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8. Résumés des analyses critiques d'articles

9.1 Accompagnement et communication

Types de communication

Dans le but d’une cohérence dans notre analyse, nous avons premièrement comparé les définitions de la seconde phase du travail utilisées dans les différents articles retenus avec la définition provenant du

Rôle de la sage-femme Accompagnement et communication Répercussions maternelles et foetales Positions maternellles Analgésie péridurale

NICE (2014) sélectionnée dans notre cadre de référence. Les définitions utilisées sont similaires. Ainsi, la deuxième phase de travail débute dès le diagnostic de dilatation complète du col utérin et se termine par la naissance de l’enfant.

Comme nous avions pu le voir dans la problématique, la pratique professionnelle se situant actuellement dans un contexte d’augmentation de la médicalisation, des actions sont mises en place par les sages-femmes dans le but de diminuer la durée de la deuxième phase active du travail perçue comme risquée. Ainsi, l’une des composantes essentielles de l’accompagnement de cette phase est la communication. Les types de communication utilisés par la sage-femme doivent être adaptés à chaque situation pour favoriser un accompagnement optimal. Dès lors, les différents articles sélectionnés nous ont permis de compléter ces données et d’identifier certains aspects positifs et négatifs de la pratique pouvant orienter l’accompagnement et la communication de la sage-femme auprès des parturientes durant la deuxième phase active du travail.

Borders et al. (2013) ont mis en avant, dans leur étude qualitative, les différents types de soutien verbal que la sage-femme peut utiliser durant la deuxième phase du travail. Quatre types de communication ont été identifiés : il s’agit de l’affirmation (réassurance et renforcement), du partage d’informations (conseiller et expliquer), de la communication dirigeante et de la communication s’adressant au bébé. De plus, ils ont comparé le pourcentage d’utilisation de ces quatre types de communication par les sages-femmes dans un groupe de parturientes bénéficiant d’analgésie péridurale et d’un groupe sans. Les résultats qui en découlent sont les suivants: les sages-femmes utilisaient davantage un soutien affirmatif pour guider les femmes sans analgésie péridurale. Le partage d’information était utilisé de manière égale pour les deux groupes. La communication dirigeante était davantage employée lors d’un accompagnement des femmes sous analgésie péridurale. [traduction libre](p. 315)

Une autre étude quantitative va dans le sens de ces résultats. Selon Osborne et Hanson (2011), la majorité des sages-femmes disent être susceptibles d'utiliser une approche plus directive lorsque les femmes sont sous analgésie péridurale. L'approche directive est utilisée comme une intervention visant à éviter les problèmes potentiels. Par exemple, en présence d’une perturbation du rythme cardiaque fœtal, selon les conditions émotionnelles et physiques de la femme ou encore selon son besoin exprimé d’être dirigée davantage. [traduction libre] (p. 6)

L’importance d’un soutien communicatif lors de la deuxième phase de l’accouchement semble être confirmée dans l’étude réalisée par Sampselle et al. (2004). Selon eux, les professionnels soignants, au travers de leur communication, participent au comportement maternel durant les poussées. Cela démontre donc le pouvoir de la communication de la sage-femme sur la parturiente au moment de l’accouchement. [traduction libre](p. 669)

Toujours selon ces auteurs, une sage-femme qui accompagne la seconde phase active de l’accouchement va majoritairement accompagner la femme de manière spontanée, c’est-à-dire en encourageant les poussées spontanées de la femme. Ce résultat permet de spéculer sur le fait que si les sages-femmes sont sensibilisées au fait d’encourager et non pas de diriger, cela va favoriser une expulsion spontanée. Ainsi, cette étude a mis en évidence l’efficacité d’une communication basée sur une approche spontanée. Ce type de communication permettrait à la femme de garder voire d’augmenter sa confiance en elle et en son corps afin de donner naissance. [traduction libre](p. 669)

Ces résultats rejoignent ceux d’Osborne et Hanson (2011). Selon eux, la majorité des sages-femmes lors d’accouchement sans analgésie péridurale laissent pousser la femme quand elle en a envie et l’accompagnement est soutenant. [traduction libre](p. 6)

Impact de la communication sur la seconde phase

Sampselle et al. (2004), soutiennent l’idée qu’un accompagnement directif de la seconde phase du travail devrait être abandonné. En effet, ils ont relevés une absence de différence significative dans la durée de la seconde phase entre les femmes qui ont poussé de manière spontanée et celles qui ont poussé de manière dirigée. Cela suggère donc que les poussées spontanées n’augmentent pas la durée de la seconde phase du travail comme cela est fréquemment rependu de le croire sur le terrain. Cela est démontré par l’absence d’une différence significative du temps total d’efforts expulsifs dans les deux catégories de type de poussée (dirigée ou spontanée). [traduction libre](p. 669)

Ces résultats semblent aller dans le même sens que ceux relevés dans l’étude de Lemos et al. (2010), qui soutiennent qu’il n’y a pas de relation significative entre la durée prolongée (>6 secondes) des manœuvres de Valsalva et la durée de la deuxième phase active du travail. Cependant, nous nuançons ce résultat car la manœuvre de Valsalva ne consiste pas pleinement en une poussée dirigée comme nous en avons convenu dans notre cadre de référence. Néanmoins, ces auteurs ont défini les manœuvres de Valsalva durant plus de six secondes comme s’agissant d’un type de poussée dirigée. En partant de ce principe définit par Lemos et al. (2010), il est probable que la poussée dirigée n’influence pas la durée de la seconde phase du travail. [traduction libre](p. 68)

Il nous semble possible de dire qu’une communication dirigeante de la sage-femme n’influencerait pas la durée de la deuxième phase active de l’accouchement. En effet ces résultats vont dans le sens des propos du guide pratique des soins liés à un accouchement normal réalisé par l’OMS (1996): les efforts de poussée soutenus et dirigés (manœuvre de Valsalva) pendant le deuxième stade du travail sont des pratiques nocives ou inefficaces et qu'il conviendrait d'éliminer. De plus selon le NICE (2014), la recommandation actuelle serait d’informer les femmes sur le fait qu’elles doivent être guidées par leur reflexe d‘expulsion, car il n'y a aucune preuve de haut niveau du bénéfice de diriger les poussées au cours de la deuxième phase active du travail.

Néanmoins, nos articles mettent en évidence une pratique passablement fréquente d’une communication dirigeante par les sages-femmes auprès des parturientes sous analgésie péridurale. A travers notre expérience en stage, nous pouvons également confirmer cette constatation. Nous avons été surprises de constater que les études ne relèvent pas le même constat de base par rapport à la pratique du terrain. En effet, il n’a pas été mis en évidence que les sages-femmes utilisaient en majorité un accompagnement dirigé contrairement à ce que nous avions vu dans la pratique.

Il est du rôle de la sage-femme de soutenir et d’accompagner les parturientes et ceci en s’appuyant sur des données probantes. Ainsi, selon ces résultats, une communication soutenante permettrait de favoriser une expulsion spontanée.

Ces différents résultats de recherche nous amènent à nous interroger sur les attitudes des sages-femmes dans nos lieux de stage lors de l’accompagnement de la deuxième phase active du travail et leurs compétences à communiquer de manière adéquate lors de celle-ci.

Ces différentes constatations nous questionnent sur les différences entre les résultats des études et nos constatations sur le terrain. Nous pouvons émettre différentes hypothèses pouvant expliquer ce résultat. Par exemple la culture du risque présente dans notre système sanitaire actuel, mais aussi l’application des protocoles propres à chaque institution qui influenceraient les pratiques de la sage-femme hospitalière.