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L'activité antioxydante des extraits de pépins de pamplemousse est aussi mise en avant par les laboratoires les commercialisant. Selon eux, l'EPP "protègerait les cellules contre le stress oxydatif grâce à la vitamine C" ou encore "lutterait contre les radicaux libres" (Biotechnie-Cosmediet, Nutrisanté).

3. 1. Rappel sur les radicaux libres et le stress oxydant

3. 1. 1. Dé finitions

Les radicaux libres sont des espèces chimiques constituées par un atome, groupe d'atomes ou molécules, où au moins un électron libre occupe une orbitale externe.

Ils peuvent être des dérivés de l'oxygène, on les appelera ainsi ROS (Reactive Oxygen Species ou espèces réactives de l'oxygène) ou des dérivés de l'azote.

Les radicaux libres sont ainsi dotés d'un réactivité particulière dans le but d'apparier leur électron célibataire, pouvant réagir avec d'autres atomes ou molécules en tant qu'oxydant, en donnant leur électron, ou réducteur, en créant une liaison pour combler leur orbitale.

Les réactions qui donnent naissance à ces espèces chimiques sont appelées réactions radicalaires.

Les radicaux libres peuvent avoir diverses origines :

- Origine physiologique : synthèse lors de phénomènes de phagocytose, via la respiration mitochondriale. - Origine physiopathologique : synthèse de radicaux libres dûe à un dé ficit enzymatique, une in flammation, une maladie mitochondriale.

- Origine physique ou chimique : synthèse suite à une irradiation, à la prise de certains médicaments ou au contact avec des polluants.

- Origine autre : synthèse dûe à différents stress tels qu'un stress thermique (hyperthermie), une hypoxie ou encore un stress mécanique.

Le stress oxydant est quant à lui observé lorsque la production des espèces oxygénées réactives dépasse les capacités de défense des tissus. Les espèces oxygénées pourront ainsi réagir avec les lipides, les protéines et les acides nucléiques cellulaires, entraînant des altérations des composants cellulaires (Lemarchand, 2008; Puy, 2012).

3. 1. 2. Effets des radicaux libres sur l'organisme

Les radicaux libres peuvent avoir un rôle physiologique, participant à la croissance cellulaire et aux mécanismes de défenses, mais aussi ayant un rôle de second messager par le biais de l'activation de certains facteurs de transcription (Lemarchand, 2008; Puy, 2012).

Ils sont aussi responsables de nombreux effets toxiques :

- Au niveau de l'ADN, entraînant une rupture du double brin d'ADN ou encore des mutations ponctuelles, ce qui a pour conséquence des anomalies transcriptionnelles ou même la mort cellulaire par nécrose ou apoptose.

- Au niveau des protéines, avec altération de leur structure ou oxydation des acides aminés les composant, fragmentation ou modi fication de leur conformation ou encore modi fication de leur charge électrique. Tous ces phénomènes induisent une modi fication de l'activité biologique des protéines et une augmentation de leur

dégradation.

- Au niveau des acides gras, et plus précisément des lipides membranaires, entraînant une rigidi fication membranaire qui aura pour conséquence une modi fication de leur perméabilité et de leur af finité pour les protéines.

3. 1. 3. Protection de l'organisme vis à vis des radicaux libres

L'organisme va se défendre face à ces radicaux libres selon trois axes.

Tout d'abord, la première ligne de défense va faire intervenir des molécules anti-oxydantes, qui vont servir de tampon immédiat, agissant comme des "pièges à radicaux", empêchant l'interaction entre les radicaux libres et d'autres entités chimiques. On retrouve ainsi le glutathion, qui protègera surtout les globules rouges, les vitamines A, C et E, ou encore la biliverdine.

La deuxième ligne de défense consiste en la transformation des radicaux libres en métabolites moins toxiques. Pour se faire, de nombreuses enzymes, telles que la superoxyde dismutase, la catalase ou la glutathion peroxydase, régiront une cascade enzymatique ayant pour but de transformer l'anion superoxyde en eau.

La dernière ligne de défense consiste en la réparation des lésions induites par les radicaux libres. Selon les cellules atteintes, les mécanismes de réparation leur seront spéci fiques. Ainsi, une atteinte de l'ADN entraînera une réparation des bases nucléotidiques, tandis qu'une atteinte de la membrane cellulaire entraînera une suppression des régions lésées (Lemarchand, 2008; Puy, 2012).

3. 1. 4. Pathologies liées aux radicaux libres

Les radicaux libres, et donc le stress oxydatif, semblent impliqués dans de nombreuses pathologies. Ils seraint ainsi responsables de maladies cardiovasculaires, telles que l'athérosclérose, par la peroxydation des lipides, ou l'hypertension artérielle; de maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson ou la maladie d'Alzheimer; de maladies respiratoires telles que l'asthme ou l'emphysème, mais aussi de cancers et d'ulcères gastriques.

3. 2. EPP comme antioxydants

Les flavonoïdes ainsi que la vitamine C présents dans les extraits de pépins de pamplemousse sont connus pour leurs propriétés antioxydantes. Il apparaît donc évident que leur association soit elle aussi responsable d'une activité antioxydante.

possèdent une activité antioxydante. De même, il étudie des extraits de peau de pomelos ainsi que leur jus, qui possèdent eux aussi une forte activité antioxydante, et il en ressort que la présence d'hespéridine et de naringine, ainsi que leurs formes aglycones, est principalement responsable de cet effet antioxydant (Tirillini, 2000).

Une autre étude réalisée en 2004 analysa le pouvoir antioxydant de l'extrait de pépins de pamplemousse dilué soit dans une base aqueuse, soit dans une base éthanolique. Trois tests différents furent réalisés, et les résultats furent unanimes, à savoir que l'EPP possèdait effectivement une activité antioxydante importante, et que cette activité était supérieur lorsqu'on était en présence d'une solution aqueuse plutôt que d'une solution éthanolique (Giamperi et al., 2004).

D'après Dembinski A. et al., l'activité antioxydante de l'extrait de pépins de pamplemousse aurait une action protectrice à l'encontre d'une pancréatite induite par ischémie et reperfusion chez le rat, entraînant de nombreux mécanismes antioxydants dans le pancréas et améliorant sa circulation sanguine. De plus, l'EPP ayant été administré par voie intragastrique, il semblerait qu'il ait atteint le tissu pancréatique par l'intermédiaire de la circulation sanguine a fin d'assurer la protection du pancréas (Dembinski et al., 2004).

L'effet antioxydant de l'extrait de pépins de pamplemousse a aussi été étudié chez des rats présentant un ulcère gastrique en 2005. Il s'avéra que le pré-traitement par EPP chez des rats sur lesquels on provoqua un ulcère entraîna une diminution de la concentration de MDA, qui est un marqueur de peroxydation des lipides, ainsi qu'une augmentation de l'activité de la SOD (superoxyde dismutase), qui est une enzyme de défense contre les radicaux libres, le tout comparativement aux rats non traités par l'EPP.

Cette étude permit donc de conclure que l'EPP possédait bel et bien une activité antioxydante, et qu'elle était, en partie, responsable d'une activité antiulcéreuse (Brzozowski et al., 2005).

En fin, la dernière étude qui traita du pouvoir antioxydant des EPP, en 2007, analysa l'effet d'un "EPP maison" lorsqu'il était administré en pré-traitement par rapport à l'épirubicine chez des rats. L'épirubicine est une molécule de la famille des anthracyclines, utilisée dans les protocoles de chimiothérapie, et qui est notamment responsable d'une toxicité testiculaire de par l'inhibition de la synthèse d'ADN et la formation de radicaux oxygénés responsables de dommages oxydatifs sur le tissu testiculaire qu'elle entraîne.

Ainsi, le pré-traitement par EPP permit de limiter les effets indésirables testiculaires causés normalement par l'épirubicine, et provoqua une diminution des concentrations de MDA, une diminution des spermatozoïdes anormaux et limita les modi fications histologiques testiculaires en comparaison aux rats non pré-traités. La conclusion de cette étude fut donc que l'activité antioxydante de l'EPP était responsable de la meilleure tolérance à l'épirubicine quant à la diminution des dommages au niveau testiculaire (Saalu, 2007).

PARTIE IV

Comme nous le détaillerons plus tard dans ce chapitre, le jus de pamplemousse est connu pour être un puissant inhibiteur enzymatique des cytochromes P450, ce qui le rend responsable d'un nombre non négligeable d'interactions médicamenteuses.

De même, nous avons vu précédemment que les extraits de pépins de pamplemousse pouvaient être issus, en plus des pépins en tant que tel, de la pulpe de pomelo ou de pamplemousse. Ceci laisse donc à penser qu'ils pourraient être eux aussi incriminés dans des interactions d'ordre médicamenteux, bien que les laboratoires les commercialisant n'évoquent pas ce point.

Nous allons donc étudier ce phénomène en détail a fin de comprendre s'il existe bel et bien une interaction entre cytochromes et EPP, de manière à rendre le conseil of ficinal associé à la prescription de ce produit encore plus fiable et précis.