• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1 Revue de littérature

1.4 Acceptabilité de la technologie

Toute conception de nouveau produit se confronte à l’acceptabilité du public. Cette acceptabilité est d’autant plus importante quand le public concerné est confronté à des problèmes de santé ou est en situation de handicap. Nous devons nous assurer que ce que nous proposons répond à leurs attentes et leurs problèmes.

Chen et al. ont effectué une recherche empirique sur l’acceptation de la technologie par des personnes âgées [58]. Un total de 19 études sont comparées. Chacune de ces études implique des personnes âgées et évoque l’acceptation d’un produit destiné à des personnes en perte d’autonomie. Sur les 19 études, 11 ont utilisé des enquêtes transversales, cinq ont procédé à des entrevues de groupe, deux ont effectué des expérimentations en présence de personnes

âgées, et une étude a combiné un questionnaire avec une entrevue. Les auteurs de la revue empirique concluent en précisant qu’il est primordial de prendre en compte les caractéristiques biophysiques, psychologiques, les capacités et les problèmes des personnes âgées concernées. Enfin, les auteurs regrettent le manque d’études ayant procédé à des expérimentations en présence des personnes âgées, préférant reposer leurs études sur des utilisations rapportées par les utilisateurs, qui sont souvent différentes de la réalité.

Bright et al. [59] se sont penchées plus particulièrement sur les dimensions psychologiques et socioémotionnelles de la conception de solutions d’assistance pour la mobilité des personnes âgées. Leur étude repose sur le projet DALi, visant à développer un déambulateur intelligent pour faciliter les déplacements de personnes âgées dans des lieux publics. Afin de comprendre comment les facteurs psychologiques et socioémotionnels pouvaient influencer l’opinion des personnes âgées quant au déambulateur, les auteures ont utilisé une approche qualitative. Les auteures ont procédé à des goûters consacrés à la technologie, des entrevues avec des personnes âgées, des réunions de groupe et des observations d’utilisation. Cette approche avait pour objectif l’obtention de retours de la part des utilisateurs les plus neutres émotionnellement parlant quant aux besoins pour le projet DALi.

Deux thèmes principaux ont émergé des discussions quant à l’utilisation du déambulateur, un thème positif quant à l’utilisation du dispositif et un autre négatif. Les personnes âgées positives envers le déambulateur avaient, pour certaines d’entre elles, déjà eu l’occasion d’en utiliser un. Elles font remarquer que cela apporte une sécurité supplémentaire, permettant ainsi un gain de confiance en soi. Cependant, nombreux étaient les commentaires négatifs. La plupart d’entre eux voient dans l’utilisation de technologies d’assistance au vieillissement un aveu de défaite et de déclin, poussant les personnes âgées à être dans le déni quant à leurs besoins. Ce déni semble être lié à une certaine fierté quant au fait de ne pas montrer de faiblesses. Un autre facteur important semble l’utilisation en public du déambulateur, pouvant embarrasser certaines personnes, ainsi que la peur de se sentir discriminé par une forme d’âgisme. La prise en compte de ces facteurs psychologiques et socioémotionnels a permis d’améliorer le cahier des charges du déambulateur en prenant en compte le ressenti des personnes quant à

l’utilisation du déambulateur, en essayant d’aligner l’utilité, l’utilisabilité et la désirabilité du déambulateur pour les personnes âgées.

Les auteures concluent qu’il est primordial de prendre en compte les besoins psychologiques et socioémotionnels des personnes âgées, afin que ceux-ci acceptent le produit. Le produit d’assistance peut avoir de grands bénéfices fonctionnels pour la personne, mais ceux-ci peuvent facilement entrer en conflit avec ce que la personne âgée désire, au risque de mettre à mal son bien-être plus tard. Le produit proposé ne doit pas être présenté uniquement comme un dispositif d’assistance ou médical. L’adoption et l’évaluation d’un produit d’assistance destiné aux personnes âgées ont de fortes chances d’être influencées par bien plus d’aspects que l’utilisabilité et l’utilité.

Enfin, Angelini et al. [60] ont appliqué la méthode d’évaluation de l’acceptabilité proposée par Bright et al. [59] sur leur projet de bracelet intelligent pour personnes âgées. Ce bracelet a pour principal objectif le suivi de l’état de santé des personnes âgées. Cependant, il est constaté, grâce à la méthodologie proposée par Bright et al., qu’un dispositif d’ordre purement médical n’attire pas les personnes âgées. Afin de pallier à cette barrière socioémotionnelle, le bracelet proposé par les auteurs se doit de lier utilité, utilisabilité et désirabilité, tout en ayant une esthétique attirante. La personne âgée ne doit pas percevoir le bracelet comme un dispositif médical, mais plutôt comme un outil de tous les jours, que cela soit par les fonctionnalités ou le design. Les auteurs ont donc choisi de donner à leur bracelet un design minimaliste et moderne, tout en planifiant de proposer des options de personnalisation du bracelet. En ce qui concerne les fonctionnalités additionnelles, celles-ci ne sont pas d’ordre médical. On trouve par exemple des fonctionnalités de paiement numérique (notamment pour les transports en commun), la réception de notifications provenant d’un téléphone intelligent ou encore la possibilité d’interagir avec des dispositifs intelligents du domicile. Ces fonctionnalités doivent faire penser à la personne âgée que ce dispositif n’est pas un dispositif médical, mais un objet promouvant une vie plus active pour la personne âgée.

Afin de valider leurs choix, les auteurs ont procédé à des entrevues avec des potentiels utilisateurs, de futurs potentiels utilisateurs et des employés d’une maison de retraite. Ils ont

tout d’abord demandé aux personnes interrogées leurs habitudes et leurs besoins quant à la santé, l’assistance, la technologie et les transports. Le concept du bracelet fut ensuite présenté. Seule une personne âgée (sur un ensemble de 14 personnes interrogées) n’a pas trouvé le bracelet utile. La plupart des personnes âgées trouvent inutile la fonctionnalité de suivi médical, tandis que les personnes plus jeunes l’ont trouvé utile pour leurs proches âgés. Les auteurs concluent sur le fait que pour tout dispositif destiné à des personnes âgées, les fonctionnalités médicales doivent être présentées comme accessoires, et non pas comme les principales fonctionnalités du produit.