la protéine de fusion mCLEC9ANb_Q124R

La protéine de fusion couplant le nanobody anti-CLEC9A murin à l’IFN"2 humain Q124R, injectée par voie intra-péritonéale, induit une phosphorylation de STAT1 (pSTAT1(Y701)) au niveau des cellules ciblées. A la dose de 10µg, cette activité IFN est moins ciblée.

Figure 48. Prolifération des "Clone 4 TCR" dans les ganglions pancréatiques (pLN), après traitement par la protéine de fusion mCD8Nb_Q124R

La protéine de fusion couplant le nanobody anti-CD8 murin à l’IFN"2 humain Q124R est comparée à la protéine de fusion contrôle (BcII10Nb_Q124R), avec un nanobody dirigé contre un antigène non exprimé chez la souris

Figure 49. Prolifération des "Clone 4 TCR" dans les ganglions pancréatiques (pLN) Différentes combinaison de protéines de fusion ont été testées, ces protéines de fusion

associent l’IFN"2 humain Q124R à la chimiokine XCL1 (EmXCL1_Q124R), aux nanobodies anti-CD8 murin (mCD8Nb), anti-CLEC9A murin (mCLEC9ANb) ou à un nanobody dirigé contre un antigène non exprimé chez la souris (BcII10Nb). * : Pas de pancréas retrouvé

II. B. Modèle tumoral

Nous avons testé les IFN ciblés dans un modèle sous-cutané de tumeur A20. Dans ce modèle, il a été décrit que l’injection intra-tumorale de CpG induisait une réponse immune, mais que celle-ci était limitée par une tolérance immune induite par la tumeur. Cette tolérance immune était réversible, après un traitement systémique par des anticorps agonistes d’OX40 et antagonistes de CTLA4, que l’on désignera par commodité anti-OX40 et anti-CTLA4. OX40 (ou CD134) est un récepteur de la famille du TNF, exprimé à la surface des LT activés, qui après activation, notamment par son ligand OX40L, active les LT tout en inhibant les LT régulateurs en down-régulant le CTLA4. Le CTLA4 (ou CD152), exprimé par les LT régulateurs, est un inhibiteur des molécules de co-stimulation (CD80, CD86), exprimées par les CPA et nécessaires à l’activation des LT. L’utilisation systémique de ces 2 anticorps (anti-OX40) et anti-CTLA4 expose au risque potentiel de développer une maladie auto-immune. Ainsi, ces 2 anticorps ont été utilisés par voie intra-tumorale, d’autant que dans ce modèle, les LT régulateurs infiltrant la tumeur expriment OX40 et CTLA4 à des niveaux beaucoup plus élevés par rapport aux LT régulateurs spléniques, ganglionnaires ou circulants. Toutes ces données ont conduit au développement d’un protocole de traitement intra-tumoral de CpG et d’anti-OX40 et anti-CTLA4 [259]. Dans ce modèle, Marabelle et al. ont obtenu une régression tumorale locale (tumeur traitée), mais aussi d’une tumeur sous-cutanée controlatérale. Ces résultats sont en faveur d’une réponse anti-tumorale systémique, et sont associés à une déplétion des LT régulateurs infiltrant la tumeur.

Nous nous sommes basés sur ces résultats [259] pour développer notre modèle de tumeur A20 sous-cutanée. Pour évaluer l’effet anti-tumoral systémique, nous avons inoculé les cellules A20 en IV et nous avons comparé la survie des souris traitées à celle de souris naïves de toute tumeur et de tout traitement.

Dans un premier temps, nous avons vérifié que dans ce modèle, l’IFN pouvait remplacer l’action du CpG (figure 50). En effet, le CpG est un inducteur d’IFN", par son action agoniste du TLR9. Il existe 3 classes de CpG, selon leur capacité d’induction d’IFN" et d’activation des LB. Or, le CpG qui avait été utilisé dans ce modèle (ODN 1826, de classe B), est un faible inducteur d’IFN".

Les premiers résultats ont été obtenus avec l'IFN"# murin, qui a lui-seul n’a pas d’effet significatif sur la croissance tumorale et seulement 1 souris sur 8 a eu une régression

tumorale. A l’inverse, les anticorps seuls ont un effet anti-tumoral très important, mais qui ne permet pas l’éradication de la tumeur. L’association d’IFN et des anticorps a permis une éradication tumorale chez 6 souris sur 8. Parmi ces 6 souris, 3 ont développé des tumeurs secondairement, à distance de la régression complète initiale (à J56, à J70 et à J112 de l'injections sous-cutanée). Pour la 1ère souris, il s'agit de masses inguinales bilatérales avec infiltration péritonéale, d'évolution rapidement progressive, apparues 28 jours après la régression de la tumeur sous-cutanée initiale. La tumeur récupérée a pu être mise d'emblée en culture in vitro et l'analyse FSC/SSC était similaire à celle des cellules A20 et l'injection IV de ces cellules reproduit un syndrome tumoral similaire à celui des A20, caractérisé par une hépato-splénomégalie. A l'inverse, la seconde souris a développé un syndrome tumoral d'évolution plus lente 46 jours après la régression tumorale initiale, caractérisé par des polyadénopathies diffuses, une hépatosplénomégalie sans nodule macroscopique et une atteinte rénale bilatérale. La culture in vitro de ces cellules n'a pu être possible avant 2 passages in vivo. De plus, l'analyse par FACS de cellules CD19+ a montré un profil FSC/SSC différent de celui des A20. Enfin, l'injection IV de ces cellules résulte au même syndrome tumoral diffus que présenté par la souris dont sont originaires ces cellules. Ces résultats suggèrent que la 1ère souris a rechuté sous la forme d'une tumeur A20, alors que la seconde souris a développé un autre type de tumeur, qui pourrait être dérivé des cellules A20. La caractérisation histologique de ces 2 tumeurs était prévue avant la contamination de nos souris, qui n'a pas permis le maintien in vivo du second type de tumeur. Une dernière souris a développé une tumeur sous-cutanée dans la région abdominopelvienne, avec infiltration péritonéale, qui n'a pu être caractérisée, pour les mêmes raisons. Malgré ces tumeurs tardives, la survie des souris traitées par IFN et anticorps est significativement améliorée (suivi de 112 jours après inoculation IV), avec une médiane de survie à 111 jours contre 28 jours pour les souris naïves.

Dans une seconde expérience, nous avons testé une gamme de différentes doses d'IFN"11 murin pour guider le choix de la dose de nos IFN ciblés (figure 51). On a retrouvé des résultats similaires à la 1ère expérience avec une réduction de la progression tumorale par les anticorps seuls, sans régression tumorale, sauf pour 1 souris. A 105 UI d'IFN"11 murin, on reproduit les mêmes résultats de l'association de l'IFN"# avec les anticorps. Cet effet est rapidement réduit dès 103 UI de mIFN"11, où la différence n'est pas statistiquement significative par rapport à l'anticorps seul. Les souris ayant une régression tumorale ont toutes une survie prolongée par rapport aux souris naïves et, après un suivi de 100 jours après

inoculation IV, aucune n'a développé de tumeur. D’après ces données, nous avons choisi la dose de 102 UI d’activité spécifique, soit 1µg de protéines de fusion, pour tester leur activité anti-tumorale.

En association avec les anticorps, les protéines de fusion ciblant l'action de l'IFN sur les cellules CD20+, CLECA9+ et CD8+, exercent un effet anti-tumoral significatif en comparaison aux anticorps seuls (figure 52), mais seulement 50% des souris ont une régression tumorale complète. De même, à peine 3 souris sur 8 traitées avec le mIFN"11 à 105 UI ont une disparition de la tumeur sous-cutanée, ce qui peut être lié à l'utilisation de cellules A20, après plusieurs passages in vivo(A20 in vivo). Si les A20 in vivo peuvent constituer un atout pour reproduire la variabilité d'un même type histologique de lymphome au cours de l’évolution tumorale, il y a un risque théorique de sélectionner des tumeurs plus agressives, voire résistantes au traitement. L'autre résultat inattendu est l'effet anti-tumoral de la protéine de fusion contrôle, Nb(BcII10)_Q124R. En effet, en comparaison aux anticorps seuls, on a un effet anti-tumoral avec une régression tumorale chez 50 % des souris traitées par Nb(BcII10)_Q124R. Nous avons testé différentes doses de Nb(BcII10)_Q124R, afin de déterminer la dose optimale à utiliser pour nos IFN ciblés, qui correspond à la dose où il n’y a pas d’activité des protéines de fusion contrôle (figure 53). Dans cette expérience, une régression de la tumeur sous-cutanée est observée chez plus de la moitié de souris traitées avec la plus faible dose. Les souris ayant eu une régression tumorale ont une survie prolongée par rapport aux souris naïves. Parmi les mécanismes qui peuvent expliquer l’efficacité de la protéine de fusion contrôle, la contamination par l’endotoxine (liée à la production dans E .Coli), est une préoccupation majeure. Ceci a conduit à l’optimisation des systèmes de production par l’équipe de Jan Tavernier, avec des protéines de fusion produites dans les cellules eucaryotes et traitées à la Benzonase, afin d’éliminer toute contamination éventuelle par des acides nucléiques, inducteurs potentiels d’IFN. De plus, l’IFN utilisé est un IFN humain, avec le risque potentiel d’immunogénicité et d’induction d’une réponse immunitaire.

Dans ce modèle de tumeur sous-cutanée, le traitement intra-tumoral par IFN, lorsqu’il est associé aux anticorps anti-CTLA4 et anti-OX40, a une activité anti-tumorale à la fois locale et systémique. Nos protéines de fusion ont une activité anti-tumorale locale, similaire à celle de l’IFN. Cependant, nous n’avons pas pu encore déterminer si cette activité était liée au ciblage cellulaire de l’activité de l’IFN. Si le modèle tumoral était sur un fond génétique

C57Bl6, des souris et/ou des tumeurs IFNAR KO aurait pu nous aider à déterminer si l’action de nos IFN ciblés serait liée à une action sur la tumeur et/ou sur l’hôte.

PBS mIFN #$ Anticorps mIFN#$ +! Anticorps V o lu m e !t u m o ra l! (c m 3) Temps!après!inoculation!IV!(Jours) 2.106A20 in vivo (SC) J10 J12 J14 mIFN"# (105UI) anti-mCTLA4 (10µg) anti-mOX-40 (40µg) J0 105A20 in vivo (IV) Jours V o lu m e !t u m o ra l! (c m 3) Temps!après!inoculation!SC!(Jours) Temps!après!inoculation!SC!(Jours) S u rv ie !s a n s! é n e m e n ts !( % )! *** * Traitement ** ** * PBS mIFN #$ Anticorps mIFN#$ +!Anticorps J17 Médiane!111.5!vs!28!jours Souris!naïves!(n=5) mIFN#$ +!Anticorps!(n=6/8) Exp!01!

Figure 50. Activité antitumorale de l’IFN!" murin, associé aux anticorps anti-CTLA4 et anti-OX40 en intratumoral.

Après traitement intra-tumoral des tumeurs A20 sous-cutanées (SC), les souris (n = 8/groupe) ont reçu des cellules A20 en intraveineux (IV), afin d’évaluer un effet systémique. Des souris naïves de tumeurs SC et de traitement (n=5) ont été utilisées comme contrôle, pour les

courbes de survie.

PBS Anticorps!(Ac) #11_101UI+!Ac #11_102UI+!Ac #11_103UI+!Ac #11_105UI!+!Ac Temps!après!inoculation!SC!(Jours) Temps!après!inoculation!SC!(Jours) Traitement V o lu m e !t u m o ra l!( cm 3) V o lu m e !t u m o ra l!( cm 3) ** ** *** 2.106A20 in vivo (SC) J10 J12 J14 mIFN"11 (105à 101UI) anti-mCTLA4 (10µg) anti-mOX-40 (40µg) J0

105A20 in vivo (IV)

Jours PBS #11_101UI +!Ac #11_102UI +!Ac #11_103UI +!Ac Anticorps! (Ac) #11_105UI! +!Ac Exp 02! Naïves!(n!=!5) Ac (n!=!1/5) #11_10e5!UI!+!Ac (n!=!4/5)! #11_10e3!UI+!Ac (n!=!2/5)!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! **

Temps après inoculation IV (Jours)

S u rv ie g lo b a le ( % )

Figure 51. Activité antitumorale de l’IFN!11 murin, associé aux anticorps anti-CTLA4 et anti-OX40 en intratumoral.

Différentes doses d’IFN"11 ont été testées. A l’initiation du traitement intra-tumoral des tumeurs A20 sous-cutanées (SC), les souris (n = 5/groupe) ont reçu des cellules A20 en intraveineux (IV), afin d’évaluer un effet systémique. Des souris naïves de tumeurs SC et de traitement (n=5) ont été utilisées comme contrôle, pour les courbes de survie.

Exp 03 * PBS Anticorps (Ac) Nb(BcII10)_Q124R 3 µg +Ac mIFN"11_105UI + Ac IFN ciblés (1µg chacun) + Ac

V o lu m e tu m o ra l (c m 3 )

Temps après inoculation SC (Jours) Temps après inoculation SC (Jours)

V o lu m e tu m o ra l (c m 3 ) 2.106A20! in!vivo!(SC) J10 J12 J14 IFN!ciblés!(mCD20!+!mCD8!+!mCLEC9A)! ou!IFN!non!ciblés!(BcII10!ou!mIFN#11) Anti"mOX40!(40!µg) Anti"mCTLA4!(10!µg) J0 Jours *

Figure 52. Activité antitumorale des IFN ciblés, associés aux anticorps anti-CTLA4 et anti-OX40 en intratumoral.

Les IFN ciblés, qui correspondent aux protéines de fusion couplant l’IFN"2 humain Q124R aux nanobodies anti-CD8, anti-CD20 et anti-CLEC9A, ont été associés entre eux (1 µg

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