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Figure 40 : Pouvoir réducteur de l’extrait aqueux de L guyonianum et du BHT Les valeurs

V. Activité analgésique

V.1. Activité analgésique périphérique 1 Test de torsion

Les tests d'acide acétique sont fréquemment utilisés pour évaluer les composés à activité analgésique périphérique (Le Bars, 2001). Les résultats du test de Koster sont consignés dans le tableau 12 et illustrés par la figure 46.

Tableau 12 : Effet analgésique de l’extrait aqueux des feuilles de L. guyonianum (50, 100 et 200

mg/kg pc) et du paracétamol (100 mg/kg pc) sur les contractions abdominales induites chez les rats par l’injection de l’acide acétique. Chaque valeur représente la moyenne (n=5) ± SEM (p < 0.05, test de Tukey).

Groupes Nombre de contorsions Pourcentage d’inhibition (%)

Témoin 210 ± 9.30 a ---

Extrait 50 mg/kg pc 143.0 ± 2.32b 31.6 ± 2.32 a Extrait 100 mg/kg pc 114 ± 2.53b 45.4 ± 2.38 a Extrait 200 mg/kg pc 78 ± 9.59 c 63.0 ± 4.30 b

Paracétamol 100 mg/kg pc 50 ± 9.92 c 75.6 ± 5.20b

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L’injection de l’acide acétique à la dose de 10 ml/kg par voie IP provoque une moyenne de 210.0 ± 9.30 crampes comptabilisées au bout de 20 minutes chez le lot témoin. L’administration per os du paracétamol à la dose de 100 mg/kg pc, prévient de façon significative l’apparition de contorsions (50 ± 9.92) ce qui correspond à un pourcentage d’inhibition de 75.6 ± 5.20 %. Pour une dose d’extrait de 50 et 100 mg/kg pc, le pourcentage d’inhibition est de 31.6 ± 2.32 % et 45.4 ± 2.38 % respectivement. À la dose de 100 mg/kg pc, l’extrait montre une activité analgésique périphérique marquée avec un pourcentage de protection de 45.4 ± 2.38 %. À une dose de 200 mg/kg pc l’extrait montre une activité analgésique périphérique notable avec un pourcentage d’inhibition de 63.0 ± 4.30 % des crampes abdominales induites, valeur largement comparable à l’action du paracétamol à 100 mg/kg pc. L’extrait présente donc une action analgésique périphérique de type paracétamol 200 mg/kg pc par voie orale (figure 46).

Parac étamo l 50 mg /kg 100 mg /kg 200 mg /kg 0 20 40 60 80 100 ns

***

***

ns

***

*

In h ib it io n (% )

Figure 46 : Effet analgésique périphérique de l’extrait aqueux des feuilles de L. guyonianum (50, 100 et

200 mg/kg pc) et du paracétamol (100 mg/kg pc) vis à vis de la douleur induite par l’acide acétique chez les rats (test de Koster). Chaque valeur représente la moyenne (n=5) ± SEM (p < 0.05, test de Tukey).

L'injection de l’acide acétique (algogène) provoque une lésion tissulaire et stimule la libération de nombreux médiateurs chimiques impliqués dans la douleur tels que la bradykinine, l’histamine, la sérotonine, l’acétylcholine et les prostaglandines (Amresh, 2006). Ces dernières sensibilisent les nocicepteurs aux stimuli douloureux et en résulte une douleur plus tardive et diffuse (Collier et al., 1968 ; Le Bars et al., 2001). Ces médiateurs ont été mis en évidence en proportions élevées dans les exsudats péritonéaux de rongeurs après injection d’acide acétique (Deraedt, 1980). Cette douleur se manifeste chez les rats et les souris par un mouvement d’étirement des pattes postérieures et de torsion de la musculature dorso-abdominale.

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Le paracétamol ou para-acétyl-amino-phénol (classe des antalgiques antipyrétiques non salicylés) agirait sur les mécanismes de la douleur en intervenant dans la biosynthèse de prostaglandines (Vane et Ferreira, 1979). Au vu de nos résultats, l’extrait présente donc une action analgésique périphérique de type paracétamol 200 mg/kg pc par voie orale. Cet effet analgésique se rapproche de celui de nombreuses plantes utilisées en médecine traditionnelle. Notre étude sur L. guyonianum est la première qui met en évidence un effet analgésique périphérique. La capacité de l’extrait à réduire le nombre de crampes abdominales induites par l’acide acétique suggère que l’extrait possède une action antinociceptive périphérique par inhibition de l’activité des lipo-oxygénases ou des cyclo-oxygénases et la production des prostanoïdes (PGE2 et PGE2α) et des médiateurs inflammatoires (Ballou et al., 2000 ; Dou et

al., 2004 ; Malairajan et al., 2006 ; de Queiroz et al., 2010).

Comme il a été démontré dans l’étude phytochimique, les feuilles de L. guyonianum contiennent des composés phénoliques, des flavonoïdes, des stérols, des saponines et des tanins. Ces composés sont connus, d’être doués de propriétés analgésiques dans d’autres plantes médicinales telles que Argania spinosa (Alaoui et al., 1998), Capparisovata (Arslan et al., 2010), Phyllanthus carolinienses (Cechinel‑Filho et al., 1996), Aloe vera (Jia et al., 2008),

Jatropha curcas (Uche et Aprioku, 2008), Jatropha gossypifolia (Panda et al., 2009), Elephantopus tomentosus (Yam et al., 2009), Citrullus colocynthis (Marzouk et al., 2010) et Myracrodruo nurundeuva (Viana et al., 1998).

Le test à l’acide acétique permet la mise en évidence des effets analgésiques non spécifiques et de faibles intensités (Vogel, 1997). De ce fait, il n’est utile que pour effectuer un premier tri des substances possédant une action analgésique (Le Bars et al., 2001).

V.1.2. Test à l’algésimètre

L’activité analgésique périphérique de l’extrait a été étudiée cette fois-ci sur des rats par le test à l’algésimètre qui permet l’induction d’une douleur mécanique. Le tableau 12 et la figure 47 ci-après, résument les résultats obtenus. L’extrait dosé à 50, 100 et 200 mg/kg pc per os a significativement augmenté le seuil de sensibilité à la douleur (temps de réaction) de façon dose dépendante.

Le groupe contrôle négatif a présenté un temps de réaction moyen de 51.66 ± 0.23 s qui est largement inférieur à celui de la plus faible dose de l’extrait administré (116.66 ± 0.31 s). Cet effet analgésique a été plus notable aux doses 100 et 200 mg/kg pc (tableau 13). Le paracétamol (50 mg/kg pc) a augmenté significativement le seuil de perception de la douleur

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(220.66 ± 0.55 s), soit un taux de variation de 327.62 ± 0.53 %. Néanmoins, ce pourcentage n’est pas loin de celui obtenu avec 200 mg/kg pc d’extrait. Ces résultats appuient ceux obtenus précédemment avec le writhing test ce qui démontre encore une fois l’action antinociceptive périphérique de l’extrait.

Tableau 13 : Action antinociceptive périphérique de l’extrait aqueux des feuilles de L. guyonianum

(50, 100 et 200 mg/kg pc) et du paracétamol (50 mg/kg pc) mesuré par l’algésimètre. Chaque valeur représente la moyenne (n=5) ± SEM (p < 0.05, test de Tukey)

Groupes Seuil de perception

de la douleur (s) Pourcentage d’augmentation du seuil de sensibilité (%) Témoin 51.66 ± 0.1a --- Extrait 50 mg/kg pc 116.68 ± 0.18b 125.81 ± 0.19 a Extrait 100 mg/kg pc 171,66 ± 0.24c 232.28 ± 0.33b Extrait 200 mg/kg pc 200.0 ± 0.13d 287.48 ± 0.21c Paracétamol 50 mg/kg pc 220.66 ± 0.32e 327.62 ± 0.53d

Dans une colonne les valeurs affectées de lettres différentes sont significativement différentes.

Parac étamo l 50 mg /kg 100 m g/kg 200 m g/kg 0 50 100 150 200 250

***

***

***

***

***

***

Te m p s (s )

Figure 47 : Effets analgésique périphérique de l’extrait aqueux des feuilles de L. guyonianum (50,

100 et 200 mg/kg pc) et du paracétamol (50 mg/kg pc) sur le seuil de sensibilité à la douleur induite par l’algésimètre. Chaque valeur représente la moyenne (n=5) ± SEM (p < 0.05, test de Tukey).

L’effet de l’extrait de la plante a été évalué sur la douleur de type périphérique avec l’algésimètre. Le traumatisme tissulaire provoqué par stimulation mécanique engendre le gonflement local des tissus traumatisés responsables de la libération de la bradykinine, la sérotonine, les ions potassium et l’hydrogène (Guirimand, 2003). Ces substances sont

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classiquement des substances algogènes qui activent les nocicepteurs (Dray, 1994). La production de l’acide lactique, l’histamine, de la substance P, et les prostaglandines sont également à l’origine des douleurs rencontrées au cours de l’ischémie ou d’exercices musculaires (Guirimand, 2003). Les prostaglandines et les leucotriènes sont algogènes et jouent un rôle essentiel par sensibilisation d’autres récepteurs (Marnett et al., 1999). Le fait que l’extrait aqueux de la plante s’oppose à la douleur par algésimètre suggère qu’il inhibe la libération de toutes ces substances algogènes.