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5.1 Activité répétitive de pointage avec fatigue : réalisation et exploitation d’une campagne expérimentale

5.1.3 Caractérisation de la survenue de la fatigue musculaire

5.1.3.5 Activité électrique des muscles

La littérature portant sur l’étude de la VM lors d’activités répétitives similaires à celle de notre cas d’étude n’exploite généralement qu’une partie des données d’activité muscu-laire : elle considère principalement la comparaison entre le début de la tâche et son achè-vement. Cette section reprend ce travail de comparaison « sans fatigue »/ « avec fatigue »,

8 23 360 0,01508 0,00236 358 95

9 20 360 0,01453 0,00211 355 95

10 21 495 0,01126 0,00177 486 96

Table 5.5 Personnalisation des paramètres du modèle XFL.

puis propose une méthode simplifiée pour l’étude des transitions intermédiaires de l’activité musculaire.

Trois descripteurs de l’activité EMG sont calculés (cf. section 3.3.2page54) :

— l’amplitude A de l’enveloppe EMG (calculée à l’aide d’un filtre passe-bas Butterworth d’ordre 4 bidirectionnel et coupure à 6 Hz, après redressement du signal EMG) ; — la fréquence moyenne MNF , à partir du signal EMG filtré entre 20 et 400Hz ; — l’indice de Dimitrov INSM5, à partir du signal EMG filtré entre 20 et 400Hz.

Ces descripteurs sont agrégés par cycle élémentaire15 d’environ 2s. Les traitements des signaux sont implémentés en langage Python. Pour les filtrages, calculs de spectre, etc., on utilise différents modules de ce langage16. La figure 5.6 présente l’évolution temporelle des trois descripteurs considérés pour un muscle et un sujet : l’amplitude du signal EMG et l’in-dice de Dimitrov augmentent significativement au cours de l’exercice, tandis que la fréquence moyenne du spectre diminue significativement. Ces évolutions concomitantes confirment la survenue de la fatigue musculaire (cf. section 3.3.2et figure3.9 page56).

L’analyse des données d’effort perçu et de réduction de la capacité de production de force n’ayant pas révélé de différence significative entre les modalités NOM et CAL, les observations suivantes portent uniquement l’activité musculaire en modalité nominale. Elles concernent spécifiquement l’activité des 6 muscles du membre supérieur droit pour les 12 sujets pour lesquels des mesures sont disponibles.

Comparaison début/fin

Le tableau 5.6 compare la distribution des valeurs des trois descripteurs de fatigue au premier et au dernier cycle de pointage pour les 12 sujets pour lesquels des mesures EMG sont disponibles. En fin d’expérimentation, pour chacun des muscles considérés, l’amplitude moyenne par cycle a augmenté de 50 à 75 %. Cette augmentation significative de l’activité est supérieure à celle observée par Srinivasan et al. [250] (de 25 à 35 %) mais cohérente avec celle observée par Kallenberg et al. [251] (de 30 à 58%). Cette évolution est statistiquement

15. un aller-retour PRX → DST → PRX. 16. notamment scipy.signal et numpy.fft.

Fig. 5.6 Trois descripteurs de fatigue du deltoideus medialis, agrégés sur chacun des 95 cycles exécutés par le sujet S1. En haut : enveloppe EMG, normalisée par rapport à la moyenne de ce descripteur sur les 5 premiers cycles (10 s). Au milieu : fréquence moyenne du spectre. En bas : indice de Dimitrov d’ordre 5, normalisé par rapport à la moyenne de ce descripteur sur les 5 premiers cycles (10 s). En trait plein : les données brutes. En pointillés : moyenne glissante sur 5 cycles (10 s).

DELA

0 0 0

ta: 134,9 ± 22,6 (%) ta : 109,0 ± 7,8 ta: 150,2 ± 24,7 Test T : p = 0,0000 Test T : p = 0,0002 Test T : p = 0,0000

DELM

t0: 98,4 ± 4,2 t0 : 124,3 ± 9,5 t0 : 99,2 ± 3,2

ta : 144,4 ± 18,6 ta : 108,6 ± 5,7 ta: 155,7 ± 33,8 Test T : p = 0,0000 Test T : p = 0,0001 Test T : p = 0,0000

DELP

t0: 98,5 ± 5,1 t0 : 118,5 ± 14,5 t0 : 100,1 ± 4,6

ta: 160,3 + 34,9 ta : 109,7 ± 10,1 ta: 130,7 ± 21,6 Test U : p = 0,0000 Test T : NS (p > 0,05) Test U : p=0,0003

BIC

t0 : 100,6 ± 4,9 (%) t0 : 122,5 ± 11,6 (Hz) t0 : 101,3 ± 3,6 (%)

ta: 175,2 ± 56,1 (%) ta : 107,2 ± 10,3 (Hz) ta: 155,4 ± 35,1 (%) Test U : p = 0.0000 Test T : p = 0,0025 Test U : p = 0.0000

T RI

t0: 99,9 ± 4,1 t0 : 141,2 ± 11,8 t0 : 99,0 ± 4,3

ta: 150,3 ± 40,4 ta : 124,2 ± 15,3 ta: 150,1 ± 34,0 Test T : p = 0,0003 Test T : p = 0,0059 Test T : p = 0,0000

T RAD

t0: 100,8 ± 4.7 t0 : 108,7 ± 12.8 t0 : 99,1 ± 2,4

ta: 150,1 ± 29.9 ta : 109,1 ± 13.2 ta: 103,6 ± 11,9 Test U : p = 0,0000 Test T : NS (p > 0,05) Test T : NS (p > 0,05) Table 5.6 Évolution des descripteurs de fatigue (agrégés par cycles de pointage) pour les 12 sujets et les 6 muscles : comparaison entre le début et la fin de l’expérimentation. NS : différence non significative à 95% d’après le test T de Student ou le test U de Mann-Whitney, appliqués selon la normalité des distributions considérées.

Le tableau 5.6) montre que l’indice INSM5 de Dimitrov présente des variations relatives plus marquées que la fréquence moyenne, mais celle-ci apparaît plus régulière (écarts moins nombreux à la distribution gaussienne). Ces deux descripteurs étant de même nature, l’indice

INSM5 de Dimitrov n’est plus exploité dans les analyses décrites ci-après.

Étude en continu de l’activité musculaire

On constate à la figure5.6que l’évolution des descripteurs de fatigue musculaire n’est ni homogène, ni monotone : des ruptures de pentes, voire des changements de signe de pentes, peuvent être identifiés visuellement dans les séries temporelles associées. Ces ruptures et inflexions peuvent être liées à des adaptations du mouvement induite par la survenue de la fatigue. Identifier ces points singuliers pourrait fournir des informations sur le comportement moteur des sujets, par exemple pour caractériser la variabilité inter-sujets au niveau de l’activité musculaire, ou pour corréler ces points singuliers avec d’autres issues des séries temporelles de descripteurs cinématiques.

(Likelihood Profile - LP) [2] permet d’identifier un niveau de segmentation optimisant le nombre de segments appliqués nopt par rapport à l’erreur η entre la série S et son approximation linéaire à k morceaux Skˆ.

Le détail de cette méthode, désignée PIP-LP dans la suite de ce document, est présenté à l’annexeB. La figure5.7illustre le résultat de ces traitements pour un descripteur de fatigue musculaire de l’un des sujets.

Fig. 5.7 Mise en œuvre de la méthode PIP-LP de découpage optimal appliqué à l’évolution temporelle de la fréquence moyenne de l’EMG du deltoideus pars posterior pour un sujet (pour le détail de la méthode, cf. annexeB).

Identification des plages critiques de plusieurs séries temporelles

On considère un ensemble S de m séries temporelles Sj. La méthode PIP-LP permet d’identifier un nombre optimal noptj d’instants de ruptures pour chacune d’elles. Le nombre

l’en-proches. La densité de répartition des points de P peut donc permettre d’identifier des « plages critiques » correspondant à une accumulation d’instants de ruptures. Graphique-ment, la construction de l’histogramme de répartition des instants de rupture peut mettre en évidence de telles plages critiques pour l’ensemble S des séries temporelles considérées.

La figure 5.8 présente un tel histogramme, issu de l’analyse PLP-LP de descripteurs de l’activité EMG sur l’activité de pointage pour un sujet. On observe deux pics de densité d’instants de rupture, le plus importants entre 50 et 55% du temps d’achèvement, le deuxième entre 60 et 65%. Sur ces intervalles de temps, de nombreux descripteurs de l’activité EMG présentent des points de ruptures ou des inflexions : on peut supposer que l’activité motrice subit alors des adaptations significatives.

Fig. 5.8 Histogramme des instants de ruptures identifiés par la méthode PIP-LP au sein des 12 séries temporelles décrivant l’activité électrique du sujet S1 (six muscles, deux descripteurs par muscle : l’amplitude A et la fréquence moyenne MNF ). Les pics correspondent à des plages critiques où se concentrent les instants de rupture de plusieurs séries temporelles.

Application de l’analyse PIP-LP aux descripteurs EMG pour tous les sujets On généralise à tous les sujet la construction de l’histogramme des instants de rupture décrite au paragraphe précédent (cf. annexeBsectionB.4.1). La répartition des 2 principaux pics de

que l’activité musculaire n’a pas significativement modifiée par la fatigue avant ce seuil ;

— le premier pic observé pour les sujets S4 et S8 se trouve aux limites de la distribution. Cela peut indiquer que ces sujets ont un comportement qualitativement différent de celui des autres, ce qui est confirmé par une classification automatique18.

Sujet Position du 1

er pic Position du 2nd pic (en % du temps d’achèvement) (en % du temps d’achèvement)

1 50-55 60-65 2 60-65 80-85 3 55-60 15-20 4 10-15 35-40 6 50-55 75-80 7 50-55 40-45 8 80-85 50-55 9 30-35 50-55 10 45-50 50-55 11 75-80 70-75 12 65-70 70-75 14 55-60 95-100

Table 5.7 Position (en % du temps d’achèvement) des instants de rupture des 2 descripteurs de fatigue exploités pour les 6 muscles considérés.

5.1.4 Analyse de la cinématique et des coordinations articulaires avec la