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L’ignorance réelle des contenus éditoriaux et éditorialisés existants est la première raison de non-consultation (18% des répondants de l’enquête agrégée). Cette ignorance est également fréquemment déclarée lors des entretiens. Pire encore, alors que le magazine du réseau est placé bien en évidence (à la bibliothèque de la Part-Dieu, sur le poteau au milieu du couloir d’arrivée à l’espace d’accueil), un certain nombre de personnes l’assimilent à de la publicité ou de la « paperasse » municipale ou métropolitaine. Signalétique et communication constituent donc toutes deux un point de vigilance important, malgré tous les efforts déjà fournis par les bibliothèques afin de faire connaître leurs contenus éditoriaux.

L’accroissement de la visibilité pourrait se faire de différentes façons.

Il serait bon, tout d’abord, de renforcer la signalétique au sein des espaces physiques des bibliothèques par des pancartes indiquant clairement ce qu’est le document papier à disposition (magazine d’animation culturelle par exemple, ou sélection bibliographique), et par un dispositif de mise en visibilité (mettre le produit imprimé sur un présentoir plutôt que sur une table au milieu de tous les magazines de programmation municipaux et culturels, ce qui le noie dans la masse).

Des flyers de présentation sont parfois mis à disposition, comme à la BmL. Ce procédé est visiblement utile puisque cela représente, d’après notre enquête, une voie d’accès importante (un tiers des consultants de contenus les découvre par ce biais, c’est le deuxième vecteur d’information sur cette production de contenus ). Mais cela ne résout pas totalement le problème. Un certain nombre de gens n’aperçoivent visiblement pas les contenus à disposition même quand ils sont mis en évidence sous le regard dans des endroits « stratégiques » (à côté de la banque d’accueil, des ordinateurs de consultation, dans les espaces détente et presse, ou dans un onglet à côté de celui des informations pratiques sur le site web). Ils ne voient a fortiori pas les flyers.

Un moyen efficace de les faire connaître, même s’il est certain que le web restera l a voie d’accès principale, est que les personnels en salle relaient l’existence de ces produits éditorialisés. Cela implique qu’ils soient convaincus de leur intérêt, et, pour ce faire, un travail d’acculturation en interne. Cette voie d’accès touche pour l’instant entre 10 et 12% des usagers répondants selon les réseaux, et pourrait donc être davantage développée308.

On notera, au risque d’asséner un truisme (mais il n’est pas certain que ça le soit toujours dans certaines bibliothèques prises par les tâches du quotidien), que des dispositifs de communication réguliers voire récurrents sont nécessaires, par tous les canaux à disposition (campagnes de communication, mails de newsletter, RSN quand cette voie de communication ne leur est pas interdite par leurs tutelles),

307 En 2018, la rubrique qui a le plus de pages consultées sur le webzine L’Influx (hors Arts vivants, Lyon ayant

une communauté particulièrement forte) est celle de Lyon -Région, avec 64 530 pages vues à l’année.

308 Le nombre de 440 réponses à cette question est dû au fait que ce résultat ne comprend pas de résultat lyon nais,

Quel avenir de la production éditoriale en bibliothèque dégager de cette étude de récéption ?

LAMOTTE Caroline | DCB28 | mémoire de recherche | février 2020 - 76 –

pour faire connaître et rappeler l’existence de ces produits éditoriaux/éditorialisés, sous peine de les condamner à une relative confidentialité309. Alimenter une valorisation des productions de contenus sur les réseaux sociaux (par lien de renvoi notamment) est en effet devenue incontournable aujourd’hui (pour les usagers et donc pour les bibliothèques qui doivent les atteindre)310. Un focus group de la BPI révélait en 2017 que le canal de valorisation des contenus éditorialisés jugé le plus approprié par les participants est, plus encore qu’un mail de newsletter bimensuel (ou hebdomadaire, les avis divergent), le postage sur Facebook. Celui-ci a l’avantage de pouvoir faire tolérer des diffusions de rappel ou de valorisations plus fréquentes, avec une disposition d’esprit plus réceptive311. Les RSN sont, globalement, le canal de connaissance que les gens imaginent le plus efficace312. Il faut par contre

communiquer également sur l’existence de ces comptes de RSN ou de chaînes de bibliothèques sur des plateformes comme YouTube (un petit symbole sur le site web ne suffit pas à attirer l’attention et les bibliothèques ne peuvent plus s’en remettre au fait d’être cherchées par des publics qui s’intéresseraient à leurs activités). Mais d’autres moyens de communication sont également concevables. On peut intégrer des procédures de renvoi d’un contenu à l’autre (le magazine Topo de la BmL présente des articles de L’Influx ou des réponses du Guichet du Savoir), ou évoquer ces produits lors d’ateliers de découverte des ressources de la bibliothèque ou d’ateliers d’éducation aux médias313. On peut aussi signaler dans le catalogue

certains produits éditoriaux comme les dossiers documentaires comme le fait la MIOP, ou chercher des interlocuteurs (communautés d’intérêt, associations) auprès de qui les diffuser spécifiquement, dans une logique de dissémination314, comme on le verra.

Afin d’améliorer la visibilité et de sortir les contenus des sites web de bibliothèque, où ils se trouvent souvent enfouis sous plusieurs pages, certains réseaux se dotent d’une marque315, visible sur le site web mais également sur les moteurs de recherche. C’est le cas du Sillon Lorrain avec Limédia. Cette stratégie de marque est intéressante, comme l’explique Malik Diallo316, parce qu’elle

correspond à la réalité du fonctionnement des publics. C’est en effet pour un usage ou un sujet que les publics vont sur un site web. Il convient donc de faire des sites de contenus, identifiés comme tels par les publics pour leur usage. Cette mise en

309 Lors du focus group à la BPI, une participante précise, alors que la discussion tourne autour de la périodicité

idéale d’une newsletter, qu’il en faut une deux fois par mois par mail pour lui rappeler « l’existence [du webmagazine] en fait ! Il y a tellement de choses qu’on oublie aussi. Je suis abonnée à tellement de choses que cela va vite. »

310 « La navigation sociale […] fait désormais le quotidien de nos pratiques, à traver s les profils qui servent à nous

orienter ». Voir BOULLIER, Dominique. « Profils, alerte et vidéo : de l’outre-lecture à la fin de la lecture ?. EVANS, Christophe (dir). Op. cit, p.42..

311 Le monsieur précise que par mail, « si c'est tous les jours je n’aurais pas le temps d’aller regarder alors que sur

Facebook c'est plus instantané : on voit un article, on y va directement et on passe plus vite je pense. », et une dame renchérit : « Peut-être aussi quand tu vas sur Facebook tu es plus dans un esprit genre me divertir, tu te balades un peu, tu cliques sur les articles alors que quand je consulte mes mails, c'est moins dans l’esprit de passer du temps, de me divertir ! »

312 La retranscription précise que plusieurs personnes acquiescent à l’idée que ce canal le plus efficace soit les

RSN, et un homme y revient un peu plus tard pour insister : « Je pense que c'est surtout par les réseaux sociaux. ».

313 Cela pourrait se faire dans le cadre d’une présentation des critères de fiabilité, dont le fait de citer ses sources,

ce que les bibliothécaires font abondamment à travers les bibliographies de fin d’articles.

314 On va s’intéresser plus particulièrement à cette logique de dissémination dans la sous partie suivante. 315 Voir sur la question de la marque le mémoire d’étude DCB de Pierre-Louis Verron. Voir VERRON, Pierre-

Louis. La notion de marque pour les bibliothèques. Villeurbanne : ENSSIB. Mémoire d’études de diplôme de conservateur en sciences de l’information et des bibliothèques, 2013. Disponible sur le Web : <https://www.enssib.fr/bibliotheque- numerique/documents/60399-la-notion-de-marque-pour-les-bibliotheques.pdf>.

316 Entretien téléphonique du 28/08/2019 avec Malik Diallo, chargé de projet B ibliothèque numérique de référence

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visibilité par la marque doit aller de pair avec une réflexion stratégique à un double niveau : non seulement sur l’identité et le positionnement de cette marque (pour en faire ressortir la valeur ajoutée auprès d’une cible) mais aussi sur l’opportunité de coopérer à une structure de mutualisation de contenus, plus à m ême de mettre en place une démarche de création de marque qu’une petite structure.

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